Deadly but sans cannabis, allelouïa

Madame Touraine, la ministre de la Santé, est en visite urgente à Rennes ; urgente : elle vient voir et tenter de comprendre de visu ce qui est arrivé de gravissime lors d’essais médicamenteux sur des volontaires, d’abord en excellente santé, puis très mal en point – un cas en état de mort clinique, quatre autres atteints de troubles neurologiques graves, voire irréversibles… et de tenir aussi sec une conférence de presse sur place.

Les victimes, tous mâles français, testaient un antalgique d’un labo portugais. Pourquoi un labo portugais fait-il faire des essais médicamenteux en France sur nos compatriotes ? il y a chez nous une boîte qui fait l’entremetteuse entre le labo pharmaceutique et les cobayes, et organise les essais… son nom, Biotrial, comme « trial », essai en anglais, ça fait évidemment mieux que « Biotest », « Bioessai », « Bioprova », « Bioprüfung » etc… Cette entreprise installée à Rennes affiche en bien grosses lettres sur sa façade : « Biotrial – Drug Evaluation and Pharmacology Research », et sans sous-titres. C’est sûr que sur le campus de Pontchaillou, ça le fait ! Quel dommage que « Pontchaillou »  sonne  si mal en rosbif.

Tentative d’aller le soir-même sur le site de www.briotrial.fr : erreur !  « Oops! An Error Occurred -The server returned a « 500 Internal Server Error« . En clair, le site ne répond pas… (*)

Tentative d’aller sur http://www.biotrial.com : là ça fonctionne, en anglais oeuf corse. On y lit : « Our thoughts go out to the volunteers and their families. We are working hand in hand with the Health Authorities to understand the cause of this accident« .  Pour les Bretons locaux et les volontaires testeurs qui souffrent en français, si l’on s’adressait à eux en V.O., ça donnerait : on est navrés, on pense bien à vous ; on bosse avec les autorités pour comprendre ce qui s’est passé. Ahhh, ça va mieux.

On est d’autant plus rassurés que madame Touraine a pu asséner, lors de sa conférence sur place, que oui certes, il y avait des cannabinoïdes dans les médocs, mais que non, tout ça ne contenait absolument pas de cannabis ! vous imaginez l’horreur, s’il y avait eu du cannabis dans le bastringue ? foutus ET défoncés ? Mr Jean-Marc Gandon, un nom bien britannique, President and CEO de Biotrial,  chez nous ça serait PDG, vous l’assure en anglais exclusivement dans sa page Web, qu’on atteint en cliquant via « Groupe Biotrial » puis « A word from the CEO » : « … what we do, we do well« . Ce que nous faisons, nous le faisons bien. Et sans cannabis, attention !

Tibert

(*) Note : le lendemain matin le site français fonctionne, mais aucune trace du drame qui s’est joué ; sur la page d’accueil une nana possiblement cobaye vous sourit de toutes ses dents, la vie est belle. Cliquant sur « Actualités », rien qui évoque l’accident dont je vous cause.