L'effet pot de yaourt

Je visite des appartements ; des gros des petits des moches des beaux des toujours trop chers, « rav.stud.p.app, hsp 3,10… » ; et je suis confondu, oui confondu, c’est le mot idoine, par le constat que nos architectes, depuis les années 60, et avec une obstination – un entêtement – coupable, nous rapprochent le plafond du plancher, comme si les meubles étaient plus courts sur papattes, des bassets de meubles, et nous z’avec, par la même occasion. Les études médicales proclament pourtant fort clairement que nous grandissons, nous grandissons ; et c’est bien évident, nos gamins nous dépassent dès 14-15 ans, les 1m80 sont courants… ben les bâtisseurs nous font des plafonds à 2,50m, et démerdez-vous avec ça.

Comprenne qui pourra – on a oublié d’être cons, donc on sait bien qu’il s’agit de faire un max de fric, le seul truc qui vaille en ce bas monde, donc on empile le plus possible de clampins sur une hauteur donnée ; tassez vous donc un peu braves gens ! Mais il y a de quoi s’inquiéter : début 20ème, c’était moins de 1,70 m la hauteur standard du Français moyen, et 2,75 au moins celle des plafonds. Début 21ème, c’est respectivement 1,80 et 2,50 : calculez, on nous a ratiboisé notre espace vital vertical de 35 cm au moins.

Certes, il y a des bénéfices secondaires, comme on dit, et les marchands d’escabeaux peuvent mettre la clé sous la porte, on peut changer les ampoules et enlever les toiles d’araignées sans rehausse. Mais les pantoufles de l’occupant du dessus sont diablement proches…

On a glosé en son temps sur la hausse tendancielle du fond des pots de yaourt, tandis que le niveau du produit baissait concomitamment, si bien qu’à la limite… voilà, c’est ça, l’appartement aujourd’hui, c’est le pot de yaourt. En revanche, le prix des produits laitiers, comme vous avez pu le constater, n’a pas fini de grimper, lui.

Desperate scénaristes

Les nouvelles du jour ne sont pas bonnes ! Voyez cette dépêche, alarmante ! On va bientôt manquer d’épisodes pour notre grand feuilleton sur les femmes au foyer désespérées. Et c’est précisément ce qui désespère les femmes au foyer ! Les scénaristes américains étant en grève dure dure, sans prévision de reprise du boulot à court terme, je suggère à Hollywood-Burbank et tutti quanti de délocaliser fissa leurs équipes de scénaristes de ce côté-ci de l’Atlantique : faute de quoi les femmes au foyer vont devoir se mettre à la lecture, et ça ce n’est pas pensable.

Nos gratteurs de quiproquos et autres maris sous le plumard vont bien trouver une suite à cette soupe (pardon, à cette soap) ; suffit par exemple de faire faire une petite escapade à nos héroïnes en France, ou en Italie, et on retrouvera aussi sec des ambiances, des lieux, des situations propres à susciter, réveiller, exalter l’imagination de nos scribouillards.

On aura donc peut-être enfin des épisodes de « Femmes au Foyer Désespérées » se déroulant à La Motte-Beuvron ou Craponne-sur-Arzon. C’est ça coco la mondialisation.

Des pêcheurs et des tickets

Deux brèves (qui valent une longue *, je sais, je sais) :

– El Presidente Nicolas s’est rendu face aux « pêcheurs en colère » : ça a rouscaillé, ça a gueulé, mais quelle que soit l’issue du décompte de points, en voilà un qui n’a pas peur d’aller au charbon, et ça fait du bien de voir un homme politique « descendre de son cheval pour sentir les fleurs« , comme disait un autre Président nettement plus rondouillard, et doté d’une verrue sur le menton – les initiés l’auront reconnu. Que les fleurs en l’occurence sentent le poisson, voilà qui n’en donne que plus de mérite à cette initiative. N’étant pas un groupie du Petit Nicolas, je dois dire que, là, il me bluffe, comme on dit.

– J’ai acheté, nettement plus cher, les nouveaux « tickets + » de la RATP : je pensais naïvement que pour bien plus cher, on pouvait désormais, enfin, prendre des correspondances entre le métro et les bus : ah que nenni !! Cette possibilité, qui existe quasiment partout, à Nantes, Clermont, Lille, bref partout sauf à Paris, on ne l’a toujours pas. On nous dit que les correspondances entre bus sont possibles désormais, mais ça ma pôv’ dame ça n’est que la réparation d’une injustice ! Donc, ça continue comme avant, il me faut toujours, si je veux aller des Gobelins à … Gentilly, disons, soit me farcir le métro pas du tout simple, disons carrément merdique (2 correspondances), soit payer 2 tickets, un pour un bout de conduite en bus 27, un autre pour le RER ligne A. Merci la RATP : marketing débile ! et donc vive le vélo. Le « ticket + », c’est juste « + cher ».

(*) Le proverbe est sage, qui énonce : « Mieux vaut une brève qui frétille qu’une longue qui roupille » ! nos grand-mères le savaient bien.

Bien pleins

La rencontre est fréquente, de ces gosses (des bébés, mais aussi des gamins/gamines de 2,3,4 ans), la bouche bouchée par une tétine. Ces tétines, vous savez, de couleurs acidulées, pourvues d’un anneau pour qu’on puisse, en tirant fermement sur ledit anneau, déboucher le cher petit – par exemple pour le faire manger… Il est vrai qu’ainsi on se procure des instants de quiétude, le bambino ne peut pas vocaliser, s’exprimer, beugler, pleurer, pleurnicher, réclamer un bonbon, une suçette, il l’a déjà ! C’est infect du point de vue éducatif, c’est « suce et fous-moi la paix ! ».

Je lis dans le Monde de ce jour qu’on consomme 600.000 tonnes de gomme à mâcher par an : je comprends mieux ainsi ces trottoirs, ces halls de gares, d’aéroports, ces sols d’espaces publics constellés de « pastilles » blanchâtres et bien collées. Evidemment, il manque dans le mode d’emploi de ces tablettes à machouiller un avertissement concernant l’élimination des déchets : de même que le cow-boy Barlromo vous avertit que « Fumer tue« , les fabricants de gomme à mâcher devraient apposer sur leurs paquets de gros messages du style « la pâte à mâcher colle 5 ans« , ou je ne sais quel slogan percutant et persuasif, pour que les machouilleurs et ruminants pensent à balancer leurs déjections buccales à la poubelle plutôt que dans la rue.

Encore la gomme à mâcher est-elle une tétine bien insuffisante pour certains. Il y en a qui fument en machouillant, j’en ai vus, et même des qui se collent des écouteurs dans les oreilles, un clope au bec, et une gomme à mâcher entre les dents pour faire bonne mesure. Bien occupés, quoi, bien pleins : prière de ne pas déranger.

Kikaraison ?

Je suis, vous le savez, cher lecteur, et plus encore chère lectrice, un butineur assidu de la Toile, et ma foi j’avoue que le journal-papier n’est pas pour moi un achat fréquent : déforester pour lire ce que je lis pareillement sur mon écran d’ordinateur ? fi donc. Bref, ce préambule étant clos, voilà-t-il pas, n’est-ce pas, que je lis d’une part dans le Figarôt que « Dans le funéraire aussi, le client est roi« , tandis que depuis deux jours le Monde propose une opinion de monsieur R. Solé expliquant « Pourquoi le client n’est plus roi« . Bon, me dis-je, et je vous le dis aussi sec, il y a là une contradiction manifeste. Le Monde expose que de nos jours, le plombier qui avait promis de passer « dans la matinée » pour colmater votre fuite à la baignoire vous pose un lapin sans même prévenir… je puis attester ici que c’est une expérience fort commune. Moi ce n’est pas le plombier, c’est le charpentier, mais le principe est le même !(*)

A l’opposé, le Fig’ nous explique que de nos jours on se diversifie dans le funéraire, que le client y demande même qu’on passe des cassettes (Johnny dans « Queu-jeu-t’ai-meuh » y est très demandé **), qu’on peut maintenant écluser un godet dans le funérarium (une petite bière, eh eh). Bref, le client a tous les droits.

Entre ces deux thèses, je prends le parti de couper la poire en deux : le client n’est plus roi, sauf dans le funéraire. C’est une cote mal taillée, je sais, mais hein, faut bien trancher. Et puis il est rassurant de savoir que les croque-morts, eux, quand ils promettent de « passer dans la matinée », respectent encore leur parole ; vous vous voyez poireauter des jours et des jours, sur vos tréteaux, dans votre redingote en sapin ?

(*) Avez-vous vu l’excellent petit film, plutôt anti-raciste et plein de verve, intitulé « Travail d’arabe » ? C’est en plein dans le sujet, et ma foi les artisans peu scrupuleux (il y en a, si, si) en prennent pour leur grade.

(**) Dans un salon funéraire, quand même ! faut l’ouïr ! je cite :

Quand tu n’te sens plus chatte / Et que tu deviens chienne / Et qu’à l’appel du loup (…)

Quand mon corps sur ton corps / Lourd comme un cheval mort…

Ah bon, on revient au sujet ! Cheval mort, d’accord.

Deux novembre

Chacun sait en France que la Toussaint, comme son nom l’indique clairement, est la fête de tous ceux qui toussent. Tandis que le lendemain – jour des morts – on fête tous ceux dont la toux a mal tourné. C’est d’ailleurs devenu un raccourci ; la Toussaint voit les vivants se précipiter vers les cimetières, anticipant d’un jour, par un réflexe bien compréhensible, l’issue fatale : ne dit-on pas, quand quelqu’un tousse « ça sent le sapin » ?

Par ailleurs, le 2 novembre n’étant pas férié, ça permet – cette année du moins, car il y a des salauds qui arrivent parfois à faire tomber le 1er novembre une fin de semaine – de faire un superbe pont, que tous les salariés ont à coeur d’emprunter, oyé. Donc, du premier au quatre novembre, repos général, sauf les marchands de fleurs. D’ailleurs ça va donner à ce novembre-là des allures de mois de Mai, avec tous ses trous et ses ponts, car les syndicats de la Fonction Publique, décidément pas contents du tout du tout, bref vraiment fâchés, semble-t-il, contre les autres Français, leur annoncent bien des emmerdements, et surtout ceux qui ont le bonheur d’habiter la capitale et ses z’environs. Seuls les provinciaux n’ayant pas besoin de voyager en train, ni de s’adresser aux tribunaux, ni d’utiliser le gaz ou l’électricité seront épargnés par le courroux syndical. On voit que ça laisse pas mal de gens tranquilles !

Ah pardon, j’oubliais, les écolos qui habitent en centre ville pour économiser l’espace rural (faut avoir de gros moyens, mais faut c’qu’y faut), roulent en Vélib’, s’éclairent à la bougie, se chauffent à la sciure de bois… eux aussi s’en foutent, des menaces des syndicats !

Mâtin !

Aujourd’hui dimanche, et comme d’hab’ la retraitée célibataire qui crêche au dessus de cheu nous s’est levée aux z’aurores, disons 5h-5h30 car je ne saute pas sur ma montre pour vérifier, comateux que je suis. Merci, ma voisine, de me faire savoir, comme d’hab’ aussi, que vous êtes levée, par la chasse d’eau, les déménagements de chaises etc… je vais pouvoir m’activer dès potron-minet.
MAIS c’est que les autres voisins aussi s’y mettent !! Ramdam et remue-ménage à côté.

Et voilà ! c’est le changement d’heure, la journée à 25 heures. Jamais de mémoire de Parigots (têtes de veaux, disions-nous dans les Basses-Alpes) on ne s’est activé si tôt un dimanche, jour où l’on est tous comateux, habituellement.

Dans Paris, à vélo, etc.

Le bordel parisien est assez ahurissant, vélos – et motos, voire voitures – à contresens, motos absolument partout (la seule catégorie de véhicules qui s’octroie le droit de rouler sur les voies normales, les voies de bus, les pistes cyclables, les trottoirs, bref partout… de doubler à gauche, à droite, au milieu, et de shooter dans les portières des bagnoles pas assez serviables à leur goût. Chouette, non ?

Bref me familiarisant bon gré mal gré avec le bordel ambiant (que quelqu’un a théorisé, je crois), j’ai pu glaner des anecdotes : savez-vous que les points de dépôt « Vélib » des buttes-Chaumont (Paris 19ème) sont chroniquement en déficit de vélos disponibles ? Des vélos, y en a très peu… en fait c’est assez simple à comprendre : comme ça descend, assez fort, même, depuis ces dépôts, les Parigots se payent des tranches de « tout schuss » dans la rue de Belleville ou similaires ; en revanche, pour ce qui est de remonter en pédalant, macache !! On abandonne les pauvres bêtes en contrebas. Et voilà pourquoi, chers amis, si vous ne savez pas où déposer votre Vélib, rendez-vous aux Buttes-Chaumont, à la force des mollets, of course ! Il y a toujours de la place.

Autre chose : on voit un nombre étonnant de vélos assassinés, bien qu’apparemment fixés sagement par leur antivol à un poteau, un arbre, une grille… bref tous les points d’ancrage habituels, vous connaissez le principe. Et que leur fait-on, à, ces innocentes victimes ? On leur tord non le cou, mais la roue : on leur voile sauvagement la roue arrière. Au vu des courbes obtenues, il est évident que les gus qui font ça y vont vraiment de très bon coeur, sautant probablement à pieds joints sur la jante, ou à grands coups de lattes, ou montant dessus en porte-à-faux… sympa, non ? allez rouler avec ça, ensuite ! C’est à se demander, d’ailleurs, si un voileur en série ne sévit pas, un maniaque qui obtient sa jouissance à vriller des roues arrière de vélos. Pathologique, pas vrai ? Très parisien, en tous cas.

Durex sed lex

Une conséquence logique 1) de la connerie et de l’ignominie des préceptes cathos sur le sexe, 2) de l’obscurantisme et de l’absence d’information des américains du Sud : voir cette dépêche du Monde sur la progression du Sida dans cette région du Globe, du fait de la « diabolisation du préservatif ». Il est en effet rigoureusement interdit de mettre les érections sous blister, c’est gâcher de la semence !!
Un autre entrefilet du même Monde, décidément très branché sur le sujet, nous détaille la carte des mutilations sexuelles féminines en Afrique. Du fait qu’il s’agit cette fois-ci d’aberrations se réclamant de la doctrine musulmane, on peut déclarer momentanément match nul en matière de stupidité et de dangerosité des pratiques religieuses entre les partisans de se la mettre sous le bras (poussant ipso facto à l’onanisme, what else ?? pourtant on m’avait bien dit que ça rendait sourd ?? ) et les fadas de la lame de rasoir clitoridienne.

Au menu, frigidité, infections génitales et sida, curieuses conséquences de l’Amour de Dieu. Merci, Dieu.

Henry Fonda = Woody'woodpecker

Il y a des traîtrises d’une grande mocheté, et qu’on doir dénoncer.

Que TF1 (Tout Fric numéro 1) assomme qui veut bien à grandes pelletées de produits américains nuls, mauvais ou médiocres, c’est dans la norme. Que M6 rivalise là-dessus avec TF1, on n’est pas plus surpris que ça. Que notre belle Télévision Nationale, j’ai nommé A2, la Voix de la France selon feu Pompidou, en fasse autant, aux coupures de films près (*), c’est anormal et on se fait escroquer. Mais qu’Arte, qui a des principes, qu’on apprécie pour la qualité de sa programmation – quoique, au vu des thèmes, on se demande si la deuxième guerre mondiale est bien terminée – nous sabote des films bien faits et regardables, c’est infect.

Un grand coup de gueule, donc : « La maison du lac » hier soir dimanche, Catherine Hepburn superbe, Jane Fonda (pas en Barbarella, cette fois) et surtout son formidable père, Henry les yeux bleus… avec la voix de Woody Woodpecker, ou de Donald, ou d’un crétin nasillard de cartoon, bref du boulot dégueulasse. On a arrêté au bout de vingt minutes, navrés. La V.O., ça existe bien, non ?
Et ce n’est pas un cas isolé ; j’ai souvenir de bonnes productions de Woody Allen ( pas Woodpecker) carrément ridiculisées par un doublage de cons, disons les choses comme elles sont. C’est du sabotage : Zabotache ! diraient les vert-de-gris dans un film de guerre mal doublé.

(*)… et gratte presque TF1 sur la quantité de pub’s : nous payons fort cher une redevance annuelle, en principe pour avoir une télé de qualité – c’est ce qu’on nous prétend – eh bien quelle poubelle ça serait si on ne payait pas ! quasiment la RAI, quoi.