T de trop

Comme quoi, une lettre  de trop… c’est difficile, l’écriture. Tenez, hier, sur un canard gratoche (“2o minutes”, mais à mon avis en 2 minutes c’est torché) : “Eric Zemmour applaudit à l’Assemblée“.

Allons bon, pourquoi monsieur Zemmour – fin statisticien mais mal avisé de le faire savoir – applaudit-il à l’Assemblée (“Nationale”, l’Assemblée, what else ?) ? quel besoin a-t-il d’y aller claquer dans ses mains ?

Ah mais non pas du tout ! le corps de l’entrefilet journalistique nous informe que monsieur Zemmour a été applaudi par les députés- pas par la Gauche, eh oh, ne rêvons pas – car il était venu appuyer une proposition de mettre à la poubelle des lois que personnellement je considère aussi comme mal fagotées, Gayssot Taubira etc… tant il est  absurde de punir pénalement les propos spécifiquement antisémites, tandis qu’on peut insulter à loisir et traîner dans la boue les Asiatiques et les Blancs, par exemple.

Bref : Zemmour applaudit ? non, Zemmour applaudi. T, t’étais de trop. D’ailleurs, la version “Toile” du même canard gratoche a rectifié le tir… comme quoi il y en a qui ont encore quelques notions d’orthographe. Mais si vous Googlez quelque chose du genre “Zemmour Assemblée” vous tomberez encore sur des liens où le “t”  s’entête au bout de son “applaudi”, n’est-ce pas France-Soir ?  c’est dur la culture !

Tibert

Deux mauvais goûts

(Pas le temps, pas le temps… vite vite, tel le lapin d’Alice ) : deux infos qui se télescopent :

1° premio : ceci : un groupe “rock” japonais pris en flagrant délit d’apologie du nazisme (ils l’ont pas fait exprès, c’est pas une faute, c’est une regrettable erreur…) avec de magnifiques uniformes SS à la télé, croix gammées, têtes de mort etc. Penauds, les petits Nippons amateurs de mauvais goût nazi tentaient d’expliquer que leur apparition costumée “n’était pas destinée à envoyer un quelconque message idéologique“… tiens donc ! ils ont dû trouver un sac de fringues de la 2 ème guerre mondiale qui traînait par là.

2° deuxièmo : cela : le championnat de groupe de cri du cochon, remporté haut la patte par un groupe fermier de l’Ain. L’article ne dit pas si les artistes étaient costumés en Naf-Naf . Mais ce talentueux groupe de rockeurs groin-groin n’a pas fait de déclaration de repentance publique : rien pour s’excuser d’avoir fait usage des attributs d’un animal devenu de nos jours très incorrect politiquement, déjà banni de nos dinettes en avion, souvent absent de nos cantines, bref carrément mal vu dans certains milieux sourcilleux.

Qu’en penser ? rien. Le jour où les imitateurs du cri du cochon le soir au fond de sa soue devront s’excuser de leur mauvais goût et de leurs provocations, je serai très très triste.

Tibert

Vaste sujet !

Dans la rubrique des lapsus les plus ceci, les plus cela,un petit dernier fera les délices de celles-z’et-ceux (merci la langue de bois) que le rugby, la démission de MAM, le retour de monsieur Hortefeux en Auvergne, les sabotages de voies SNCF indiffèrent. C’était mâame Aubry qui s’y collait cette fois-ci : “le projet socialiste (…) est extrêmement vague !… [un temps…] vaste !” et le journaleux qui lui tenait le crachoir de sauter là-dessus à pieds joints, bien évidemment.

Point n’est besoin de plonger dans les profondeurs psychanalytiques du lapsus pour en inférer que la Première Secrétaire en Chef du PS a du vague à l’âme. Mais bon, ‘vague’ et ‘vaste’ ne sont pas antinomiques, et je ne prends pas ça pour un lapsus de chez Lapsus, mais plutôt pour une  expression nuancée de la vaguitude (merci mâame Ségolène, celui-là restait à inventer) qui caractérise le projet socialiste – si l’on peut se permettre de le mettre au singulier, tant il y a de variantes !

Le contraire de vague, ce serait plutôt ‘précis’, ‘affûté’, non ? la vastitude rejoint souvent la vaguitude, par exemple dans le vêtement des personnes affectées de surpoids. Et puis le ‘vaste’ permet d’entasser un tas de fourbi dans le sac à propositions socialistes, et si c’est ‘vague’ ça ne fait pas trop désordre, pas vrai ?

Reste que sa copine ou  rivale – c’est selon – la souriante madone des Charentes-Poitou, n’aura pas besoin de trouver un néologisme en ‘..ude’ pour caractériser ledit projet socialiste : trop vague, trop vaste, ça fait vide, ça sonne creux, ça évoque la vacuité.

Tibert

Solesmes airport, terminal 2

Du temps du Général, tante Yvonne veillait à ce que ses repas entre copines à l’Elysée ne soient pas imputés au budget de la Présidence, mais pris sur sa cagnotte. Idem de sa consommation EDF, etc.  Chouette époque, où “pour votre sécurité” n”était pas encore le fond de sauce, de toutes les sauces.

“Pour votre sécurité”, d’ailleurs, de nos jours, on aurait déconseillé à tante Yvonne de recevoir ses copines pour un thé au jasmin avec une tarte au citron ; va savoir si un terroriste séparatiste ou ultra-musulman ne se serait pas planqué dans la pince à sucre, hein ?

De même, quand notre Premier Ministre va de temps en temps voir si la toiture ne fuit pas et décrasser le barbecue dans sa modeste datcha de Solesmes (Sarthe),”pour sa sécurité” il doit prendre un avion de ligne à Roissy Airport terminal 9 (celui des charters) pour Solesmes Airport. Sur le tarmac de Solesmes l’attendent une grosse bagnole blindée aux vitres opaques et des motards, clignotants bleus flashy et sirènes hurlantes, pour lui permettre de traverser cette immense et dense mégapole dans des conditions de sécurité suffisantes. Savoir si un dangereux terroriste ne se planque pas derrière la camionnette du boulanger qui va livrer son pain rassis aux moines de l’abbaye du bled susnommé ?

Bref, “pour notre sécurité” (qu’ils disaient),  et avec nos normes actuelles de sécurité, il est vrai que MonGénéral ne se serait pas fait canarder par la bande à Bastien-Thiry au virage du tabac en bas de la côte Maltaillé au Petit-Clamart ; MonGénéral n’en avait d’ailleurs pas, de Falcon interministériel, encore moins présidentiel, pour éviter le péage de St Arnoult-en-Yvelines, et de toutes façons ce n’est pas par là q’uil passait ! et toc. Et puis le péage de St Arnoult-en-Yvelines n’avait pas encore été inventé.

Donc, une fois les élections présidentielles et subséquentes terminées, une fois mise en place démocratiquement une équipe républicaine que je ne vous dis que ça, démocrate que plus démocrate qu’elle tu meurs, et tellement proche du peuple qu’on ne pourra plus glisser une feuille de papier-toilettes entre cette équipe et le peuple, tout sera dorénavant comme avant : on les verra UNE fois dans le métro, à vélo, sur leurs rollers, le temps de prendre des photos – avec un cordon d’agents de sécurité tout autour, des fois que… et la fois d’après et pour leur sécurité, ils prendront le Falcon interministériel pour aller faire pisser le chien.

Tibert

Quand Limoges gaze

On – “on”, article défini comme indéfini mais c’est nous – on va encore se payer, si j’ose dire, une augmentation du prix du gaz. Si si, encore, y a pas de raison, faut pas perdre la main, c’est que le premier pas qui coûte, après le pli est pris, vous verrez, on s’y fait. Tenez, une excellente étude, datant de moins d’un an, vous expliquera pourquoi cette augmentation est dégueulasse, comme les précédentes, mais rien n’y fait, il faut que les actionnaires de GDF-Suez se goinfrent. Tant pis pour les Français.

Bon, ça ne sert à rien, mais ça soulage.

Autrement, je lis ici ce matin tôt que “la directrice des Archives Nationales a été limogée”. En voilà une nouvelle qu’elle serait bonne, si non seulement la directrice, mais toute la structure, les fonctionnaires, les bureaux, les impedimenta des Archives Nat’ déménageaient à Limoges ! Ce serait enfin une initiative intelligente. L’hôtel de Soubise – superbe édifice, et chouette quartier d’ailleurs, on comprend pourquoi les employés s’y cramponnent – est aussi adapté à des activités de bureau qu’une fourchette à la manducation de la soupe, et quant à migrer tout ce beau monde en grande banlieue du côté du 9-3, vous comprenez, je suppose, le peu d’enthousiasme des personnels des Archives Nat’…

Mais Limoges ? hein ? sa gare superbe, ses usines historiques, ses vieux quartiers, et tout autour le Limousin  cher à Raymond Poulidor, qu’on doit encore rencontrer sillonnant les routes sur son biclo. Limoges, qui aurait tout à gagner à accueillir une grosse structure administrative qui n’a rien à foutre à Paris, puisque “nationale” : “nationale”, pas “parisienne”, n’est-ce-pas ?

Bon, assez déliré pour aujourd’hui. Quand les Archives Nat’ migreront à Limoges – ou Aurillac, Grenoble, Vannes, Nancy… – les amis, on aura peint la lune en vert.

Tibert

Aucuns

Surprenant, cet “aucuns”, dérangeant, incongru. Car “aucun” c’est rien, pas du tout, nada, en maths : zéro ! Et comment mettre le rien au pluriel ? Bien entendu, on m’objectera, je l’entends d’ici, le sketch du regretté Raymond Devos “trois fois rien, c’est déjà quelque chose“, on me jettera dans les pattes des “petits riens“, bien pluriels quoique riens, quoique petits.

On en viendrait presque à supposer qu’un rien, singulier – certes ! nommer l’absence, la vacance, le manque, le “rien” c’est tout à fait singulier – à supposer qu’on en aligne un certain nombre, ça va finir par donner une masse non négligeable, voire significative. Disons-le tout cru, c’est une horreur mathématique et un cauchemar ! mais trêve de fadaises dominicales – c’est dimanche, il pleut, parfait pour un dimanche – nous sommes ici pour débusquer un “aucuns”, braquer les projecteurs de l’actualité et du buzzz médiatique sur cet animal à 6 pattes, l’Aucuns.

Je puis en témoigner, j’ai fréquemment rencontré Aucuns. Vous aussi ? c’est peut-être un quiproquo : écartons de notre champ d’études l’usurpateur, ce lointain cousin nommé D’Aucuns ; rien à voir ! D’Aucuns est partie prenante de ces formules vaguement Vieille-France qui jabotent, “…d’aucuns s’autorisent à penser que …”, eh va donc, D’Aucuns, c’est pas de toi que je cause, dégage ! Non, “Aucuns” est un animal qui a ses tanières, ses repaires , qu’on peut donc repérer fort commodément dans son habitat favori – le mot est bien trouvé, habitat ! – car “Aucuns” est quasiment toujours fourré dans l’immobilier, par exemple dans les pages du Figues-à-rôts où l’on tente de nous vendre à des tarifs parfaitement déraisonnables des biens pas si bien que ça avec, tenez, des accroches du style “aucuns travaux“.

Aucuns travaux ! d’abord c’est évidemment faux, il y en a toujours, des travaux ! mais passons, ce n’est pas le propos. Essayez donc de me trouver un autre “aucuns” que … travaux : il n’y en a pas ! aucune idée, aucun individu, aucune bête au monde, aucun… ne cherchez pas, c’est peine perdue. “Aucuns” ne navigue de conserve qu’avec “travaux”. “Aucuns travaux”, c’est Philémon-Baucis, Roux-Combaluzier, Alfa-Giulietta, Popaul et Virginie.

Disons-le crûment, c’est l’immobilier qui a engendré ce monstre. Il y en aurait bien un pire, “aucuns travails” mais ce serait carrément insoutenable ; ce l’est largement assez comme ça. Reste à se poser la question du pourquoi ? pourquoi “aucun” est-il toujours immuablement singulier (j’exclus “d’Aucuns”, c’est un intrus, vu ? ) sauf dans “aucuns travaux” ?

… parce que  1) premio  : “aucun travail” ça fait flemmard, cossard,et pour tout dire cancre, ça évoque carrément les bulletins de notes catastrophiques. 2) deuxièmo : dans le bâtiment c’est toujours au pluriel, parce que lorsqu’il faut changer un joint ça entraîne immanquablement :

– le démontage du chauffe-eau, qui de toutes façons est foutu, on fait plus ce modèle-là, allez hop poubelle,

– d’importants travaux de soudure, avec carbonisation du papier à fleurs qui était là par inadvertance,

– l’installation d’un nouveau chauffe-eau avec gravats, cochonneries, fuites et retouches diverses aux différentes malfaçons constatées,

– la réfection du papier peint, peinture, plâtrerie, menuiserie, plus dégâts des eaux chez le voisin du dessous,

– enfin, et surtout, d’importants travaux de facturation.

D’où la formule “aucuns travaux”.

Tibert

J'lai pas fait exprès, m'sieur !

On connaît (pas vous ? ça va être réparé dans 2 secondes) le mot attribué tantôt à Môssieur Boulay de la Meurthe, député du même département, ou à monsieur Joseph Fouché, ou, dans sa version la plus diffusée, à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord : “C’est pire qu’un crime, c’est une erreur“. Il s’agissait de l’exécution (l’assassinat, en bon français) du duc d’Enghien, en mars 1804, reportez-vous à votre manuel d’Histoire qui doit croupir au fond d’une caisse, au grenier.

Je pensais à ça hier, écoutant s’étriper à la radio 2 commentateurs de la récente grève des tribunaux. En gros, l’un constatait que les magistrats avaient été blanchis par l’enquête sur la gestion du dossier Tony Meilhon, que faute il n’y avait pas, donc circulez y a rien à voir ; l’autre pointait du doigt le constat de conn… erreurs dans cette affaire, notamment dans le suivi post-carcéral… et concluait en substance : il y a faute, il est normal qu’il y ait sanction.

Ah mais pas du tout ! y a pas faute, répond le premier… c’est pas une faute, c’est une erreur. Vous voyez le niveau… et le second de s’emporter, faisant allusion à des pratiques limite condamnables, je cite de mémoire, mais c’était dit plus crûment : “ma parole on est en train de sodomiser des dyptères !”.

Donc, résumons-nous : y a pas faute, y a erreur. On n’a pas sciemment saboté le suivi post-carcéral de monsieur Meilhon… on a juste commis une gaffe, une bévue, une bêtise, une boulette, une étourderie, une négligence… une ERREUR. Le résultat est horrible, certes, pauvre Laetitia ! mais on l’a pas fait exprès, m’sieur !

Moi, on me bottait le cul quand, à la Communale, je sortais cet argument enfantin – chez les adultes, on pourrait dire “cet argument débile”. Comme ça la prochaine fois je ferais gaffe !

Tibert

J'ai pas tout compris

On sait que le monde judiciaire est en ébullition, les tribunaux de petite, moyenne ou assez grande Instance, les cours d’appels, de rappels… quasi paralysés par une révolte contre le Petit Nicolas, qui a eu le culot de prétendre que dans l’affaire Laetitia – cette jeune fille présumément assassinée par un multi-récidiviste qu’on aurait dû surveiller comme le lait sur le feu – si des conn… erreurs avaient été commises il y aurait des sanctions.

Moi personnellement je n’en sais rien, donc, soit, attendons le rapport de la commission ad hoc. Effectivement ça me paraît assez sain comme principe de fonctionnement : on a bon, on mérite des images en récompense, on fait une faute, on se prend un coup de règle sur les doigts – du moins c’est comme ça que ça fonctionnait de mon temps. Mais apparemment les magistrats estiment carrément impensable qu’il y ait pu avoir faute, et au demeurant, même si faute il y a, disent-ils – improbable, vachement improbable – c’est la faute au manque d’effectifs, argument que l’on peut servir à toutes les sauces, et que tout fonctionnaire sort si on l’emmerde.

On attend donc le rapport de la commission idoine… qui pointe le bout du nez, quelques révélations en avant-première. Et je lis : “le 9 mars 2001, le principal suspect (…) est condamné par la cour d’assises des mineurs de Loire-Atlantique à cinq ans d’emprisonnement ainsi qu’à une mise à l’épreuve. Le juge qui lui notifie ses obligations se trompe sur la durée de la mesure, deux ans au lieu de trois...”.

Attendez les gars…  condamné à 5 ans, ça veut dire 3 ? mais en fait on a écrit 2. Le rapport ne dit rien d’ailleurs sur le temps effectif de réclusion ; si ça trouve c’est encore un autre chiffre ?

Tibert

Roulant carrosse

Un cruel dilemme secoue la classe parisiano-parisienne, opposant les “pros” et les “cons” (comme on dirait outre-Atlantique, sans malice, d’ailleurs) : il paraît que le stade de tennis de Roland-Garros est trop pitit, rikiki pour un tournoi de l’importance qu’il a ; très important, Roland-Garros ! Durant 2 semaines, vous vous rendez compte, 2 semaines sur 52, il FAUT un grand, un énorme court de tennis (pas le court, il a des dimensions normalisées ; non, les gradins autour, pour tous les invités gratoche et les autres, les malchanceux qui payent et se dévissent le cou pendant des heures pour suivre des yeux la baballe jaune).

Objection, qu’ils-elles disent à côté, du côté justement des serres tropicales qui jouxtent Roland-Garros (le stade, pas le bonhomme, il est mort à la guerre de 14). Vous devrez nous passer sur le corps, allez donc voir plus loin, ici ce sont des serres tropicales exceptionnelles, pas question  d’y toucher !

Et d’évoquer de “lointains” horizons, le 9-3, évidemment, mais les joueurs vont se faire braquer leur raquette ; le 9-4, le 9-5, bref un tas de banlieues plus moroses ou grisâtres les unes que les autres. Le tournoi de Roland-Garros à Bondoufle, à la Garenne-Bezons, à Bécon-les-Bruyères ? et pourquoi pas, qu’ils disent, les Parisiens raisonnables…

Et pourquoi pas dans les Ardennes, où est mort justement M. Roland Garros ? ou dans l’île de la Réunion, puisque M. Roland Garros y est né ? ou à Sablé (Sarthe), Chambéry (Savoie), La Couvertoirade,  Quimper, Saulieu, Figeac ? hein, pourquoi pas Figeac ? charmante bourgade du Lot… un tournoi de tennis du “Grand Chelem” (rien à voir avec le Bridge, faut suivre !) à Figeac, tiens ça ça aurait de la gueule. Il y a justement de la place tout plein près du champ de foire.

Incapables de décoller de l’horizon des lignes de métro, au mieux du RER… ah ils sont chouettes, tiens ! bande d’aménageurs du Territoire de mes deux !

Tibert

L'homme pot-de-yaourt

On le tait en haut lieu, ça ne se sait donc pas, et cet indispensable blog va une fois encore devoir accomplir sa mission d’information vis à vis des populations ignorantes : il n’existe pas de norme en matière de hauteur sous plafond dans les logements actuels.

Vous vous en foutez sans doute, mais pas les promoteurs, les architectes payés au plan-mètre-cube, les fournisseurs de béton armé et d’ascenseurs, etc. Eux, en revanche, se foutent que la taille moyenne du français lambda standard ait cru (du verbe croître, que conjuguent en boucle les corbeaux : je croa, tu croa…) ait cru, donc, de plus de 10 cm en l’espace d’un siècle. Et plus précisément 6 cm en 30 ans, soit entre 1960 et 1990.

Mais si, me direz-vous, elle existe, cette norme : c’est 2,5 mètres, 2 mètres cinquante. Tous les immeubles neufs ont une hauteur sous plafond de 250 cm, c’est la norme… objection votre Honneur !! c’est la sale habitude qu’ont prise les architectes besogneux, sous la pression des promoteurs, de limiter cette hauteur à 250 cm, pour empiler, entasser plus de clampins sur la même surface. Sale habitude, et entente non-dite entre professionnels du bâtiment : la norme du maximum de fric dans le minimum d’espace vital.

Les immeubles haussmaniens se tapaient des hauteurs de 2,80 – 2,90 à l’aise, eux, pour des gens qui ne dépassaient guère les 1,70 m. De nos jours, les grandes perches de 1,85 m. sont courantes, mais on leur a raboté le plafond de 35 cm, soit au total plus de 40 cm de perdus en espace vital, en oxygène, en possibilité de se mouvoir. Incidemment, on peut suspecter là un complot contre les fabricants d’escabeaux, puisqu’il est quasiment possible de s’en passer désormais pour changer une ampoule.

Vous connaissez sûrement la parabole du pot de yaourt, dont le fond se hausse tandis que le niveau de remplissage diminue , de sorte que bientôt le fond du pot sera plus haut que sa surface ? eh bien voilà… quand vous ramperez dans vos logements, peut-être sera-t-il temps d’émettre vers messieurs les constructeurs une timide réclamation ?

Tibert