La couleur du pas à l’aise

Je suis perplexe… faut-il en rire ? en pleurer ? j’ai appris par le Parigot qu’une manif LGBTQ++++++++ prévue samedi 15 prochain était annulée, car partie sur des bases malsaines (le Parigot relaie en l’occurrence un article de France-Bleu sur le même sujet). A cette occasion j’ai découvert le terme « iels », néologisme hardi destiné à tuer le neutre « ils » – c’est censé englober ils et elles (et celzéçeux entre les deux ? ) ; « story », donc une histoire en anglais, mais en français ??? tenez, je cite, « le centre LGBTI a appelé, dans une story sur les réseaux sociaux… » : si vous avez une idée…

Mais le vrai truc ahurissant de cette affaire c’est ça : il était prévu une tête de manif non-mixte, traduisez réservée aux « racisés », traduisez encore : les Blancs, dehors. Je ne blague pas, tenez, je re-cite : « Toute personne blanche qui essaiera de s’incruster dans ce cortège se fera cordialement (ou non) dégager ». Pourquoi ? Eh bien, chers amis, je re-re-cite texto, y compris les fautes d’accord, « Certaines personnes racisées ne se sentent pas à l’aise dans des cortèges mixtes et ont demandé une zone non-mixte dans laquelle iels se sentiront plus à l’aise. Nous l’avons donc mis (*) en place ». Malheureu.x.ses racisé.es, comprenez-les… il-elle (**) faut qu’ils-elles soient à l’aise, les racisé-e-s, donc on vire les Blancs. Logique, évident, le malaise, ce qui gêne, c’est qu’il y ait des Blancs (et des Blanches, ça va sans dire).

Imaginez une seconde, je vous formule ça à rebours : « Toute personne non-blanche qui essaiera de s’incruster dans ce cortège se fera cordialement (ou non) dégager ». Mais c’est… c’est ignoble ! eh oui, c’est ignoble.

Tibert

(*) « mis en place», qui, quoi ? la zone non-mixte. Donc « mise en place». Elle est féminine, très féminine, la zone non-mixte. A l’oral, l’oubli de l’accord au féminin sur mettre ou prendre est devenu hélas quasiment la norme ; à l’écrit, c’est encore une faute.

(**) Y a pas de raison, pourquoi c’est toujours « il », il faut, il y a, il pleut, etc ?

N’oublions pas QQIAAP, et plus si affinités

L’effroyable massacre d’Orlando aux USA, qui démontre – mais est-ce bien nécessaire – l’aberration d’une politique qui permet à tout un chacun de  détenir légalement un fusil d’assaut avec les munitions ad hoc, a évidemment donné lieu à des salves de condoléances officielles. Notre Moi-Président a, semble-t-il, fait une boulette à cette occasion, ou plus probablement dit une boulette qu’un « nègre » lui avait écrite : « L‘effroyable tuerie homophobe d’Orlando a frappé l’Amérique et la liberté. La liberté de choisir son orientation sexuelle et son mode de vie « .  Bronca des LGBT et associés : quoi, nous « choisissons » notre orientation sexuelle ? elle est raide, celle-là !  n’importe quoi…

Ouups ! le Normal-Président a rectifié son touïtt, plus conforme aux thèses en cours : sachons-le, on ne choisit pas d’être homo (« gay » si vous y tenez, mais c’est triste pour la gaieté), bi, trans, etc etc…, on est comme ça, comme on est blond, poilu ou pas, râblé, etc.

Cette rectification étant faite, je me suis aperçu que le sigle des non- conformités à l’hétérosexualité dominante tient du langage agglomérant, comme l’allemand, « ZweiUndSiebzigTausend« . Moi j’en étais resté à LGBT, ça suffisait à ma petite encyclopédie perso, eh bien « Le Monde » a tout cassé, il y aussi un Q !  LGBTQ. Le Q, c’est soit Queer, soit Questionning. Queer ? voyez ce mot dans le dico, c’est assez tordu, louche, peu clair. Questionning, c’est plus facile, c’est le  genre « Où suis-je ? où me situé-je ? dans quel état j’erre ? « , etc. Avouez que sur le plan sexuel , le questionnement se défend.  Qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ?

Et la  totale, du moins c’est l’état actuel de l’art, c’est, nous dit-on, tenez-vous bien, le LGBTQQIAAP.  J’explicite : QQ, vous  savez ce que c’est maintenant ; voir plus haut ; QQ, comme ça il n’y a pas de jaloux. Et le I ? « intersexué », bref entre les deux.  A ? les A-sexuels (ceux que le sexe rebute, qui s’en passeraient volontiers : ça existe, c’est une orientation sexuelle) ; l’autre A ? les Alliés (les compagnons de route, en quelque sorte). Et il reste les P : les « pansexuels », qui prennent tout comme ça vient, sans a priori.

Dépêchez-vous de le mémoriser, ça va sûrement encore s’allonger. Pour le moment on en est là, 10 lettres c’est encore gérable, après il va falloir inventer un mot, un concept. Bref un terme qui signifie LGBTQQIAPP etc etc, mais qui se prononce sans avoir à sortir son pense-bête pour éviter de vexer une des composantes ; ce sera sûrement plus confortable. C’est à vous  : quel doux mot pour désigner commodément et synthétiquement les LGBTQQIAPP ?

Tibert