Au loup, au loup !

C’est avec les bons vieux cris d’orfraie qu’on agite le marigot – qu’on fait du bon buzzz, selon les termes en vigueur. Monsieur Valls s’emploie ces jours-ci, des deux mains et de la voix, à rameuter les âmes sensibles pour défendre la République en danger. C’est la résurgence, dit-il, prétend-il,  des « ligues » (allez hop, 1934, les Croix de Feu !), c’est la naissance d’un « Tea Party » réac de chez Réac façon moustaches gauloises. « Au loup, au loup« , nous crie-t-il, en somme – on connaît l’histoire.

Tenez, dans la même veine, cette superbe déclaration que n’eût pas reniée Georges Marchais, mais qui nous est pondue par un influent du PS, ex-trotskiste à ses heures, comme beaucoup d’influents du PS : les « réactionnaires » reviennent, ce serait même très « tendance », affirme monsieur Julien Dray.

Bon, on ne va pas faire l’analyse approfondie de cette diatribe de monsieur Dray, pleine d’unilatéralités et d’a-priori, vous vous ferez une opinion vous-mêmes. Le « réactionnaire », ce repoussoir, ce punching-ball cher au PCF des années 50-70, reprend du service, donc. « Au loup, au loup réactionnaire« , nous crie-t-on. La conclusion du topo Draysien mérite d’être citée :

« Mais les idées qui sont émises, ce ne sont pas des idées, ce sont des délits. Parce qu’elles produisent, quand elles sont appliquées, de la barbarie« .

Tout est mis là dans le même sac, allez, pas de détail pour les « réactionnaires » (de tout poil, naturellement) : l’expression de l’anti-judaïsme(*), du racisme, de l’homophobie – qui sont effectivement selon la loi française des délits – voisinent avec le rejet du mariage homo, le refus de la PMA et de la GPA pour tous, le refus de l’élargissement des conditions d’accès à l’IVG, etc… qui, certes, sont des expressions d’opinions discutables, contestables, et d’ailleurs pas dans la ligne du PS, mais en aucun cas délictueuses – selon les lois en vigueur, pour le moment. Reste à nos mousseurs d’opinion à faire mousser, à faire des amalgames subtils ou sommaires, prétendre que s’opposer au mariage homo c’est être homophobe, etc…

Et puis tiens, voilà les barbares, voilà la barbarie ! ce lien grossièrement ficelé entre « barbarie » et « délit » est détestable, pervers. Ils sont en fait liés comme la gaufre et la crème-Chantilly : la barbarie c’est en option. D’ailleurs la Justice le sait, qui juge les délits en alourdissant violemment les peines en cas « d’actes de barbarie ».

Au reste, et regrettons-le, monsieur Dray, les idées « réactionnaires » ne sont pas les seules à « produire de la barbarie« . La barbarie c’est tout ce qui nie et piétine l’humain. Dans ce domaine, la paille dans l’oeil des uns vaut largement la poutre dans celui des autres, vous voyez ce que je veux dire. Goulag, camps de rééducation et KoncentrazionLager sont trois des mamelles de la barbarie.

Mais j’apprends, suite à la très grosse manif de la Manif-Pour-Tous hier, j’apprends que le gouvernement, messieurs Ayrault et Valls d’accord pour une fois, que la GPA et la PMA ne seront pas aménagées, à la grande colère des députés PS et des écolos (les écolos !! l’élargissement de la PMA bénéficierait-il au bilan carbone ?) Et là c’est une autre partition qu’on nous joue : après « au loup, au loup », c’est le coup du flic méchant et du flic gentil. Encore un scénario éculé.

Tibert

(*) J’écris à dessein « anti-judaïsme », pas « antisémitisme », terme flou, impropre, pifométrique, vu que moult individus de type sémite (voir ce mot dans wiki) ne sont pas juifs, de même que des foultitudes de Juifs n’ont rien de sémite. Ce qu’on nomme « à la louche » antisémitisme, c’est l’aversion envers les Juifs, ni plus, ni moins.