Pingouins et guignols

On voyait hier aux infos de treize heures à la télé, lors de la « remontée » des Champs-Elysées (c’est donc qu’on les avait auparavant descendus, ces illustres hectomètres – effectivement ils sont en pente – sinon on se serait contenté de les « monter »), la bagnole officielle de Normal-Premier, fenêtre entr’ouverte sur un bras mol et languissant qui s’agitait par ci par là, avec une main au bout. Saluts timides ou nonchalants d’un bras vers une foule fort clairsemée, il faut dire aussi qu’il pleuvait, et puis faire le pied-de-grue pour admirer un bras dans une veste bleu sombre qui s’agite à la fenêtre d’une bagnole, fût-elle rutilante, hein, même en supposant qu’il y a un président au bout du bras, ça ne motive pas des masses, ni les masses.

Mais en synchronisme avec la bagnole noire et rutilante se mouvaient des motards en grande tenue, et pas sur des mob’s customisées ! et puis des Gardes Républicains. Des Gardes Républicains… vous savez, ces types avec des casques Troisième Empire aux queues de cheval, qu’on voit défiler, lâchant du crottin derrière leurs bourrins le long du boulevard Henri IV (à Paris, forcément, what else ?), jouant des airs martiaux sur leurs fifres et tambourins – et sur leurs bourrins, et puis ces mêmes figures obligées, figées sur le perron de l’Elysée, revers rouges de la redingote retroussés sur le pantalon blanc, casque derechef sur le chef, louchant au garde-à-vous sur leur sabre brandi vers le ciel quand le Président sort fumer une clope ou recevoir – tiens, c’est gentil de passer nous dire un petit bonjour, Valérie viens voir qui c’est, vous prendrez bien une tasse de café ? Sa Grandeur Machin-Truc ou le fils du roi de Mésopotamie.

Eh bien, tiens, précisément, je me demande chaque fois à quoi servent tous ces pingouins et combien nous coûtent ces cérémoniaux ampoulés et ridicules dignes de Badinguet ou de Feu le monarque centrafricain Bokassa Premier. On est en République, non ? en démocratie ? un trio de gardes du corps discrets, en costard sombre, surtout pas la tenue GIGN cagoulée, feraient bien mieux l’affaire, et puis si ça se trouve il y en a, des gardes du corps, des vrais, en plus… faut dire, un Garde Républicain au garde-à-vous ça ne doit pas rassurer beaucoup, le temps qu’il bouge, se débarrasse de son plumeau et de sa cuirasse, brandisse son sabre…

Je l’ai la réponse : ils sont à peu près 3.000 en comptant les bourrins, nos Gardes Républicains, et ils nous coûtent 280 millions d’euros par an, soit environ 94.000 euros chacun – ça fait cher la potiche casquée au coin du perron de l’Elysée. Ca fait cher, et puis surtout ça fait désordre dans un contexte 1° républicain et démocratique, 2° de président « normal » qui prétend vivre normalement, 3° de crise où tout le monde racle ses économies pour boucler les fins de mois, 4° où ça ne sert effectivement à rien. Vous voyez, même la Cour des Comptes se rend compte que si ça sert un peu, peut-être…  ça ne sert pas à grand-chose, et puis ça nous coûte la peau des fesses.

Personnellement je m’en balance, si vous saviez, de la Grandeur de la France et de ses Gardes Républicains façon pots de fleurs ! je la préfère moins Grande mais efficace, réaliste, moderne, pugnace, démocratique, bosseuse, vivante. Pas vous ?

Tibert

3 thoughts on “Pingouins et guignols”

  1. Hier le 8, un groupe de jeunes genre « manif pour tous » portant le T-shirt siglé comme ça s’est fait coffrer par des CRS : « ils s’approchaient dangereusement de l’Elysée ! » paraît-il !! tenez, le site où je l’ai lu : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/05/09/01016-20130509ARTFIG00337-des-jeunes-portant-le-sweat-shirt-de-la-manif-pour-tous-interpelles-a-paris.php

    Alors à quoi ils servent, les Gardes Républicains à l’Elysée, si on arrête les gens BIEN AVANT qu’ils soient en vue et en situation d’attaquer l’Elysée à coups de sifflets et de lazzis ? Le Président-Normal faisait sa sieste ? ça l’aurait réveillé ? ils rongent leur frein, ils tournent en rond, les Gardes Républicains à l’Elysée, tels la garnison du Balcon en Forêt, où l’ennemi guetté ne se pointe jamais à l’horizon.

  2. Sono stato molto contento di aver trovato questo sito. Voglio dire grazie per il vostro tempo per questa lettura meravigliosa! Io sicuramente mi sto godendo ogni post e ho già salvato il sito tra i segnalibri per non perdermi nulla!

    1. De l’italien, maintenant ! je traduis : « J’ai été ravi d’avoir dégoté ce site ; je vous dis merci merci pour votre temps (??) pour cette merveilleuse lecture ! je suis sûr de me régaler à chaque billet, et j’ai déjà enregistré l’adresse de ce site dans mes marque-pages pour ne pas en perdre une miette ».
      C’est sympa, non ? en plus de traduire ce coup d’encensoir j’ai enlevé du corps du texte le site internet qui était indiqué en exergue : comme ça ce n’est pas du spam, c’est élogieux, ça échappe à la censure. L’anglais, hop poubelle ! l’italien, perque no, ogni tanto ?

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