Mac Carthysme à France-Téloche

On peut le lire dans l’édition Toilesque du Monde de ce matin : « Affaire Zemmour : la CGT envoie une lettre ouverte au PDG de France Télévision« . Et la CGT de réclamer la tête de monsieur Zemmour, au motif que celui-ci a été condamné pour incitation à la haine raciale. Je ne sache pas (marrant, ça ‘je ne sache pas’… c’est chié, comme expression !) que la CGT soit en position de donner des leçons de vertu en matière d’information – voir ses contorsions, de conserve avec le vieux PCF, pour justifier les ignominies staliniennes, les anathèmes de « crapules », « social-traître », « rats », « poubelles de l’Histoire » etc…, voir son comportement monopolistique sur la distribution de la presse écrite… – mais là n’est pas le propos.

Voilà : si je ne m’abuse, monsieur Zemmour n’est pas fonctionnaire assermenté, et son statut ne requiert pas un casier judiciaire vierge, tel un policier, un magistrat etc. Monsieur Zemmour est chroniqueur, point. Rien donc n’oblige le PDG de FT à le virer, non ?  et ledit PDG a son libre arbitre, oui ? donc s’il juge que la liberté d’expression reste un bien précieux (et menacé, note du claviste) je l’approuve vigoureusement : c’est son droit le plus strict.

Mais la CGT d’écrire : « les mots portent les choses » : vaste programme, que je recommande comme sujet au bac’ philo lors de la prochaine session. Le poids des mots, le choc des retournements : du temps de monsieur Rivette et de son film « La religieuse », d’après Denis Diderot, le ministre de la Cu-culture de l’époque, dûment chapitré par Tante Yvonne, avait refusé le visa de censure… et la Gauche unanime avait violemment protesté et manifesté, à juste titre selon moi, au nom de la Liberté d’Expression. La liberté d’expression… ça existe, ça ?

France Télévision, l’ex-ORTF : « la voix de la France », disait monsieur Pompidou. Avec la CGT, « La Voix de la France » reprend du service.

Tibert.

Le 11 ? le 11.

L’Histoire avec un grand « Tache » retiendra, si besoin était, que les drames nous donnent rendez-vous le 11. Le 11 septembre 2001, les twin towers de New-York (et accessoirement le Pentagone : nettement moins télégénique, le Pentagone) s’effondrent en boucles interminables, quasi hypnotiques, sur les écrans télé de la Planète,  what else ? oui, quoi d’autre ? eh bien si, justement,  le 11 mars 2011 (*) – vous avez vu ? deux fois 11, c’est un signe ça, vite mon manuel de numérologie, 11 c’est la somme de 5 et 6, bon sang mais c’est bien sûr ! – un tremblement de terre et un raz-de-marée (« tsunami », en patois auvergnat) du feu de dieu, au Japon, très très loin, heureusement, de nos horizons. Et les flots noirs et boueux de déferler inexorablement, là-bas au Japon, et chez nous, en boucle répétitive et quasi hypnotique, sur nos écrans télé.

La veille du vendredi 11 mars 2011, soit le jeudi 10, la Lybie focalisait toutes les attentions : même le Petit Nicolas avait joué un coup, ça avait de la gueule, monsieur BHL, notre nouveau ministre des Affaires Etrangères – l’ancien était à Bruxelles, et pas au courant – approuvait vigoureusement l’initiative présidentielle qu’il avait appelée de ses ardents voeux (**).  La télé chroniquait à tout-va sur la Lybie, on suivait ça heure par heure, haletants. Alors, ça venait, ces bombardements sur les pistes des aérodromes militaires lybiens, oui ou zut ?

Le vendredi 11 mars 2011, la Lybie était rayée de la carte des medias par un tsunami politico-journalistique : black-out ! botus et mouche cousue. Désormais y avait plus rien à voir là-bas, allez circulez, allez donc plutôt regarder le tsunami japonais à la télé, vous verrez, c’est affreux, ça passe en boucles répétitives et quasi hypnotiques sur les écrans.

Tibert

(*) Le 11 c’était un vendredi. Vendredi, jour sans viande, la veille du samedi, c’est tout dire. Vendredi 11, affreux… !  vendredi 13, je vous dis pas. Patte de lapin, trèfle à quatre feuilles, fer à cheval, croisons les doigts ! Il nous reste heureusement le vendredi 12 pour souffler.

(**) « ses ardents voeux« … ça sonne moche comme tout, non ? affreux… mais qu’écrire ? hein ? « ses voeux les plus sincères« , ah oui, là c’est meilleur. Tenez, ça pourrait même se chanter : « bonnaniversai-reu, nos voeux les plus sincè-reu… »

Logement, saison I – PMC : Petit, Mal foutu, Cher

On sait que les agences immobilières fleurissent, et parfois prospèrent, aux quatre coins de l’hexagone, et notamment à Paris, la ville des plus mal logés. Vous baguenaudant – à Paris, donc, what else ? – le nez au vent et aux oxydes de carbone, d’azote, etc… vous pourrez aisément remarquer l’intérêt des Parisiens pour ces vitrines « Immo-Bill, Immo-Dugenou, Immo… » vantant les charmes de logements tous plus « charmants », « ravissants », « exceptionnels » les uns que les autres. Ca tient carrément du lèche-vitrine, ça fait concurrence, osons la comparaison, avec les devantures des magasins de fringues de la rue de Babylone, mais l’attirance est ici autant masculine que féminine. Bref : le logement, à Paris, ça branche un max !

En d’autres termes : Paris, deux millions de mal-logés, deux millions qui voudraient bien trouver plus grand, mieux foutu, moins cher, plus calme, mieux situé, avec ascenseur… mais bernique, il n’y a rien, ou pas grand-chose, ou alors à des tarifs, houlàlà !  et pourquoi ? parce que l’urbanisme haussmanien a tout verrouillé, tient lieu de Credo, de statue du Commandeur ; parce que « c’est beauuu » ! en particulier, latrilogie PMC dicte l’alpha et l’omega du bon goût. Saint Parquets-Moulures-Cheminées, priez pour nous !

Parquets hors d’âge, mal calés et grinçants ; moulures poussiéreuses, grisâtres et fendillée, voire délabrées ; cheminées au marbre fendu ou branlant, bouffeuses d’espace et inutiles. Tout ça a un cachet fou, certes. Et beaucoup de façades ont de la gueule, soit, certaines sont même magnifiques, parfois dans le style Nouille ou Art Déco : ces superbes façades, gardons-les. Mais en général c’est banal, répétitif, stéréotypé, voire moche, ça a 150 ans au minimum, les pièces sont calibrées selon des normes obsolètes, isolations phonique et thermique inexistantes, salles de bains ajoutées là où l’on a pu, on vit au son des voisins et réciproquement, on se chauffe cher et mal, les pièces sont étriquées. Bref la plupart des logements haussmaniens sont de nos jours inadaptés – et leur environnement avec – à abattre et rebâtir. A rebâtir autrement, évidemment.

(à suivre)

Tibert

Pot de yaourt, le retour

On ne va pas évoquer les sujets qui fâchent, les sondages ravageurs – une vague Marine semble déferler sur nos campagnes, c’est pas possible, pincez-moi, ça doit être une erreur, on va le refaire – ou le remake de la Guerre Civile d’Espagne sur le rivage des Syrtes, où le loyaliste n’est pas cette fois-ci du bon côté, mais mutatis mutandis c’est assez semblable, la communauté internationale se bornant à compter les points de loin ; non, aujourd’hui une petite page économique, on va refaire le tour du pot de yaourt dont le fond est de plus en plus haut tandis que le niveau de remplissage est de plus en plus bas.

Cette page est en français, c’est un joli (*) blog hébergé au Monde, mais qui pointe hélas sur des informations en Rosbif, je sais, désolé, mais y a des images, alors on peut quand même en comprendre un peu. On y découvrira qu’il n’y a pas que les pots de yaourt à subir la dure loi du profit (pour l’industriel, pas pour l’acheteur !).

Cerise sur le pot de yaourt, il y est bien entendu question du prix au kilo – vous savez, les tout petits chiffres sur les rayonnages, quasi illisibles – mais aussi, curieusement, du poids au kilo, qui, heureusement, devrait, lui, rester stable, sauf bouleversement des lois de la gravitation terrestre.

Tibert

(*) « joli » est très tendance, ça se dit à tout propos, et  j’ai notamment constaté ce tic chez les chroniqueurs gastronomiques : la « jolie salade de pétoncles au beurre de salsifis sur son lit d’écrasée de topinambours ». Miam…

T de trop

Comme quoi, une lettre  de trop… c’est difficile, l’écriture. Tenez, hier, sur un canard gratoche (« 2o minutes », mais à mon avis en 2 minutes c’est torché) : « Eric Zemmour applaudit à l’Assemblée« .

Allons bon, pourquoi monsieur Zemmour – fin statisticien mais mal avisé de le faire savoir – applaudit-il à l’Assemblée (« Nationale », l’Assemblée, what else ?) ? quel besoin a-t-il d’y aller claquer dans ses mains ?

Ah mais non pas du tout ! le corps de l’entrefilet journalistique nous informe que monsieur Zemmour a été applaudi par les députés- pas par la Gauche, eh oh, ne rêvons pas – car il était venu appuyer une proposition de mettre à la poubelle des lois que personnellement je considère aussi comme mal fagotées, Gayssot Taubira etc… tant il est  absurde de punir pénalement les propos spécifiquement antisémites, tandis qu’on peut insulter à loisir et traîner dans la boue les Asiatiques et les Blancs, par exemple.

Bref : Zemmour applaudit ? non, Zemmour applaudi. T, t’étais de trop. D’ailleurs, la version « Toile » du même canard gratoche a rectifié le tir… comme quoi il y en a qui ont encore quelques notions d’orthographe. Mais si vous Googlez quelque chose du genre « Zemmour Assemblée » vous tomberez encore sur des liens où le « t »  s’entête au bout de son « applaudi », n’est-ce pas France-Soir ?  c’est dur la culture !

Tibert

Deux mauvais goûts

(Pas le temps, pas le temps… vite vite, tel le lapin d’Alice ) : deux infos qui se télescopent :

1° premio : ceci : un groupe « rock » japonais pris en flagrant délit d’apologie du nazisme (ils l’ont pas fait exprès, c’est pas une faute, c’est une regrettable erreur…) avec de magnifiques uniformes SS à la télé, croix gammées, têtes de mort etc. Penauds, les petits Nippons amateurs de mauvais goût nazi tentaient d’expliquer que leur apparition costumée « n’était pas destinée à envoyer un quelconque message idéologique« … tiens donc ! ils ont dû trouver un sac de fringues de la 2 ème guerre mondiale qui traînait par là.

2° deuxièmo : cela : le championnat de groupe de cri du cochon, remporté haut la patte par un groupe fermier de l’Ain. L’article ne dit pas si les artistes étaient costumés en Naf-Naf . Mais ce talentueux groupe de rockeurs groin-groin n’a pas fait de déclaration de repentance publique : rien pour s’excuser d’avoir fait usage des attributs d’un animal devenu de nos jours très incorrect politiquement, déjà banni de nos dinettes en avion, souvent absent de nos cantines, bref carrément mal vu dans certains milieux sourcilleux.

Qu’en penser ? rien. Le jour où les imitateurs du cri du cochon le soir au fond de sa soue devront s’excuser de leur mauvais goût et de leurs provocations, je serai très très triste.

Tibert

Vaste sujet !

Dans la rubrique des lapsus les plus ceci, les plus cela,un petit dernier fera les délices de celles-z’et-ceux (merci la langue de bois) que le rugby, la démission de MAM, le retour de monsieur Hortefeux en Auvergne, les sabotages de voies SNCF indiffèrent. C’était mâame Aubry qui s’y collait cette fois-ci : « le projet socialiste (…) est extrêmement vague !… [un temps…] vaste ! » et le journaleux qui lui tenait le crachoir de sauter là-dessus à pieds joints, bien évidemment.

Point n’est besoin de plonger dans les profondeurs psychanalytiques du lapsus pour en inférer que la Première Secrétaire en Chef du PS a du vague à l’âme. Mais bon, ‘vague’ et ‘vaste’ ne sont pas antinomiques, et je ne prends pas ça pour un lapsus de chez Lapsus, mais plutôt pour une  expression nuancée de la vaguitude (merci mâame Ségolène, celui-là restait à inventer) qui caractérise le projet socialiste – si l’on peut se permettre de le mettre au singulier, tant il y a de variantes !

Le contraire de vague, ce serait plutôt ‘précis’, ‘affûté’, non ? la vastitude rejoint souvent la vaguitude, par exemple dans le vêtement des personnes affectées de surpoids. Et puis le ‘vaste’ permet d’entasser un tas de fourbi dans le sac à propositions socialistes, et si c’est ‘vague’ ça ne fait pas trop désordre, pas vrai ?

Reste que sa copine ou  rivale – c’est selon – la souriante madone des Charentes-Poitou, n’aura pas besoin de trouver un néologisme en ‘..ude’ pour caractériser ledit projet socialiste : trop vague, trop vaste, ça fait vide, ça sonne creux, ça évoque la vacuité.

Tibert

Solesmes airport, terminal 2

Du temps du Général, tante Yvonne veillait à ce que ses repas entre copines à l’Elysée ne soient pas imputés au budget de la Présidence, mais pris sur sa cagnotte. Idem de sa consommation EDF, etc.  Chouette époque, où « pour votre sécurité » n »était pas encore le fond de sauce, de toutes les sauces.

« Pour votre sécurité », d’ailleurs, de nos jours, on aurait déconseillé à tante Yvonne de recevoir ses copines pour un thé au jasmin avec une tarte au citron ; va savoir si un terroriste séparatiste ou ultra-musulman ne se serait pas planqué dans la pince à sucre, hein ?

De même, quand notre Premier Ministre va de temps en temps voir si la toiture ne fuit pas et décrasser le barbecue dans sa modeste datcha de Solesmes (Sarthe), »pour sa sécurité » il doit prendre un avion de ligne à Roissy Airport terminal 9 (celui des charters) pour Solesmes Airport. Sur le tarmac de Solesmes l’attendent une grosse bagnole blindée aux vitres opaques et des motards, clignotants bleus flashy et sirènes hurlantes, pour lui permettre de traverser cette immense et dense mégapole dans des conditions de sécurité suffisantes. Savoir si un dangereux terroriste ne se planque pas derrière la camionnette du boulanger qui va livrer son pain rassis aux moines de l’abbaye du bled susnommé ?

Bref, « pour notre sécurité » (qu’ils disaient),  et avec nos normes actuelles de sécurité, il est vrai que MonGénéral ne se serait pas fait canarder par la bande à Bastien-Thiry au virage du tabac en bas de la côte Maltaillé au Petit-Clamart ; MonGénéral n’en avait d’ailleurs pas, de Falcon interministériel, encore moins présidentiel, pour éviter le péage de St Arnoult-en-Yvelines, et de toutes façons ce n’est pas par là q’uil passait ! et toc. Et puis le péage de St Arnoult-en-Yvelines n’avait pas encore été inventé.

Donc, une fois les élections présidentielles et subséquentes terminées, une fois mise en place démocratiquement une équipe républicaine que je ne vous dis que ça, démocrate que plus démocrate qu’elle tu meurs, et tellement proche du peuple qu’on ne pourra plus glisser une feuille de papier-toilettes entre cette équipe et le peuple, tout sera dorénavant comme avant : on les verra UNE fois dans le métro, à vélo, sur leurs rollers, le temps de prendre des photos – avec un cordon d’agents de sécurité tout autour, des fois que… et la fois d’après et pour leur sécurité, ils prendront le Falcon interministériel pour aller faire pisser le chien.

Tibert

Quand Limoges gaze

On – « on », article défini comme indéfini mais c’est nous – on va encore se payer, si j’ose dire, une augmentation du prix du gaz. Si si, encore, y a pas de raison, faut pas perdre la main, c’est que le premier pas qui coûte, après le pli est pris, vous verrez, on s’y fait. Tenez, une excellente étude, datant de moins d’un an, vous expliquera pourquoi cette augmentation est dégueulasse, comme les précédentes, mais rien n’y fait, il faut que les actionnaires de GDF-Suez se goinfrent. Tant pis pour les Français.

Bon, ça ne sert à rien, mais ça soulage.

Autrement, je lis ici ce matin tôt que « la directrice des Archives Nationales a été limogée ». En voilà une nouvelle qu’elle serait bonne, si non seulement la directrice, mais toute la structure, les fonctionnaires, les bureaux, les impedimenta des Archives Nat’ déménageaient à Limoges ! Ce serait enfin une initiative intelligente. L’hôtel de Soubise – superbe édifice, et chouette quartier d’ailleurs, on comprend pourquoi les employés s’y cramponnent – est aussi adapté à des activités de bureau qu’une fourchette à la manducation de la soupe, et quant à migrer tout ce beau monde en grande banlieue du côté du 9-3, vous comprenez, je suppose, le peu d’enthousiasme des personnels des Archives Nat’…

Mais Limoges ? hein ? sa gare superbe, ses usines historiques, ses vieux quartiers, et tout autour le Limousin  cher à Raymond Poulidor, qu’on doit encore rencontrer sillonnant les routes sur son biclo. Limoges, qui aurait tout à gagner à accueillir une grosse structure administrative qui n’a rien à foutre à Paris, puisque « nationale » : « nationale », pas « parisienne », n’est-ce-pas ?

Bon, assez déliré pour aujourd’hui. Quand les Archives Nat’ migreront à Limoges – ou Aurillac, Grenoble, Vannes, Nancy… – les amis, on aura peint la lune en vert.

Tibert

Aucuns

Surprenant, cet « aucuns », dérangeant, incongru. Car « aucun » c’est rien, pas du tout, nada, en maths : zéro ! Et comment mettre le rien au pluriel ? Bien entendu, on m’objectera, je l’entends d’ici, le sketch du regretté Raymond Devos « trois fois rien, c’est déjà quelque chose« , on me jettera dans les pattes des « petits riens« , bien pluriels quoique riens, quoique petits.

On en viendrait presque à supposer qu’un rien, singulier – certes ! nommer l’absence, la vacance, le manque, le « rien » c’est tout à fait singulier – à supposer qu’on en aligne un certain nombre, ça va finir par donner une masse non négligeable, voire significative. Disons-le tout cru, c’est une horreur mathématique et un cauchemar ! mais trêve de fadaises dominicales – c’est dimanche, il pleut, parfait pour un dimanche – nous sommes ici pour débusquer un « aucuns », braquer les projecteurs de l’actualité et du buzzz médiatique sur cet animal à 6 pattes, l’Aucuns.

Je puis en témoigner, j’ai fréquemment rencontré Aucuns. Vous aussi ? c’est peut-être un quiproquo : écartons de notre champ d’études l’usurpateur, ce lointain cousin nommé D’Aucuns ; rien à voir ! D’Aucuns est partie prenante de ces formules vaguement Vieille-France qui jabotent, « …d’aucuns s’autorisent à penser que … », eh va donc, D’Aucuns, c’est pas de toi que je cause, dégage ! Non, « Aucuns » est un animal qui a ses tanières, ses repaires , qu’on peut donc repérer fort commodément dans son habitat favori – le mot est bien trouvé, habitat ! – car « Aucuns » est quasiment toujours fourré dans l’immobilier, par exemple dans les pages du Figues-à-rôts où l’on tente de nous vendre à des tarifs parfaitement déraisonnables des biens pas si bien que ça avec, tenez, des accroches du style « aucuns travaux« .

Aucuns travaux ! d’abord c’est évidemment faux, il y en a toujours, des travaux ! mais passons, ce n’est pas le propos. Essayez donc de me trouver un autre « aucuns » que … travaux : il n’y en a pas ! aucune idée, aucun individu, aucune bête au monde, aucun… ne cherchez pas, c’est peine perdue. « Aucuns » ne navigue de conserve qu’avec « travaux ». « Aucuns travaux », c’est Philémon-Baucis, Roux-Combaluzier, Alfa-Giulietta, Popaul et Virginie.

Disons-le crûment, c’est l’immobilier qui a engendré ce monstre. Il y en aurait bien un pire, « aucuns travails » mais ce serait carrément insoutenable ; ce l’est largement assez comme ça. Reste à se poser la question du pourquoi ? pourquoi « aucun » est-il toujours immuablement singulier (j’exclus « d’Aucuns », c’est un intrus, vu ? ) sauf dans « aucuns travaux » ?

… parce que  1) premio  : « aucun travail » ça fait flemmard, cossard,et pour tout dire cancre, ça évoque carrément les bulletins de notes catastrophiques. 2) deuxièmo : dans le bâtiment c’est toujours au pluriel, parce que lorsqu’il faut changer un joint ça entraîne immanquablement :

– le démontage du chauffe-eau, qui de toutes façons est foutu, on fait plus ce modèle-là, allez hop poubelle,

– d’importants travaux de soudure, avec carbonisation du papier à fleurs qui était là par inadvertance,

– l’installation d’un nouveau chauffe-eau avec gravats, cochonneries, fuites et retouches diverses aux différentes malfaçons constatées,

– la réfection du papier peint, peinture, plâtrerie, menuiserie, plus dégâts des eaux chez le voisin du dessous,

– enfin, et surtout, d’importants travaux de facturation.

D’où la formule « aucuns travaux ».

Tibert