Les voix du Nord

Si j’étais dans le Nord, je me demanderais pourquoi tant de haine.

D’abord tout plein de magistrats – ils se serrent les coudes, faut croire – estiment que le juge Burgaud, dans l’affaire d’Outreau, a fait excellemment son boulot. Que ça ait abouti à des peines de prison massives, des vies brisées, le tout largement invalidé par l’acquittement de 13 des 17 prévenus, ce serait la faute à pas de chance. Nickel-chrome, l’institution judiciaire, qu’on nous dit ; ce serait en somme un mauvais concours de circonstances, ou que Mme Badaoui excellait trop bien dans la fabulation et la manipulation, ou  que les experts auraient été très très mauvais. Lui, M. Burgaud, il croit ce qu’on lui raconte, forcément, alors si on lui raconte que la boulangère sodomise des petits garçons avec des baguettes de pain, hein, faut bien qu’il en prenne note !

Et puis, pour appuyer le propos, pour enfoncer le clou, en quelque sorte, on y ajoute un petit tombereau d’immondices. La Voix du Nord, le canard de là-bas, nous conte ceci, et ça laisse pantois. Ce journal rapporte qu’un conseiller à la cour de cassation affirme que les gens du Nord se tapent des petites filles lors de soirées arrosées à la bière : « Nous connaissions ces soirées habituelles…  » (lisez la suite, c’est très moche). Alors, soyons clairs : il en a dit Outreau, ou trop peu.

Et si j’étais du ch’Nord, je l’aurais mauvaise.