Casques Bleus dans le Neuf-Trois

A Sevran, Seine-St-Denis – on se demande ce que le pauvre St-Denis vient foutre là, il doit en perdre la boule, ma parole – ça canarde à vue dans les rues, c’est le Parabellum et la Kalachnikov à ciel ouvert, c’est Chicago-en-France. Au point que le maire de la ville, muni de ses 5 flics et de ses 3 policiers municipaux, en appelle à l’OTAN, à l’ONU, aux Casques Bleus, aux hélicoptères de combat qui, si on l’écoutait, feraient un petit détour depuis Tripoli, arrêteraient un moment de canarder monsieur Kadhafi pour venir tournoyer au dessus de sa ville.

Evidemment ça fait débat, l’armée dans Sevran ! vu que tout ce que nous voyons de l’armée, en général, ce sont 2 ou 3 braves piou-pious cabotant et cahotant à pied au long des quais des gares ou des aérogares, le fusil automatique non chargé et plié pour moins de risque, et s’emmerdant visiblement, vivement la relève, que j’aille m’en jeter un, j’ai une ampoule au gros orteil gauche, marre de crapahuter !

Le courrier des lecteurs, consacré à ces faits, m’a permis de redécouvrir une expression que j’avais oubliée, car inemployée au fond de nos campagnes profondes. Mais très fréquemment utilisée dans le milieu des techno-fanas, des zinzin-formaticiens, des amerloc’lâtres, ceux qui lisent les niouzes du Nouveau-Monde dans le texte.  Un lecteur-commentateur, donc, écrivait hier ceci : « … blahblahblah… Sevran… gnagnagna… armée… il faudra avoir le courage d’adresser cette question etc etc... ». Adresser, au sens de « faire face à ».

Notez bien qu’il avait écrit, ce lecteur, « adresser », non « addresser », ce qui aurait aggravé son cas. Vous avez sûrement rencontré aussi des « traffic » au lieu de trafic » : merci les anglos-machins pour cette pollution orthographique. Ceci étant, est-ce qu’on adresse chez nous, en français donc – avec un seul d – un problème, une question ? évidemment non. C’est typiquement du Rosbif, ça, traduit connement, servilement, mot à mot.

Par chez nous, on traite un problème, on l’étudie, on l’affronte, on y fait face, on le décortique, on le prend à bras-le-corps, et on le résout (si c’est possible!). Notez qu’on ne le solutionne pas, barbarisme atroce, horrible, af-freux : la solution, c’est quand on le résout (putain, les verbes du nième groupe, je te dis pas !).  Mais on n’adresse jamais un problème, encore moins avec 2 « d ».

« Je vous adresse mon neveu Paulou, il est bien brave et vous lui trouverez sûrement un bon poste ». Comme ça, ça fonctionne. Ou :  » je vous adresse ce problème, vous y jetterez bien un coup d’oeil et si vous aviez la bonté de me fournir la solution… » pareillement. Mais adresser n’a jamais jamais été pris dans le sens de « traiter », transitif, par cheux nous. Qu’on se le dise, à Sevran comme à Yeurs.

Ah oui, au fait, vous connaissez Yeurs ? délicieuse cité du Tarn-et-Meuse, bucolique et verdoyante, loin des règlements de comptes entre dealers du Neuf -Trois… c’est bien connu, à Yeurs l’herbe est plus verte.

Tibert

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