Bientôt les petits pas

Après les Municipales (… demain on rase gratis, l’avenir est radieux, etc, vous connaissez…), le vote “Blanc” sera comptabilisé. Aahhhh enfin.

Hélas, on déchante rapidement : “les bulletins blancs seront désormais comptés séparemment (sic, c’est pas moi qui ai fait la faute) des bulletins nuls, sans pour autant influencer les résultats“.

En clair : c’est presque juste pour du beurre. Pourtant, monsieur le Rapporteur de la loi nous affirme : “ L’absence de reconnaissance de la voix de l’électeur qui se déplace pour accomplir son  devoir civique était choquante en démocratie”. Oui, mais le gus qui écrit “bande de guignols” sur son bulletin rageusement rayé, celui qui glisse la photo de sa chanteuse préférée dans la petite enveloppe, ils se sont  déplacés eux aussi, non ? ils sont venus s’exprimer. Alors, pourquoi sont-ils considérés comme “nuls”, inintéressants – moins intéressants que le “blanc” ? Blanc et nul, même combat, c’est pourtant le bon sens même.

D’autre part, les “blancs” ne pèseront rien dans la balance ; ça va juste modifier les comptages votants / abstentionnistes, autant dire les statistiques de participation. Les résultats des élections n’en seront pas affectés, vu que seuls les suffrages valablement exprimés compteront. Pour du beurre, je vous dis.

Enfin, qu’est-ce qu’un vote “blanc” ? pas clair. Wiki nous en cause, et on n’en est pas plus savant pour ça. Vous avez deux possibilités :

– si l’on met obligeamment à votre disposition des bulletins vierges, mais alors vierges, bien blancs avec surtout rien dessus, vous en glissez un dans l’enveloppe (les vrais bulletins à voter pour de bon, vous les gardez pour faire des listes de courses, à afficher sur le frigo). Interdit d’écrire “Bande de guignols”, “Non au cumul des mandats”, etc. Ne vous épanchez surtout pas.

– sinon, ne surtout RIEN mettre dans l’enveloppe du vote. Vous la refermez, vide, et vous aurez ainsi voté “blanc”. Et ça ne modifiera rien au vote – sauf les statistiques.

Mais c’est une avancée, on progresse, tout doucement, soyons-en persuadés.

Tibert

Démocratie et votations, pièges à cons ?

La CHuiche, qui a le secret de n’être point en Europe tout en y étant en plein milieu, la  Suisse, donc, a la sale habitude de demander directement à ses habitants leur avis à propos de tout plein de questions essentielles et existentielles (ou inversement ? l’existence précède-t-elle l’essence ? vaste sujet). La Suisse fait des “votations”, comme nous ferions, nous, des votes sur des questions référendaires, si par extraordinaire nos Dirigeants Bien-Aimés (bien aimés de quelques-unes) avaient l’idée suicidaire de nous demander notre avis.
Car, nous informe “Le Monde“, toujours à la pointe de l’info (*), “la Suisse [est]  habituée des votations populistes“. Populistes ? votations pas bonnes, beurk, où l’on a coché la mauvaise réponse. “Populiste”, qu’est-ce que ça vous évoque ? euh… démagogie, nationalisme frileux, promesses en l’air, flattation des bas instincts, rejet des élites, poujadisme… pas bien, quoi.

Il est évident que pour tout journaleux pourvu d’une vraie conscience professionnelle de journaliste français, les récentes votations suisses sont révoltantes : le coup des minarets, de l’immigration, de l’expulsion des criminels étrangers… populiste, vous dit-on. Nationalisme frileux , démagogie… et tout ça parce qu’on leur demande leur avis ! y a qu’à pas leur demander leur avis. On ne fait pas le bonheur des gens avec eux, ils n’y connaissent rien.

Rassurons-nous, par chez nous on ne risque pas d’overdose de votations populistes : on ne nous demande JAMAIS notre avis – sauf tous les 5-6 ans, pour choisir ceux qui vont ensuite éviter soigneusement de nous demander notre avis.

Tibert

(*) Ce week-end dernier, le “Figaro” a devancé le “Monde” d’une vingtaine d’heures sur une info. En Une du Figaro, et bien bien plus tard, le Monde a fini par en causer aussi ; ça ne devait sûrement pas être très intéressant. C’était à Rennes, et il s’agissait de “casseurs”, mais des casseurs de gauche, ah bon ! c’était une manif’ pour protester contre une réunion du FN.

Airs connus, scies, rengaines…

Vous connaissez les réparties enfantines – et stupides – des cours de récré, le style “c’est çui qui l’dit qu’y  y est“, “tu l’as dit l’premier“, etc.

A l’âge adulte, et même parfois très très avancé, la vie parlementaire est tout aussi riche d’arguments débiles. Je m’énerve à juste titre et à longueur de billets contre les tartufferies les mensonges et les sournoises manoeuvres de nos Chefs Aux Manettes, j’ai nommé Normal-Premier et ses sbires Roses-et-Verts, mais sincèrement en face c’est exactement la même lamentable soupe rance.

A désespérer de voir un jour émerger des élus responsables, adultes, assumant leurs erreurs, HONNETES. Des élus travaillant pour leur Pays avant leur Parti.

Tenez, la dernière mouture du vieux scénario “c’est çui qui l’dit qu’y  y est” , l’affaire Faletti, ce magistrat qui, paraît-il, serait sournoisement poussé dehors : le très classique Promotion-Placard de la Fonction Publique – les dépenses afférentes étant à nos frais bien entendu. Je lis ce matin ce résumé :

L’affaire Taubira-Falletti indigne la droite, qui dénonce la main mise des socialistes sur le pays. Le gouvernement renvoie l’opposition aux précédents limogeages politiques sous Nicolas Sarkozy.

Et voilà. “Magouilleurs !” clament les uns. “Magouilleurs vous-mêmes”, répondent les autres, “qui êtes-vous pour nous donner des leçons ?” (*) ;  et c’est ainsi que la démocratie fait glou-glou-glou, en coulant, non pas des jours heureux, mais sous l’eau saumâtre et nauséabonde du marigot parlementaire.

Tibert

(*) J’ai la réponse : les mêmes piètres femmes-et-hommes politiques, juste inscrits sous d’autres bannières, avec les mêmes comportements de gamins immatures : lamentables.

Quand face à l'Hydre recule Hercule

Je comptais glander un chouïa sur mes récents billets ; outre qu’il fait froid, mais vraiment très froid, je me fais de temps en temps des pauses-billets. Histoire de me ressourcer, de prendre du recul. Mais je t’en fiche…

… mais là c’est de la provoc’, je ne puis que me remettre face à mon cla-cla, mon clavier. Je lis en effet cette délicieuse accroche dans Libé – le croirez-vous, la teneur intégrale de cette friandise est réservée aux abonnés, je n’en ai que l’entame, je suis frustré :

François Hollande alimente l’hydre réactionnaire“.

Que fait la majorité de gauche face à la propagande de la droite minoritaire et réactionnaire qui se déploie dans la rue et sur les réseaux sociaux ? Elle recule etc etc…

La majorité de gauche…

La propagande

La minorité de droite…

Et réactionnaire, avec ça, la droite minoritaire. Tout faux, vraiment rien pour elle.

C’est l’hydre, nous dit-on, pire, c’est l’hydre réactionnaire – encore plus moche que ce que vous pouviez imaginer. Pas tout à fait La Bête Immonde au sens brechtien, mais pas loin, hein, attention.

En somme, déplorent messieurs Ecoiffier et Tassel dans leur article très mythologique, Hercule-Normal est face, là, non à de titanesques 😉 Douze Travaux mais aux Quinze Engagements de l’Anaphore et de la Normalité ; et il est las, là, las de couper des têtes, vu que quand il en coupe une, il en repousse deux. D’où l’hydre, vous voyez ?

Belle image. J’évoquais Brecht, on n’en est pas loin.

Tibert

Au loup, au loup !

C’est avec les bons vieux cris d’orfraie qu’on agite le marigot – qu’on fait du bon buzzz, selon les termes en vigueur. Monsieur Valls s’emploie ces jours-ci, des deux mains et de la voix, à rameuter les âmes sensibles pour défendre la République en danger. C’est la résurgence, dit-il, prétend-il,  des “ligues” (allez hop, 1934, les Croix de Feu !), c’est la naissance d’un “Tea Party” réac de chez Réac façon moustaches gauloises. “Au loup, au loup“, nous crie-t-il, en somme – on connaît l’histoire.

Tenez, dans la même veine, cette superbe déclaration que n’eût pas reniée Georges Marchais, mais qui nous est pondue par un influent du PS, ex-trotskiste à ses heures, comme beaucoup d’influents du PS : les “réactionnaires” reviennent, ce serait même très “tendance”, affirme monsieur Julien Dray.

Bon, on ne va pas faire l’analyse approfondie de cette diatribe de monsieur Dray, pleine d’unilatéralités et d’a-priori, vous vous ferez une opinion vous-mêmes. Le “réactionnaire”, ce repoussoir, ce punching-ball cher au PCF des années 50-70, reprend du service, donc. “Au loup, au loup réactionnaire“, nous crie-t-on. La conclusion du topo Draysien mérite d’être citée :

Mais les idées qui sont émises, ce ne sont pas des idées, ce sont des délits. Parce qu’elles produisent, quand elles sont appliquées, de la barbarie“.

Tout est mis là dans le même sac, allez, pas de détail pour les “réactionnaires” (de tout poil, naturellement) : l’expression de l’anti-judaïsme(*), du racisme, de l’homophobie – qui sont effectivement selon la loi française des délits – voisinent avec le rejet du mariage homo, le refus de la PMA et de la GPA pour tous, le refus de l’élargissement des conditions d’accès à l’IVG, etc… qui, certes, sont des expressions d’opinions discutables, contestables, et d’ailleurs pas dans la ligne du PS, mais en aucun cas délictueuses – selon les lois en vigueur, pour le moment. Reste à nos mousseurs d’opinion à faire mousser, à faire des amalgames subtils ou sommaires, prétendre que s’opposer au mariage homo c’est être homophobe, etc…

Et puis tiens, voilà les barbares, voilà la barbarie ! ce lien grossièrement ficelé entre “barbarie” et “délit” est détestable, pervers. Ils sont en fait liés comme la gaufre et la crème-Chantilly : la barbarie c’est en option. D’ailleurs la Justice le sait, qui juge les délits en alourdissant violemment les peines en cas “d’actes de barbarie”.

Au reste, et regrettons-le, monsieur Dray, les idées “réactionnaires” ne sont pas les seules à “produire de la barbarie“. La barbarie c’est tout ce qui nie et piétine l’humain. Dans ce domaine, la paille dans l’oeil des uns vaut largement la poutre dans celui des autres, vous voyez ce que je veux dire. Goulag, camps de rééducation et KoncentrazionLager sont trois des mamelles de la barbarie.

Mais j’apprends, suite à la très grosse manif de la Manif-Pour-Tous hier, j’apprends que le gouvernement, messieurs Ayrault et Valls d’accord pour une fois, que la GPA et la PMA ne seront pas aménagées, à la grande colère des députés PS et des écolos (les écolos !! l’élargissement de la PMA bénéficierait-il au bilan carbone ?) Et là c’est une autre partition qu’on nous joue : après “au loup, au loup”, c’est le coup du flic méchant et du flic gentil. Encore un scénario éculé.

Tibert

(*) J’écris à dessein “anti-judaïsme”, pas “antisémitisme”, terme flou, impropre, pifométrique, vu que moult individus de type sémite (voir ce mot dans wiki) ne sont pas juifs, de même que des foultitudes de Juifs n’ont rien de sémite. Ce qu’on nomme “à la louche” antisémitisme, c’est l’aversion envers les Juifs, ni plus, ni moins.

"Genre" plombier Bacc' +5

La “théorie du genre“, importée des USA avec tout un tas d’autres nigleries, le Politiquement Correct, la manie d’aller en Justice (mais ici ça ne fonctionne pas, la Justice a 3 ans de retard dans ses dossiers, quand elle les traite), virgule, la théorie du genre, dis-je, nous les casse – si vous me passez l’expression, et à condition d’  “en” avoir, bien entendu ; mais si ça continue on va finir par douter.

Il existe aussi des théories sur l’existence fumeuse d’un ou plusieurs dieux, sur les Martiens de couleur verte, sur la réincarnation façon métempsychose et avatars, sur la vie maritale entre Jésus et Marie-Madeleine… tous les délires sont dans la nature. Entre autres, le “Genre”, qui tente de piétiner nos chromosomes. Et le “Genre” avec toutes ses subtiles nuances avance masqué derrière le thème de l’égalité Homme-Femme (*), thème qui, lui, fait sens, c’est indéniable.

On doit, certes, relativiser les chromosomes : il y a d’autres facteurs de détermination du comportement sexuel que XX et XY, OK. Jules peut jouer à la poupée et Julie aux petites voitures, et alors ? super – mais laissons-leur le choix. Ils joueront au docteur ensuite, éventuellement, pour constater des différences troublantes. Vive donc l’  “égalité” hommes-femmes avec plein de guillemets (égalité des salaires, des chances, du statut social…), mais vive aussi leurs différences, sinon la vie serait sinistre, et la procréation impossible.

Pour moi la théorie du genre qui mérite aujourd’hui d’être étudiée, c’est celle du Genre de Salarié, c’est autrement d’actualité : le genre “fonctionnaire”, le genre “ordinaire”, le genre “chômeur” (forcément ordinaire, le fonctionnaire-chômeur étant une espèce rarissime, que dis-je, oxymoresque !). Et je prône âprement l’égalité des genres de salariés – mais apparemment en haut lieu ils sont d’un autre avis.

Tout ça pour vous recommander un billet de blog qui n’est pas de moi : il illustre un autre genre, l’intellectuel-manuel : Science-Po, mention plomberie. On a aujourd’hui des juristes-vendeurs, des psychologues-menuisiers, etc. Et alors ? et alors c’est la faute à la crise, au chômage, bien sûr, mais ce peut être aussi un choix, et c’est loin d’être idiot : le travail “manuel” est tout autre chose qu’une punition. On peut penser et souder, enduire et cogiter, vous vous rendez compte ?

C’est lamentable, mais notre pays est d’une arriération culturelle pas possible sur ce point. On manque terriblement de plombiers, de mécanos, de boulangers, de bouchers, de… bref, de tas de métiers “manuels”, métiers où le cerveau est supposé en hibernation, n’est-ce-pas. Et, le croirez-vous ? ça paye bien, les métiers “manuels”, du moins quand on travaille.

Tibert

(*) Oh pardon, il faut dire, ça vient de sortir, “égalité femme-homme“, car, raison officielle de ce bouleversement, le f vient avant le h dans l’alphabet. Moi, bêtement, je pensais que a=b et b=a se pouvaient écrire indifférement. C’est commutatif, l’égalité, en principe.

Quand Adèle s'envoie en l'air

Retour vers un passé récent… il m’est arrivé il y a peu de me taper un vol transatlantique, genre Francfort-Miami ou Amsterdam-Chicago, ou Bruxelles-Toronto, vous voyez le topo. Vu que la différence de prix entre un fauteuil-club “Affaires” et un tabouret “Economique” avoisine les 3.000 euros, on se fait une raison, ce n’est pas la boîte qui finance, alors, va pour le mode sardine en boîte, et pourvou qué ça né douré pas !

C’était Air-France le transporteur, que voulez-vous, c’est banal mais ça fonctionne aussi. Notons au passage un retard de 1 heure au décollage, sur lequel le personnel de cabine a été d’un laconisme exemplaire, on ne saura jamais la cause de ce retard. On est là, au siège 28H ou 45B, assis, stoïque, déjà résigné…

Mais bon, on décolle enfin, procédures, gnagnagna, “fumer dans les toilettes peut porter atteinte…“, consignes de sécurité, plateau-repas – jamais jamais de porc, le porc craint l’avion, paraît-il. Et un écran minuscule devant nos yeux, en fait derrière le dossier du mec devant, ce qui fait que lorsque le mec devant incline son dossier ça incline l’écran, c’est très pratique.

Comme le vol dure quand même un paquet d’heures, on a des films pour se distraire – tout en se préparant éventuellement, en catimini, une superbe thrombose des membres inférieurs, mais ça c’est un détail. Dans la liste des films, “La vie d’Adèle”. Ma foi, la Palme d’Or, bon plan, vu que ça dure 3 heures et que je ne l’ai pas encore vu – justement parce que ça dure trois heures, c’est bien trop long – et vu que le vol dure 8 heures et des poussières, allons-y.

Le problème, c’est que rapidement après les préliminaires scolaires le film entre dans le vif des sujets : et que je te pourlèche la chute de reins, et que je te fourre le nez, et la langue avec, et du soixante-neuf à gogo, et que je te halète un double ciseau tête-bêche quasi en temps réel, etc. Vous voyez ? vous l’avez vu, alors ?

Bon, moi j’ai amplement l’âge de voir ça, mais c’est trop long, c’est inutilement porno sans l’avouer, et sur un écran riquiqui comme ça c’est idiot, je voudrais bien zapper, retrouver l’histoire d’Adèle ; ses scènes de baise, j’en ai largement assez vu, je vois bien de quoi il peut s’agir, deux jeunes femmes qui, etc etc, bien. Mais voilà : à ma gauche, une jeune femme éberluée par ce qu’elle regarde, malgré elle bien entendu, sur MON écran ; derrière moi, des gosses, des enfants qui, debout, voient ce que je vois par dessus mon dossier ; des passagers qui passent pour aller pisser et se rincent l’oeil : ma parole, les ébats d’Adèle au plumard font un tabac dans le vol AF 12345678.

Le problème, c’est qu’Adèle et ses aventures avec la belle mèche bleue sont interdites aux moins de 12 ans en France, si je ne m’abuse ; aux USA c’est aux moins de 17 ans. Et les loupiots derrière mon siège ont pu en voir des bouts sans problème. C’est malheureux, avouez. La solution est pourtant simple : tous ceux qui veulent visionner Adèle pendant le vol, on les surclasse en “Affaires”, là les écrans sont plus espacés et plus discrets, sûrement, à ce prix-là, et la morale sera sauve.

Tibert

Ben alors, et ma carotte ?

Pendant que la jusqu’ici Première se repose longuement, à La Lanterne,  de son infortune et de sa cure de repos à la Salpêtrière – gageons que les médecins-contrôleurs de la Sécu ne viendront pas l’asticoter sur son arrêt-maladie – les choses avancent : on apprenait, il y a quelques jours, que JAMAIS les Français ne s’étaient aussi peu tués sur les routes depuis 1948. Bon, il y en a encore, des morts, et d’ailleurs si vous marchez dans la rue par un jour venté vous pouvez toujours vous prendre une tuile sur le coin de la margoulette : zéro risque zéro, n’est-ce-pas. Des morts sur les routes, certes, et très majoritairement à cause de l’alcool ; mais c’est une baisse à saluer, une très bonne nouvelle.

Et comment la saluent-t-ils, la bonne nouvelle, nos “politiques” ? eh bien, en s’apprêtant à limiter “expérimentalement” la vitesse à 80 km/h sur certaines routes secondaires. Merci nos Maîtres, vous êtes trop bons.

Je ferai d’abord remarquer que c’est insuffisant : à 80 km/h on peut encore se faire très très mal, il faut en revenir à l’allure du cheval trottant, 8-10 km/h, ça devrait le faire, on a largement le temps de freiner. A vélo, ça le fait aussi, remarquez, mais pour revenir avec les courses du Carrouf’ ou emmener mémé chez la cousine Rose, c’est peu pratique.

D’ailleurs, quelles routes secondaires ? s’il s’agit des nationales déclassées en départementales, telle la N89 Bordeaux-Lyon, pas la peine : entre les zones urbaines, 50 pas plus ou même 30, les rond-points, les zébras, les bandes blanches abusives qu’on a “oublié” de pointiller, les ralentisseurs, les radars fixes et mobiles… vous arrivez péniblement à faire du 60 km/h. Quant aux départementales… vous avez essayé de faire du 90 à l’heure, vous, sur la corniche des Cévennes ? sur la D64 dans le Puy-de-Dôme ? dans un rallye, avec la route fermée et des pneus course, à la rigueur… mais normalement, humainement, c’est impossible, suicidaire.

Bon, vous voyez le topo : réduire de 90 à 80 sur des routes “secondaires”, c’est comme de pisser dans un violon, ça ne fera pas de la musique. Nos Grands Chefs seraient mieux inspirés de s’inspirer des “200 propositions” de l’association “40 millions d’auomobilistes”, propositions dont la majorité sont judicieuses, pertinentes, et, griotte sur le kougelhopf, pas punitives pour autant.

C’est là en effet mon propos : quand on se néglige, que les chiffres sont mauvais : le bâton ! des radars en plus, des contrôles en plus, des… de la répression. Mais si l’on fait des efforts, si les résultats sont bons, voire excellents ? le bâton ! répression, limitations de vitesse, des radars en plus… le bâton ou le bâton, en somme.

Nos peu psychologues dirigeants n’ont jamais perçu, semble-t-il, que la carotte est aussi un outil d’incitation, mais à l’inverse du bâton. Récompenser les bonnes idées, les conducteurs vertueux, relâcher la pression là où elle est inefficace, vexatoire… il y a beaucoup à faire dans la valorisation des bons comportements.

Les brimades, les radars, les contrôles, mettez-les donc, “pour notre sécurité” comme vous dites, sur les cambrioleurs : il y a du boulot, les chiffres sont très très mauvais, pires encore depuis que je viens de l’écrire. Les résidence secondaires, c’est du pillage en masse, en ce moment. Au fait, “La Lanterne”, c’est une résidence secondaire, non ? laissez des lumières allumées, faites semblant de l’occuper…

Tibert

Torrides aveux

On doit être mort de rire dans les cités (“MDR dans les téci”, comme il faudrait écrire, à supposer qu’on sache encore écrire dans la culture du SMS, des onomatopées et des gestes obscènes ) : monsieur Valls admet, à reculons, concède, interrrogé sévèrement par l’inquisiteur du matin à la radio : “il m’est arrivé d’avoir fumé, peut-être une fois [du cannabis, NDLR]”. Ceci en écho à une déclaration similaire mais plus courageuse de Barack Obama, qui, lui aussi, oui oui, a fumé étant jeune : “je ne pense pas que le cannabis soit plus dangereux que l’alcool“.

Ainsi donc, vous aussi, garnements ! quelle épouvantable époque qui nous voit gouvernés par d’occasionnels fumeurs de pétards ! entre le furtif Normal Amant de l’aube glauque quittant la rue du Cirque, casqué intégral mais sans la sangle, sur un scooter 3 roues même pas français, et le Premier Flic de France qui a consommé du shit “peut-être une fois“, où chercher des repères, des lignes de conduite ?

Mais trêve de second degré : cette hypocrisie de nos “politiques” est décidément insupportable. Faux-culs car très très soucieux de leur image, cachés derrière leur petit doigt… le vrai, c’est que l’interdiction du cannabis est un anachronisme idiot, quand on peut se bourrer la gueule au gros pif 12°5 ou au Chivas 12 ans d’âge, selon son niveau de compte en banque, ad libitum, et ad bibitum. Un anachronisme, un manque de jugeotte, une perte de rentrées fiscales, un encouragement à l’économie souterraine, et une dangereuse irresponsabilité face aux problèmes de santé publique que ça pose.

Tiens, oserai-je un parallèle hardi ? (je sens que oui…) : le voile pudique, l’aveuglement qui occultent cette économie illégale du cannabis, c’est, toutes proportions gardées, la cécité sélective de nos gouvernants vis-à-vis de cette verrue clinquante et friquée qu’est Monaco : ça doit bien servir à quelque chose, sinon il y a longtemps qu’on y aurait mis fin.

Tibert

Quand le Burgolais gronde

Intéressant et pédagogique, ce qui se passe à Burgos, ville espagnole. Les habitants en masse ont fini par imposer à leurs élus municipaux l’arrêt de travaux pharaoniques. Il leur en a fallu, du courage, de l’obstination, de la colère, et des manifs. Tenez, voyez cet article du MondeSurToile.

Intéressant, parce que ça fait écho à ce qui se voit et s’entend partout, chez nous, ce ras-le-bol des citoyens face aux gaspillages des élus, face à leur mégalomanie, face à leurs projets insensés, face (*) à leur inconscience budgétaire – quand j’écris inconscience, je pense jemenfoutisme.

L’aménagement grandiose de l’avenue de la Victoire – la calle Vittoria – à Burgos ne passera pas, parce que les habitants en ont marre de rester les bras ballants et croisés devant des dépenses indéfendables. Je les entends d’ici : “c’est la crise, bordel, on est dans le trou, et vous continuez à mener grand train ? sur notre dos ? mais vous allez arrêter, oui ?” (en espagnol dans le texte).

Pédagogique : ça devrait nous donner des idées. Tel rond-point ruineux et idiot, tel gratte-ciel-biroute hors de prix, la nouvelle mairie de Montpellier, alias La-Peau-Des-Fesses, le futur Ayraultport-merci-Vinci… les exemples ne manquent pas des initiatives illégitimes, déraisonnables, aberrantes de nos élus.

Que Burgos nous inspire, amen !

Tibert

(*) Il n’y a pas que Normal-Premier qui manie l’anaphore, moi aussi j’anaphore, quand vous voulez.