Du gel du cliquet

Monsieur un ministre, j’ai oublié lequel, évoquait tout récemment l’idée de geler l’avancement des fonctionnaires.

Et puis il s’est rétracté :  meuh non je n’ai pas dit ça, mais…

Et puis le Premier Ayrault a embrayé, mais non mais non, quelle idée sotte et grenue, on ne va pas geler gnagnagna…

Et c’est tout simplement saisissant, ce débat gel-ou-pas-gel – en tout cas moi ça me saisit : c’est la photo grandeur nature de la France à deux statuts, à deux vitesses, à deux Droits du travail. La France de l’Egalité, comme ils disaient.

Car normalement un salarié capable, qui bosse bien, on le promeut, on l’augmente, on lui fait grimper l’échelle – jusqu’à ce qu’il ait atteint son niveau d’incompétence, selon la thèse de monsieur Peter, mais c’est un autre débat.

Inversement, un salarié cossard, tire-au-flanc, sans initiative, calamiteux, contre-productif, on le sanctionne, voire, on le vire, dans les cas graves.

Chez les fonctionnaires, pour peu qu’on fasse juste le minimum syndical, qu’on se fonde dans la masse, qu’on n’agresse pas physiquement le Chef, eh bien on avance ! Le cliquet, quoi : un cran en avant, jamais en arrière. C’est-y-pas chouette ?

Hélas, monsieur le ministre, quoi que vous fassiez ou pas, toute mesure ou non-mesure sera injuste :

Si l’on gèle, ce sera pain bénit et bien fait pour tous les bras-cassés de la fonction publique, les abonnés aux arrêts-maladie-voyage-en-Croatie, mais ce seront les fonctionnaires efficaces et travailleurs qui seront punis. A quoi ça servirait qu’il se décarcassent ?

Si l’on laisse aller sans geler, tourner le cliquet comme ça fonctionne depuis 1945, et puisque notre brillant humoriste Normal-Moi continue d’embaucher des fonctionnaires, au lieu de sous-traiter ce qui peut l’être, c’est droit dans le mur budgétaire qu’on va tous, sauf à inventer de nouveaux impôts, de nouvelles taxes, etc etc, nous connaissons, nous avons une pratique confirmée.

Il y aurait bien une mesure qu’elle serait juste : ni gel ni pas gel, on remet les statuts à plat, et le plan de carrière automatique à la poubelle ! On promeut ceux qui bossent bien, on sacque ceux qui se liment les ongles, et c’est tout. C’est idiot, injuste, soviétique, un plan de carrière automatique.

Et alors ? et alors ce serait l’égalité des salariés , de tous les salariés. L’Egalité, quoi. Le deuxième mot, au milieu, là, sur la devanture de la mairie.

Tibert