On nous (loge)ment !

Ce n’est pas dans le cadre du feuilleton « Logement » que cet article paraît ; mais c’est un billet d’humeur, comme on dit, ça sort comme ça vient, et si c’est excessif, eh bien tant pis, on en sera quitte pour affronter les hordes de commentaires vindicatifs des lecteurs (et des lectrices itou).

La modernisation-mise aux normes des ascenseurs : tout d’abord, comment se fait-il qu’on tolère des immeubles sans ascenseurs, de nos jours ? De même qu’un ministère du logement devrait faire voter dare-dare une loi interdisant les plafonds sous 270 cm dans toute nouvelle construction collective, de même ledit ministère serait bien inspiré d’annoncer la démolition prochaine de tous les immeubles non dotés d’ascenseurs. Voilà qui assainirait le marché.

Et puis, les ascenseurs, parlons-en : il est des immeubles – parisiens, notamment – où l’étroitesse des cabines est telle qu’on ne peut s’y tenir à deux qu’embrassés, ou bite-à-cul, excusez l’expression. C’est sympa si vous tentez de séduire votre voisin(e)  d’ascension, mais si c’est le vieux du 5ème qui pue du bec… des ascenseurs pour limandes-soles, ou pour anorexiques, en somme.

Quant au marché super-juteux de cette mise aux normes d’ascenseurs, il se porte bien, merci, les syndics d’immeubles comptent leurs bénèfs avec jubilation, et les ascensoristes font des affaires. « Pour notre sécurité », ça raque sec dans les copropriétés. Si l’on fait le parallèle avec la route, où en gros, bon jour-mal jour il meurt environ une douzaine de personnes, l’ascenseur est super-super sûr, vu qu’il en meurt environ trois fois moins… par an ! Il est de notoriéré publique que les seuls ascenseurs dangereux sont ceux qui sont vandalisés.

Il serait d’ailleurs intéressant que nos modernes philosophes à chemise blanche et col ouvert sans cravate ouvrent le débat sur le supposé besoin de sécurité. Les Socialistes au pouvoir avaient, en leur temps, inventé le brillant concept de « sentiment d’insécurité« . La petite mémé qui se fait arracher son sac à mains par deux courageux « djeunes » sur scooter trafiqué ressent un « sentiment d’insécurité », de même que les pompiers appelés pour un feu de poubelles et caillassés depuis le haut des immeubles. La Chiraquie, et la Sarkozie dans la foulée, ont rapidement vu tout le parti qu’on pouvait tirer de ce concept, non en améliorant la sécurité… des personnes et des biens, besoin pourtant élémentaire et primordial, mais en améliorant les normes de sécurité (des bagnoles, des ascenseurs, des huisseries, des canalisations d’eau, des câblages électriques, des émanations d’amiante, de gaz de ville ou de radon… sans oublier le sentiment d’insécurité lié aux termites qui boulottent tout en silence et dans l’obscurité. Et vous savez quoi ? l’amélioration des normes de sécurité, ça rapporte ! pas en termes de diminution du sentiment d’insécurité, non, en termes de picaillons.

Bref cette époque soi-disant soucieuse de sécurité – oh combien ! me semble surtout soucieuse de faire des affaires. Quel est le prochain diagnostic obligatoire que l’on va nous infliger ? au lieu de raser les tas d’immeubles insalubres, mal foutus, branlants que le 19ème siècle nous a légués – et n’oublions pas ceux de la glorieuse époque des cages à lapins des années 60-70 – on préfère nous obliger à énumérer dans le cadre de diagnostics à rallonge les défectuosités de ces cauchemars d’architectes. Tenez, il manque le diagnostic du bruit, celui de la hauteur sous plafond (j’y tiens), celui du grincement des parquets, et je dois en oublier.

Pour finir, une anecdote… on sait que le marché parisien – pas que lui, d’ailleurs – est hyper-tendu, que les agences immobilières se crêpent le chignon pour arriver à toucher leurs petits 5-6 % sur des biens à plusieurs centaines de milliers d’Euros toujours aussi rares. Il est fréquent que des tas d’agences se disputent un même lot. Et vous savez quoi ? pour « plomber » la concurrence, certains négociateurs – c’est comme ça qu’on dit – sèment de ci de là des seringues apparemment usagées au fil des cages d’escalier. Ca fait tout de suite bonne impression lors des visites suivantes ! évidemment, ça ne marche pas du côté des Invalides ou de la rue de Varennes, mais aux Buttes-Chaumont, place des Fêtes, ça le fait. Sympa, non ?

Tibert

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *