Quand Clausus rencontre TDCSP

Deux petites choses – je n’ai pas trop le temps, là, très occupé par des tâches très physiques. Vraiment très physiques.

Premièro : Tenez vous bien, vous qui comme des millions de porteurs de binocles français (les binocles, elles, sont chinoises) devez attendre 3 mois minimum pour pouvoir consulter un médecin ophtal”mollo”giste, vous qui supposez que le Grand Numerusse Closusse Médical en est la cause pour éviter aux toubibs de voir leurs revenus mensuels baisser… vous avez tout faux. Car la profession des ophtalmos (à travers le témoignage d’un lecteur du Monde-Sur-Toile) beugle que c’est le Ministère qui serre les chiffres, qui raréfie la profession,  alors qu’eux ne cessent de réclamer du renfort. On va où, là ? qui au Ministère de la Santé sabote la santé oculaire des Français ? Je vous pose la question. J’ai bien une idée : ça coûte cher les ophtalmos et les lunettes, et si les consultations sont difficiles à obtenir donc rares, ça coûte moins… tant pis pour votre glaucome, madame, votre presbytie ou pire, votre DMLA, monsieur.

Deuxièmo : Vous avez sûrement vu cette histoire d’un braqueur à main armée, mutirécidiviste, qui étant parti en permission, n’est pas rentré à sa taule de résidence ? le gars en question est mort, hélas pour lui, car il a entrepris aussi sec un N+1 ème braquage à main armée, braquage qui a foiré… échange de coups de feu avec la Police, il a blessé très grièvement un flic, mais en retour a pris un pruneau dans le buffet – ce sont les risques du métier (les journaux ont pudiquement tu son nom, ça ne vous servirait à rien, pas vrai ? (*). Ce que les journaux nous disent, c’est que le gars – qui au passage était fiché “S” comme Salafiste, donc islamiste radical, était “Très Défavorablement Connu des Services de Police”, TDCSP.  Je ne puis m’empêcher de rapprocher ce classement avec celui de l’Educ’Nat’ et sa nouvelle notation ABCDE : les malfrats c’est assez rustique, “Défavorablement, Très Défavorablement… Très Très peut-être ? (les “Favorablement Connu” sont rarissimes). On pourrait suggérer à la Police d’adopter la notation Educ’Nat’, nettement plus concise et nuancée, A++, C-, etc.

La taule c’est gris, c’est triste, les petits délinquants y apprennent le grand banditisme, etc… nous savons tout ça. C’est moche, soit. “Y a qu’à” faire des prisons moins glauques, comme dit l’autre. La prison-punition, la prison-rédemption on  veut bien, warum nicht (**), mais d’abord, et c’est là une évidence qu’il faut rappeler, la prison est là pour empêcher les malfrats de nuire : au trou, on ne braque plus. Or ils partent en permission, les braves petits, on les envoie prendre l’air, les TDCSP. Angélisme, quand tu nous tiens…

Tibert

(*) Il y a encore quelque temps, l’ennemi public N° 1 s’appelait Jacques Mesrine. Aujourd’hui ce serait monsieur X (son nom ne vous servirait à rien), Très Très Très Défavorablement etc.

(**) Why not, pour les anglophiles.

Comment nommer le nommage ?

Non je ne vous entretiendrai pas des derniers trépignements de Normal-Moi à propos d’Affez-El-Assad, “qu’il s’en aille qu’il s’en aille” : vu que Poutine veut qu’il reste, c’est un pote à lui, et qu’Obama est tout disposé à lui accorder un prudent sursis, le scénario me paraît simple et limpide. Si l’on veut faire la peau à Daech, voyez Poutine ; les autres font des ronds dans l’eau.

Je ne vous entretiendrai pas non plus (mais enfin pourquoi ne veut-il pas nous entretenir ? ce serait plus confortable) des propos de madame Morano sur la France historiquement de race blanche et culturellement judéo-chrétienne : elle a dit là plein de gros mots, elle va se faire gronder très sévèrement. Je vous laisse face aux 335 réactions des lecteurs du Monde-sur-Toile à propos des propos de madame Morano.

Non , je voulais juste traiter du naming. Le quoi ? le “naming“, entre guillemets, c’est de l’anglais, et ça se traduit tout connement par “nommage”, nous avons un mot très correct pour désigner l’action de nommer. Pour nommer, on fait du nommage, comme pour coller on fait du collage, pour griller, du grillage, etc. Mais Wiki qui en connaît un rayon ne traduit pas ça comme ça : pour lui c’est “parrainage”, ou “dénomination”. Eh oui, bien vu Wiki, le naming c’est du parrainage. D’où l’intérêt de l’écrire en anglais, vous pensez bien, on économise 4 lettres  et ça fait plus branché : y a pas de petites économies.

Exemple de parrainage : quand Tabarly nommait son bateau “Pen Duick”, “Mésange noire” en breton,  ce n’était pas du naming, c’était un nom du coeur, c’était son bateau, son chouette bateau. A l’opposé, quand le regretté Laurent Bourgnon barrait son trimaran “Primagaz”, je vous parie un sachet de cahuètes que ce n’est pas lui qui avait choisi le jouli nom du bateau. Qui, alors ? le Parrain, pardi, pas PNB-Baripas ni Afflelo : Primagaz. C’est ça le naming, pardon le parrainage, on ne donne pas le nom d’un oiseau des mers, d’une fleur, de votre dame de coeur, mais le nom d’un gaz en bouteilles ou du banquier du coin.

Mais le naming ne prend pas en France, eh non. Et je m’en réjouis ! Tenez : “Plusieurs sociétés dont Dassault viennent de refuser le naming du futur stade des Girondins de Bordeaux“. Eh non et  c’est ainsi que les footeux, là, les Girondins de Bordeaux ne joueront pas dans le “Figolu Stadium” ou  le “Spontex Olympique”. Aurait-on des scrupules de douairières vis à vis des parrains, des sponsors (c’est du latin), des namers ? On a bien raison ! c’est souvent moche, pas vendeur, bassement commercial, sans âme, un nom de sponsor. Tenez, vous, vous préfèreriez baptiser votre voilier Ma Lucette ou Carrouf-Marquett ?

Tibert
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Histoire de petits cailloux

La tragique bousculade qui a fait plus de 700 morts à Mina, en Arabie Saoudite, lors d’une étape du grand pèlerinage musulman – séance de lapidation des stèles censées figurer Satan, le diable et son train – m’a incité tout d’abord à creuser un peu le sujet. Je me suis demandé combien il fallait compter de tonnes de pierres , à raison de 28 pierres par personne, pour un poids unitaire moyen de 25 grammes, et pour 2 millions de pèlerins… ça donnait 1.400 tonnes de cailloux, une paille !

J’ai imaginé des solutions, le recyclage des cailloux façon salles de bowling, ou des cailloux munis d’élastiques comme des balles de jokari… il est facile ici d’ironiser, de lancer des vannes sur cette tradition de lapidation en masse. Et puis l’évidence m’est venue : c’est tout sauf drôle, et le rire ici est obscène. Plus de sept-cents morts, des gens qui avaient fait l’effort de venir jusque là, expédition coûteuse,  éprouvante…

Tenez, un épisode de mon enfance : nous étions en famille à Lourdes, expédition similaire à Mina mais pour un autre Dieu (il y en a des tas, et pour tous les goûts). Un monde fou devant la grotte de Soubirous, des gens pressés, empressés, compressés, des groupes compacts de pèlerins… moi, gamin près de ma soeur aînée, tout petit au milieu de ces adultes, je me suis mis à manquer d’air… commencé à tourner de l’oeil. Ce que constatant, ma soeur a tenté de me faire de la place, d’écarter la foule compacte autour de moi… pour que je puisse respirer… et ça rouspétait, et ça ne voulait pas bouger : “mais vous n’êtes pas de Dijon ! vous n’êtes pas de Dijon !”. Eh non je n’étais pas de Dijon, et je pouvais crever. J’ai donc tourné de l’oeil, et du coup on m’a fait de la place.

Il est effarant que Homo Sapiens Sapiens en soit encore à nos époques à acheter des bouteilles d’eau du Gave en forme de madonne, à balancer quatre fois sept cailloux sur des monuments, à faire trois fois le tour de la Tour en psalmodiant des nigleries. Effarant et triste. Faut-il que la peur de mourir sans suite, sans droit à une rallonge, soit puissante, jusqu’à aveugler toute jugeote. Mais le pain et les roses, les jeunes vierges toujours fraîches, le lait et le miel, la béatitude ad vitam aeternam contre un lancer de cailloux à Mina ou de pétales de roses à la Fête-Dieu : avouez que, si c’était vrai, ça vaudrait le coup.

Tibert

 

Funeste et crade République

La statue de la République, à Paris, au débouché de l’avenue du même nom et au centre de la place éponyme (ou l’inverse ?) à Paris : vous voyez ? une majestueuse femme de bronze, drapée dans de savants plis romains ou grecs. Tout un symbole : la démocratie, tout ça. Mais dégueulasse, la statue de la République, monument maculé de tags et affiches sauvages diverses, érigé au milieu d’un dallage récent qui a coûté la peau des fesses mais déjà constellé de mégots, de tags et de gommes à mâcher recrachées, bien collantes et fort difficiles à enlever. Bref, pas belle, la République.

A la “Technoparade” (110 décibels au bas mot près des chars à “musique” (boum-boum-boum, faisant vibrer les viscères, tampons d’oreilles sérieux impératifs), c’était la fête. Bière, boissons diverses et foule. On hurlait pour se faire entendre, forcément. Un jeune malin et sportif a escaladé, c’était rigolo, la statue de la République. Son quart-d’heure de gloire façon Andy Warhol. Et la foule des spectateurs de hurler, là-dessous. Ouais, ouais, allez monte !

Monté assez haut déjà – la statue culmine à 25 mètres au dessus du niveau de la dalle, tout de même, soit environ 7 étages – le gars a semblé mollir, il a fait la pause… c’est lisse, ça glisse, le bronze poli. Et après il faut redescendre, c’est souvent là que c’est le plus dur. Bref il pouvait redescendre, ça aurait dû suffire comme ça. D’ailleurs des gens suffisamment lucides lui gueulaient de descendre, “fais pas le con”, etc. Mais va comprendre ce qui se beugle 18 mètres en dessous, avec le boum-boum-boum environnant… et puis d’autres, ah super c’est trop cool, lui hurlaient qu’il était pas cap’, allez si t’as des couilles, monte allez va-y quoi, etc etc… et il a voulu montrer que, oui, il en avait. Mais elles n’allaient pas lui servir plus longtemps, bien que parfaitement fonctionnelles dans sa jeunesse pleine de promesses : il a glissé… un mort à la Technoparade de Paris 2015. Plus, mais c’est accessoire, quelques milliers de bitures, surdités en rapide progrès, et orteils écrasés. Remarquez, ça aurait pu être pire, et ma foi si l’un de ceux qui gueulaient “allez vas-y monte” l’avait pris lui et ses soixante-dix kilos sur le coin de la margoulette il y aurait eu une sorte de justice.

Un récent ex-président de la République aurait aussi sec proposé une loi interdisant l’escalade de la statue de la République sans équipements de sécurité. Pas vraiment efficace, au pays où les lois foisonnent mais n’engagent à rien. Ne faudrait-il pas, plus généralement, proposer une loi interdisant à la jeunesse de se tuer avant d’avoir suffisamment vécu ?

Tibert

Robert, vous avez gagné !

Je reçois tous les jours quelques prétendues polissonneries (des arnaques avec un grand A, direct classeur Spam / poubelle) en anglais, forcément, et c’est Jenny ou Barb’ ou Cindy qui veut b… avec moi séance tenante, ou bien c’est la promesse de nuits entières à b… à en péter une durite, ou bien encore des suggestions insistantes pour obtenir localement un volume imposant. Je connais, c’est cadré, je m’y attends (soupir) et je poubellise aussi sec (*).

Mais aussi, et venant d’entreprises supposées sérieuses ce sont des relances putassières qui sont exaspérantes. A croire que pour le poste de Directeur Communication ils ont embauché des démonstrateurs d’aspirateurs sur les foires. Tenez, vous avez entendu parler de « Bolche Rita » ? ce sont, comme le nom ne le dit pas, mais alors pas du tout, des marchands de gaz, de gaz de ville (mais pas que, s’époumonent-ils, pas que !). Et ils sont pénibles, collants, et je te propose ceci, et je veux te conseiller cela, et ce sont des relances, des courriers, ça n’arrête pas. Moi je leur achète du gaz, ça fonctionne, je le leur paye sans regimber ni tarder, c’est ça le contrat, et basta cosi, non ? Pfff…

Et puis l’autre, là, le téléphone, LaisSerFaiRe… eux c’est par courriels et téléphone, je vous dis pas. Même pendant ma sieste… ils veulent faire le point, qu’ils disent… le point, pendant ma sieste ! et le pire, ce sont les courriels. D’abord ça part systématiquement et à tort dans mon dossier Spam, y compris les avis de factures, vu qu’ils utilisent des serveurs de messagerie chelous. Et puis le ton : « Alfred, que diriez-vous du Samvung Super J6-S à 1 euro ? ». Non mais… on n’a pas gardé les pourceaux ensemble, ce me semble… ils m’appellent par mon prénom !… on se croirait à un jeu télévisé, genre Qui-veut-gagner-plein-de-Pognon : « Stéphanie, votre réponse ? qui a composé le ” Boléro de Ravel   ? – Ah je sais pas Jean-Pierre, j’hésite entre Amélie Mauresmo et Julio Iglesias… ». Moi c’est Alfred, soit, mais Alfred Dugenou, capisci ? « Monsieur Dugenou, que diriez-vous etc etc... », ça d’accord, c’est correct.

Il me manque la chute, là… eh les gars, chez LaisSerFaiRe ou Bolche Rita, si vous avez une idée pour ma chute, mais po-li-ment, OK  ?

Tibert

(*) Au fait, si vous connaissez les abrutis qui s’obstinent à m’envoyer ces lamentables pseudo-cochonneries, soyez assez aimable pour leur signaler qu’ils peuvent arrêter de s’époumoner à flûter, c’est sans espoir ; on y gagnera tous.

Sans bâche et sans crainte

Il y a un salon musulman à Pontoise en ce moment. Rassemblement confessionnel, tout ça, pas de problème, chacun est libre. Cette année c’est  le “salon de la femme musulmane”, et les thèmes abordés, outre la cuisine hallal, c’est assez clairement la place ancillaire, subalterne, effacée des femmes pratiquant cette religion. Pas pour en débattre, non : pour appuyer, justifier, exalter ce rôle de dépendance vis à vis des hommes. Et, c’est clair aussi, ça pose problème ; la République française ne peut pas s’accommoder de ce modèle : l’égalité des droits et des devoirs – n’oublions pas les devoirs – de tous les citoyens (et donc des citoyennes, c’est le genre humain, pas que les mâles)  est inscrite dans la constitution. Il y  a comme un hiatus gênant…

Mais voilà, les Femen,  ces Femen dont je pensais qu’elles se cantonnaient à faire ch… l’Eglise Catholique (c’est assez peinard), le FN (c’est moins peinard) et  quelques machos, les Femen, donc, sont allées se manifester à leur façon dépoitraillée sur la scène de ce salon. Deux nénettes ont fait irruption, peintes de slogans pertinents, réjouissants, et en français ! (ah enfin, c’était presque toujours en anglais, leurs dazibaos de poitrine). Sur cette scène, deux imams traitaient à ce moment-là – c’est “Le Monde” qui le rapporte, je ne fabule pas – de savoir s’il était licite ou non de battre sa femme ( gageons qu’ils étaient d’accord pour condamner fermement toute violence mâle, ça va de soi n’est-ce pas, la loi française est assez claire sur ce point).

J’ai visionné les vidéos des articles cités plus haut : visiblement on les a expulsées assez énergiquement, et elles devaient s’y attendre. Chapeau les filles.

Tibert

Pour le concours Lépine (de ch'val)

Ah vous la connaissiez, “de ch’val ?” désopilante, n’est-ce-pas ? c’est en fait une citation littéraire du regretté Boby Lapointe. Lapointe, ça sonne Québecois, ça, comme les Béliveau et les Tremblay, et justement je me suis laissé dire que l’argot québecois, le “joual“, vient de la déformation progressive de cheval en ch’val en choual en joual. C’était notre page philologie. Il semble donc qu’il y ait, outre des orignaux, des chevaux là-bas dans la Belle-Province.

Mais deux choses d’abord :

  • Premio la Reine Elisabeth II a battu hier soir à 21 h 47 le record mondial de la plus durable reine des Grands-Bretons. Durabilité que nous saluons comme il se doit, bravo Elisabeth II, continuez comme ça, et pendant ce temps-là Charles attend (*).
  • Deuxiémo mon blog a été “hacké” – j’ai horreur des anglicismes inutiles – bref des intrus ont déposé une grosse crotte en rosbif sur ce blog soigneusement tenu. Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai empoigné la serpillière et la Javel, on a remis de l’ordre et serré les boulons. Non mais !

Mais que je vous dise : quand on farfouille dans le frigo pour y prendre le reste de spaghetti (**) bolognaise de l’avant-veille pour les passer au micro-ondes pour le repas du soir, ils sont toujours au fin fond de la clayette du bas, derrière le camembert en plâtre et les yaourts, eux-mêmes occultés par le sachet de salade frisée. Idem pour tout ce qu’on cherche : les trucs qu’on cherche sont toujours au fond. Alors deux solutions :

  • Passer derrière le frigo et ouvrir le hayon arrière : on a accès aux spaghetti sans problème. Vous me direz : le frigo est contre le mur, et puis y a pas de porte arrière. C’est exact.
  • Ou alors faire comme les pharmaciens : le Zorflumil, juste derrière le Yumilax et le Xapovil, ils le trouvent sans problème au fond d’un loooong tiroir sur roulettes, et sans effort apparent. Un peu comme les cadavres à la morgue, c’est des tiroirs qu’on tire – un tiroir : on tire, forcément – et y a un petit chariot à roulettes qui se déploie dessous. Le cadavre sort ainsi entièrement, facilement, c’est agréable.

Donc pourquoi les clayettes du frigo ne sont-elles pas sur roulettes ? voilà, je vous ai posé la question.

Tibert

(*) Vous la connaissiez, celle-là ?

(**) Uno spaghetto, due spaghetti, sans S. Pas très copieux, mais correct.

Quid d'un musée de l'affreuseté

Je sais, affreuseté ça ne s’utilise pas à tous les coins de rue et d’ailleurs cet imbécile de Correcteur Orthographique de mes deux me somme – soulignant le mot d’un friselis rouge accusateur – de rectifier le tir. Va te faire voir eh pauvre Correcteur, affreuseté ça fonctionne : c’est le caractère de ce qui est affreux.

Que je vous dise : visitant Vichy avec des amis étrangers, nous nous arrêtâmes face à l’ex-Hôtel du Parc – devenu un immeuble d’habitation – devant lequel a été érigée une stèle de marbre noir en mémoire des méfaits de l’Etat Français dans la déportation des Juifs. Hors cette plaque, rien ne vient rappeler ce que fut l’Hôtel du Parc dans la période 40-44, Pétain-Laval-Darnand e tutti quanti. Et mes amis visiteurs, qui connaissent assez bien cette période des HPSNH, de me dire : y a t-il un Musée de la Collaboration ? Ben non, je ne crois pas.

Il y a bien à Phnom-Penh un musée de l’horreur Pol-Potiennne, il y a des Musées de l’Holocauste, un musée de l’esclavage, des musées consacrés à diverses abominations de l’Histoire… mais pas de musée de la Collaboration. Il y a eu récemment et temporairement, et vice-versa, une exposition à Paris (forcément à Paris) aux Archives Nationales sur la Collaboration de 1940 à 45, et c’est fini, clos, plié.

Vous me direz, il y a des Musées de la Résistance un peu partout. Et traitant de Résistance on y aborde aussi la collaboration, non ? sinon c’est un peu borgne, comme vision… certes. Justement, c’est un peu borgne, la seule Résistance, ou unijambiste, voire les deux. Il y a aussi la collaboration – et entre les deux, les Français qui soupirent et attendent que ça aille mieux. La collaboration c’est un sujet qu’on doit pouvoir aborder maintenant, sans crainte de remuer la gadouille glauque, les choses sont assez tassées, les belligérants de l’époque disparus ou apaisés.

Ils ont raison, mes amis étrangers mais avisés : on devrait monter un vrai musée consacré à la collaboration. En commençant par en montrer les racines, de l’anti-bolchévisme à l’anti-sémitisme et à la chimère paneuropéenne en passant par l’anti-Anglo-Saxonisme. Evidemment ce ne serait pas un musée de Bisounours, certes non, et il y aurait de rudes réalités à exhumer. Mais par ces temps de battage de coulpe comminatoire, d’injonctions à la repentance occidentale, aiguë et unilatérale, ça ne détonnerait pas, je pense.

Tibert

2 x 3 x 3 x 37

Trente-sept étant un nombre premier je n’irai pas plus loin. Donc, 2 x 3 x 3 x 37 = 666, vous aviez bien calculé. Il se trouve, je n’invente  rien, qu’une pauvre mère ayant enterré sa fille tout juste jeune adulte, dut suivre, éplorée, un corbillard de la région niçoise dont l’immatriculation comportait les trois chiffres “666”. Et ce fut un choc pour elle, fervente croyante. Car Saint-Jean, le plus allumé des évangélistes, celui qui forçait un peu sur le joint, dans son “apocalypse” verset 13-18 écrit ceci (en grec ancien !! ) : “Que celui qui a de l’intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d’un homme, c’est : six cent soixante-six”. Et toc ! Sauf que certains transcripteurs  ont écrit 616. Mais bon…

Je me suis beaucoup amusé à la lecture de la page Wiki consacrée au Nombre de la Bébête. Tenez, 666 c’est aussi entre autres tentatives d’interprétations, MAOMETIS = 40 + 1 + 70 + 40 + 5 + 300 + 10 + 200, en donnant à chaque lettre d’un alphabet (que je ne pratique pas) un poids et en additionnant (pourquoi toujours additionner ? pourquoi pas utiliser le logarithme décimal ou le reste de la division entière par 5 ? ). Je gage que vous vous en divertirez aussi, estimée lectrice, ami lecteur.

En attendant, de même que les anciennes immatriculations [ 999 PPP 99 ] évitaient les “422 CON 75” ou les “718 CUL 69” il semblerait sage que dans les préfectures on neutralise, non la Bête, c’est hélas impossible, la Bête est en nous, mes frères, repentons-nous et frappons notre coulpe car la fin est proche (*), mais son nombre – a fortiori pour un corbillard ! Boycottons 666, et tiens, dans le doute, 616 aussi, on ne sait jamais. Et 999 : à l’envers, tiens donc. Et puis tous les détails. Le Diable est dans le détail.

Tibert

(*) à vrai dire, la fin n’a jamais été aussi proche. Et depuis que j’ai écrit ça, encore plus proche.

PS : je n’y résiste pas : la peur du nombre 666, ça s’appelle hexakosioihexekontahexaphobie. A vos souhaits !

HPSNH comme mantra

Ce matin tôt je lis la presse en-ligne , et je tombe sur une grosse colère du Grand-Premier-Secrétaire-en-Chef du PS, le sénateur Cambadélis, “Camba” pour les happy few qui lui tapent sur le ventre. “Camba” vitupère le Secrétaire d’Etat Alain Vidalies, lequel préfère, face à la menace islamisto-terroriste, des contrôles de sécurité aléatoires plus nombreux et efficaces, quitte à ce que ça soit “à la gueule du client” – comprenez : on va tout droit vers le délit de sale gueule, ça craint. Et c’est là que ressort l’incantation : les Heures les Plus Sombres de Notre Histoire. Aïe aïe aïe ! c’est quoi, les HPSNH, label déposé pour l’horreur absolue ?

– La révocation de l’Edit de Nantes ? Très grosse ânerie, des conséquences terribles. Les Français contre les Français. Les guerres de religion, déjà.

– La guerre de cent ans. Cent ans de tueries, ça le fait, non ?

– L’occupation de la France par les Grands-Bretons, avant que Jeanne la Pucelle ne les jette.

– La révolution de 1789, la Terreur. Affreux. Les  guerres de Vendée… terrible.

– La guerre de 1870, la déculottée, la perte de l’Alsace-Lorraine, Bazaine en déconfiture, la subséquente Commune de Paris, on bouffe des rats, on fusille à tours de bras et à la Villette, Adolphe Thiers le boucher… pas mal, non ?

– la guerre de 14-18, 1,5 million(s) de jeunes mâles français tués, des multitudes d’estropiés, mutilés, gazés, de gueules cassées, de veuves éplorées. THE boucherie. Comme heures sombres, alors là…

– meuh non vous l’avez compris, les HPSNH c’est forcément, pour nos chères Bonnes Ames, 39-45 ; 39-45 y a que ça de valable. Des heures qui ont duré environ 5 ans, soit dit en passant. La collaboration, le national-socialisme à l’oeuvre, les convois d’extermination vers la Prusse-Orientale ou la Haute-Silésie, les tickets de rationnement, les patrouilles Schleu dans nos rues paisibles… c’est vrai que ce fut affreux. Elles sont là, nos HPSNH (le reste c’est du pipi de chat, ou il faisait plus clair, c’est clair). Et surtout, et surtout, ce fut, et c’est là l’horreur suprême, l’émanation et la concrétisation des plus pires des idées : des idées d’extrême-droite, auprès desquelles les délires paranos et inhumains de Pol-Pot et de Staline, les fatwas condamnant tous les “infidèles” à se convertir, se soumettre ou mourir sont des gamineries. Comme quoi il y a des degrés dans l’horreur et la sombritude.

Moi je m’inscris en faux contre cette conception : 39-45 après la déculottée initiale de Mai 40, c’est la Résistance, c’est Radio-Londres, De Gaulle qui se rebelle, le CNR, Jean Moulin et Manouchian, ce sont les Français qui ont refusé de se résigner, ceux qui ont abrité et caché des Juifs, ceux qui ont espéré revoir leur pays libre, et il y en a même qui ont agi pour ça.

Tibert