Théoriser la lâcheté

Je cite cette magnifique déclaration en bois massif – c’est « texto », je n’ai rien enlevé, rien ajouté :

« Dans le cadre de la refondation, il y a un certain nombre de leviers qui doivent être activés« .

C’était à quel sujet ? ah oui, que je vous dise : le ministre de l’Educ’Nat’, monsieur Hamon, Benoît, la caution « PS de gauche » à l’aile de gauche du même parti (savant dosage…)  songe sérieusement à ne plus stigmatiser. Stop à la stigmatisation des élèves en difficulté, s’écrie-t-il, supprimons les notes-sanctions, vive les appréciations encourageantes, positives, du genre « vous êtes très très mauvais MAIS moins mauvais qu’avant, c’était plus pire, continuez ».

Donc il est question de ne plus noter ; ça les traumatise, les notes – surtout les mauvaises -, nos chères petites têtes blondes pendant qu’ils / elles jouent avec leur smartphone à s’envoyer des textos au fond de la classe pendant que le prof’ soliloque dans son coin.

Et dans une fort intéressante émission sur Europe 1 ce jour, donc, on discutait sur le bien-fondé de cette initiative ministérielle PS-de-gauche. Nous avions droit, pour ce débat, à un syndicaliste – probablement au PS, tendance Hamon – qui nous a sorti la délicieuse phrase que je vous ai citée. Et nous avons entendu en réaction – réaction donc réactionnaire, bien entendu – des « on ne leur apprend plus rien« , « j’ai eu des notes, des mauvaises, et ça ne m’a pas traumatisé« , « la note n’est pas tout, les commentaires du prof’ ne sont pas là pour les chiens« , etc : que des récalcitrants au mirifique projet du ministre.

Que je vous dise : moi non plus je n’ai pas collectionné que des bonnes notes. J’ai connu des échecs sanglants. Je m’en suis remis, je me suis reconstruit, les épreuves m’ont rendu plus fort. A laisser péter dans la nonchalance et le déni de l’effort, on ne montre que sa lâcheté. Qu’il convient toutefois d’habiller d’un poil de discours pédagogico-sociétal, ça passe mieux.

Tibert