Dans la nuance

Libé, toujours lui, nous régale d’un « La police met Bagnolet à sa botte« . Titre fin, équilibré, dans la nuance. L’histoire est toujours la même : un « jeune », « de couleur » bien évidemment à la lecture de son blaze – mais chuuuut, c’est de mauvais goût de l’écrire – tente de fuir un contrôle de police, pas au faciès, celui-là, car motivé par une infraction. Il se tue, car il roule trop vite… de profundis, mais hein, un contrôle de police, ce n’est pas la peine capitale, il serait en vie s’il avait obtempéré.

Et bien entendu, scénario classique, bagnoles incendiées, révolte « populaire », accusations sur la Police, qui a vachement intérêt à être blanc-bleue dans cette affaire. En résumé, ça ressemble furieusement à du non-droit imposé par la terreur : quoi que fassent les « jeunes », il convient de leur foutre la paix, les laisser faire leurs petites affaires peinards, sinon à la moindre anicroche, c’est l’embrasement, la banlieue brûle, et les gamins de Bagnolet incendient quelques bagnoles pour mettre un peu d’ambiance.

Que faire, donc ? laisser pisser le mérinos et pourrir la République dans le 9-3 ? ben non, on essaye justement et courageusement de rester en République, en démocratie, en Etat de droit, de remettre du calme, de l’ordre, et donc on occupe le terrain… et donc, dit Libé, « on met Bagnolet à sa botte ».

Vous admirerez l’image, c’est Pinochet que Libé nous sort de la naphtaline, avec ses lunettes noires et sa fine moustache, pas moins. Merci Libé, manque plus que les mains coupées à Victor Jara.

Tibert