Demain on rase (les murs) gratis

Trois occasions de s’inquiéter de l’évolution de notre belle société avancée, « avancée » comme ça se dit d’un mets qui montre des signes de fatigue.

D’abord, cette curieuse initiative des sénateurs qui, majorité de gauche aidant, adoptent un texte sur l’ « amnistie sociale ». Amnistie sociale ? que ès aco ? si vous cassez ou délinquez tout seul et / ou pour des raisons méprisables, on est supposé vous punir – enfin, c’est théorique : si l’on vous cherche et qu’on vous trouve, si la Justice vous condamne, si les structures pénitentiaires ou de réparation fonctionnent. Si c’est pour une « noble cause » – c’est très intime,  une « noble cause », ça ne s’autorise que de soi-même – ou tout simplement pour défendre votre bifteck (de ch’v… ah non, on arrête avec ça), vous serez absous. Donc si vous foutez le feu, je ne sais pas, moi… disons au Parlement de Bretagne à Rennes, tâchez que ce soit pour un motif valable, par exemple, euh… la « juste colère » paysanne ?

Et si comme le rapporte Le Monde, on assiste, affligé, aux pratiques apparemment devenues banales de racket sur les chantiers de rénovation urbaine – notamment la couronne parisienne, le 93, 94… – et qu’on constate l’impunité des fautifs et la résignation des entreprises de BTP à raquer pour avoir la paix, on peut se demander si les dealers qui agressent les maçons et les conducteurs d’engins ne défendent pas là, justement, leur bifteck (pur boeuf, évidemment) ? alors, ça relève de l’amnistie sociale ? c’est la « juste colère » des travailleurs du cannabis qu’on veut priver de leur gagne-pain ?

Et enfin, si l’on apprend, atterré, qu’un juge d’instruction du 94, justement, a dû faire libérer 10 dealers (*) pour cause d’erreurs dans sa gestion des dates, on constate que l’amnistie, « sociale » ou pas, fonctionne à plein rendement, à la fois pour les délinquants et peut-être même pour le juge d’instruction, dont la carrière suit apparemment son cours sans autre anicroche. Ne lui jetons pas la pierre, il est débordé, les textes sont devenus indémerdables – c’est fait exprès – trop de dossiers à traiter, les mauvaises conditions de travail…

Bénéfice secondaire, reconnaissons-le, de l’ « amnistie sociale » de nos chers sénateurs de gauche : bien évidemment ça va légitimer la casse « sociale », séquestration de patrons, manifs violentes etc… mais ça va désencombrer les bureaux des juges – d’un seul coup, paf, 427 dossiers à la poubelle, on remet la Justice à flot, le boulot redevient prenable, la paix républicaine – hors délinquance sociale, bien entendu – va régner.

Tibert

(*) encore Le Figues-à-rôts ? hélas j’ai vainement cherché cette information dans « Le Monde » en ligne. Peut-être est-ce réservé aux abonnés ? comme au Poker, il faut payer pour voir ?

Tibert