Les pâtons et l’espace inattendu

( Le Parigot titrait hier sur la prochaine clôture – fin octobre – des terrasses estivales à Paname : « Terrasses estivales, vos jours sont comptés (…) Ci-joint le détail des demandes d’installation de terrasses estivales (…). Comme imaginé, on y constate un engouement des professionnels, mais aussi une transformation de l’espace public inattendu. » A lire ce truc, et si l’on est syntaxiquement à cheval, c’est inattendu : c’est l’espace public qui est inattendu ! Bof, c’est pas grave, le journaleux fait ce qu’il peut ; le lecteur s’adapte, rectifie, « … une transformation inattendue de l’espace public » : ça le fait mieux comme ça, pas vrai ? )

Mais autre chose : le concours annuel de la Meilleure Baguette (de pain, précision utile) de Paris a, cette année, donné lieu à une embrouille malvenue… rappelons que le vainqueur de ce concours bénéficie d’une forte aura, et approvisionne l’Elysée en baguettes fraîches pendant un an. L’Elysée, ce n’est pas deux baguettes pour le p’tit dèj’ de Manu et Brigitte, c’est un gros-gros marché ! Bref, le vainqueur cette année est d’origine nord-africaine et s’appelle Makram Akrout. Très bien… mais d’aucuns ont déterré sur son compte Fesse-Bouc des propos carrément islamistes, genre … les infidèles, ces chiens, indifférents aux moqueries envers Allah… Evidemment, dans un pays laïc, ça fait désordre, c’est comme de cracher dans le pétrin, et l’on a retiré à monsieur Makrout les livraisons à l’Elysée. Les sites du style Gaulois-de-souche s’en donnent bien sûr à coeur-joie sur le sujet… qu’en dire ?

J’ai déjà voté clairement pour qu’on distingue l’homme et son oeuvre : Polanski le metteur en scène et son dossier de moeurs, Céline la plume et l’antisémite acharné, Einstein le physicien et le très piteux père, etc. Idem, le boulanger de Pagnol était cocu, ah ah très drôle, mais ça ne l’empêchait pas d’être un maestro de la boulange. Restons cohérent : monsieur Makrout – qui clame qu’on a piraté son compte Fesse-Bouc – a peut-être, peut-être pas (l’histoire le dira) écrit ce qui est rapporté là, et qui est stupide, indigne. Il n’est certes pas question de se faire cracher à la gueule par des fanatiques et de dire merci ! mais de laisser au boulanger – après une bonne séance de mise aux points sur les « i » – le bénéfice du doute, comme on dit. Il est effondré, cet homme, de ce qui lui arrive, et je suis persuadé… a) qu’il va sérieusement réviser son rapport à Fesse-Bouc, ce truc ouvert à tous les vents mauvais ; b) qu’il va devenir nettement plus taciturne sur certains sujets ; c) qu’il reste un excellent boulanger.

Tibert

Mort un dimanche de pluie

C’était un film pas marrant sorti en 1986. De Joël Santoni, d’après un roman de Joan Aiken. Rien qu’au titre, c’était le scénario prémonitoire – 35 ans d’avance – d’une mort de ce matin. Cerise sur le Forêt-Noire, c’était le lendemain d’une Nuit Blanche (*) : ça coche toutes les cases, si l’on peut dire. On va certainement trouver à monsieur Tapie bien des qualités posthumes. C’était un… un homme, un vrai, quitte à fâcher certain.e.s 😉 féministes. Un de moins en plus, ou inversement. Il est mort ce dimanche, sinon demain lundi ç’aurait été un jour plus vieux.

Allez, autre chose d’aussi sinistre, mais sur un registre autre que d’Etat Civil : selon un article du Monde, il y aurait eu « entre 2.900 et 3.200 pédo-criminels dans l’église catholique depuis 1950 » . Soit environ une quarantaine par an, moins d’un par semaine. C’est somme toute un chiffre modéré… non, je blague, là. C’est affreux. Mais soyons clair : étant tombé tout petit dans la marmite calottine, bons pères, catéchisme et tutti quanti, je puis témoigner être passé physiquement indemne au travers. Non que toutes ces années m’aient laissé un souvenir uniformément souriant ; comme Obelix j’en suis d’ailleurs sorti dispensé à vie. Mais j’ai eu affaire à des éducateurs et des religieux irréprochables dans leur comportement, certains remarquables. C’est normal, c’est bien le moins, certes, mais c’est un petit bémol dans le concert prévisible des opprobres. J’ai le droit de le mettre au pluriel : des opprobres (n.m.) ; c’est un nom commun, pour une détestation pas commune.

J’ajoute que si les femmes étaient plus aux manivelles dans les structures de cette entreprise, on aurait des statistiques bien meilleures. S’entêter à considérer, deux millénaires après J.C., que seuls les mâles peuvent accéder aux fonctions haut de gamme, c’est débile. Vous me direz, les Talibans sont aussi stupides ! c’est ma foi vrai.

Tibert

(*) Très parisienne, la Nuit Blanche : déjà que les voisins sont pénibles, que les su-per-bes vieux parquets haussmanniens sont grinçants au possible, que les doubles vitrages laissent quand même passer les pétarades des motos et autres mouches-à-merde Déliveuroue, qu’on a du mal en temps normal à trouver le calme et le sommeil, la mairie en remet une couche ! Quelle sollicitude envers les fêtards noctambules !

Unanimement unilatéral

Je vais pinailler un peu, aujourd’hui, pointer des trucs pas francs du collier. D’abord, les très récentes restrictions de Paris sur les visas accordés aux pays du Maghreb : Macronious, au bout de quatre ans et plus, s’avise, « mais je rêve ! c’est pas dieu possible !  » , que Maroc, Algérie, Tunisie traînent terriblement les pieds pour récupérer leurs concitoyens devenus indésirables chez nous. Des chiffres comme ça : 7.000 OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) émises, 22 suivies d’effet ! Ces pays rechignent à fournir les papiers nécessaires… On apprécie la grande efficacité de nos lois et de nos décisions judiciaires, ridiculisées. Bref, comment se fait-ce qu’on ne l’ait pas alerté, le Grand Chef, en temps et en heure ? Ah mais, ça va pas se passer comme ça ! Si vous, à huit mois des élections, vous y voyez une mise en scène, une possible manoeuvre sur ce sujet très chaud, c’est que vous avez vraiment mauvais esprit.

Mais Le Monde titre sur la condamnation de la revue Valeurs Actuelles (VA) à la suite de la publication, à l’été 2020, d’une saga « humoristique » mettant en scène la députée mélenchonesque Danièle Obono : elle était représentée en esclave. Le jugement considère qu’il s’agissait là d’une injure raciste (elle est Noire, madame Obono). Dont acte ; personnellement je ne lis pas VA, et n’ai pu me faire mon opinion sur ce sujet controversé. Et Le Monde de dérouler son article : « Les condamnations politiques avaient été unanimes après la représentation de la députée… » . Objection votre honneur : les condamnations furent unanimes… à condamner, c’est là enfoncer des portes ouvertes. En revanche, et contrairement à ce qu’affirme Le Monde, il n’y a pas eu unanimité dans la condamnation ! la preuve dans l’article, plus loin : « ... Plusieurs témoins, tels que l’ancien directeur de publication de Charlie Hebdo Philippe Val, cité par la défense... » . J’ai eu l’occasion de voir et entendre Philippe Val à la télé sur ce sujet ; il considérait, lui, que la fiction parodique de VA était certes critiquable, mais de l’ordre de la caricature, pas de l’injure raciste. Il est expert en la matière, cet homme, il a pas mal bourlingué avec Charlie, et je doute qu’il soit seul de son avis.

Bref, l’unanimité n’est pas unanime ! Et rappelons-nous que le droit à la caricature fut, il n’y a pas si longtemps – suite à l’assassinat de Samuel Paty – défendu courageusement par le Grand Chef lui-même, ce qui suscita d’ailleurs des manifs anti-France violentes et unanimes, au Pakistan et ailleurs. L’unanimité façon « pas une voix discordante » est rarement le reflet d’une expression libre et vraie de la démocratie.

Tibert

PS – Savoureux titre, ce matin dans le Parigot, sur une affaire par ailleurs vraiment ignoble : « Il droguait sa femme (…) : neuf interpellés devraient être déferrés ce jeudi » . Déférés plutôt, sans doute ; pour les déferrer, il faudrait qu’on les eût préalablement ferrés. Bof, c’est pas grave, on comprend quand même…

Penchants pique-niques

Je lisais ça il y a peu dans Le Monde, à propos de Paname : « La Mairie a reçu plus de 6 800 demandes de cafés et de restaurants pour que les espaces ouverts en pleine crise sanitaire deviennent durable (sic, relecture paresseuse !). Celles et ceux inquiets des nuisances se mobilisent aussi » . Notez au passage l’admirable « Celles et ceux » , qui s’impose de nos jours à tout journaleux : génuflexion ostentatoire envers la gent féminine… des fois qu’on oublierait de les surligner ! Rappelons que le neutre (au masculin, pour le moment) englobe tout le monde, LGBT++ indécis inclus ; c’est synthétique, le neutre !

Mais bon… ceci dit, je parcourais il y a quelque temps les rues de la capitale, effaré de voir combien les cafés, tavernes, bistrots, rades, restos, gargotes, sandwicheries, kébabs, pizzerias, fastes-foudes, brasseries, mangeoires… ont grignoté l’espace des trottoirs, voire des chaussées dans certaines rues, dès lors fermées aux bagnoles ! Tenez, en bas de la rue Mouffetard, donc en pente – sinon il n’y aurait pas de « en bas » – avec des trottoirs en fort dévers, des consommateurs assis en biais et penchés sur des tables loin de l’horizontale occupaient quasiment tout le trottoir, obligeant le passant à descendre sur la chaussée, ou à louvoyer soigneusement, lorgnant de près la mousse, le cahoua, le spritz (*) et les tapas sous son nez. Les liquides penchent, les cahouètes roulent, les buveurs soignent leur scoliose en corrigeant la posture sur une fesse… Des tables sont au ras des murs – que moult malotrus compissent, le soir venu -, au ras des portails d’immeubles : surprise pour le Parigot sortant de chez lui sous le nez d’une salade nommée César !

Il est clair, et c’est heureux, que la prolongation de ce genre d’occupation abusive – un peu, bon, d’accord, mais là c’est de l’invasion – ne tiendra pas le coup, le mauvais temps venu ! pluie froid et vent mauvais auront raison de cette mode de bouffer sur le pavé. Sauf à installer des braséros pas écolos du tout, des couvertures sur les genoux et des parapluies… il faudra vraiment y tenir, à sa pizza de plein air ! Au passage, j’ai été assez impressionné par le nombre et la densité de Parigots qui bouffent et boivent ailleurs que chez eux : ça finit par coûter un pognon de dingue, cette manie ; à se demander, aussi, s’ils se trouvent vraiment bien, chez eux….

Tibert

(*) Le spritz, c’est super-tendance ces temps-ci, les Vénitiens ont conquis le monde. C’est cher, aussi, bien que le prix de revient « maison » tourne entre 1,30 et 1,50 euros. Multipliez par 4 ou plutôt 5, assis à la terrasse d’un troquet. Allez, je vous dis tout : 6 cl de crémant brut, Prosecco si possible ; 4 cl de Camp’Harry si vous le voulez viril – et plus rouge – ou Apérolle, couleur très orangée, pour plus de suavité ; 2 cl d’eau minérale gazeuse (une giclée, quoi) ; une rondelle de citron ou d’orange, bio bien entendu (l’orange va mieux). Le tout, soit 12 cl, largement suffisant, et bien frais. Et, achtung ! attenzione ! à consommer con moderación, por favor.

Con-fusions et sous-entendus

( ça y est, les « frigos vides le 15 du mois » reviennent, on les avait presque oubliés. Pffff… Les vitrines des Champs-Elysées n’ont qu’à bien se tenir, va y avoir des débris de verre sur le bitume, les samedis. Déjà, le virus dont on n’arrive pas à se dépêtrer – les jeunes ont décrété qu’ils s’en foutaient, donc ça galope, et tant pis pour les autres – et puis la bubonite jaune qui reprend à petit feu. On est mal barrés, ma pauvre dame. )

Mais causons d’autre chose, on va déprimer… vous savez, bien sûr, que les races humaines n’existent pas ? animales, oui, les Setter, les Aubrac, le baudet du Poitou, etc… mais humaines, non. On garde le mot « race », mais c’est juste pour le cheptel, sinon c’est au minimum inapproprié, sinon grôôssier. Ceci dit, on cause d’ethnies, c’est plus propre. Notez bien qu’on en cause, mais pour clamer haut et fort qu’on ne veut pas savoir. Savoir les chiffres, les proportions, la répartition, etc, c’est légitime et intéressant, mais ce n’est pas bien. Donc on se bouche les oreilles et on ferme les yeux.

Sauf que Le Monde nous pond un article « Querelle républicaine autour des statistiques ethniques ». Dans cet article (*) il n’est nullement question de statistiques ! ni trop de république, d’ailleurs. Confusion… car le sujet, c’est que des  groupes ethniques contreviennent à l’universalisme républicain officiel et affiché. L’universalisme ? oui, qu’importent la couleur de la peau et l’origine. Vous cherchez un toubib ? qu’il soit Antillais, du Ch’nord, d’origine vietnamienne ou Corse,  c’est un toubib, point ! Les atomes crochus, les compétences, oui, bon, mais le reste, on oublie – en principe et en bonne République.

Bref, nous dit Le Monde, d’aucuns se font des réseaux pour sélectionner des professionnels ou des services « racialisés ». Pas raciaux, non, ça n’existe pas ; racialisés. Traduisez :  de la bonne couleur, celle du groupe d’accueil probablement, il faut deviner. De toutes façons, surtout pas Blancs ! Tandis que d’autres s’étranglent d’indignation à l’évocation d’une possible offense (**) à une personne « de couleur »… franchement, ça devient malsain.

Tibert

(*) Article réservé aux abonnés, dans sa version complète. Mais vous pouvez lire l’amorce, ça donne forcément envie d’acheter le truc pour voir  😉

(**) Dernièrement, monsieur Sarkozy s’est fait allumer par divers membres de LFI (la structure mélenchonienne) car il avait, dans le même propos, et dans un intervalle de temps jugé trop étroit, causé des « singes » puis des « nègres » ; il critiquait en fait les oukazes sur certains mots, décrétés caca par la doxa bien-pensante. DONC, clamaient les Mélenchons’ Boys, c’est qu’il associe ces deux concepts :  DONC il est raciste, CQFD, Quod Erat Demonstrandum. Remarquons simplement que c’est surtout la lecture que font ces contempteurs des propos sarkoziens qui associe brutalement les deux termes : c’est çui qui l’dit qui y est !

Apaisez vous, rapaisez vous

Les temps sont durs. On se masque à qui mieux-mieux partout, sauf ceux qui ne veulent pas, évidemment, vu que « c’est que du pipeau, bidon, complot, atteintes aux libertés » etc. Les sourds-muets (ooops ! les malentendants et malparlants, excusez ce vocabulaire choquant qui m’a échappé) sont désolés, eux (*), car ne voyant plus bouger les lèvres de leurs interlocuteurs, ils ne peuvent plus rien y lire.

Mais bon… donc, premio ça se masque partout y compris dans la rue ; deuxièmo ça va devoir rouler à 30 km/h maxi partout en ville, déjà, dans certaines bourgades « apaisées », éclaireuses de l’apaisement. Nantes, tenez, pour ne pas nommer cette superbe ville illustre de par ses biscuits LU, son Jacques Demy, et pilotée depuis des lustres par le PS et affidés (les Verts, what else ?).

On en est ainsi encore et toujours plus à réprimer et brimer les citoyens respectueux des lois. C’est, pour le clampin standard pourvu d’un minimum de sens d’observation, une évidence : les sauvageons, mauvais sujets, citoyens rebelles, d’jeunes délurés, fêtards bourrés, insoumis de naissance, pilotes de course, adeptes des rodéos… se contrefoutent de ces restrictions et s’en torchent. Ils rouleront à la vitesse qui leur plaît, non mais… ! Le boulevard Dalby ? 90 km/h poignée dans le coin. Mais nos élus, eux, ne foutent pas le nez à leur fenêtre. Les 50 km/h ne sont pas bien respectés ? ils vont baisser à 30, assaisonner ça à la pommade « Apaisyl », et wouala ! ils ont fait leur boulot, ou du moins estiment l’avoir fait, ces apaiseurs. Résultat : les braves cons comme moi vont se faire ch… à 30 km/h – difficile à respecter, c’est vraiment très lent, et les moteurs souffrent -, les autres continueront à foncer, doubler et faire des doigts d’honneur aux blaireaux qui se traînent. Merci à ces maires éclairé.e.s, et à leur gestion  apaisée. J’adore cet adjectif.

Tibert

(*) …et elles, elles y sont aussi, si si, c’est implicite dans le neutre pluriel, et je profite de cette occasion pour un vigoureux pied-de-nez aux politiquement correct.e.s, et leur exprime ici tout le mépris que je ressens pour leurs contorsions lexicales.

Quand on nous somme : Consomme !

«Il faut que nos concitoyens achètent davantage de véhicules et en particulier de véhicules propres, pas dans deux, cinq ou dix dans. Maintenant». C’est Macronious qui énonce cet hymne à la belle bagnole qui sent le neuf… juste 15.000, 25.000, 30.000 euros à sortir : pas la mer à boire, et un bon geste !

… sauf que lesdites bagnoles se font prendre en coupe réglée partout, sont honnies des élus – tous plus verts les uns que les autres dès qu’il s’agit de construire de nouveaux ronds-points laids, inutiles et ruineux, d’installer des ralentisseurs, chicanes, « contrôles radar fréquents », zones 30, et j’en oublie. Bref on nous punit d’avoir des voitures, mais il faut qu’elles soient neuves ! Quant à la voiture électrique ? mais les infrastructures de charge sont lamentablement insuffisantes, et les batteries – dont on ne saura pas quoi foutre, une fois usées – viennent de Chine, comme à peu près tout ce qui se fabrique, sauf les kebabs à emporter.

On nous somme donc de consommer, par patriotisme : madame Pénicaud nous y exhorte. Allez-y donc, nous dit-elle en substance, n’hésitez plus, payez-vous enfin la crêpière électrique tant rêvée (fabriquée en Chine), l’aspirateur cyclonique vachement efficace vu à la télé (fabriqué en Chine), un nouveau couvercle de WC (même refrain). Français : consommez ! c’est fabriqué ailleurs, mais c’est pas grave.

Par la porte ou par la fenêtre, il nous faut donc, gogos acheteurs (*), retourner nos poches indûment remplies « grâce » au Covid. C’est simple : soit, bons citoyens, nous claquons, achetons, consommons, soit nos Grands Manitous devront, la mort dans l’âme, et pour sauver nos belles entreprises, nos emplois, nous ponctionner plus sévèrement.

Ou les deux…

Tibert

PS – Les citadins – à la cambrousse seule la bagnole est viable – le savent : rouler à VAE (vélo électrique) c’est la bonne solution quand il ne pleut pas et qu’on peut être serein avec son engin (1 – rouler sur des pistes dignes de ce nom ; 2 – le garer commodément et au sec ; 3 – pouvoir le recharger ; 4 – être sûr de le retrouver). Quand les quatre conditions ci-dessus seront remplies, on y réfléchira. Et Macronious pourra nous exhorter à acheter des VAE flambant neufs… et fabriqués chez nous !

(*) Tenez, une belle occasion de consommer en cette fin de Mai : les « French days » (en rosbif, c’est Tttellement mieux !), ou comment se retrouver connement avec un superbe robot-cuiseur et sa documentation « ne pas mettre au micro-onde, toujours débrancher l’appareil gnagnagna  » en serbo-croate traduit du chinois, et qui finira à la poubelle, au fond d’un placard ou sur une page Houèbe du Conboin dans trois semaines-un mois.

Méchante lassitude (Grosse fatigue, quoi…)

J’en ai marre de devoir systématiquement sortir ma calculette pour multiplier les nombres des articles techniques par 2,54. On sait que seuls les Etats-Uniens, eux seuls au monde, utilisent encore leurs pieds, leurs pouces et autres longueurs corporelles (*) pour mesurer les longueurs (les poids, les volumes, c’est pire, c’est selon les origines géographiques). Et… on leur baise les mains ! on embrasse leurs godasses ! Enfin, « on », disons … 1) les constructeurs nippons, chinois… bref tous les asiatiques qui fabriquent pour les Etats-Uniens et pour nous par la même occasion ; 2) tous nos journaleux, soucieux d’économiser leurs neurones. Tenez, un nouvel ordiphone (mobile, cellulaire…) testé par une revue genre High-Tech… « poids : 205 grammes » (tiens ? des mesures normales ? en états-unien, on dit 205 / 28,349 = environ 7. 1/4 oz… vachement simple) ; et puis diagonale d’écran : 6,44 pouces !! traduisez : 6,44 x 2,54 = 16,36 cm. On vous fait grâce des 1/100 de cm; ça donne 163 mm. Cent-soixante-trois millimètres, environ seize centimètres, ça me parle, c’est trop grand ; encore un mobile-drap-de-lit, et qui va me provoquer une scoliose.

Mais je m’énerve, là, ça ne mérite pas. Tant pis, je ne vivrai pas assez vieux pour voir l’adhésion des USA, seul pays récalcitrant au monde, au système métrique. D’autres navettes spatiales, d’autres avions s’écraseront à cause d’un oubli de conversion d’unités.

Tenez, je suis las, très las. J’envisage de raccrocher. Pour me changer les idées, j’ai composé un petit Aïe-cul de ma façon. Je n’y respecte pas les règles du mini-poème japonais, ça se veut aussi léger, mais c’est autre chose. Prenez ça comme… disons, un moment de grâce, comme en éprouvait paraît-il madame Kosciusko-Morizet dans le métro.

J’avais en main un flan à la vanille, acquis à la boulangerie du coin…
J’ai rencontré une amie, lectrice et critique chez Gal-y-Mar ;
elle avait faim… avisant mon gâteau,
elle m’en a gentiment demandé un p’tit bout.
Pour plaisanter, ah ah, j’ai répondu
être disposé à le lui prêter !
Moralité : j’ai prêté le flan à la critique.

Tibert

(*) Et pourquoi pas leurs dicks (**), tant qu’ils y sont ?

(**) Voir ce mot.

Patients et grappes

Bon, ne nous grattons pas trop le ciboulot : c’est encore et toujours le Covid n° 19 qui fait le vide rédactionnel autour de lui. Je suppose que les journaleux, un temps heureux d’avoir enfin de la tartine à tartiner dans leurs canards, commencent à trouver que ça commence à bien faire, qu’une compète de foot, un  mariage princier, une star en instance de onzième divorce permettraient de changer un peu d’air. Mais on fait avec ce qu’on a… ah oui, tiens, Macronious est allé, avec son masque, serrer virtuellement la cuiller au professeur Raoult, à Marseille. Et nos scrivaillons de se battre les flancs : que diable cela signifie-t-il, bien chers auditeurs ? et on suppute, on glose, on touille…

Et pendant ce temps-là, on recherche en France le patient zéro. Grossière erreur : si ça se trouve, le numéro zéro n’a pas été un patient ! si ça se trouve, le premier type ou la première nana qui a véhiculé cette saleté virale depuis la Chine chez nous – sans doute atterri depuis Wuhan sur un aéroport du Val d’Oise – n’a rien perçu, rien senti : à l’insu de son plein gré, en quelque sorte ; un porteur asymptomatique, ça s’est vu. Remarquez, c’est juste pour savoir, cette quête du point de départ : c’est trop tard. Mais ça occupe, c’est quasi du roman policier, et puis c’est moins con que de visionner des tas de stupides Youyou-t-entube sur son ordiphone pour tuer le temps confiné.

Mais, allez, un dernier coup de gueule : il y a du cluster dans l’air, et ça m’irrite la glotte. Vingt dieux, le terme anglais cluster signifie précisément grappe ! alors, ne pourrait-on pas lâcher la grappe aux clusters britanniques et  écrire grappe ? c’est trop dur ? ça veut dire EXACTEMENT la même chose, sémantiquement c’est kif-kif, sauf que nos grappes (de raisin) à nous sont sacrément meilleures que leurs clusters (*). Alors ? Si les grappes vous constipent la plume, chers journaleux anglolâtres, donnez-nous du foyer, c’est tout à fait acceptable. Des foyers de contamination… mais si, ça fonctionne. Ce n’est pas anglais, c’est certes dommage, mais ça fonctionne.

Tibert

(*) Il est vrai que les Britanniques font maintenant, réchauffement climatique aidant, un peu de pinard, anecdotique. On fait mieux par chez nous. En contrepartie, admettons que leurs sandwiches rosbif-concombre sont meilleurs que les nôtres, d’autant plus que nous n’en faisons pas.

l’arroseur, tout mouillé, comme d’hab

Il y a peu, j’écrivais « Boris le Blond, le Churchill du Brexit, annonce aux Britanniques de la sueur, du sang et des larmes : « Beaucoup de familles perdront des proches ».

Ce jour, je lis que Trump, le pote à Boris, le grand ami des Britanniques, y va d’un « tous les américains prient pour [son] rétablissement« . J’y vois là au moins deux mensonges, disons plus gentiment deux abus de langage :

  • Que monsieur Trump se croie fondé à parler au nom des Etats-Uniens, ça peut s’admettre ; mais les Canadiens, les Guatémaltèques, les Argentins, les Mexicains… tous habitants des Amériques, ne sont pas ses administrés, que je sache. Cette façon des USA de s’annexer un continent entier est assez détestable.
  • Non tous les Etats-Uniens ne prient pas pour monsieur Johnson : j’en suis sûr, car je connais de ses compatriotes, qui ont deux sous de jugeote et ne gobent pas le truc à dormir debout du Grand-Sachem-Barbu qui veillerait sur nous, là-haut derrière les nuages – il nous aurait même envoyé son fils en otage ! – bref, des salades et des contes de fées.
  • S’agissant du Boris qui est en soins intensifs à Londres et annonçait benoîtement aux Britanniques qu’ils allaient, en nombre, perdre des proches, permettez-moi un rictus amer : c’est encore et toujours l’histoire du mec qui se prend les pieds dans le tapis qu’il vient de dérouler. On ne va pas dire que c’est bien fait – ne soyons pas inutilement méchant – mais tout de même, imaginons qu’il existât par extraordinaire un Grand-Sachem-Barbu qui, de là-haut, administrasse une bonne leçon à un décideur blond et froidement cynique : on aurait là un bon scénario – peu crédible, certes, mais vendable.

Tibert