Rosa rosam rosé

Les journalistes sont parfois mal renseignés. Ne croyez pas tout ce que vous lisez, braves gens : à l’Hibernation par exemple, on s’alarme d’un projet de directive européenne concernant l’autorisation de fabriquer du vin rosé à partir d’assemblage ( de mélange, quoi…) de vin blanc et d’un peu de rouge. Arggghhh, entend-on s’étouffer le journaleux, c’est horrible.

Disons d’abord qu’à Bruxelles (une fois) les commissaires européens se foutent de la bonne bouffe comme de leur première barboteuse. Ce qui leur importe, c’est que tout soit bien propre et bien aligné, et tant pis si c’est médiocre, sans goût, industriel, décourageant.

Cependant, dans ce cas précis les commissaires européens n’ont rien inventé : d’une part, le rosé par barbouillage de blanc et de rouge, ça existe déjà un peu partout dans le monde (et les vins boisés aux copeaux de chêne, et les vins pasteurisés, et les vins sans alcool…), d’autre part ça existe déjà en France ! eh oui, mes pauvres amis, et du beau linge, rien de moins que le Champagne. Du blanc (Chardonnay), plus du rouge (pinot noir, voire pinot meunier) = Champagne rosé. Et ça fait des lustres que ça se fait comme ça, en toute légalité. On dit même que ça donne des trucs excellents, mais là c’est de la pub.

Bon, à quand le rosé de Provence à base de 3/4 Muscadet, 1/4 Beaujolais ? on va se régaler, pour accompagner dignement le melon chilien ou les tomates hollandaises, le mouton néo-zélandais ou les merguez au porc de batterie. Encore faudra-t-il quelques cigales et qu’il fasse beau…