L'épaisseur du trait

L’épaisseur du trait de la démocratie, s’entend.

Ayant pas mal glosé sur les caténaires (donc, féminines, les caténaires), sur la langue et le Beaujolais nouveau, sur la difficulté de faire entrer un déménagement de 220 m2 dans un 150 m2, sur le dicton « neige en novembre, gla-gla-gla en décembre », il faut bien sortir de l’impasse, et donc sortir idem un billet salvateur sur l’impasse du PS. Trouver une issue à l’impasse, qui dès lors n’en sera plus une.

Ben oui, moi aussi j’ai le droit d’en traiter, de l’impasse du PS.

Mme Royal était donc allée attendre et fêter sa supposée victoire dans un resto chic du 7ème arrondissement (de Paris, sous-entendu) ; c’était évidemment moins dur que sous une tente Quechua « clic-clac » au bord du canal St Martin. Et patatras, Mme Aubry pétait tous les compteurs les plus optimistes dans le ch’Nord… bien évidemment, c’est là qu’elle crêche, donc c’était fastoche. Et ladite Mme Aubry virait en tête au virage des tribunes, et l’emportait d’un poil. Un poil de duvet : 42 voix sur 230 000, soit 1,8 pour 10 000 : allez, à la grosse, 2 petits militants pour 10 000. Un souffle, une paille, une erreur de mesure.

Du temps où j’usais mes fonds de culotte sur les bancs des cours de physique, on m’enseignait la bonne gestion des ordres de grandeur, et la notion d’approximation. Et une élection où l’on compte à la main des bouts de papier, 230 000 bouts de papier, dans des coins sombres, sur des tables tâchées de Beaujolais nouveau, couvertes de cendres de cigarettes, avec des préposés au comptage pas forcément clairs dans leur tête, je dirais, au pif, que sur 1 000 bulletins, il y a bien 1 chance de se planter. Entre 999 et 1 001 bulletins, quoi. Et si l’on recompte, ça devient 1 sur 2 000 : entre 999,5 et 1 001,5.

Bon, vous suivez toujours, où je vous réveille ? donc, on compte les tas de Royal, et les tas d’Aubry. et l’on se plante un peu. Dans quel sens ? ah là c’est aléatoire. Allez savoir, ma pauvre dame. Mais ce qui est remarquable, ici, c’est que les élections, ce n’est pas comme au foot, c’est comme au tennis. Eh oui: au foot, si le score est 4-2, et que vous invalidez le dernier but du vainqueur, ça fait 3-2, pas 3-3 : ça ne donne pas le but à l’adversaire pour autant ! Aux élections, en revanche, si un bulletin passe de la pile Aubry à la pile Royal, c’est moins 1 pour Aubry, et +1 pour Royal. Donc, faites basculer 21 bulletins de la pile Aubry à la pile Royal, et c’est l’égalité farpaite ! Basculez-en 22, et Royal gagne. D’un millipoil, mais elle gagne.

Bref : à 21 voix hésitantes près, à 21 croix dans la mauvaise case (il faisait sombre dans l’isoloir), Royal a loupé le coche. Soit moins de 1 sur 10 000. Comparez avec mes savants calculs d’erreur : 1/2 voix d’erreur sur 1 000. Et donc, on est largement dans le doute quant à la fiabilité du résultat.

Tout ça pour dire qu’en toute apparence arithmétique, mais au mépris de la bonne gestion des marges d’erreur, le FAR a gagné, d’un poil de cul. Le FAR : le Front Anti Royal. Ca ne fait pas un programme, un salmigondis de programmes Hamon-Aubry-Delanoé-Fabius-Lang-Hollande et tutti quanti, mais ça fait un barrage. C’est un programme, ça, un barrage ? Non, mais Royal n’a pas gagné, nananè-re.

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