Dix doigts

Ca fait maintenant bien 2 mois que je ne joue plus de piano. Par force, évidemment. Et mes dix doigts se rouillent.

Alors on fait comme on peut, on se passe dans sa petite tête la partita la bourrée le prélude la fugue la sarabande l’allemande la courante la passacaille le menuet la gigue le rondo, et ça chante.

D’accord, ça ne remplace pas. Mais c’est beau quand même.

Ceci dit (eh non, belle abbesse, pas de vieux jeu de mots débile aujourd’hui ! je mettrai cette fois-ci l’accent sur l’inexactitude de l’expression ; « ceci écrit » serait plus approprié), ce qu’écrivant, donc, disais-je, écrivais-je, plutôt, virgule (ici je mets une virgule pour marquer une respiration avant de poursuivre), (ici je pose des parenthèses pour signifier une rupture dans le discours)), oh ça vient, la suite ? oui oui voilà – mais je ne poursuis personne, sauf mon propos, je suis resté songeur devant la naïveté de moult lecteurs du Figarôt-web, qui ne savent pas plus lire qu’utiliser leurs dix doigts pour compter (quant à jouer du piano…)

Voyez cet article, et amusez-vous à bouquiner les commentaires des lecteurs : le pigiste a clairement indiqué que le pharmacien filou et son fils itou (drôle de prénoms) qui avaient escroqué la Sécu, et nous donc, de 315.000 euros, excusez du peu, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis (peinard s’ils ne se font pas piquer à nouveau), à des amendes de 15.000 + 60.000 euros (pas cher pour un pharmacien et un toubib), et 6 mois d’interdiction d’exercer pour le fils (vacances forcées), mais aussi que la Sécu a obtenu, et c’est la moindre des choses, le remboursement intégral des sommes escroquées.

Eh bien, les 2 tiers des lecteurs n’ont pas lu cette dernière information ! Du coup, évidemment, on crie à l’injustice, à la justice laxiste, au scandale des fraudeurs qui, même punis, font du blé sur notre dos…

Bref… c’est vrai tout de même que la justice est plutôt gentille avec les voleurs quand ils sont en costard-cravate et piquent du fric sans brandir de calibre. L’interdiction d’exercer 6 mois, c’est cadeau. Et puis, bon sang, quand un article comporte 8 phrases, pourquoi les lecteurs se croient-ils dispensés de lire la dernière ? c’est stupide, et surtout très dommage pour un tas de textes, où c’est justement à la fin que survient le happy end. Lisez bien jusqu’au bout, hein ! Jusqu’au bout, je vous dis. Allez, encore un peu plus loin. Allons, un effort ; mais qu’est-ce qui m’a foutu ces flemmards de lecteurs qui ne veulent pas lire la fin de mon billet ? <– la fin, c’est là où j’ai mis la flèche. <– Mais non, c’est là. <– Pas du tout, c’est ici. <– Mais quel nul, c’est là, enfin (Pascal disait que la récursion est d’ordre divin).

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