Pour notre sécurité

Il y avait des rituels : la messe de minuit, le bouquet de la fête des mères, le rameau du dimanche éponyme, le bal du 14 juillet, le 8 décembre à Lyon…

Il y a des rituels : toute mort d’un “jeune” autre que de vieillesse est ponctuée de commerces et voitures incendiés, de policiers caillassés, de marches silencieuses ; tout 14 juillet, Saint-Sylvestre… est salué par des feux (de joie ? ) de bagnoles ; tout match de foot est scandé de slogans haineux, voire racistes ; tout G8, G10, G14, Gxx est accompagné de manif’s violentes et cagoulées anti G8, G10, G14, GXX…

Arrêtons donc tous ces rites stupides et propices aux débordements, exactions, violences. Certains ont déjà montré la voie, supprimant toute référence au Christ à Noël pour ne pas fâcher les musulmans ; soyons plus hardis, soyons radicaux : supprimons toute fête, commémoration, anniversaire, qui puisse faire broncher un cil à nos chères jeunes populations des cités.

Le Monde-sur-Toile de ce soir titre ainsi : “Dans les quartiers sensibles, le 14 juillet est le théâtre d’un rituel violent et ludique” : vous voyez bien, c’est exactement ce que je dis. La solution est simple, efficace, dure mais propre et sans bavure (c’est le cas de le dire !) : supprimons le 14 juillet ! Dans les avions, il n’y a pas de rangée de sièges numéro 13, et ça ne défrise personne ! Dans le même esprit, passons du 13 au 15 juillet, rattrapons ça habilement par un 31 septembre, par exemple, où nulle commémoration ne viendra troubler l’ordre public, et pour cause !

Elle est pas bonne, mon idée ? toutes ces bagnoles épargnées, tous ces petits commerçants qui dormiront tranquilles, tous ces commissariats paisibles… bon, les fabricants de feux d’artifesse vont faire la gueule, mais les feux d’artifesse, c’est quasi rien dans le PIB, c’est accessoire, c’est l’écume, le superflu… la paix sociale, ça se mérite.

Tibert

Botanique et citoyenneté

Clin d’oeil à l’impertinent livre de monsieur François Vermorel : “La ferme aux professeurs – journal d’un stagiaire”, le titre qui surplombe dangereusement mon texte – il faudrait étayer ça – ce titre traite, le traître, de la canneberge, une fois.

Qu’est-ce qu’il vient nous faire ch… avec ses plantes et simples ? vous dites-vous… il n’a pas d’autres sujets à traiter ? tiens, cette superbe photo du socialisme à la française , cette hilarante brochette de croque-morts, notables, députés-maires (cumuleurs de mandats électifs) socialistes coincés dans leur beau costume, et dont on suppose qu’ils assistent à un enterrement ? Dany le Vert et Olivier le postier trotsko ont des allures un peu moins coincées !

Ben non, botanique et citoyenneté, quasi un sujet de stage en IUFM : la canneberge, dis-je, alias atoca au Canada, “grande airelle rouge d’Amérique”, s’appelle aussi chez les Rosbifs cranberry. “Cran”, qui veut dire grue, et “berry” , la baie,  comme toutes les “berries”… presque toutes les baies, sauf le cassis et la baie des anges, se nomment en effet “berry” pour les anglophones.

Hier je faisais mes courses : je lis sur un emballage de jus de fruits “Nectar de cranberry et mûres”… ah… voyons voir, voyons voir… un emballage Gaulois, fabriqué en France, mais “cranberry” !  et pourquoi pas canneberge ? vous buvez du vin-blanc-blackcurrant, vous, quand vous vous enfilez un kir ?

Lisant des articles sur la Toile et sur la canneberge, je suis tombé sur Wikipedia, évidemment, incontournable Wikipedia… il y est dit  ceci : “En France, on nomme cette plante également grande airelle rouge d’Amérique du Nord. Cependant le terme anglais « cranberry » tend à s’imposer en France, du fait que l’industrie agroalimentaire et l’industrie cosmétique privilégient ce terme pour leurs produits”.

Disons donc leur merde – ou fuck you, s’ils aiment tant l’anglais – à l’industrie agro-alimentaire et à l’industrie cosmétique anglolâtres ! urinons-leur aux fesses ! la canneberge, c’est de la canneberge, et c’est bon pour la citoyenneté autant que pour ses propriétés anti-oxydantes.

Tibert

L'esprit de décembre 95

Il me souvient, estimé lecteur, qu’en une trop longue période de souci, de tracasseries, d’emmerdements, j’ai pu à un certain nombre de reprises me taper le trajet Paris-Nantes en autocar… oui, en autocar. C’était pendant le bras de fer de fin 1995 Juppé-syndicats SNCF ( résultat du match : Juppé K.O. ). Plus un train, un TGV, même pas un petit Corail à se mettre sous les fesses. Alors il y avait des autocars, et ma foi, c’était 2 fois plus long que le TGV, mais ça fonctionnait tant bien que mal, avec les grincements dûs à la grève et à la tension qui régnait alors.

Et pourquoi m’en souviens-je ? eh bien, lisez la brève que le Figarôt nous sort : des parlementaires devraient proposer de libéraliser cette acctivité. Ah bon, ce n’est pas libéralisé ?

Eh non, en dehors des autocars SNCF (des TER, en fait), et des circuits de troisième âge et autres colos, pas de liaisons interrégionales régulières, car la SNCF n’en veut pas … pour dire les choses plus crûment, la SNCF a un MONOPOLE des transports, et personne n’a le droit de lui faire de l’ombre. Pourtant, un Nantes-Poitiers par autocar, ça aurait sa raison d’être : essayez donc par train… TER peinard plan plan d’abord, puis changement à Tours ou St Pierre des Corps, un petit coup de TGV : on fait quasi le double de kilomètres, et on y passe la journée !! et il y a plein d’autres exemples.

Donc ça serait pas mal, des liaisons “Corail sur route”, d’autant que la SNCF a sérieusement réduit son réseau de Corails (de coraux, en fait), ça ne l’intéresse pas, ce n’est pas du TGV, donc caca, ringard, nul. Pourtant, imaginez, nous pourrions avoir, comme aux States les Greyhound, nos “Lévriers TransRégions”, ça ferait de la concurrence…

Mais d’un autre côté, déjà que la SNCF ne se foule pas pour les liaisons inter-régions, ça lui ferait un prétexte de plus pour fermer des lignes qui visiblement l’emmerdent… comme quoi rien n’est simple.

Tibert

Capitalisme financiarisé, dit-il

A quoi sert sert un blog ? par exemple, ça permet à son auteur de se défouler devant son petit ordinateur, régler ses comptes, jouer à Zorro.

Il peut ainsi, l’auteur du blog, en avoir assez vite sa claque de régler ses comptes, vu que c’est comme de tenter de vider la mer dans un trou sur la plage avec un seau en plastique décoré de Mickeys… on ne perçoit pas clairement l’évolution du chantier.

L’auteur du blog susnommé, mézigue donc, alias Bibi,  (Bibi-Coco-de-Saint-Malo plus exactement) a cependant, parfois, le sentiment de ne pas hurler totalement en vain. Et tiens, justement, un ex-Premier Ministre un peu atypique apporte de l’eau à mon moulin, ou, pour filer la métaphore amorcée plus haut, vient aussi vider son seau Mickey dans mon trou sur la plage. Il s’agit de monsieur Rocard, vous vous en doutiez !

Des ex-Premiers Ministres, il y en a des tas, la France en compte des palanquées, mais des atypiques, pas beaucoup, un ou deux, dont monsieur Rocard. Et ici, dans l’article du canard que j’ai eu la bonté de vous indiquer plus haut, monsieur Rocard dit des choses que je trouve fort pertinentes, et lui au moins les dit  clairement, ce qui n’est pas toujours mon cas.

Je ne résiste pas au plaisir de citer un large extrait de son article : “Il y a du souci à se faire, je suis désolé de ne pas savoir m’en cacher. En trente ans, c’est une révolution intracapitaliste qui s’est faite, et pour le pire. Le motif de ce changement majeur est tout simple : dans le monde bancaire, c’est une avidité démesurée, une orientation viscérale vers la recherche de la fortune, qui explique aussi bien l’extension vertigineuse des produits dérivés que les invraisemblables niveaux de rémunération, comme la tendance évidente à la tricherie et à l’immoralité à l’œuvre dans les subprimes et les titrisations de créances douteuses.”

Je goûte fort la tournure “Il y a du souci à se faire, je suis désolé de ne pas savoir m’en cacher” : ah qu’en termes galants ! quelle élégance ! il est désolé, et en fait il voudrait bien savoir s’en cacher, il voudrait bien pouvoir nous rassurer, nous endormir de propos lénifiants, tout baigne, les amis, dormez braves gens… il est navré de devoir nous annoncer la cruelle réalité : il y a du souci à se faire !!

Bon, je vous ai assez fait l’article : à vous de jouer, de jouir, dirais-je, de jouir de la lecture de ce billet rocardien assez remarquable de clarté, pas taillé dans le bois habituel de la langue politicienne.

Tibert

Un peu trop arrosé, et ça monte, ça monte…

J’ai pensé à clouer sur la porte de mon blog le panneau “en panne pour cause de vacance“, ou plus classiquement, en verlan, “en vacances, pour cause de panne“… mais encore eût-il fallu que je puisse accéder à la Toile !!! et, en fait de Toile, c’était, c’est encore largement le rideau noir : un tracteur muni de fourches redoutables a en effet, en début de semaine, arraché le câble du téléphone qui court au long de la D64, faisant ainsi une trentaine d’orphelins du combiné, dont moi. Trente-six heures de retraite muette pour les heureux abonnés de France-Telecom à 16 euros par mois , et presque perpète pour moi, pauvre inconscient téméraire présomptueux casse-cou surfant sur une installation 100 % internet, très risquée dans cette cambrousse oubliée de la civilisation et du GSM.

Bref, le rideau noir de l’inaccessible Toile se déchire de temps en temps, en ce moment ça marchotte 10-15 minutes par jour, du coup j’arrête de traire les vaches et je me rue sur mon PC comme un affamé, vous voyez le tableau.

je voulais juste vous dire : en fait, le pétrole, quand le baril monte de 2,5 dollars en 10 minutes à la bourse de New-York, ce n’est pas du fait  de la stratégie planétaire des états du Golfe… c’est un connard de trader qui a mal joué le coup, ayant, paraît-il, un peu trop arrosé son déjeuner. Voyez plutôt. Souhaitons que son patron l’ait foutu à la porte à grands coups de pompes dans le cul.

Et tiens, à propos de pompes, quand nous y passons, à la pompe, assoiffés de mazout ou de SP95, et constatons que ça monte, ça monte (le prix du litre), c’est à des individus de cet acabit que nous le devons. Vous vous en doutiez ? moi aussi, en voilà la preuve.

Je leur transmets, donc, à ces traders de mes deux, spéculateurs sur les prix du pétrole, tout mon mépris, et le vôtre, chers lecteurs, par la même occasion. Rouler bourré, c’est criminel, on le sait ; a fortiori, spéculer  bourré, je vous dis pas.

Tibert

(je sais : je radote, le billet précédent disait à peu près la même chose : vous croyez que je ne m’en suis pas aperçu ? ouais mais avec cette p… de ligne ADSL qui merdoie, j’ai des circonstances exténuantes )

Encore le pépé, le pépé, le pétrole

Eh oui, encore le pétrole. Depuis quelques jours les stations-service des hypermarchés ont basculé à nouveau par dessus le 1 euro pour 1 litre du précieux gas-oil. Des esprits mal tournés y verront bien entendu, mais ils ont tout faux, la sale mais simple manoeuvre qui consiste, sachant que le Français lambda aura un impératif besoin de sa bagnole pour partir en camping sur la côte en juillet, à lui vider un peu plus les poches, que ça lui plaise ou non.

Pourtant, on est loin, très loin des 140 dollars le baril de l’automne dernier ! la moitié environ, actuellement… donc, on se fout bien de notre gueule, c’est clair ?

Et puis, lisant les canards écono, écono, économiques miques miques, on tombe sur des analyses qui montrent par A + B que la spéculation, nonobstant les vertueuses déclarations verbales de nos gouvernants au début 2009 contre les excès du capitalisme débridé, continue de faire la pluie et le beau temps sur les prix du pétrole… plus souvent la pluie, évidemment, ne rêvons pas. Le but de la manoeuvre, c’est de gagner des sous en manipulant sur le papier les flux et les stocks; sur le dos de qui ? pas leur problème, faut que ça rapporte, faut faire du fric. L’alpha et l’omega du spéculateur, sa raison de vivre.

Tenez, un extrait : “Cette statistique a rappelé au marché la faiblesse persistante de la demande d’essence aux Etats-Unis, qui inquiète particulièrement à l’approche de la fête nationale américaine, samedi, qui marque traditionnellement un pic pour la consommation de carburants…”

Pourquoi, mais pourquoi, bon dieu, cette statistique ( le consommateur états-unien a moins confiance dans la situation) devrait-elle inquiéter ? au contraire : c’est rassurant, cette lucidité du consommateur ; il consomme moins d’essence, c’est super (SP95) pour la planète, comme dirait madame météo sur FR2 !! si les citoyens, là-bas, troquent enfin leurs gloutons paquebots sur roues contre des Twingo ou des Logan, c’est mieux, non ? pourquoi ça inquiète-t-il ? et qui ça inquiète, dites-moi, que je le rassure…

Et si la demande est en baisse, la loi de l’offre et de la demande devrait faire baisser les prix, ça tombe sous le sens… vous y comprenez quelque chose, vous, à la hausse des prix du gas-oil à la pompe ?

Tibert

Fait chaud, hein ?

Il fait bien chaud, trop chaud pour gloser, bloguer, écrire, pianoter de deux doigts sur un clavier d’ordinateur. Bloguer relève de la séance de hammam. Il fait trop chaud pour travailler, d’autres, et de plus illustres, l’ont énoncé bien avant moi.

Mais je vais le faire, si si, j’vas vous écrire quèqu’ chose.

– Vous pouvez le faire ?

– oui !

– Il peut le faire !

… Les progrès de la médecine et la qualité de vie allant en se bonifiant, sans oublier les moyens financiers exceptionnels dont dispose la famille Madoff, on se demande si dans 150 ans, un peu rabougri mais encore gaillard, le père Madoff ne va pas ressortir de sa tôle, peine purgée et déjà bronzé sous la lampe à UV de sa cellule, prêt à remettre ça. On sait que le coupable unique – le croiriez-vous ? moi non plus – de la gigantesque escroquerie Madoff, le susnommé Bernard, donc, a eu et pris le temps de mettre à l’abri quelques râclures de fond de coffre-fort, quelques centaines de millions de dollars, un peu chez madame, encore un peu chez fiston et fifille, avant de craquer, de cracher le morceau et d’aller se faire entôler.

Qui sait, d’ailleurs, si les progrès de la médecine aidant, on ne va pas décréter l’immortalité d’ici quelques lustres ? sauf bien entendu pour les crashes d’hélicoptères, les incendies, les secousses sismiques, le passage sous les roues d’un 35 tonnes, etc. Donc le père Madoff, pourri entre les pourris, lui qui a arnaqué, baisé, lessivé des milliers de gros poissons et encore plus de plus petits, des goyim bien sûr – pas de pitié pour les goyim, ces schmocks – mais aussi et surtout plein de corrélégionnaires juifs, en leur jouant la romance du “fais moi confiance” et de la grande fraternité juive… à supposer tout ça, donc, on le retrouvera en 2160 – moins les remises de peine, la semaine des rabais fous et la TVA à 5,5 – frais comme un gardon !

La justice états-unienne a ainsi ses lacunes : fallait le condamner à perpète, et basta. A quoi ça rime, 150 ans ? une griffure dans l’éternité de l’opprobre, l’épaisseur du trait dans le grand vide planétaire… non : perpète !! et jusqu’à ce que mort s’ensuive. Y a pas de justice ; d’autres, et de plus illustres, l’ont énoncé bien avant moi.

Tibert

Fiers et bouseux

Hier, ai-je appris sur la Toile, c’était le jour de la Fierté GLBT : GLBT, vous savez, les “Gais”, Lesbiennes, Bi- et Trans-sexuels. Bref toutes celles et ceux, et entre les deux, qui ne sont pas sexuellement banaux, très ordinaires, comme disait Mitterand. Au fait, merci aux organisateurs d’avoir partiellement transposé au français les mots “gay pride”, le gai rosbif n’évoquant rien de bien appétissant. Bref, donc, des centaines de milliers de personnes – même des sexuellement banaux, sans doute fiers de leur banalité –  ont défilé dans les rues de Paris, où j’ai foutrement bien fait de ne pas tenter de mettre les pieds, sachant le bordel que c’est dès qu’un rassemblement de plus de 50 personnes se profile à l’horizon. Et pourquoi dans les rues de Paris, et pas les rues de Craponne-sur-Arzon, ou les rues de Chaillé-les-Marais, ou celles de Pitoite ? hein ? c’est toujours au même endroit que ça bouchonne.

Plein d’espoir, hier, dans mon hameau, j’ai guetté dès le matin les chars fleuris, les tutus sur de robustes jambes rasées de frais, les maquillages de la mort qui tue, les nichons en plastoque, les perruques peroxydées… rien de rien ! y avait bien le tracteur du Fernand qui tournait dans le coin, mais sans char fleuri ; le clébard à Roland a signalé en aboyant, comme d’hab’, toute arrivée ou départ d’une bagnole ; les vaches du pré d’à côté n’étaient pas peinturlurées, pas fardées, rien, et les boeufs non plus ; la Raymonde à la ferme d’en face, avec sa blouse bleue des jours de semaine, elle faisait comme si elle n’était pas lesbienne, ou pas fière de l’être… rien de rien.

Faut donc monter à Paris pour être GLBT ? alors y a que de ça, par là-bas, sacré vingt dioux ?

Ti’bert

Glas glas glas

Ouvrant ma fenêtre ce beau matin de juin, ma fenêtre bordée de bleu et munie des 3 petits boutons en haut à droite : “Réduire / Plein écran / Supprimer”, je tombe sur quelques dépêches de mes habituels canards-sur-Toile : “Mickael Jackson est mort” ; “Mickael Jackson est mort” ; “Mickael Jackson est mort” ; “Mickael Jackson est mort” ; “Mickael Jackson est mort”, etc.

Bon, Mickael Jackson est mort, voilà une bonne chose de faite… à force de tirer sur la sifelle, elle casse, forcément. Heureusement que nous restent Leonard Cohen et Bob Dylan, la perte de l’un ou l’autre m’eût infiniment plus affecté. Quoi d’autre ?

Ah si, une pépite, une petite sucrerie, dans la grisaille où M. Ahmadinedjad nous promet benoîtement un prochain bouleversement planétaire et l’extinction de l’impure race porcine, y compris donc les élevages nauséabonds en Bretagne : un sujet du Bac’, filière SGT – Sciences et Techniques de Gestion -, épreuve de Gestion et Droit, sujet qui fait scandale (“qui dérange”, selon l’Hibernation).

Bon, lisez le truc, c’est intéressant… en gros, un employeur envoie une lettre de licenciement à une “commerciale” décevante et peu productive ; comment doit-il goupiller ses arguments, étayer son dossier si l’affaire est portée aux Prud’hommes ? “Formulez le raisonnement juridique que devra conduire l’employeur si l’affaire devait être portée devant le tribunal”.

La sucrerie, ce sont les réactions des profs au vu du sujet, du moins celles qui nous sont rapportées : “C’est carrément de la provocation, oui (…) En choisissant ce sujet, le ministère a fait un vrai choix politique. Il privilégie la logique libérale de l’entreprise au détriment du social.  Et l’arrivée de Luc Chatel (ancien cadre chez l’Oréal, il remplace Xavier Darcos au ministère de l’Education, ndlr) ne va pas arranger les choses…».

Si l’on suit le raisonnement, la logique libérale de l’entreprise, c’est de virer les salariés inefficaces ; le social, c’est donc de les garder bien au chaud ! Et c’est carrément de la provocation d’argumenter juridiquement du point de vue de l’employeur. L’employeur… salaud d’employeur ! virer Nathalie Cerisier… fumier, va ! et sous les yeux de l’Educ’Nat’, en plus…

Tibert

… de bonne heure

L’actualité est aussi riche – aussi pauvre, en fait – de n’importe quoi. Inutile de se cramponner à la zappette de sa télé, à la cliquette gauche de son mulot : rien de neuf, ou le neuf a le goût du vieux…

Ah si : cette brève du Figarôt nous apprend qu’on a arrêté en Arabie-ça-vous-le-dites 67 “travestis” Philippins, déguisés en femmes au cours d’une soirée privée. Sachant que la tenue réglementaire des femmes là-bas, c’est le niquab (orthographe de mon cru), c’est à dire la bâche noire intégrale à l’exception des yeux, comment la police a-t-elle pu identifier des hommes derrière les bâches ? hein ? les cils passés au mascara ? les yeux faits ? ou le mât sous la tente ?

Bref, l’actualité ronronne, passons à autre chose ; on sait, chacun sait, que la première phrase de la première page du premier tome de A la Recherche du temps perdu, de Marcel Proust, c’est “Longtemps je me suis couché de bonne heure.” Oui, ça, on sait, on l’a lu, nous aussi, et puis 43 pages plus tard, lassé de reprendre en boucle, afin d’y comprendre quelque chose, la lecture de la troisième subordonnée relative imbriquée dans le deuxième conditionnel, on a jeté le bouquin aux orties, et tant pis pour le côté de Guermantes.

Ce qui pose plein de questions, tout de même. C’est peut-être, c’est probablement la phrase la plus célèbre de toute la littérature française, cette phrase. Comme je descendais les fleuves impassibles, mmmouais, pas mal, mais non, “Longtemps je…” c’est quand même autre chose.

C’est cependant une phrase problématique. Mon regretté confrère Georges Perec en donnait une lecture assez différente de celle qui prévaut généralement : sous la plume d’un boxeur professionnel qui pratique les combats truqués, “Longtemps, je me suis couché de bonne heure“, ça sonne autrement !

Au reste, que signifie “de bonne heure” ? si les provinciaux entendent par là autour de 21 h, un Parisien vous traduira ça par 22 h 30- 23 h, voire plus ; pour un teufeur, “de bonne heure“, c’est autour de 3h du mat’. Et puis, Marcel nous livre ici, sans l’écrire, une autre information : il a fini par se coucher tard ! eh oui, “longtemps, je…”, mais ensuite ? ben, comme tout le monde, il a fini par se coucher tard, minuit et plus : la télé du voisin qui hurle, le clebs qui aboie aux alentours de 23h30, la vieille du dessus qui tire la chasse d’eau… à quoi bon se coucher de bonne heure, hein ? autant faire comme tout le monde…

Mais – et c’est là ma thèse – si la première phrase de la première page de… etc était entachée d’une coquille ? non pas la coquille du boxeur qui se couche dès le deuxième round, bien utile, celle-là, en cas de coup bas, mais une coquille littéraire ? qui aurait échappé à la relecture, ou – horresco referens – aurait été introduite à dessein et à la relecture ? tenez, par exemple :

Longtemps, je me suis bouché le bonheur“. Un peu trop métaphysique, non ? ce ne serait pas plutôt “Longtemps, je me suis mouché de bonheur” ? Très fleur bleue, midinette, Marcel ; ce serait bien son genre…

Longtemps, je me suis douché de bonne humeur“. Marcel chantant sous la douche, oui, c’est très possible.

mais cette coquille, c’était peut-être aux fins de censurer un texte indécent ? “Longtemps, je me suis touché, deux bonnes heures“. Sacré Marcel ! m’étonne pas qu’il ait l’air fatigué sur la photo, des cernes aux yeux ; à sa place, j’irais me coucher de bonne heure.

Pcc : Tibert