+1, et les deux pieds avec s'il faut

Monsieur Depardieu s’exile, déjà à gauche de la gauche on parle de revanche, sa tête sur une pique, déchéance de la nationalité françouaise, que sais-je ? quand on file la nationalité française à qui lève le doigt ou presque…, ce serait cocasse, on n’en est pas à une aberration près.

Monsieur Demorand nous fait à cette occasion un édito façon lamentations de Jérémie – l’inventeur des jérémiades – sur ces salauds de riches, et tout ce peuple qui souffre, nonobstant les avantages fiscaux des journalistes qu’ils tiennent fermement à conserver.

Ma foi, je m’apprêtais à pondre une réplique de mon cru à ce monsieur, car ce genre de discours putassier m’insupporte. Mais le courrier des lecteurs attaché à l’édito du Demorand en question m’enlève les mots de la bouche : l’un des intervenants écrit exactement ce que j’aurais écrit moi-même. Donc, cher lecteur de Libé, c’est à vous :

Eh non, Monsieur Demorand…, …le paiement de l’impôt n’est pas forcément un acte civique, et il ne l’est que si les politiques publiques qu’il finance sont légitimes, efficaces, et la dépense strictement mesurée. De nombreux exemples montrent qu’il est possible de mieux réussir en dépensant moins. L’effort est donc à faire du côté des finances publiques. Et quand il atteint le niveau confiscatoire de 75%, s’en abriter devient un acte de légitime défense.”

Je vote donc +1, et si je trichais je reviendrais voter +1 autant de fois que possible, comme à l’UMP pour voter Copé ou Fillon. Tant que ces messieurs-dames de là-haut (*), là où ça gouverne, agiront comme des paniers percés avec notre impôt, aucun patriotisme économique ne pourra se justifier. Les “primes de chauffage” des fonctionnaires du Sénat n’en sont que la surface de l’écume de l’iceberg des gaspillages des deniers publics – gaspillages pas perdus pour tout le monde, évidemment, car, ami lecteur, le fric fout le camp par le trou du panier, certes, mais il ne se perd pas, non non non.

Tibert

(*) ça vaut à tous les niveaux. Combien de mairies où l’on claque nos impôts locaux en conneries inutiles et ruineuses ?

Merputons, oh pardon, permutons !

L’armoire est tombée sur les Italiens : le Cavaliere, le spécialiste des berlusconneries et des boutades débiles, des femmes quasi à poil omniprésentes sur les plateaux télé, y compris les émissions littéraires – quand il en reste – et des encouragements aux sinistrés des tremblements de terre du genre : “ça va vous faire des vacances au camping”… monsieur Berlusconi, qui a très largement l’âge de la retraite, veut revenir en politique. Plaignons l’Italie.

L’armoire est tombée sur les Français : NOTRE Gégé, LE Gégé Depardieu, s’exile à un jet de pierre de la Mère-Patrie, chez les Belges, qui, moins cons, accueillent les “riches” sans les assommer et leur faire la peau. Drame national ! épouvantable nouvelle ! adieu, Gérard, vous nous décevez, le patriotisme économique fout le camp… une grande perte…

Et si Depardieu allait s’exiler en Italie ? là-bas aussi ils sont moins cons, ils ne saignent pas les “riches” à blanc. Objectivement, le climat est tout de même meilleur ; cerise sur le panettone, ils font du bon vin. Et surtout ça épargnerait un épisode lamentable à la politique italienne, car, inversement, on pourrait proposer au Cavaliere Berlusconi de revenir en politique, mais en Belgique ? en voilà une idée qu’elle serait bonne, pour résoudre la crise permanente de ce pauvre pays déchiré entre Flallons et Wamands. Ils se retourneraient tous ensemble contre l’infâme, retrouveraient leur unité perdue. Et puis ça nous ferait une histoire belge.

Tibert

C'est trop gros, ça doit être un canular

Insistante, la rumeur d’une prime “de chauffage” pour les fonctionnaires du Sénat – pas les sénateurs, probablement, ils sont au dessus de ça – se diffuse un peu partout, je la trouve ici et là, et ma foi ça m’interroge. Il serait bon que madame ou monsieur l’économe du Sénat démente cette rumeur, parce que ça fait désordre dans ce paysage de poches vides un peu partout, ou qu’on finit de nous vider soigneusement, à la petite cuiller, pour financer de mirifiques avancées sociales, le remboursement des dettes imprudemment contractées par nos Grands Chefs – c’est pas leur faute, donc c’est à nous de nous serrer la ceinture -, le mariage “pour tous”, un aéroport inutile de plus, etc.

Car cette “prime de chauffage” se monterait à plus de 4.000 euros annuels. Ceci, pour plus de 1.000 bénéficiaires. Un canular ? c’est forcément un canular… c’est pas possible… je suis donc allé voir sur les sites de signalement des canulars (hoaxbuster, etc…) : eh bien non, on ne dit pas que c’est un canular.

Sachant qu’à Paris on se chauffe, disons, d’Octobre à Avril, soit 7 mois, ça fait, à la grosse, 600 euros par mois pour se chauffer – chez soi, pas au Sénat ! au Sénat c’est chauffé – pendant les mois de froidure. Non, c’est sûrement une blague… de la provocation, forcément. Quelqu’un doit en vouloir aux respectables institutions de la République.

Tibert

Gencives et spermatos, même combat

Tous les canards de la Planète journalistique française vous le claironnent aujourd’hui, et, tiens, sur le Huffington gaulois par exemple :

– Premio, les hommes qui ont des gencives mal en point (ils ne se lavent pas les dents, les gros sales) et donc affligés de problèmes parodontaux sont 3,29 fois plus susceptibles de présenter des troubles érectiles (*) que les hommes aux gencives saines. Personnellement, j’y vois une explication très simple, évidente : si la ou le partenaire du candidat à l’érection hume un échantillon de son haleine de putois, elle ou il va évidemment faire une grimace de dégoût, voire une remarque désobligeante du style “pouah ! qu’est-ce que tu pues du bec ! ” : avouez, ça casse l’ambiance… adieu poutrelle, bonjour flanelle !

– Deuxièmo : la qualité du sperme fout le camp ! (**) : à  peine 50 millions de spermatos au millilitre, au lieu de 73 et des brouettes il y a quelques lustres. Je vous jure, ils ont compté. Vous me direz, oui mais ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité, mes spermatos  à moi sont de première bourre, même peu nombreux ils assurent, tout ça… certes ! certes… mais ça ne vous sert à rien, si EN PLUS vous avez des gencives en mauvais état. Là, je vous plains.

Tibert

(*) Désolé, pas les femmes… c’est très très inégal, je sais, mais que voulez-vous, ce n’est pas “les troubles de l’érection pour tous “. Elles se consoleront avec un dysfonctionnement juste pour elles, il y a de quoi faire.

(**) Voir la note ci-dessus. Eh oui, je sais, c’est inégal. Et, non, le gouvernement n’y peut rien.

Pouvez répéter la question ?

Une étude “Santé” du Figues-haro nous en donne de bonnes, et paradoxales : les Français picolent, fument, sont stressés, dorment mal… mais se sentent plutôt bien ! comprenne qui pourra.
la même étude conclut par une ode aux fonctionnaires, qui se sentent bien, aussi, merci, mais avec des comportements nettement plus favorables :

87,2 % des fonctionnaires sont satisfaits de leur état de santé. Ainsi, une grande majorité juge son alimentation équilibrée. Mais surtout, 42,9 % n’ont jamais fumé et 11,2 % sont des fumeurs habituels (26 % pour la population générale). 10 % reconnaissent avoir une consommation excessive d’alcool, contre 38 % dans l’enquête générale… À noter cependant que les questions étaient posées différemment” (c’est moi qui mets en gras, mais c’est du bon gras : de l’Omega 3 au moins, voire plus sur l’échelle de Richter).

Eh oui, 11 % de picoleurs chez les fonctionnaires contre 38 % tous publics confondus… et, matheux amateurs, sachant qu’en France on a stricto sangsue 22 % de fonctionnaires, soit 220 fonctionnaires sur 1.000 clampins, 22 fonctionnaires avouent picoler… allez, 23, ça sera plus rond… et au total on a 380 biberonneurs en tout… donc 380 – 22 = 358 non-fonctionnaires qui lichetronnent… voyons voir, voyons voir… 358 / (1000 – 220) = 358 / 780 = 46 % de poivrots dans le Privé, contre 10 % dans le Public ! 4 et demi fois plus ! vous rendez compte ?

Mais les questions ne sont pas posées pareil, vous l’avez lu. Eh oui, c’est bien normal, pas la même population, le même contexte… je vous livre un extrait significatif des deux enquêtes :

– Questionnaire Tous publics : “Vous arrive-t-il de boire à table ?  oui / non”  (oui –> buveur excessif)

– Questionnaire Fonctionnaires : “Si l’on vous donnait à choisir – c’est juste une supposition – entre renoncer à l’emploi à vie (réponse 1) et renoncer à l’alcool (réponse 2), que choisiriez-vous ?” (réponse 1 : picoleur excessif).

En fait sur cette question ils ont dû remonter la note, comme au Bac : 3 % ça fait pas crédible, rien qu’à compter les pots de départ, de mutation, de promotion…

Tibert

Pour Noël, serez-vous quatre geais raidis ?

Les vitrines se poudrent de farine, les guirlandes fleurissent et clignotent, les files d’attente s’allongent au long des files d’attente aux caisses chez Barty, à la Fnaque, aux Galeries Lafillette… c’est bientôt Noël !  au cas où vous l’ignoreriez… en principe c’est censé célébrer la naissance, par insémination artificielle du Saint-Esprit, du sauveur des Chrétiens. Pauvre de chez Pauvre, se les pelant comme ça peut peler la nuit en Cisjordanie, coincé entre un boeuf et un âne, avec les odeurs d’étable, la vierge Marie qui était lessivée et sur le flanc, Joseph qui se demandait comment ils allaient pouvoir trouver des langes et de l’eau bouillie… rien de marrant, du stress, de la débine et de l’improvisation. Et on fête ça…

On fête ça, et comment ! vous avez 400 à 600 euros à foutre en l’air pour fêter le Petit Jésus ? un des 4 z’opérateurs de téléphonie mobile de l’Hexagone vous le claironne : “Et vous, pour Noël, serez-vous 4G-Ready ? ” avec une joulie photo d’un smartfone rutilant et assurément 4G-Ready, et tout plein d’icônes, sauf celle de la Vierge.

Meuh non, on sera pas “4G ready“, anglomanes à la noix, pas “prêts pour la 4G“, en français… je vais vous l’avouer, on est même pas 2G raidis, là où je crêche, 1 virgule 5 au grand maximum ; pour téléphoner avec son mobile il faut monter au grenier sur un escabeau, ça peut passer à la rigueur… ou bien enquiller le sentier qui grimpe vers la droite sur le flanc de la maison au dessus du lavoir : là ça passe nickel au bout de 100-150 mètres de chemin. Alors la 4G, pffft, de la science-fiction ! Et quand il pleut et que ça caille et qu’il fait nuit, c’est un grand moment, le sentier au dessus du lavoir. Privilégiez les bottes de caoutchouc… oubliez pas la lampe de poche non plus.

Et quand bien même serions-nous en mesure de la capter, votre super 4G, cher opérateur de téléphonie mobile, vous êtes en l’occurrence un marchand de soupe parmi de trop nombreux autres. Ce n’est pas de gadgets rutilants dont nous avons besoin, c’est qu’on nous fiche la paix pour qu’on puisse fêter Noël comme ça se doit d’être  : une fête familiale, intime, même si on est que des mécréants. Zéro virgule deux G, ça suffira largement : ce soir-là j’éteindrai mon mobile – mon cellulaire si vous préférez.

Tibert

Couacs et coin-coin

Une perle ce matin, juste éclose de la nuit. Monsieur Bertrand, Xavier, fin politique et connaisseur du monde du football, nous régale, à propos de la crise inénarrable qui secoue le cocotier de l’UMP – la guerre des chefs, non c’est moi, non c’est moi – d’un titre repris texto semble-t-il par le Figues-machinchose, machine à produire des anglicismes inutiles : “Personne ne doit être mis dans un corner“. Je traduis : personne ne doit être mis au coin. C’est si difficile, de prononcer “coin” ? répétez après moi : “coin, coin, coin…”.

Au reste, puisqu’on est dans le football jusqu’au cou en politique, que ça met dans un corner, que ça tacle, remettons les choses au point : obtenir un corner au foot, faute de pouvoir percer les défenses adverses en cavalant, c’est hautement apprécié. Je puis vous assurer que le corner, c’est très bien vu, car la plupart des buts sont marqués lors des tirs dits “coups de pied arrêtés” (*) ; coups-francs et corners. Donc, le corner, comment que c’est valorisant ! tandis que la mise dans un coin, au placard, au coin, au piquet, là en revanche c’est très moche. Certes non, nous ne souhaitons ni à monsieur Fillon ni à monsieur Copé de se retrouver dans un coin, sauf évidemment un petit coin peinard. Quant à se retrouver dans un corner, qu’ils mettent donc leurs protège-tibias et leurs shorts, shorts dont je vous ai déjà fait remarquer qu’ils ressemblent de plus en  plus à des jupes-culottes, pudeur oblige.

La guerre des ego, des chefs, des “moi je” met cruellement en lumière les moeurs des femmes-et-hommes politiques qui sont censés nous guider, nous administrer, et puis nous bichonner tous les 5, 6 ans. Le PS nous a déjà régalés de ce genre de psychodrame, mais reconnaissons que l’UMP nous joue là une partition autrement plus saignante. Allez, du balai, carton rouge à tous les deux, au coin les ego, trouvez-nous un troisième larron, une troisième larronne, moins imbu(e) de sa personne et plus soucieux(se) des intérêts de la France et des Français.

Tibert

(*) Tiens, la preuve : en 1998, lors de la finale historique France-Brésil, 3-0, comment Zizou a-t-il marqué les deux premiers buts ? sur deux corners !

la génération Normal et les batailles de l'égalité

Je butine, la nuit. Faute de pouvoir faire du pain, retaper une chaise branlante, fabriquer un cadre, toutes activités fort utiles mais hélas bruyantes, donc proscrites “à certaines heures pâles de la nuit”, comme le chantait Léo. Me reste le rectangle de l’écran presque tout blanc de mon ordi, face à des nouvelles, de moins nouvelles, des vertes et des pas piquées des vers : l’information, mon gars, l’information, ça ça peut se pratiquer la nuit, en silence – ou presque, le clic du mulot, le clic-clic des touches du clavier.

Des nouvelles à la gland, des nouvelles du monde“, autre citation du vieux Léo : eh oui, plein de nouvelles, en vrac, et dans tous les sens, au bout du mulot. Et puis par ci, par là, tilt, ah tiens, celle-là elle est bien bonne ! voyons voir, voyons voir…

Tenez, pour une fois, un site qu’il est pas suspect de partialité – non je plaisante, là – “Mediapart” : “les batailles de l’égalité“. Engagés pour l’égalité des droits, qu’elles-et-ils sont, les 100 députés PS ardents défenseurs de la cause du mariage pour tous. Pas quatre-vingt-dix-neuf virgule quatre-vingt-quinze comme chez Mammouth, non : un chiffre farpait, et qui frappe, qui est fait pour frapper : cent ! d’ailleurs ils ont refusé de prendre la signature des suivants, ça faisait moins bien, cent-trois.

Cent députés, donc. C’est comme ça qu’ils ont signé. Et, signant, ont adroitement oublié d’ajouter leurs autres titres électifs, puisqu’ils sont souvent, pas tous mais souvent, députés-ET-autre chose, n’est-ce-pas monsieur (au hasard…) Dominique Lefebvre, également maire de Cergy, Philippe D… ah non tiens, pour l’ égalité des sexes, une femme : Françoise Descamps-Crosnier, également maire de Rosny-sur-Seine et Conseillère Régionale, et je m’arrête là, il y en a plein d’autres. Cent dont X cumulards, qui piquent sans vergogne, tandis que nous connaissons un record de chômage, un ou des boulots à d’autres, et se moquent de leurs électeurs par la même occasion.

Sur la partie gauche de la page internet dont je vous entretiens  figure un encadré “Les batailles de l’égalité“. On peut y lire ceci : “On peut le dire au pluriel: égalité des droits, égalité devant la loi, égalité des origines, égalité des territoires, égalité des sexes, égalité à l’école, égalité au travail, à l’hôpital, devant la justice…“. C’est beau, hein ? sauf que c’est un salmigondis pâteux et faux-cul.

– Faux-cul : l’égalité au travail, on en recausera quand le statut des fonctionnaires sera aligné sur celui des salariés du privé, ou inversement, je ne suis pas raciste. Mais évidemment ça… si on parlait d’autre chose ? c’est mineur, ça ne concerne que quelques dizaines de millions de citoyennes-et-citoyens, bien moins important que le droit à la procréation assistée pour “toutes les femmes” (et l’égalité des sexes, alors ?)

– Salmigondis pâteux : “égalité des sexes” ne veut rien dire. Deux sexes ne sont pas égaux comme ça en l’air ; on peut traiter de leur égalité au regard de… (du salaire, de la force physique, de la longueur, de la capacité à s’orienter, de…), ça oui, mais pas “égaux” comme ça, sans rien derrière. Et puis qu’est-ce que l’ égalité des territoires, ou l’égalité des origines ? les territoires de la République… mon territoire est plus égal que le tien… quelle soupe !

Bref, dans la plus grande confusion mentale et des concepts, ils sont pour l’égalité devant le mariage, ces cent. C’est leur droit le plus strict, je le reconnais bien volontiers, ce dont ils se foutent. Je ferai juste remarquer que le mariage chez les hétéros est en pleine déconfiture – même Normal 1er n’est pas marié, alors… – mais tant pis, il faut y aller, et attendez, c’est pas le plus beau. Le plus beau, c’est la suite, attendez voir. Allez, on va à la ligne pour marquer le coup, je vous le mets sur un nouvel alinéa. Musique !

Peu de lois marquent autant que celle-là une étape dans la marche du progrès. Nous savons combien cette réforme laissera l’empreinte de l’égalité sur le mandat de François Hollande et sur la génération qui portera son nom. ”

La marche du progrès ! (*) la génération Hollande ! je crains qu’au PS on ait quelque peu perdu de lucidité, de capacité à l’auto-dérision. Ou bien c’est humoristique ? c’est exprès, non ? c’est un pastiche ?

Tibert

(*) chaque fois qu’on me sort la délicieuse  “marche du progrès”, je pense irrésistiblement à cette boutade, ce supposé discours ampoulé d’un politicien ronflant : “nous étions au bord de l’abîme, mais nous avons fait un grand pas en avant“.

Obsolète avant que de naître

Nous Français avons une spécialité que le monde nous envie : les usines à gaz, les paquebots, les cathédrales. Je suis d’accord, ça fait des spécialités, pas une ; c’est une image, ami lecteur, pour évoquer des créations pharaoniques, énormes et complexes. Exemples le Concorde, le viaduc de Millau, l’aéroport de Roissy, le système de réservation de billets SNCF… parfois ça aboutit, parce qu’on s’est obstiné et que le paysage n’a pas changé au long du projet ; souvent ça capote, ou ça part en eau de boudin, parce que 1° c’est trop complexe et très long à réaliser,  2° pendant qu’on travaillait le paysage a changé… et quand c’est fini et qu’on lève enfin le nez, on se retrouve comme l’inventeur de la machine à repasser les faux-cols : ah zut, on ne met plus de faux-cols.

J’ai vu s’élaborer il fut un temps, une “usine à gaz” informatique : 4 ans de travaux, une ambition européenne, ça faisait tout automatiquement, tout était prévu… sauf que 1° pendant ce temps-là Internet avait bouleversé la façon de programmer, 2° les législations avaient évolué, 3° les programmes étaient trop lourds et répondaient trop lentement, donc inexploitables. Et que fit-on ? eh bien on mit à la poubelle le superbe, grandiose et magnifique projet. Fort heureusement pour le pays, c’était un projet privé, et le contribuable n’en a pas souffert.

Mais concernant le projet de l’Ayraultport de NDDL, comme on dit maintenant, comment que le contribuable il est concerné ! comment que la terre agricole à quelques milliers d’euros l’hectare va se transformer en aires de parkings, parkings chichement mesurés en largeur(*) mais royalement tarifés 4 euros de l’heure entre deux traits de peinture blanche ! eh bien cet aéroport, on le sait parce qu’enfin la presse s’est avisée qu’il y avait de la copie à tartiner, a été conçu, envisagé il y a des lustres ! 1965… 47 ans ! et rien n’a changé aux alentours ? les crises pétrolières, le réchauffement climatique, Internet, la téléphonie mobile, l’Europe, les trains à grande vitesse, la crise de la dette, ça n’a rien modifié du contexte de ce projet ? allons, messieurs…

Il y a plein d’aéroports dans le Grand Ouest (dans le Petit, je ne sais pas), Nantes Angers St-Nazaire et Rennes ; les trois derniers roupillent doucement… Celui de Nantes est mono-piste ? pas assez gros pour l’immense prestige de cette magnifique ville ? mais largement assez gros pour accueillir encore plein de passagers, vu que Genève, monopiste aussi, a accueilli l’an dernier 13 millions de passagers, contre moins de 4 à Nantes. Alors où il est le problème, comme on dit dans les talc-chauds ? les Français n’ont pas très envie – c’est une litote, là, je vous ai fait une litote – de raquer et raquer encore, pour engraisser les actionnaires de Vinci ou similaires, pour le béton-pour-le-béton, les rocades, les rond-points, les radars, les ralentisseurs, les péages, les dessertes cadencées, les… j’en oublie sûrement, pour enlaidir inutilement le Nord de Nantes. Messieurs les décideurs, revoyez votre copie, errare humanum est, perseverare etc etc.

Tibert

(*) J’en reparlerai, on a vachement intérêt en France à développer les bagnoles à portes coulissantes, vu que les emplacements de parkings façon Effia, Vinci etc… sont ridiculement étroits. Tenez, celui de “la Comédie” à Montpellier : coups de portières garantis, tant les places sont étroites. Evitez les grosses limousines…  que dis-je, les limousines ! évitez les bagnoles de taille normale, ça craint.

De l'intérêt de faire court

Le mariage “pour tous” (j’adore cette expression, d’une hypocrisie magnifique, digne de politiciens chevronnés) fait problème, on le sait – c’est la remise en cause de la structure familiale, rien que ça – et nonobstant les protestations véhémentes de moult associations, mouvements, groupes de citoyens, le gouvernement, le nez dans le guidon, “ne veut pas le savoir” : la loi passera, par la porte ou par la fenêtre, c’est une promesse de campagne de Normal-Moi, donc y a qu’à faut qu’on, et pas de discussion. Ayraultport à Notre-Dame-des-Landes, mariage pour tous, exécution.

On aurait pu faire un référendum, sortir le référendum de la naphtaline, mais je t’en fiche, le résultat était couru d’avance, donc courageusement, sur ce sujet de société assez majeur tout de même, nos Chefs en chef ont préféré la voix parlementaire, ça ça roule tout seul.

Mais ça ne passe pas comme ça, ça fait tout de même des vagues. On a vu les manif’s la fin de semaine dernière… et je veux vous entretenir ici, estimés lecteurs, de la manif  “proche de l’Extrême-Droite” (affreux, forcément affreux  !) initiée par Civitas,  et de l’irruption des meufs du mouvement Femen. Cette manif’ a vu intervenir, avec force fumigènes blancs baptisés “saint sperme”, c’est amusant, des nanas dépoitraillées, en culottes noires, avec ou sans porte-jarretelles, coiffées de cornettes de nonnes, etc. Intervention évidemment non planifiée, qui provoqua pas mal de désordre, et l’on vit partir des baffes, des marrons, et il y eut des bleus aux fesses, des contusions, tout ça.

Figurez-vous, cette intervention était drôle, mais les manifestants n’avaient pas d’humour. La journaleuse Caroline Fourest, sur les lieux pour couvrir l’évènement, et qui a pris au passage quelques gnons, parlait justement, à propos des Femen, de slogans humoristiques. Tenez, un échantillon de slogan humoristique : “Fuck God“, peint sur l’estomac d’une contre-manifestante. Je traduis : “Dieu, va te faire foutre“. D’une concision remarquable : en français ça ne tenait pas sur l’estomac, ou alors il aurait fallu écrire plus petit, moins lisible, ou il aurait fallu une Femen plus large, plus enveloppée : donc en anglais, allez hop, d’ailleurs tous les Français comprennent l’anglais, bien évidemment, et se foutent de leur langue.

Fuck God” : avouez, c’est hilarant. Tellement marrant que dans certains pays ça vaudrait la peine de mort par décapitation, ou la lapidation, ce genre de traitement… mais en France, ce n’est pas la décapitation, ce sont juste des gnons. En effet, rappelons-le, le délit de blasphème des religions n’existe pas chez nous. C’est très bien comme ça, la liberté de critique est essentielle à la démocratie. On a parfaitement le droit de s’écrire sur le ventre “Fuck God“, bien que ça n’ait aucun intérêt si on ne le montre pas à quelqu’un (j’ignore en revanche si on a le droit de se promener les seins à l’air dans les rues). Mais qu’on ne vienne pas, ensuite, la bouche enfarinée, 1° prétendre que c’était “humoristique”, 2° s’étonner que ça mette en rogne les gens d’en face. On est supposé(es) avoir un peu de jugeotte, tout de même.

Tibert