Mets ton habit, scaphandrière

Rappel de la Loi, qui est la même pour tous en principe : les tenues dissimulant le visage – notamment le niqab (dans les Emirats arabes, c’est le must, et ça se rencontre ici et là chez nous) ou la burqa (pas vraiment à la mode, mais chez les Afghanes, c’est le top) –  sont interdites dans l’espace public depuis Avril 2011. Il est en effet difficile de distinguer si ce sont Samira et Rachida qui se promènent ainsi bâchées, ou Jean-Paul et Joseph qui tentent de circuler incognito, dans des intentions pas forcément innocentes. Donc, et la Loi le précise, seules sont autorisées les tenues dissimulantes de type professionnel (scaphandriers, soudeurs, travailleurs du nucléaire…) et / ou à vocation de sécurité (casque intégral de motard, combinaison de biologiste bidouillant des bactéries féroces, etc).

Donc, pour contenter ET la Loi, ET les convictions religieuses de certains qui veulent absolument dissimuler au regard concupiscent de ces obsédés de mâles les formes ô combien excitantes de leurs compagnes légitimes ou non, il convient que celles-ci circulent par exemple à moto, intégralement casquées :  la Police n’y trouvera rien à redire, la Loi sera respectée, et ça évitera des émeutes dans les Yvelines.

Pourquoi dans les Yvelines ? parce qu’à Trappes (78), le Monde, Le Figaro et Le Parigot nous le racontent tous trois – mais c’est le Parisien qui semble le plus précis – le commissariat de Police du quartier “sensible” des Merisiers est assiégé depuis hier soir par des centaines de personnes “hostiles”, paraît-il. Vous lirez ça si vous voulez ; mais en résumé un type a été interpellé car il s’est opposé violemment à un contrôle de Police sur sa louloute totalement, intégralement et donc illégalement voilée – sauf les yeux, évidemment. Et comme la Loi n’est pas appliquable aux quartiers “sensibles”, ça vaut pas, et ça donne le résultat dont auquel je vous cause.

Je vous le demande : quelle idée saugrenue de construire des commissariats dans des quartiers “sensibles” : c’est de la provocation. A la cité “sensible” de la Cayolle, à Marseille, ça fait longtemps que le commissariat a été supprimé, et ils sont bien plus tranquilles comme ça, on n’a plus besoin d’y faire appliquer la Loi. Il est vrai qu’il avait été incendié, le commissariat ; les habitants étaient “hostiles”.

Tibert

PS : ah oui tiens j’y pense, il manque une loi, vite une loi pour interdire désormais aux activistes de Greenpeace de venir faire de la varappe dans les installations nucléaires. Et, tant qu’on y est, une loi aussi pour interdire de ramasser sur la voie ferrée les téléphones mobiles tombés par accident ou du fait de catastrophes ferroviaires.

Tout altère, hélas

Ube étude tombée du ciel nous l’affirme opportunément : en bagnole, “les régulateurs de vitesse altèrent la vigilance des conducteurs”.

Eh oui, pour notre sécurité, vielle rengaine qui justifie tout et n’importe quoi, il faudrait donc supprimer les régulateurs de vitesse, ces engins diaboliques qui permettent enfin de rouler tranquille et serein sur route dégagée : rester pendant des heures le pied droit pesant sur le champignon, surveiller, anxieux, le tachymètre dans la hantise du dépassement fatal de la limite de vitesse qui va nous coûter X points de permis, Y euros… tout en restant l’oeil rivé sur le ruban asphalté et sur les panneaux 30 – 90 – 50 – 70 – 30 – 90 – 70 – 50 – 70 – 50 – 90 – 110 – zut j’ai loupé celui-là – 90 – 50 – 30 etc etc.

Conducteur, conductrice, mon confrère ou ma consoeur, fais gaffe à ta vigilance, zut quoi ! évite donc…

– de te gratter les couilles / de remettre en place ton soutif’ (rayer éventuellement la mention inutile) : ça déconcentre.

– de regarder la jauge de réservoir, ça déconcentre aussi. De toutes façons les constructeurs vont bientôt se voir contraints de supprimer tous les cadrans sauf le tachymètre : c’est accidentogène, un cadran, puisque c’est une invite à détourner son regard du tachymètre.

– de battre la mesure du pied gauche en écoutant le requiem de Fauré. Tu pourrais louper la pédale de frein.

– de te curer le nez et les oreilles ; reste les deux  mains fermement agrippées au volant, sauf pour mettre un clignotant ou changer de vitesse.

– de regarder ton GPS : contente-toi de l’écouter, et puis d’ailleurs le GPS est accidentogène, mets donc ce truc à la poubelle. Le gouvernement a tenté de lui faire la peau, au GPS : ça fait baisser les rentrées d’argent procurées par les radars.

– de fumer, boire, manger, lire la presse, brosser tes mocassins, évidemment, ça va de soi.

– de fouiller dans la boîte à gants, c’est inutile, il n’y a pas de gant.

– de mettre des cassettes ou des CD dans la fente : viser la fente, ça déconcentre. Seule solution, qui demande de l’entraînement, prendre à tâtons un CD et l’introduire idem à tâtons dans la fente idoine.

– de lorgner sur le décolleté de ta passagère, si la configuration du poste de pilotage est favorable à ce type d’initiative : ça déconcentre. Regarde la route de temps en temps, le tachymètre en permanence, les panneaux avec assiduité, les autres bagnoles éventuellement ; ça devrait suffire.

Ceci étant, il faut relativiser tout ce remue-ménage autour de la conduite en voiture, et ne pas en faire tout un fromage : les Ministres des Transports et de l’Intérieur peuvent mouliner des bras, invoquer des objectifs toujours plus exigeants, convoquer les études les plus sérieuses pour culpabiliser le Français au volant, la mort sur la route fait vraiment petit joueur face aux poids lourds des statistiques :

– le cancer du poumon, 10 fois plus de morts que sur la route – à quand le permis de fumer à points ?

– les accidents domestiques, 5 fois plus – et le permis de monter sur l’escabeau avec sa perçeuse à percussions à points ?

– les suicides, 3 fois plus (surtout ne pas se rater, ça ôte des points).

Les suicides, parlons-en ! attention donc à ne pas broyer du noir, c’est très accidentogène. Sur ce dernier point, mes chers concitoyens, le gouvernement agit cependant avec autorité et vigueur : tout dernièrement, notre Lider Maximo, Chef-Normal, nous annoncait, alleluia, le jour même de la Fêt’Nat’, que “la reprise elle est là“. Non pas “la reprise est là“, phrase banale, propre syntaxiquement et sans relief, mais “la reprise elle est là“. On y fait, dans cette phrase, les questions et les réponses : la reprise (soupir ou virgule ou point d’interrogation)…  elle est là (point d’exclamation). Bon sang, mais c’est bien sûr. Dire qu’on la voyait pas !

Ce n’est pas une boîte à outils qu’il trimballe, notre Moi-Président, c’est un nécessaire à repriser.

Tibert

Là, c'est Plus(s)

Bon, dépêchez-vous avant qu’on l’ait enterré sans fifres ni tambourins, en catimini un soir de brume et de nouvelle lune. Lisez donc ça, ils ont tout pompé sur mes constats personnels.

Et régalez-vous également des réactions des lecteurs. Qui donc prétend qu’il n’y a pas de consensus possible en France ?

Donc, +1 pour moi sur ce rapport de la Cour des Comptes, et avec vigueur !

Tibert

Plus plus ? plus ?

Ce matin tôt (au fait, avez-vous comme moi le bonheur d’entendre le concert des oiseaux sur le coup de 5h 15- 5h 30, quand Potron-Minet montre le bout de son museau ? tiens, une chauve-souris qui volète, elle va bientôt se rentrer et se mettre au plume… fin de la parenthèse naturaliste – mais vous pouvez dormir la fenêtre ouverte, vous entendrez les piafs depuis votre lit, c’est moins fatigant), bref, disais-je, tôt ce matin, virgule, je lis dans la presse du matin (celle de la veille au soir est, ce matin, identique à son contenu de la veille au soir) deux points ouvrez les guillemets Plus de femmes chez France-Télévisions à la rentrée fermez les guillemets point

Et, comme j’étais dans l’incertitude de la date de début du Ramadan, était-ce hier ? était-ce ce jour ? les théologiens musulmans se déchirent sur ce point, et je m’en désole, j’en étais à me demander, peu après le concert des oiseaux, si j’allais me taper le reste du rosbif froid du repas d’hier midi, sur une belle tranche de pain frais, avec de la mayo, de la moutarde (*) et une tasse de thé, ou si ça valait la peine d’attendre l’heure officielle de la rupture du jeûne nocturne – ça s’appelle communément “petit déjeuner”, la rupture du jeûne nocturne – muni de la seule tasse de thé. Mais vous vous en foutez, je le sens, je n’insiste pas. Avouez, tout de même, c’est quèque chose qu’on soit aussi incertains sur la date d’ouverture du Ramadan, en 2013, zut quoi.

Et donc, je lis “Plus de femmes chez France-Télévisions à la rentrée” et je me demande : Plus ? ils ne veulent plus de femmes à FT ? ou ils veulent plus de femmes à FT ? eh bien le titre est infoutu de me dire ce qu’il en est, et on ignore, le lisant, si on n’en veut plus (plu), ou si on en veut plus (plusse). Alors je vous le demande : à quoi ça sert un titre, si ça peut signifier tout et le contraire de tout ? faut aller lire les articles, maintenant ? où on va, là ?

Mais bon, le Politiquement Correct veillait, et, ouf, c’est “plusse” qui valait, bien évidemment. Des femmes en plusse à FT à la rentrée, donc. Ahhh ! vous pensez comme je suis heureux de l’apprendre. Reste à savoir comment elles vont gérer, avec leur mec, à la rentrée, avec leur boulot à FT, ces femmes, la garde du loupiot ou de la loupiotte (ou alors loupiote ? le dico est muet sur ce point) qui ne contrôle pas encore ses sphincters. Car, madame Pécresse l’a dit, le congé parental pour les hommes dans les premiers mois du bébé, c’est un mauvais plan, “Pensez-vous que le plus grand nombre sont les pères qui ont envie de changer des couches ? “.  C’est bien un truc de femme, ça, d’avoir envie de changer des couches.

Tibert

(*) et à cette heure matinale encore quelque peu obscure, précision importante, on pouvait distinguer le jaune de la moutarde issue de l’industrie agro-alimentaire dijonnaise du jaune de la mayo, qui était, faut-il le préciser, une mayonnaise Maison.

Boulots d'avenir : écrivain public sur Toile

La fracture numérique existe, j’habite juste à côté.

Tantôt ce sont des immeubles de centre-ville, hyper-branchés en fibre – Orange se bagarre avec Free pour brancher avant l’autre -, des ménages pour qui l’ordinateur, Internet, commander des machins sur la Toile… tout ça c’est du banal de chez Banal.  Le petit dernier joue en ligne, papa va sur les forums qui lui bottent, mamma tchatche sur Fesse-bouc…

Ailleurs c’est tout juste si l’on vient de mettre au grenier – on ne sait jamais – le modem 56 K qu’on branchait une fois par jour pour relever ses mails – en priant le Ciel pour qu’il n’y ait que du texte ! – parce que l’Internet, tintin, trop loin, trop isolé, on peut crever. Mais avec du pot, le hameau peut bénéficier de l’ADSL –  poussif, athmatique et qui se traîne à 512 K. On arrive même à surfer, c’est dire…

Et puis il y a Paulette et Roger, ou Lucette et Maurice, les anciens, qui quel que soit le branchement, fibre supersonique ou modem 56 K à pédales, rechignent, traînent les pieds, ces cons. Internet pour eux c’est du chinois, l’ordinateur du grec ancien. Alors on va à la poste, on écrit, on se déplace aux guichets pour la Sécu, pour les trains, pour s’inscrire à ceci ou cela… on achète des tas de timbres… on s’emmerde la vie parce que de plus en plus on est foutu si l’on n’a pas Internet, vous le savez comme moi.

Et, tenez, les avides du Fisc, les gloutons qui avalent tout cru les picaillons que naïvement nous croyions nôtres, projettent de rendre les déclarations d’impôts “en ligne” obligatoires pour “certains contribuables”, sans qu’on sache lesquels. Et, naturellement, si Paulette et Roger sont concernés, comment feront-ils ?

Eh bien, le Ministère y pense, oui, ils y pensent, aux “anciens” récalcitrants, aux mal-voyants têtus, aux nécessiteux qui ne peuvent pas se payer une bécane et une connexion Internet  : ‘ l’administration fiscale prévoit de “promouvoir la télédéclaration pour compte d’autrui”, au travers de “partenariats faisant appel à des organismes sociaux ou des associations” ‘. Reste à savoir si ce sera du boy-scoutisme “à vot’ bon coeur” ou du boulot enfin reconnu. Parce que je vous parle d’expérience, je préfère cent fois – c’est la parabole maoïste du mec affamé au bord de l’eau que je vous ressers, là – filer du poisson à celui qui a faim que lui apprendre à pêcher : d’accord, c’est moins politiquement correct, ça fait mauvais genre, pas pédagogique du tout, mesquin, tout ça, mais si vous saviez le boulot que c’est d’expliquer à Paulette ou Roger (au meilleur des deux) les subtilités du clic droit du mulot, et que pour Arrêter, il convient de Démarrer !

Tibert

LibLeMonde ? Le Mondlibé ?

Quand on voit double…

————————– Le Monde de ce dimanche-sur-Toile :

“La BBC a dû s’ excuser, samedi 6 juillet, après qu’un des journalistes sportifs vedettes de la radio britannique a tenu des propos sexistes à l’encontre de la joueuse de tennis française Marion Bartoli, victorieuse du tournoi de Wimbledon, déclarant notamment qu’elle n’était pas “un canon”.
“Nous admettons que la remarque était désobligeante et nous nous en excusons”, a déclaré un porte-parole de la BBC. “Pensez-vous que le père de Bartoli lui a dit quand elle était petite ‘Tu ne seras jamais un canon, tu ne seras jamais une Sharapova, donc tu dois t’accrocher et te battre’ ?”, a demandé Joh, Inverdale à ses auditeurs lors d’une émission de radio samedi, après le succès de la Française en finale de Wimbledon face à ‘Allemande Sabine Lisicki.

Cette intervention lui a valu un déluge de critiques sur le réseau social Twitter, sous le mot-clé #everydaysexism (sexisme de tous les jours).

Bartoli, âgée de 28 ans, a minimisé l’incident. “Ce n’est pas important. Oui je ne suis pas blonde. C’est un fait. Est-ce que j’ai rêvé de devenir mannequin ? Non, désolé. Mais est-ce que j’ai rêvé de gagner Wimbledon ? Oui. Absolument”, a-t-elle réagi. John Inverdale a expliqué qu’il avait déclaré cela sur le ton de la plaisanterie, ajoutant qu’il était un grand fan de la joueuse qui a remporté sur le gazon londonien son premier tournoi…”

——————————– Libération, ce même jour sur la même toile :

” La BBC a dû s’excuser samedi après qu’un des journalistes sportifs vedettes de la radio britannique a tenu des propos sexistes à l’encontre de la joueuse de tennis française Marion Bartoli, victorieuse du tournoi de Wimbledon, déclarant notamment qu’elle n’était pas «un canon»«Nous admettons que la remarque était désobligeante et nous nous en excusons», a déclaré un porte-parole de la BBC.

«Pensez-vous que le père de Bartoli lui a dit quand elle était petite ‘Tu ne seras jamais un canon, tu ne seras jamais une Sharapova, donc tu dois t’accrocher et te battre ?’», a demandé John Inverdale à ses auditeurs lors d’une émission de radio samedi, après le succès de la Française en finale de Wimbledon face à l’Allemande Sabine Lisicki. Cette intervention lui a valu un déluge de critiques sur le réseau social Twitter, sous le mot-clé #everydaysexism (sexisme de tous les jours).

Bartoli, âgée de 28 ans, a minimisé l’incident. «Ce n’est pas important. Oui je ne suis pas blonde. C’est un fait. Est-ce que j’ai rêvé de devenir mannequin ? Non, désolé. Mais est-ce que j’ai rêvé de gagner Wimbledon ? Oui. Absolument», a-t-elle réagi. John Inverdale a expliqué qu’il avait déclaré cela sur le ton de la plaisanterie, ajoutant qu’il était un grand fan de la joueuse qui a remporté sur le gazon londonien son premier tournoi…”

———————– Moi, Tibert, qui hallucine : sur quel site erre-je ?

Bon ben c’est pas la peine de se payer la lecture de deux canards différents, ça va m’épargner de la revue de presse.

Remarquez, ce n’est que du sport, du sport-pipôle, limite ragots de couloirs. Bon, accordons leur le bénéfice du doute, sur des sujets plus discriminants, politiques, sociétaux, que sais-je ? Le Monde et Libération devraient cesser de se copier servilement. Mais quand j’entends parler – sérieusement ! – de la nécessité de “quotas de Journalistes de Droite”, sans nier le problème,  qui est réel, je m’interroge : avant d’avoir des journaleux de Droite – à dose évidemment très faible, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, un journaliste de Droite – si nous pouvions lire la prose de journalistes qui écrivent par eux-mêmes ?

(Remarquez, ce long billet m’a coûté très peu de sueur de clavier : le copié-collé est une chouette invention.)

Tibert

On se marre (aux canards)

… aux canards qui ont oubié de brancher le correcteur orthographique, syntaxique, etc – ou bien c’est l’effet vacances, les relecteurs sont à la page plage ?

De bien beaux échantillons ce jour. Tenez, on se fait, lisant la presse sur la Toile, l’impression du pêcheur qui remonte dans ses filets, non des merlus ou des daurades, mais des tongs fatiguées, des godasses détruites et de vieilles cafetières perçées de rouille.

Le Parigot-aujourd’hui, quand il reste un peu de place rédactionnelle une fois le football traité in extenso, nous régale généralement de faits divers franciliens. Là, ils ont poussé un peu plus loin, s’aventurant jusqu’à Besançon. Et, ma foi, le chroniqueur sportif devait être de permanence hier soir, il semble que c’est lui qui a traité le sujet “Benoît Poelvoorde insulte Besançon“. Il se trouve que cet acteur belge, une fois, dit s’être fait suer à Besançon durant un tournage, ayant oublié sa liseuse, son recueil de sudokus, les 8 tomes des “Thibault”, l’exposé de la démonstration du théorème de Fermat, son jeu de tarots. Ou bien c’est simplement qu’il a de l’humour, accordons-lui ça, et il a voulu faire un clin d’oeil à son collègue Jamel Debbouze, qui avait eu un petit accrochage du même genre avec les citoyens de Montbéliard, ville voisine. Bref, monsieur Poelvoorde se fend d’un “Les gens qui survivent à Besançon ont mon respect“. Boutade, vanne, évidemment ! les Bisontins, eux, s’en foutent, il faut bien vivre quelque part ; et si monsieur Poelvoorde ne veut pas s’installer à Besançon ils n’en feront pas un fromage. Mais les canards adorent faire mousser ce genre d’évènements minuscules. Et ça donne “ l’acteur tacle à son tour une ville franc-comtoise, Besançon…“. On tacle les villes, maintenant, le ballon entre les jambes, sans doute… c’est vraiment moderne.

Et puis monsieur Sarkozy a quelques raisons de penser qu’ “on” veut sa peau, et si possible avant 2017, car de nombreux signes concomitants montrent comme une sorte d’acharnement autour de sa personne et de ses amis. Je parie un paquet de cahuètes que certains seraient ravis de le voir plonger comme un vulgaire Berlusconi. Et le Figaro remporte à cette occasion l’Oscar de la coquille du jour. Le Directeur-Adjoint de la Rédaction, sous le titre “La gauche veut-elle tuer Nicolas Sarkozy ?” estime (je cite) …que la décison du Conseil Constitutionnel [invalidant les comptes de campagne du candidat Sarkozy, NDLR] est un pavé dans la marre de l’UMP.

Je comprends qu’à l’ UMP on en ait marre, et y a pas de quoi se marrer. En voilà une qu’elle est digne de figurer à la prochaine livraison du Canard enchaîné, tapie (*) dans sa mare, mais je les ai devancés, nananè-re !

Tibert

(Celle-là je l’ai faite exprès, vous vous en doutez)

Bien lassée de sa gap year…

Le Figues-à-rôts est une mitrailleuse à anglicismes inutiles – enfin, inutiles… utiles à saboter notre langue, et à introduire massivement des expressions états-uniennes. Remarquez, ce ne sont pas les seuls, les diverses “avant-gardes” sociétales ou réputées telles nous arrosent d’anglicismes sournois ou provocateurs à jet continu, je vous cite juste la Gay Pride (la-les fierté(s) homo(s)), les Femen dépoitraillées aux slogans exclusivement en anglais sur leurs pâles nichons, “Act Up“, parce que Down ça ne le fait pas, etc.

Dimanche j’ai voulu acheter un polar d’occase dans un vide-grenier de rue… de la collection “Berges obscures”, je crois. Et le vendeur de commenter : “ouais, c’est excellent, mais attention, c’est un peu dark“. Dark ? vous voulez dire “noir” ? “sombre” ? “glauque” ? lui répartis-je, pourquoi dark ? bref on n’a pas conclu l’affaire.

Après la street-food ( la bouffe de rue) et la fashion week (la semaine de la mode) voici le temps de la gap year. La semaine dernière nous eûmes droit à une grande tartine figaresque sur les bienfaits de la gap year. La gap year, très chêêre, qu’est-ce ?

C”était encore récemment une année sabbatique, mais on a changé tout ça. On a une gap year… “gap” c’est le trou, l’intervalle, c’est donc, n’est-ce-pas, une année-trou. Un trou, on peut y mettre ce qu’on veut, mais avant qu’on y ait mis quoi que ce soit, c’est creux, ça bée, un trou. Béée, béée, fait le trou. L’année sabbatique – et a priori bien sympathique – était, elle, la promesse de voyages au long cours, de réalisation d’un projet cher à tous points de vue, de buller longuement, assidûment, en regardant passer les nuages, de se mettre à la sculpture sur bois, au mandarin, au Mandarin-citron…

La gap year c’est l’année béante, et en anglais, en plus. Je vous demande, la gueule que ça peut avoir… le seul avantage, certes, oui, concédons-le, c’est que ça fait, blanc compris, 8 caractères, tandis que “année sabbatique”, alors là… interminable ! 16 caractères, le double. Et quand on est journaliste et qu’on a horreur des mots, de la parole, de la langue, économiser 8 caractères, ça justifie toutes les trahisons.

Année sabbatique : le sabbat, la mise en retrait, la parenthèse, et surtout pas un trou. Mais, je sais, certes, en 16 caractères interminables : on n’en voit pas le bout. Vous vous rendez compte ? c’est ça qui serait chouette, l’année sabbatique dont on ne verrait pas le bout.

Tibert

Blackfoot, Wabash et les Bisounours

L’Europe s’offusque ces jours-ci des révélations sur le programme “Prism“. Prism ? le programme d’espionnage opéré par la National Security Agency, la NSA, qui permettait – qui permet toujours – aux Etats-Uniens de suivre de très près, de bien trop près, ce qui se passe chez nous. Pour les Français, surveillés aux petits oignons, c’étaient les initiatives Blackfoot et Wabash.  Horreur ! découvrons-nous, nos amis Etats-Uniens nous espionnent ?

C’est donc horrible ? c’est une révoltante découverte ?

C’est hypocrite, ou, plus grave, c’est de la bisounourserie. Le scandale, c’est qu’on ait soulevé le couvercle ! que les taupes fouinent, que les fouines fouissent, mais sous terre, et discrètement ! Car, qui peut croire un instant que nos “amis” Etats-Uniens n’aient que des sentiments amicaux à notre égard ? qui a voyagé aux USA sait qu’on lui a demandé la couleur de sa culotte, si sa grand-mère fréquentait les socialistes, si… en contrepartie, les citoyens Etats-Uniens viennent chez nous sans précaution spéciale :  c’est la symétrie, la réciprocité “amicale” comme elle se pratique avec les USA.

La réciprocité amicale ? elle devrait être une règle de bonne conduite, mais je t’en fiche ! tenez, un fait divers passé sous silence en France (*) illustre bien la réciprocité mal comprise, et ce qui s’ensuit. Le gouvernement norvégien vient de refuser la construction de mosquées (**)  là-bas, bien que la liberté religieuse y soit reconnue. Au motif ? au motif que, si des apports financiers externes massifs sont en cause – ce qui était le cas, en provenance d’Arabie Saoudite –  ils sont soumis à l’approbation du gouvernement. Et le gouvernement a dit que non, eh bien, des mosquées financées massivement par l’Arabie Saoudite, non. Citons le ministre des Affaires Etrangères norvégien, monsieur Jonas Gahr Store : “il serait paradoxal et anormal de donner notre approbation à des fonds en provenance d’un pays qui ne respecte pas la liberté religieuse. ” Et d’ajouter : “Nous aurions pu répondre simplement ‘non’ (…) mais puisqu’on nous le demande, je saisis l’occasion d’ajouter qu’une approbation serait paradoxale, sachant que c’est un crime en Arabie Saoudite d’établir des communautés chrétiennes“.

Bon, ce n’est pas enveloppé dans du papier de soie, pas vrai ? eh non, c’est envoyé bien fort et bien clair, pas du tout souterrain, et c’est le simple et lumineux rappel de ce que devrait être une courtoise et saine réciprocité. Il se trouve que les USA, eux, sont parmi les plus fervents amis du régime saoudien, faisant preuve à son égard d’une indulgence et d’une myopie confondantes ; il est vrai que le pétrole se fiche de la courtoise réciprocité et du respect des libertés religieuses.

Tibert

(*) et c’est justement pour ça que je vous en cause, que je vous bichonne, chères lectrices et chers lecteurs – mais surtout les lectrices.

(**) en anglais, je sais, c’est dur… mais des dizaines de sites en français reprennent les mêmes faits, de manière généralement trop polémique – restons froids et objectifs, autant que possible.

Berçeuses en duo

La Cour des Comptes, chose étonnante, dit comme moi ( bande de plagiaires ! ) :  il faut réduire la voilure administrative, monsieur Moi-Président, au lieu de nous infliger de nouvelles taxes  “indolores” tous les deux jours, n’est-ce pas madame la Ministre de la Culture ? eh oui, la voilure, les armées de fonctionnaires, dont une faramineuse quantité, incontrôlable, dans la Fonction Territoriale.

Conformément à la logique politicienne, Normal-Moi ne veut pas suivre les avis de la Cour des Comptes. D’abord, nous touchons là au coeur du coeur, au noyau dur de l’idéal social et socialiste français : la Fonction Publique, l’incarnation du bonheur de travailler pour le bien de tous. La défunte Allemagne de l’Est voulut se faire le laboratoire et la vitrine européenne de cette radieuse chimère : tous fonctionnaires ! on sait ce que ça devint, entre la Trabant qui fumait bleu, le désastre écologique et la Stasi qui espionnait tout le monde.

Non, Normal-Premier ne suivra pas les avis de la Cour des Comptes, et la deuxième raison – la vraie raison, car les credos du socialisme et le naufrage de la RDA, il s’en fout, lui – c’est que ce serait se mettre à dos tous les fonctionnaires, leurs syndicats – les seuls qui aient quelque épaisseur et des moyens – et c’est beaucoup trop dangereux pour lui et ses amis. C’est sa base électorale, la fonction publique ! c’est le poumon et le moteur et la raison de vivre du PS, et vice-versa.

Mais… quand le Premier Violon joue sa partition “non non non”, le Deuxième Violon, lui, joue le contrechant “mais si mais si”, ça fait une mélodie plus riche, et la musique adoucit les moeurs des Français usés d’être tondus. On a donc entendu le Premier Ayrault affirmer, juste avant François Premier, que, si si, on suivrait les conseils de la Cour des Comptes, car elle a bien raison. Manière de faire passer la pilule du gel du point d’indice.

C’est beau la politique, on dirait de la musique.

Tibert