Il a plu

Il a plu, il a plus plu, et surtout aux femmes ! « Relooké » (quelle horreur ! ) jusqu’au bout des branches de lunettes par on ne sait quel gourou de la communication, amaigri façon régime Dukon tout protéines, notre réincarnation corrézienne et politiquement rose d’un amalgame Pompidou-Poher a séduit au premier tour, face à Miss 35 heures.

Il a plu, et plutôt que de se faire ch… en regardant tomber la pluie, plutôt que de tuer le dimanche après-midi devant le tube cathodique – qui ne l’est plus, cathodique, plat comme il est – de « Sacré dimanche » avec ses girls et ses talcs chauds oiseux, on est allé en masse raquer 1 euro, c’est pas cher, et jurer-promis par écrit qu’on est de gauche, pour pouvoir dire qui c’est qu’on préfère d’Arnaud, Manuel, Ségo, Martine, François, Jean-Mi.

Dimanche prochain y fera beau, on sortira faire un tour.

Tibert

Touche pas au collègue

Un individu largement aviné, psychiatriquement très instable, surine, poignarde, larde un contrôleur de la SNCF au cours d’une vérification. Le pauvre fonctionnaire (*) est très mal en point ; on appréhende le fautif. C’est inacceptable, c’est un meurtre. Et les salariés de la SNCF décident de se mettre en grève nationale, comme ça, allez les voyageurs, les clients – les « usagers », pardon, un billet acheté donne juste le droit d’espérer être véhiculé – n’ont qu’à se démerder, tant pis pour eux.

Un couvreur agressé dans une fête foraine… tous les toits perçés de France attendront, ou bien les braves gens monteront sur leurs toits tout seuls, astérisques et périls.

Un garagiste se fait cogner lourdement par un malfrat… vous êtes en panne ? restez-y !

Un boulanger se fait avoiner et piquer sa caisse ? toutes les boulangeries du pays vont déployer l’étendard de la grève générale. Plus de pain, les gars, et de brioches, et de croissants, un dimanche c’est carrément insoutenable, pas de croissants au p’tit dèj’.  Touche pas à mon boulanger !

Les employés des pompes funèbres… on n’enterre plus, entassez vos maccab’s dans vos congèles.

Etc… etc.

Tibert

(*) Je sais, je sais, à la SNCF on n’est pas fonctionnaire. Tout de même, au vu du statut ça y ressemble bigrement.

De l'art de louer

Tiens, une bonne nouvelle pour se mettre en jambes : madame Palin, Sarah, Etats-Unienne et républicaine, « Tea party » etc –  oh combien ultra-libérale sauf en matière de morale, ne se présentera pas à la course à la Maison Blanche. On va y perdre un peu de folkhlore, quelques bons mots involontaires, mais y gagner de la tenue. Le pittoresque réac’ poussé à l’excès lasse.

Une autre nouvelle, mais qu’elle est pas bonne, évidemment, vu qu’on ne lui souhaitait pas ça, c’est la mort de l’ex-patron d’Apple. Mais je ne vous apprends rien, c’est dans tous les canards, ça va tartiner un max pendant 3-4 jours là-dessus, hagiographie et pieuses images du garage oùsqu’il a bidouillé sa première babasse, etc. Apprêtez vous à en avoir jusqu’aux yeux, de l’Apple et du Jobs.

Et ça y est, c’est le dithyrambe, ça déborde, on lui dresse des statues, on le compare à Einstein. Les gars, un peu de tenue.. vous allez dire des bêtises, là…  remettons les choses en perspective, vous voulez bien  ?  humainement je ne sais pas, je ne fréquentais pas le bonhomme, sûrement un brave type, mais question boulot il y a de la nuance à apporter.

Apple est la boîte qui ferme ses machines (et se fait des couilles en or avec ses iTunes bien verrouillés). On connaît ça, les appareils dont on ne vous donne pas le mode d’emploi détaillé, pas réparables à la maison, assemblés avec des vis qu’on ne peut pas dévisser. Chez Apple, c’est quasi une religion. Comparé au PC qui se bidouille tant qu’on veut, un vrai Meccano, on a vite fait de choisir.

Monsieur Jobs a su s’entourer de bons stylistes, être exigeant sur ce point ;  les bécanes MaPomme sont minces, blanches, mignonnes, craquantes… rien à dire, c’est jouli (et je m’en fous). Mais surtout, c’est là son génie, monsieur Jobs était un excellent homme d’affaires, ce qui n’a rien à voir avec les facultés mentales d’Albert E=MC2. Il avait du charisme ? euh… je m’en fous aussi. Il était sûrement un génie, oui, du marquétingue ! Le marquétingue, l’art de vous obliger à acheter un truc dont vous n’avez pas besoin, parce qu’il est associé à un autre truc dont vous avez besoin. Le marquétingue, l’art de vous vendre le manche du couteau d’abord, pas trop cher, mais quand même, en laissant espérer que bientôt, on pourra se procurer, très cher, la lame qui va avec, mais bon, on n’est pas obligé de vous le dire tout de suite. Le marquétingue, l’imprimante jet d’encre à 24 euros virgule quatre-vingt-dix-neuf, et les quatre cartouches d’encre à 35 euros virgule quatre-vingt-quinze chacune.

Le marquétingue, ou comment baiser le client, qui en redemande, et fait la queue pour être dans les happy few gogos qui se procureront dès le premier jour de vente le précieux, le superbe, le magique iMachin blanc et mignon comme tout, mais qui n’a pas de port USB (*) parce que les marquéteux ont prévu – sans vous le dire, évidemment – de l’en équiper avec la version suivante.

Bon, résumons nous, c’était sûrement un super patron, et probablement un type sympa, direct, pas m’as-tu-vu, et on se souviendra d’un remarquable bidouilleur. On va le regretter, lui et son Apple II.

Tibert

(*) je deviens technique, là… excusez.

Le bon bourrin

Terrain lourd, plateau relevé, le Grand Prix de la Présidence se court en deux manches. Et déjà – 7 mois avant l’épreuve – les  bourrins sont à l’échauffement, mâles ou juments. S’agit de miser sur la bonne, sur le bon ! d’autant plus que le tenant de la précédente édition est annoncé partant, mais salement marqué par l’usure. Les sondages le donnent à 12 contre 1, ouais, mais il est trop nerveux, excité, c’est un caractériel, va savoir s’il tiendra la première manche ?  ses supporters sont perplexes… dans l’écurie Hue ! Emmepé, on prend le même, ou on en met un autre en piste ?  un qui a plus de fraîcheur, un plus classieux…

Bon, trêve de métaphore hippique : les manoeuvres vont déjà, iront bon train. Face aux multitudes de micro-candidats qui ont pour mission de nous assurer brièvement, le temps d’un inespéré passage à la télé, que Homo lave plus blanc, ou que la Planète se portera mieux avec du maïs de chez Mature et des Couvertes, ou encore que tout devrait être gratoche et sans avoir à bosser, resteront 2-3 clampins ou clampines sérieux, ou à peu près, ou supposés tels, ou qui feront semblant.

On ne le voit pas trop, ça ne se remarque pas encore vraiment, mais entre madame UMP et monsieur Sarkozy s’installe, se développe comme un froid. « Elle est où la question« , comme diraient dans un français impeccable les animateurs de talc chaud ? la question elle est qu’en misant sur le même qu’en 2007, ils vont se prendre une gamelle, les UMP. Elle est là la question… un Juppé façon profil bas, sans trop de morgue  – bien, les lunettes, ça fait bon élève, crédible et tout –  un Copé un peu plus posé, à la rigueur un Fillon moins pâlot… quoique, lui, non, le Chef a trop déteint sur lui… mais bon, un Juppé, tiens, ça le ferait mieux, et haut la main.

Reste à se défausser de la carte perdante, urgemment, à mettre le sortant à la retraite anticipée, sans trop de pathos, de cris, de dégâts ; il aura son rond de serviette au Conseil Constitutionnel, comme les deux autres anciens Grands Chefs. Mais ça va pas être de la tarte.

Bébert