Ah si j'étais riche

Tout un ensemble d’articles dans la livraison de ce jour du FigaroWeb, sur les riches.

D’abord Bilou Gates, Mister Microsoft, est désormais le Poulidor des riches. Na ! Pour redevenir le number one, il va falloir qu’il augmente d’office le prix du pack Office, qui est déjà une arnaque que je ne vous dis que ça. Sachez, à tout hasard, mais vous le saviez déjà, qu’il existe une suite du même métal, OpenOffice, totalement gratosse, et qui fait pour l’essentiel exactement le même boulot, et parfois mieux. Infiniment moins cher, donc (car diviser X par zéro ça déborde, ça plante les ordinateurs, ça donne ainsi une idée de l’infini). Boycottons donc joyeusement Office, ça relèguera bientôt M. Gates à la troisième place.

Et puis on y découvre que M. Dassault, citoyen français, 82 balais, n’a, lui, que 9,9 milliards de dollars. Et ça lui vaut la 84ème place. En euros ça fait évidemment beaucoup moins, et on se demande pourquoi les chiffres sont donnés en dollars, cette désormais monnaie de singe. D’autant plus qu’on nous dit que M. Gates, citoyen américain, possède, lui, 38,1 milliards d’euros. Comprenne qui pourra.

Ce qui me console, c’est premièrement que M. Dassault, avec ses 9,9 milliards de dollars, se tape de la presbytie, des tâches de vieillesse, des problèmes de prostate comme les copains à 800 euros par mois ! et deuxièmement que les choses bougent, car les retraités manifestent en masse dans toute la France, non pour que M. Dassault leur refile un bout du fric dont il ne sait plus que foutre, mais pour que le gouvernement ait la décence de donner un coup de pouce à leur pension. Le grand chef de F.O. demande même « au moins 1,6 % » tout de suite… soit 0,5 % de mieux que l’aumône du début de l’année. Pour une pension de 1.500 euros par mois, ça donne 7,5 euros de mieux : 3 mousses au bar ! fantastique, carrément. L’Amérique.

Tous riches, bientôt, donc. Youpi.

Rétro

La politique en France ressemble à un mélo poussiéreux et mal ficelé, joué sans conviction par des acteurs désabusés, mal maquillés et à bout de souffle.

Mais en coulisses c’est du « reality show » (*).

M. Tiberi, muni de toutes ses casseroles aux fesses, est encore candidat pour la mairie du 5ème arrondissement à Paris, ceci avec la bénédiction de l’UMP et de Mme Panafieu. Il aurait même des chances d’être réélu : pourquoi se gêner ? Il a des électeurs.

Idem, M. Estrosi, qui aurait dû démissionner depuis son histoire de « jet » privé à 138.000 euros sur notre dos ( au Japon on se faisait hara-kiri pour moins cher que ça), polémique, toute honte bue, avec le revenant François Léotard (**), qui doit s’emmerder ferme dans le Midi puisqu’il remue encore, alors qu’il avait annoncé se retirer du circuit : voilà qu’il a produit un texte intitulé « Ca va mal finir« . Et ma foi, ce qu’il écrit a de l’allure, ça ressemble à quelque chose. Lisez ces extraits dans l’article du canard dont je vous donne la référence : ça sonne ma foi assez juste.

Bref, la politique en France, c’est un curieux mélange d’Ancien Régime (les ors de la République, ses fastes…) alors qu’on devrait avoir des gestionnaires sobres et efficaces façon Scandinavie, de maison de retraite pour anciens acteurs (le Sénat), et de « circuit » façon Formule 1 ou Tennis ATP : on revoit encore et encore Schumacher et Alonso, Mauresmo et Henin, et on recommence, et reprend les mêmes et on recommence, inlassablement.

Fatigant.

(*) qu’il n’y ait pas de termes français pour « reality show » est assez logique : c’est comme le ketchup, un produit clairement allogène. Pas vrai, TF1 ?

(**) On pense avec nostalgie à son regretté frère Philippe : tiens, ses interprétations de Ferré et Brassens… ça, ça avait de la gueule.

Yoyo sauce béarnaise

Mon précédent billet citait M. Bayrou (rendons-lui l’orthographe de son nom, maintenant que, didactiquement informés, mes lecteurs savent prononcer Baïerou, à la béarnaise) : « Le Béarnais n’est pas bling-bling« . Et la Béarnaise, hein ? justement, la Béarnaise, l’inamovible accompagnatrice de l’entrecôte éponyme ? eh bien, non seulement elle ne l’est pas non plus, bling-bling – car « le Béarnais » désigne l’espèce humaine béarnaise tout entière, hommes et femmes bling-bling ou pas – mais en plus elle n’a pas le moral. Elle ne l’a jamais eu aussi bas, le moral. Et à quoi doit-on ce bas moral, à votre avis ? il suffit de consulter la presse pour y trouver une convaincante explication.

D’abord, la cote (pas la côte !) de popularité de M. Sarkozy remonte : d’où ce regain de déprime de notre Béarnaise-témoin(*). En effet, le moral des ménages suit fidèlement la courbe de popularité du Président, avec un léger retard. Juste le temps de prendre connaissance des chiffres, et toc !

Deuxièmement, de savoir que les patrons du CAC 40 se sont voté des augmentations de 40 %, justement (si ç’avait été le CAC 80, je vous dis pas !), et que le chef des patrons de l’UIMM pensait se barrer peinard avec plein de casseroles procédurières aux fesses, certes, mais avec un gros chèque de 1,5 millions d’euros pour se consoler, ça lui a foutu un coup au moral, à la Béarnaise. Que Mme Parisot, que je trouve plutôt ressembler à notre petite rouquine nationale Marlène Jobert qu’à Mme Thatcher (c’est un compliment) ait poussé un coup de gueule là-dessus ne lui a pas ôté le sentiment que oui, décidément, il vaut mieux se trouver du côté du manche que de la cognée.

Troisièmement, elle lit, la Béarnaise, que les prix alimentaires ont pris des claques « officielles » de 12 à 18 %. Relisant sa feuille de paye, ou son relevé de pension de retraite, elle n’y constate pas du tout du tout la même évolution.

On lui dit, à notre Béarnaise, qu’en revanche le prix des ordinateurs a baissé ; mais elle n’en achète pas tant que ça, des ordinateurs ; pas autant, en tous cas, que des baguettes de pain et des yaourts. Et elle se demande, notre héroïne, si l’euro se renforce encore face au billet vert, et si le pétrole, que nous achetons justement en billets verts, continue de grimper aux rideaux spéculatifs, et si le gaz suit, et si le prix de la salade payée aux producteurs continue à être aussi bas (25 à 30 centimes), et si comme on le dit la grande distrib’, justement, se fait verser des petites rentes quelque part en Suisse sur des comptes à l’abri du Fisc, et si, et si…

Bref elle n’a pas le moral. Quelque part, moi aussi, je me sens Béarnaise.

(*) Il n’existe pas de féminin à témoin. Désolé, mesdames. Auteure, call-girl, professeure, wonder-woman, mais témoin ??? témoin que rien…

Faire-part de naissance

« Le Béarnais n’est pas bling-bling » énonce M. François Baillerou au cours d’une interview avec l’écrivain Frédéric Beigbeder.

Et la guerre des bling-bling, vous connaissez ? voyez ceci.

Teuf-teuf, gnangnan, pouic-pouic, plan-plan, bébé, nana, coucou, papa, lolo, tété, titi, pépé, caca, bang-bang, mémé, baba, cucul, pipi, tata, bibi, blabla, bobo, néné, kiki. Bling-bling.

Un bobo bling-bling, des nénés gnangnan.

La nouveauté avec bling-bling, c’est qu’apparemment on peut le conjuguer. Nous bling-blinguâmes…

Au fait, qu’apporte de nouveau ce nouveau-né à notre belle collection de borborygmes ? « clinquant et nouveau-riche« . Bienvenue sur cette Terre, Clinquant et Nouveau-Riche, tu es né avec une cuiller d ‘argent dans la bouche.

Trompettes des morts en salade

Dans le genre ouvriériste-popu, ou carrément provoc’…

Une Information confidentielle et ultra-sensible : le Grand Véfour, resto parisien de très haut de gamme, magnifiquement placé sous les arcades du jardin du Palais-Royal, menu « pas cher » du midi à 88 euros (*) sans le pinard ni l’eau minérale ni le café (mais la carafe d’eau du robinet est gratos, c’est la loi)… le Grand Véfour, donc, perd sa troisième étoile au Michelin. Snif. Le grand Raymond Oliver doit pleurer dans sa toque et sa barbe.

On ne sait ce qui a fâché les ayatollah’s du guide Bib’, si le trait de vinaigre de Xérès du Tourteau et sucrine n’était pas bien aligné sur la diagonale de l’assiette, si le Pressé de foie gras était trop pressé… bref c’est la cata, Le Grand Véfour ne sera désormais et jusqu’à nouvel ordre que moyennement Grand.

Ayant vu un célébrissime chef se suicider pour cette même raison, on ose espérer que les rédacteurs du Guide Rouge sauront annoncer la triste nouvelle avec ménagement, et entourer Mme veuve Véfour de leur sollicitude, façon trompettes des morts en demi-deuil.

On entr’aperçoit, on effleure ici des yeux un monde assez clos, où le montant d’une addition pour quatre avec une bonne bouteille de 12°5 et des cahouas correspond grosso-modo à un mois de salaire de maçon. Mais comment un maçon, avec ses grosses pattes bouffées au ciment, pourrait-il s’égarer sous les arcades du Palais-Royal et pousser la porte du Grand Véfour ? qu’apprécierait ledit maçon à la fine gelée au persil plat ? le persil plat, c’est pour mettre dans les narines de la tête de veau.

(*) Le choix actuel de 3 entrées au menu du midi en semaine, pour les valeureux travailleurs :

Pressé de foie gras de canard,
potiron mariné, trompettes des morts en salade

Légumes du moment
sur une purée de brocolis au gingembre,
émulsion de marrons, trait de vinaigre de Xérès

Tourteau et sucrine
dans une fine gelée au persil plat,
condiment de pâtissons jaunes