Jour de deuil culturel

Affligé, je suis. Pensez, Amir n’a fait que sixième au concours Eurovision. Caramba, encore raté ! pourtant il avait, au milieu d’un superbe texte en français, inclus un refrain en rosbif – peine perdue. Tenez, ce refrain, entrainant et tout et tout, avec sa traduction :

You-ou-ou-ou-ou ( toiiiiiiiiiiiiii)
You’re the one that’s making me strong (C’est toi qui me rends fort)
I’ll be looking, looking for (Je vais chercher, chercher)
You-ou-ou-ou-ou (toiiiiiiiiii)
Like the melody of my song (Comme la mélodie de ma chanson)

Beau, non ? tout ça en pure perte… quelle déconvenue. Vraiment, la culture française est en deuil.

E puis, à Verdun – “Verdun est une fête“, auraient pu écrire Roland Dorgelès, ou Romain Rolland, ou Ferdinand Céline s’ils avaient eu de l’humour- on devait commémorer les innombrables morts et la boucherie 14-18 par un concert de Rap ! le Rap c’est festif, la jeunesse adore, et puis la jeunesse n’a rien à apprendre de Verdun, elle s’en tape de Verdun du moment qu’il y a du Rap gratoche. La grosse vedette du concert, Black-M, ce n’est pas le maire de Verdun qui l’a choisie, il nie vigoureusement en être responsable, tenez, “« Cette proposition a été faite à la ville de Verdun. Ce n’est pas l’Elysée ou un ministre qui a lancé l’idée, mais ça vient de l’Etat. Puis la décision a été prise collégialement dans le comité interministériel Verdun 2016 en avril, avec la Mission du centenaire, l’Etat, le département et les collectivités. ». Donc ça vient de là-haut, ce judicieux choix.

Et c’est de là-haut que ça rouspète et vitupère, maintenant que le concert de Black-M est annulé, vu que Verdun, finalement non, c’est évident, ce n’est  pas encore la fête de la Musique, pas la même ambiance… la ministre de la Culture, le grand-chef Cambadélis, madame Taubira, monsieur Lang, monsieur Hamon… tous furieux : “un ordre moral nauséabond et décomplexé“. Pourtant, au delà de la polémique sur Black-M et ses textes controversés, un concert de Rap  à Verdun, je vais vous dire, c’est une vraie grosse faute de goût, c’est très très putassier (“la jeunesse aime ça !”), c’est chanter “Viens Poupoule” au milieu d’un enterrement, c’est un gros prout sonore et nauséabond au milieu de la Mort de Didon, de Purcell (*).

Bref des deux côtés on se bouche le nez.

Tibert

(*) je sais, je me répète, je l’ai déjà citée, la Mort de Didon, mais c’est tellement beau !

 

Baptême et mayonnaise

Le pape (François, celui en exercice) ” se serait dit favorable à la création d’une commission chargée d’étudier l’ouverture aux femmes de la fonction de diacre“, selon Le Figaro. On n’aura pas la cruauté de rappeler ici le dicton fameux “quand on veut enterrer un projet, on crée une commission”. Supposons donc que ladite commission soit créée, qu’elle rende un avis favorable, que cet avis soit entériné, qu’on lance l’embauche de femmes pour faire diacre… des diaconesses, donc. Attention pas pour dire la messe ! que pour des tâches certes nobles mais subalternes, baptêmes, bénédictions, prêches… pour dire la messe il faudrait toujours du poil au menton et des chromosomes XY avec tout ce qui va bien, sinon ça vaut pas. Pourquoi ? parce que.

En somme la religion catholique se montrerait enfin un peu moins débile que jusqu’à présent, rejoindrait quelque peu les Protestants, qui en principe ont le même Dieu, ou à peu près, et considèrent les femmes comme tout à fait cap’ de faire le job et de conduire les cérémonies. Notez aussi qu’il y a des religions encore plus à la ramasse que le catholicisme,  qui imposent aux femmes de planquer leurs cheveux – foulards, perruques… –  et dans les lieux de  culte les parquent à l’écart des hommes, au fond près de la sortie, ou au promenoir, bref dans un coin.

Allez François encore un peu d’efforts, elles ne sont pas si nulles que ça. Certains jours, certes, avant la ménopause,  on leur déconseille la mayonnaise, elles la loupent ; mais à part ça elles fonctionnent pas mal du tout, je ne vois pas pourquoi Dieu serait contre, ou alors il faudrait qu’il explique.

Juste une remarque : féminiser les métiers ça se fait beaucoup, soit, mais alors trouvez autre chose que diaconesse : en France ça craint un peu. Un diacre, une diacre, ça le fait bien ; une diacresse, à la rigueur, mais pas plus.

Tibert

Quand ça peut potentiellement pouvoir

Non je ne vous causerai pas du 49.3, ni de l’union de la carpe Les-Républicains et du lapin PS-Frondeurs pour tenter de renverser ce gouvernement. On nous joue là “retenez-moi ou je fais un malheur“, c’est un scénario usé.

Non je ne vous entretiendrai pas non plus des accusations quelque peu tardives de harcèlement sexuel concernant monsieur D. Baupin, la Justice fera son boulot. Au fait, j’ignorais qu’il était jusqu’ici vice-président de l’Assemblée Nationale…  comment peut-on confier une telle responsabilité à un type qui fut, à la mairie de Paris, responsable du recalibrage dément et du sabotage du boulevard saint-Marcel ?

Mais je lis cette histoire délicieuse  – et délictueuse ? – dans “Le Parigot” : un ordinateur et un disque dur externe avaient disparu après la catastrophe ferroviaire de Brétigny en juillet 2013. Plainte fut déposée tardivement pour vol, un mois après le supposé vol… et tout ce matériel fut retrouvé en octobre de la même année, dans un local infréquenté. Fait bizarre, le disque externe était vierge de tout fichier, tandis que d’autres fichiers sur l’ordinateur avaient été effacés. Mais vous lirez tout ça sur l’article, c’est captivant.

Et alors, quel rapport avec la catastrophe de Brétigny ? l’ordinateur était en fait celui qu’utilisait, pour son travail, le responsable de la maintenance SNCF sur ce secteur… et si je vous cause de ça – qu’est-ce que vous allez chercher là !!  ce vol est bien évidemment sans aucun lien avec les éventuelles  lacunes de la maintenance ferroviaire – mais non, voyons, ce qui m’interpelle, c’est la formulation de l’article : “… l’histoire qui entoure ce matériel informatique, qui peut potentiellement contenir des informations importantes…“. Je sais, on fait ce qu’on peut.

Tibert

Pourquoi lui ?

C’est curieux, oui, pourquoi lui, puisqu’il fait comme les autres ? Il y a des bizarreries dans le traitement journalistique des petits arrangements et discrètes magouilles de la planète politicarde. Moi j’ai du mal à suivre… voilà :

Monsieur Huchon Jean-Paul, rocardien – ça existe, demandez à monsieur Valls, il y a même des trucs plus bizarres, des Aubrystes, des… –  a présentement septante ans, soixante-dix si vous y tenez ; il a donc bien mérité sa retraite, il va pouvoir tailler ses rosiers, cuisiner des lasagne et dorloter Bobonne ou ses petits-enfants. Remarquez, on ne l’a pas vu fêter ça avec un pot de départ et remercier les collègues pour la canne à pêche et le kit de barbecue : en fait il a été battu par madame Pécresse aux dernières élections régionales en Ile-de-France : dur dur, mais c’était l’occasion de raccrocher les gants de boxe.

Pas du tout, et comme d’innombrables politiciens chenus, le voilà qui se cramponne, et il est pressenti, à 70 piges, pour présider une des innombrables agences gouvernementales qui permettent de pantoufler peinard sans trop se casser le baigneur. Cette agence-là se nomme ARAFER, ça cause de ferroviaire… ça ou autre chose… ça paye bien, le poste est affecté pour 6 ans, ça le mènera à 76 balais avec un salaire permettant de faire des lasagne à la truffe blanche.

(Parenthèse : si vous voulez une agence gouvernementale, je vous en crée une tout de suite, suffit de trouver le titre, aucun problème. Pour recaser utilement monsieur Chérèque, ex-manitou de la CFDT (il est jeune, lui, il a juste soixante ans) on a imaginé le HCEC : “Haut-Commissariat à l’Engagement Civique”. Joli titre, non ? Tenez, pour vous faire voir comme c’est facile, je vous fais la HASRPRID : la Haute Autorité pour la Suppression des Rond-Points Ruineux Inutiles et Dangereux. Reste à y mettre un politicien chenu… j’y verrais bien le sénateur-maire de Marseille, tiens, quand il aura enfin quitté son poste.)

Mais bon… je reviens à mon propos : ça ne plaît pas du tout du tout aux divers journaux que je consulte, la future affectation de monsieur Huchon. Autant pour d’autres, Fabius, Lang, Jospin, et il y en a plein – creusez  du côté du Conseil Constitutionnel par exemple – c’était sans faire de vagues, autant pour monsieur Huchon ça ne passe pas. Tenez, l’article du Parigot, hostile. Tenez, Le Monde, caustique, agressif. Tenez, le Figarôts, idem. Et Mediapart, et d’autres. Tous d’accord : là-haut au Château on bichonne louchement Huchon que ç’en est indécent…

Oui c’est indécent, effectivement, et si monsieur Huchon est un homme bien,  – 1) il cède la place de chef de l’ARAFER à un jeune, ça recasera un chômeur – 2) il peut encore être utile ? bravo, personne ne le conteste, et il existe des milliers d’associations pour s’éclater utilement dans le bénévolat – 3) je ne suis pas inquiet pour sa pension de retraite.

Mais reste la question : pourquoi tant de haine ? les autres, là, ça glissait tout seul, bien lisse, pas de vagues…

Tibert

PS : j’y pense, il est rocardien tendance Valls… un vieux règlement de comptes Hollando-Vallsien ? va savoir…

1- Ras le culte, et 2 – Allo, le dialogue social ?

  1. Je voulais écrire un billet sur le marre de la bondieuserie à la radio et à la télé – France-Culture et FR2 – le dimanche et, tiens donc, le jeudi de l’Ascension. Jeudi de l’Ascension : culte musulman sur Cu-culture, et allez donc ! En fait, soyons raisonnables, il en faut pour tous les goûts, soit, et que les pieux de toutes obédiences puissent se régaler de temps en temps, bon… mais alors je pose une revendication forte, simple, claire, évidente : il faut aussi un créneau pour les athées ! Quand on nous rebat les oreilles d’Allah comme il est grand, comme Dieu est amour, comme Le Talmud par ci et la Torah par là… et la Mer Rouge qui s’ouvre, et le couteau d’Abraham, et l’ange qui descend en vol plané…et les anti-calottes, eux ? pourquoi ne leur laisse-t-on pas un créneau pour expliquer aux dévôts la niaiserie, l’absurdité des fariboles qu’on leur serine et qu’ils psalmodient ?

Allez, c’est dit, un créneau “athéisme militant” le dimanche matin. Y a pas de raison. Si, en fait, y en a une : on est dans un état laïc, zut quoi.

2) Je lis que la CGT-Energie sabote, dans la Haute-Loire. Les clients de Bouygues et SFR du coin ont eu la désagréable surprise d’être privés d’internet et de téléphone mobile pendant 9 heures… des militants syndicalistes avaient sectionné des câbles (pas ceux d’Orange, eh eh !), en désespoir de cause, disent-ils, tant le dialogue social est pas bon en ce moment, disent-ils. Le “dialogue social”, c’est-à-dire l’exclusivité des syndicats (6% des salariés) pour représenter les 94 % de non syndiqués et discuter des lois sur le travail. le chef local de la CGT ne condamne ni n’approuve. Ponce-Pilate n’aurait pas fait mieux.

C’est du sabotage ? c’est du sabotage. D’ici peu la CGT va nous rejouer “la bataille du rail”, comme en 44. On est mal barrés… quand j’évoquais “la sueur, le sang et les larmes” à propos des efforts pour décoincer ce pays, je faisais en fait dans la litote.

Tibert

Pour rester Normal

(Note liminaire : hier je lisais qu’à Nantes un policier a reçu un coup de barre de fer sur la tête, et, je cite l’entrefilet : “des individus auraient enlevé le casque d’un commandant de police et l’auraient jeté à terre pour le frapper à coups de barre de fer“. Moi je sais pas, mais dans un état normal ça s’appelle tentative d’homicide volontaire, non ? et  on engagerait des poursuites, non ? … ah… on me fait signe en régie, non non, c’est normal. Ah bon, c’est normal.)

Mais passons, je voulais vous parler de la Normalité satisfaite : i l paraît, nous dit-on, il paraît que la France va mieux. Aaahh, ça va mieux. C’est Normal qui le dit, notez. Il est aisé, d’ailleurs, de deviner par quelle grâce nous allons mieux : c’est de son fait, c’est par son action résolue, lucide et tout et tout. Rien n’indique qu’il compte en tirer quelque profit personnel, c’est en toute modestie. Pensez-vous qu’il songe, Normal, à repiquer au truc dans un an  ? allons, qu’est-ce qui vous fait penser ça ?

Le point d’indice des fonctionnaires repart à la hausse : c’est une coïncidence.

Les professeurs des écoles (le primaire) : ils vont toucher une super prime. Coïncidence, vous dis-je.

La moitié des ménages ne paye pas d’impôts (par contre, les autres, ça douille un max) : eh bien on va encore baisser les impôts pour la moitié qui n’en paye déjà pas. C’est fortuit, évidemment.

C’est une pluie de coïncidences heureuses, la France va décidément mieux. Et qu’est-ce que le Père-Noël, pardon, Normal va encore nous apporter dans sa grande hotte ?  j’entends d’ici les retraités faire de grands gestes des bras, et nous et nous,  ça fait trois ans, on a eu environ 1 euro cinquante en trois ans. Ah oui, Père-Normal, n’oubliez pas les petits souliers des retraités, pour qu’ils votent comme y faut. Un petit coup de pouce aux pensions de vieillesse, et des tournées de poignées de mains dans les maisons de retraite, oubliez pas d’aller voter, madame Machut : le truc Normal, quoi.

Tibert

Corbeil : les fruits de la confusion

Je sais, le titre fait un peu journaleux, tant pis. Si je trouve mieux d’ici la fin de mon billet, promis, je change ce titre.

Le Parigot nous dés-informe sur un conflit à Corbeil dans l’Essone : le Conseil Municipal y a voté hier, malgré les protestations de nombreux parents d’élèves venus assister aux délibérations, l’attribution de la pleine gestion des cantoches de la ville au groupe de restauration Sodexho, qui si j’ai bien compris, avait déjà auparavant la charge de fournir les repas, mais se voit ainsi habilité à gérer les restaurants scolaires de A à Z, dans le cadre de ce qu’on nomme une “délégation de service public“. On passera sur la possible manoeuvre de l’équipe dirigeante de la mairie (tendance LR), qui aurait tenté de décourager les “manifestants” en abordant le vote de cette question en toute fin de séance, plutôt tard donc…  mais la véhémence des parents d’élèves explique peut-être cela, je ne sais. L’essentiel est ailleurs.

Le Parigot titre en effet : “Les parents ne digèrent pas la privatisation de la cantine“. De fait, les témoignages rapportés accusent la mauvaise bouffe, ou en quantité insuffisante, ou les deux : “cela fait quatre ans que nos enfants se plaignent, nous disent que ce n’est pas bon, qu’ils ont faim en sortant de table...”. La Sodexho était donc clairement critiquée pour la qualité de sa prestation , mais la mairie en était-elle consciente ?

Et voilà l’article du Parigot : la privatisation de la cantine est ici montrée du doigt, “les parents ne digèrent pas la privatisation gnagnagna...”.  C’est encore ici en filigrane l’équation idiote “Service public = fonctionnaires”. Pense-t-on que l’embauche de fonctionnaires territoriaux pour faire tourner les restaurants scolaires va garantir une bonne bouffe abondante ? mon oeil ! Il y a plein de contre-exemples. Dans cette affaire, il y a trois conclusions à tirer :

1) il y a, à la mairie de Corbeil, un type (ou une nana) chargé(e) de  contrôler la qualité des repas fournis par Sodexho, et qui ne fait pas son boulot. Il y a un cahier des charges ? il doit être respecté, si la prestation n’est pas correcte elle doit être dénoncée. Ou alors le cahier des charges est mal fait – ça arrive….

2) Sodexho, si vraiment la bouffe est mauvaise depuis 4 ans, est effectivement mal placée pour emporter cette délégation de service public ; ou alors la mairie a serré les boulons pour ce nouveau contrat ? ou alors il y a du copinage ? va savoir.

3) Embaucher, embaucher des fonctionnaires territoriaux, c’est simple, ça marche du feu de dieu, ça permet de “piloter à vue”, et c’est la solution de facilité. Les impôts locaux vous coûtent un bras, vous avez sur les bras, justement, des employés à   faire fonctionner utilement et au mieux – où à faire des batailles navales sur leurs ordinateurs, quand ils ne sont pas à prendre leurs congés de maladie. La délégation d’un service public au secteur privé, ce n’est pas l’abandon de ce service public, ce n’est pas de la “privatisation” : c’est juste – quand c’est fait sérieusement, rigoureusement – de la meilleure gestion.

Et on en reparlera, de la fonction régalienne de la gestion des cantines scolaires.

Tibert

Il jouait du violoncelle debout…

… et pour moi ça veut dire beaucoup, parce que c’est tout sauf facile. Ou alors en étirant démesurément la “pique” de l’instrument ? ça manque de stabilité, ça va osciller, bonjour les couacs ! Tenez, pour l’ “intro” du dernier mouvement de la Neuvième, de Ludwig Van B., une tripotée de violoncelles joue à l’unisson l’amorce lente du thème, dans les tons très graves… vous voyez faire ça debout, vous ?

Bref je suppose – je n’y étais pas – qu’ au concert anniversaire du premier mois de Nuit debout, nombreux furent les musiciens amateurs ou pas qui se procurèrent une chaise, un tabouret, un cageot, pour pouvoir jouer potablement. Orchestre debout ? les piccolos les saxos les violons les percussions les choristes d’accord ; les gros calibres sûrement pas. Mais bon, c’était une belle initiative, même si le répertoire piquait résolument dans les “saucissons”, les morceaux archi-rebattus. On a gentiment épargné au public “Carmina Burana”, la “Petite musique de nuit” pourtant tout indiquée pour l’occasion, et le super-saucisson des saucissons, le  Boléro de Ravel, qui est désormais libre de droits, ayant atteint les 70 années de limite d’âge : la SACEM a fini de se faire des couilles en or avec le Boléro de Ravel.

C’est bien sympathique tout ça : quand les mouvements politisés se mettent à la musique, on est déjà un peu moins sectaire, doctrinal, suffisant, donneur de leçons – un peu moins con, en somme. La musique c’est difficile, ça enseigne la modestie, ça apprend à écouter les autres, à faire avec… parce que si l’on entonne “Viens Poupoule” en Si bémol majeur pendant qu’à côté on joue “Ne me quitte pas” en Ut mineur, ça donne un bel exemple de ce que donne la politique aujourd’hui : de la daube.  Vive donc l’Orchestre Debout, avec, soyons sympa, les violoncelles assis.

Tibert

PS : Ceci étant, j’avoue n’avoir rien compris à l’  “Etat d’urgence” et à ses subtiles modulations : les manifs, les rassemblements massifs – et leurs casseurs, of course, une manif sans casseurs c’est comme la Huitième de Schubert, ça a comme un goût d’inachevé –  c’est autorisé, pendant l’état d’urgence ? bizarre.

Mort aux autres !

Il est des enfonçages de portes ouvertes qui réjouissent, tout aussi réjouissants que…
Monsieur de La Palice est mort,
Est mort devant Pavie,
Une heure avant sa mort
Il était encore en vie.
Ici on nous présente un sondage renversant : pensez, les Français sont opposés à la suppression de l’ISF !!

Mais citez moi donc UN type qui, non soumis à un impôt, souhaiterait qu’on le supprimât pour les autres ?  altruisme admirable, improbable…

Détaillons : sur 36 millions de foyers fiscaux  – théoriques, la moitié ne payent rien – 300.000 payent l’ISF, soit 0,8 %.  C’est l’épaisseur du trait… peu de monde, en somme. Et, c’est humain, les 2/3 des autres veulent absolument qu’on le garde, cet impôt qui n’est pas pour eux. Enfin, surprise ééénorme, les jeunes sont les plus virulents ! Tenez,

  • les 25-34 ans : 73% (salauds de riches, moi qui bouffe des patates)
  • les 35-49 ans :  71% , à peine moins violents,
  • les 50-64 ans : 70%, et toujours pas de Rolex en vue
  • Les 65 ans et plus : 61% ; indulgence de l’âge, et l’on est beaucoup plus concernés.
  • Les jeunôts de 18-24 ans : 54% seulement. Quand je serai grand je serai riche !

On vit dans un pays de symboles, de grigris égalitaristes : on a incendié hier une Porsche à Nantes. Voiture de richards ; la bagnole est juste un tas de ferraille – techniquement très bien foutu, quand même – elle n’y est pour rien, mais elle est haïssable. Ce genre de geste de primate jaloux s’apparente à un pet sonore pendant l’air de la Mort de Didon, de Purcell ; ou, tenez, dans la même veine : “Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver“. Bouuuh les riches ! D’ailleurs Normal-Moi n’ “aime pas les riches” : cette phrase plus-démagogique-que-ça-tu-meurs aide entre autres à se faire élire (ré-élire, ça, on verra).

Avec l’ ISF, on pend ainsi symboliquement à la lanterne les aristos qui ont de la thune, plus de 1,3 Million d’euros, vous imaginez ? pour un ménage qui a bossé 40 ans et plus, 650.000 euros chacun de “fortune” dont en général 85 % dans leur(s) baraque(s) ? c’est un symbole fort que de les taxer, ces “riches”. C’est d’ailleurs pourquoi des ménages se décident à divorcer :  l’ISF  n’est pas pondéré par un quotient familial. Joseph + Roberte ont à eux deux 1,9 million ? ils payent. Joseph divorce de Roberte : à eux deux ils ont exactement autant de fric qu’avant – moins les honoraires d’avocats – mais ils ne payent plus, ils ne sont plus “riches”. Certes, ça crée d’autres problèmes…

Voilà : les Français veulent qu’on fasse payer les riches (*). L’article que j’ai cité plus haut énonce que la France est seule à faire ça, que c’est un impôt contre-productif, du genre se tirer une balle dans le pied ?  ils s’en foutent, c’est bien fait, d’autant plus qu’eux ils ne le payent pas ! Et puis seul un ménage sur deux paye l’impôt sur le revenu : ça aussi c’est un symbole fort de notre démocratie, de l’effort “citoyen”. TOUS les Français contribuent à l’effort national ; les uns pour raquer, les autres pour en profiter.

Tibert

(*) La bonne surprise, finalement, c’est qu’il reste un tiers de Français qui évidemment ne payent pas l’ISF mais ont la lucidité de constater l’imbécillité de cet impôt.

Qui a du Décoince-Tout ?

Relevant hier soir les inévitables “incidents” (en fait, guérilla urbaine bien structurée pour casser) qui ont accompagné les nouvelles et dernières manifs anti-Loi Travail, ayant constaté comment les photographes de presse  étaient à l’affût d’une bavure policière bien saignante à faire monter en mayonnaise, m’avisant que ladite bavure – pas du “bon” côté, c’est un policier qui a eu a droit à une fracture crânienne – n’a donné lieu à aucune montée en mayonnaise dans la presse…

… considérant le blocage “debout sur les freins” des syndicats contre ce projet de loi, je dois dire que là madame El-Khomri a dû lancer (sans le savoir ?) un pavé dans la mare-marmite-marigot  syndical. A entendre monsieur F.O., JC Mailly, remonté comme un coucou, c’est bien l’ordre établi, confortable et ronronnant, qui est menacé. Pensez, on pourrait faire valoir des accords entreprise par entreprise, quand de nos jours ce sont les “organisations professionnelles représentatives” (nos bons vieux syndicats bien installés dans leurs pantoufles et leurs 8 % de taux de syndicalisation, what else ? ) qui négocient les accords dits “de branches”.  La fin du monde… on n’aurait plus forcément besoin d’eux, ils seraient contournables !

Mais bon, ceci m’inspire une réflexion de fond : Quel que soit le gouvernement qui ose toucher ces points trèèèès chatouilleux, “avantages acquis”, statut des fonctionnaires, primat et rentes de situation des syndicats installés… ça déclenchera la guerre. On se rappelle monsieur Juppé “droit dans ses bottes” en 1995, et le  Grand-Chef moustachu CGT ironisait là-dessus hier, car ledit Juppé  a dû battre en retraite : les cheminots ont eu sa peau. Alors, les moulinets de bras des candidats aux présidentielles de 2017, les “je casse tout et je reconstruis“, les “il faut réformer ce pays“… j’entends d’ici Dalida, “Paroles, paroles, paroles...”.

C’est clair, par la gauche ou par la droite, en plus social ou en plus libéral – et par simple souci d’efficacité et pour que ce pays ne crève pas – il faut en finir avec cet archaïque système syndical, totalement sclérosé, vieux de 70 ans et qui nous tue. Mais ici si je dois citer quelqu’un, ce ne sera pas Dalida, mais plutôt Churchill – qui certes chantait moins bien : “de la sueur, du sang et des larmes“.

Tibert