Kss Kss multifonctionnel

Superbe cacophonie que nous offrent les ministères, et leur chef d’orchestre avec.

Un jour on voit le Sous-Chef Ayrault ( le Chef François, lui, est sur l’équateur ou aux environs)  serrer chaleureusement la pogne d’un superbe Rapporteur en Chef, monsieur Thierry Tuot, qui lui remet solennellement, comme son nom l’indique, un magnifique Rapport (“sur la refondation des politiques d’intégration”) : sourires, aimableries, vue plongeante sur le beau document, du moins sur la couverture. La presse était convoquée et a pu immortaliser l’instant, des photos, des videos, bref la presse a fait son boulot. Chouette, un beau rapport, un de plus.

Depuis, c’est le diable, ce rapport. Boulets rouges sur le rapport… rapport que, je le rappelle, vous pouvez télécharger sur le site du Premier Ministre, et ailleurs, tenez, ici (bon courage pour la lecture, c’est onctueux à souhait, bien beurré, aucune aspérité, un vrai suppositoire…) Mais là-haut on prend ses distances, on récuse, on tient ça à bout de bras, au bout des doigts, éventuellement en se bouchant le nez… vous y comprenez quelque chose, vous ?

Parce que, avons-nous appris, 10 ministères y ont participé, à ce rapport, 250 personnes : ce n’est pas un travail solitaire pondu par un solitaire hurluberlu à multiples casquettes, qui, ne dormant, paraît-il, qu’un peu moins de quatre heures par nuit, comme tous les Supermen, a beaucoup de temps libre chaque matin avant d’aller nourrir ses ch’vaux et ses chiens et puis de partir au boulot, musette sur l’épaule – sa boîte est au Palais Royal, à Paris, il prend le train, forcément, il habite en banlieue… et il rentre très très tard chez lui le soir, ses heures il ne les compte pas, fourbu mais content (*).

Non, c’est un travail collectif, moult personnes y ont participé, un truc de grosse surface. Et l’on découvre en décembre que c’est de la bouillie pour les chats ? que c’est juste une petite étude de pas grand-chose, qui n’engage personne ?

Pour le naïf que je suis, ça sent la provoc’ à plein nez. La manoeuvre est classique et a été utilisée sous Tonton : on braque le citoyen normal, le Gaulois républicain, il se dit que la-haut ils sont tous tombés sur la tête, et on le pousse ainsi dans les bras du FN, le parti-repoussoir. Et hop, ce sera autant de moins pour  la Droite modérée, les Copé, Bayrou, Borloo etc. Bref on émiette l’électorat de droite en vue des Municipales.

Remarquez, ça peut être une manoeuvre encore plus tordue que ça : on a aussi appris avant-hier que le chantier de terrassement de l’Ayraultport, à Notre-Dame-Des-Landes, avait débuté, allait débuter, bref, ça repart. L’aéroport le plus idiot du 21ème siècle, et ruineux avec ça, sauf pour le bétonneur, évidemment. Et, faute de mettre des grosses chaussettes aux chenilles et des silencieux aux pots d’échappement des engins de chantier, il est bon, n’et-ce-pas, de détourner l’atttention du bon peuple.

Tibert

(*) détails tirés de l’hagiographie de monsieur Tuot par Libé. Libé aime boucoup monsieur Tuot. Pensez, il va à la gare en Fiat Panda, et pas fier, avec ça.

Au cas où vous auriez des doutes

Tenez, encore heureux que Tibert le chat, LE TibertLeChat, soit vigilant et attentif. Je vous avais entretenus de l’usine à gaz qu’était le système Ecotaxe : je prétendais qu’on aurait pu faire bien plus simple.

Eh ben voilà, on apporte là de l’eau à mon moulin. Tenez, lisez plutôt. “Les portiques Ecotaxe, un système orwellien“.

Moralité : les portiques Ecotaxe au dessus des routes, c’est juste pour repérer les camions qui trichent. Parce que les camions qui ne trichent pas, on les piste par GPS et enregistreur embarqué. Et pour repérer les fraudeurs, ça coûte… ça coûte… ça NOUS coûte un max. Jusqu’à présent, 150 millions. Juste pour coincer les éventuels fraudeurs, pas pour calculer les taxes !

Remarquez, les portiques Ecotaxe, puisqu’ils sont là – pour rien – autant s’en servir : alors ils photographient TOUT LE MONDE, le camion et la voiturette. En principe, les photos de voitures sont aussitôt détruites, mais c’est juste en principe. Et ma foi, ça pourrait servir à autre chose qu’à l’Ecotaxe, si nos gentils gouvernants se mettent à imaginer des trucs, des trucs “orwelliens”, comme dit l’autre. Si par hasard on ne vous piste pas encore assez avec votre mobile, votre carte de crédit, votre Pass Navigo, les caméras de rue, ça va permettre d’affiner les informations. Et, tenez, vous photographiez la même bagnole sur 2 portiques Ecotaxe consécutifs : reste à calculer la vitesse moyenne, c’est tout simple, et vous avez là de magnifiques “radars-tronçons”, y a plus qu’à verbaliser.

Tenez, dans la même veine, je reçois un document papier à renseigner et renvoyer à GDF-DolceVita (DolceVita !!  vous apprécierez  l’humour…) : pour “compléter” mon dossier client, qu’ils disent, il faut leur dire l’âge de ma chaudière, si je la fais entretenir (*) et à quelle fréquence, si j’ai des projets immobiliers, si ma grand-mère fait du vélo… je leur en pose, des questions, moi ?

Tibert

(*) question-piège : c’est obligatoire, l’entretien une fois l’an. Si l’idée saugrenue vous prend de répondre à ce questionnaire, cochez la bonne case.

Vite une bâche !

Huffington, version gauloise, se plante dans ses guillemets. En l’occurrence, il s’agit du titre d’un article – une chronique, en fait, de monsieur Birenbaum, qui a, semble-t-il, la plume d’un rouscailleur, pourfendeur, redresseur, etc. Tenez, voyez : “Birenbaum bashe le “sondage” épouvantable de Midi-Libre sur les Roms“. Les guillemets, c’est autour de bashe qu’ils devraient être, pas sur “sondage“, qui est un terme on ne peut plus normal, correct. Au reste, un sondage sur 3027 individus, c’est tout à fait crédible, représentatif, pour employer le terme ad hoc ; ça n’a pas besoin de guillemets. Précisons : dans l’esprit de monsieur Birenbaum, ce ne sont pas seulement les résultats du sondage qui sont choquants, c’est le fait même d’avoir conçu et réalisé un tel sondage.

“Bashe”, en revanche, c’est de l’anglais 100 % pur Rosbif (ça signifie à peu près “cogne sur”), et qui tente mine de rien de se faire passer pour du français. On aurait pu écrire “critique”, “éreinte”, “enfonce”, “démolit”, etc, il y a plein de termes possibles. Tenez : “Birenbaum vitupère le sondage épouvantable…“, ça fonctionne très bien, et dans notre belle langue, ma chère.

Mais pour le fond : on en revient, cher Huffingtonne, non à la “bashe”, mais à la bâche : ce sondage, si l’on comprend bien la juste pensée de monsieur Birenbaum, il aurait fallu le cacher, tant il est vilain-pas beau. Evidemment si les lecteurs du Midi-Libre avaient à 75 % été choqués par les déclarations désobligeantes du maire de Roquebrune-sur-Argens à propos des Roms, il aurait été judicieux de monter ça en épingle. Mais les résultats, aussi abominables soient-ils, sont pourtant instructifs ! et comment les obtenir, ces pourcentages instructifs, sinon en sondant ?

C’est finalement assez simple ; que je vous explique : vous faites un sondage… si le résultat en est convenable, correct, bien orienté, propre sur lui, digne du PS, de la LICRA et du MRAP, plein de bons sentiments et de charité chrétienne, vous le publiez ; dans le cas contraire, vous le planquez sous le tapis. C’est comme ça qu’on doit faire l’information… la bonne, évidemment.

Tibert

La "4 G" vue d'Auvergne

Prière d’insérer :

Mes amis d’un hameau de la Montagne Thiernoise (Une dizaine de maisons) me prient, dans leur désespoir, de faire savoir que depuis le mercredi 22 novembre 2013, et la chute d’une abondante quantité de neige, ils n’ont plus de téléphone (et plus d’Internet, évidemment !).

France Télécom Dépannage (message vocal enregistré, évidemment) affirme que “tous ses services sont mobilisés”  pour réparer : sur les bords de la route où passent les fils, pourtant, ça ne se bouscule pas…

Et ça fait 15 jours aujourd’hui. Bravo le service public ! et la mairie du coin ? elle ne peut rien faire, dit-elle. Et pour les réclamations ? on joint invariablement un robot.

Vous me direz, ils ont encore le téléphone mobile : oui, certes, en montant 150 mètres sur le sentier qui part au Nord-Est. Dans la neige. Et dans les maisons ? faut monter au grenier, sur un escabeau, et encore…

Mais la 4 G arrive, ça va booster, ça va dépoter !! si si, puisqu’on vous le dit. Comment, vous n’avez pas encore souscrit un abonnement 4G, là-bas ? ah, c’est du 0,5 G ? et encore, quand ça marche ? ah bon.

Tibert

On a eu raison d'attendre

“On”, c’est madame Taubira. La situation se débloque, ça va aller mieux, simplifier sa rhétorique, qui du coup va retrouver un allure plausible, quand on trouvait que c’était foutrement biscornu, que ça ressemblait à du Pollock revu par Picasso, excusez l’anachronisme.

Oui, figurez-vous, c’est évident, ça tombe sous le sens : puisque la Suède ferme des prisons, faute de détenus , et que nous c’est exactement le contraire, on en a en trop, des détenus, il faudrait qu’on en construise, des prisons : eh bien la Suède va nous sous-traiter le gardiennage de nos surnuméraires taulards, et tout le monde y trouvera son compte :

– nous résolvons d’un seul coup notre problème de surpopulation carcérale,

– les prisons suédoises continuent de bruire de joyeuses interjections, au lieu de sombrer dans un silence Bergmanien,

– la Suède se fait du blé sur notre dos, mais nous on économise des bâtiments,

– nos détenus délocalisés apprennent le suédois, voire l’anglais, bouffent des boulettes de viande Ikea à la sauce d’airelles et boivent du jus de canneberge au lieu de se taper des frichtis en sauce à la vache de réforme arrosés de Père Julien 11°5,

– les voyages forment la jeunesse, etc etc…

– … et madame Taubira, qui, nécessité faisant Loi et faute de crédits, avait dû bâtir une théorie bizarre pour justifier cahin-caha le “pas d’enfermement” et la “peine de probation“, va pouvoir mettre tout ça à la benne avec un soupir de soulagement, et nous avec. La peine de probation, ce sera d’apprendre le suédois – c’est bourré d’accents ronds et de consonnes – les boulettes à la sauce machin, le hareng mariné sucré… je sais c’est dur, mais rédempteur.

Tibert

Après vous… mais non, je n'en ferai rien…

On marche de plus en plus sur la tête dans ce pays, et les symptômes se précisent et s’accumulent. Le Monde d’hier soir nous titre, et c’est manifestement triste à ses yeux, “Quand on appelle le 115, mieux vaut être Français“. Le 115, c’est le téléphone de détresse sociale, “Au secours je suis dans la panade“, bref sans feu ni lieu. Un numéro que de plus en plus de sans-logis sollicitent, tant cette époque est moche. Et Le Monde nous apprend donc que les hébergements d’urgence sont saturés, que les places manquent, que c’est pour le 115 comme dans l’immobilier locatif à Paris, ou comme les dossiers à Popaul-Emploi, ou les places en prison : ça ne suit pas, on n’y arrive pas.

Et donc, au 115, nous dit Le Monde, manifestement choqué, on privilégie les appels de nos compatriotes. Vous vous rendez compte ? la France, le Pays des Droits de l’Homme venu d’ailleurs ?

Ben oui, on fait ça, chez nous, et c’est, excusez-moi, normal, s’agissant d’une situation de pénurie. Ce qui ne serait pas normal du tout, carrément anormal, ce serait l’inverse. D’ailleurs la très grande majorité des démocraties – ne parlons même pas des régimes autoritaires, où il n’y a rien à discuter – donne la priorité à ses ressortissants, et pas que pour le 115 : pour l’emploi, pour les alloc’s, pour la santé, et j’en oublie. D’aucuns nomment ça la “préférence nationale”, et ça a très très mauvaise presse –  surtout auprès des gens qui n’en ont pas besoin.

Evidemment, l’idée, la gentille et joulie idée sous-tendue dans le papier du Monde, c’est qu’il faudrait être équi-charitable : hélas c’est infaisable, quand il s’agit de coups de téléphone, où beaucoup s’expriment difficilement, etc. C’est infaisable, et zut, si être Français ne donne droit qu’à payer sur ce sol des taxes et des impôts, autant se flinguer tout de suite. Ou donner carrément l’exclusivité du 115 aux migrants, ce sera plus clair. On pourrait alors ouvrir un 116,  pour les Français, en situation de pénurie lui aussi, bien entendu – mais là il va y en avoir qui vont hurler à la discrimination.

Tibert

Un Monde de beau linge

Quand par malchance on n’a pas accès au Houèbe, on achète le journal en papier, pour ne pas louper, par exemple, les palpitants épisodes de la juste lutte des taxis parisiens contre l’intérêt général des Parisiens, qui semble archi-secondaire. Mais passons. Donc, le journal… le journal du vendredi soir, le Moonde (daté du samedi), c’est vendu  avec supplément obligatoire, un magnifique magazine papier glacé, joulies photos et articles soignés. Le Moonde du vendredi soir coûte 3,50 euros avec tous ses suppléments, le magazine et divers feuillets ; soit 1,70 euro de plus que d’hab’. Pour ce prix on a droit à du rédactionnel, et du solide, non ?

Rédactionnel solide… il y en a, c’est vrai, sur la jeunesse de Téhéran, sur la parano des Parisiens qui bossent à St-Denis (93). Et deux-trois portraits estimables sur des gens intéressants. Voilààh… et puis, et puis, un article de 4 pages, très élogieux, sur la maison Arnys à Paris dans les quartiers huppés, qui habille un tas d’hommes célèbres ou riches, ou les deux. Et, le croirez-vous, on nous apprend que Normal-Moi en personne y est venu voir, mais a renoncé à s’y faire confectionner ses costards, c’est trop cher pour lui ! à partir de 6.000 euros la bête, on le comprend, ça fait cher le bout de tissu. Mais show-bizz, politiciens, écrivains, hommes d’affaires… ils sont légion à se presser chez Arnys, que du beau linge parisien – les socialistes sociaux et les UMP libéraux s’y cotoient avec civilité. Bref : Arnys, si vous êtes pété de thunes et affectionnez de vous vêtir bien bourge, bonne adresse. Moi j’appelle ça du “publi-reportage”, mais j’ai mauvais esprit.

Et puis, feuilletant le magazine, j’ai été frappé par le nombre de pleines pages de pub’ pour les fringues et chaussures masculines, et pas du Tatu ni du Kiabu, non : que de la belle griffe, vous pensez bien. J’ai donc consciencieusement établi la liste exhaustive de ces pubs grand format trouvées au fil des pages, outre la maison Arnys et deux quasi “publi-reportages” sous couvert de belles photos (“ Henri-Charles Dugenou porte ici une cravate Cecicela de chez Schmoldu, une veste cachemire-soie griffée MonLapin, chaussures Crokno de chez HypeShoe“, vous voyez le genre) : j’ai dénombré 27 marques qui souhaitent vous fourguer, via le magazine du Moonde, des vêtements ou des chaussures.

Ralph Lauren – Saint Laurent – Giorgio Armani – Gucci – Ermenegildo Zegna – Bottega Veneta (ah là c’est une femme !) – Canali – Brioni – Kenzo – Carven – Lanvin – Hugo Boss – Paul Smith – US.Polo Assn – Strellson – Cerutti – Peuterey – Marc O’Polo – Tommy Hilfiger – Woolrich – De Fursac – IKKS – Levi’s – Aigle – Geox – American Vintage – Dior.

Voilà. Notez, ce n’est pas tout, on a aussi Rolex, Bell & Ross, VW, Nespresso, Hyundai, Samsung, Toshiba, Renault, Novotel, Lindt, Rivages du Monde, qui, eux, ne vendent pas de fringues. Et, ah oui j’oubliais : Sotheby’s. C’est pour vendre une gentille gentilhommière à Menton (06), mise à prix 22 millions. Sur le papier ça a l’air pas mal.

Mais quelle est donc la cible du Moonde-magazine du vendredi soir ? c’est Vogue-hommes, ma parole ; le Fig’Magazine n’est pas loin non plus. Parisiens illustres, Parisiens branchés, vêtez-vous cher, vêtez-vous riche.

Poudrage de cacao sur le Tiramisu : une pub pleine page pour le “Musée du Monde”, des cahiers à se procurer semaine après semaine, sur des thèmes de beaux tableaux de grands peintres. Le prix du cahier : 5,99 euros. Là, sur ce sournois centime manquant de prix vicieux qui ne veut pas avouer ses 6 euros, on rejoint, naturellement, la grande famille des vendeurs de chaussettes sur les tréteaux des marchés.

Tibert

Ça trompe énormément

Circoncision, saison IV : derechef le Conseil de l’Europe vient de pointer du doigt et condamner la forme rituelle de cette pratique sur les enfants (mâles, évidemment), qu’il juge abusive et dangereuse.

Derechef (A nouveau, si vous préférez, mais derechef, ça le fait mieux, il y a du chef là-dedans) Israël, état laïc de chez Laïc ;-), se met en rogne sur cette affaire et dénonce un encouragement aux « tendances racistes de l’Europe ».

Je fais remarquer ici que la circoncision n’est pas raciste pour deux ronds (de prépuce), puisque ces prépuces, tranchés rituellement ou à des fins hypocritement prophylactiques (*), sont sacrifiés sur des autels divers et variés ; et il en est de toutes les couleurs, tels les anneaux olympiques ! Le « racisme » est ici brandi hors de propos, comme souvent  – le “racisme”, c’est horrible, forcément horrible –  en dépit des faits et de toute rigueur intellectuelle.

Au fait, allez donc jeter un cil sur le juteux courrier des lecteurs, à la suite de l’article cité… bourré d’a priori(s) ! le jeu c’est d’en débusquer le maximum. Entre autres, on y compare le pénis non mutilé à une trompe d’éléphant… on y apprend aussi que le prépuce “n’a aucune fonction“. C’est bien des remarques de gens qui n’ont jamais eu la possibilité d’utiliser leur prépuce, ou alors ils ont oublié. Non mais dans quel monde vivons nous ?

Tibert

(*) un pénis circoncis est plus facile à laver, certes : pas besoin de retrousser le manche, flemmards que vous êtes. Mais il reste des plis un peu partout, et à l’ère des salles de bains généralisées et des douches quotidiennes, la propreté pénissienne ne pose aucun problème, circoncis ou pas.

Gentils Lupins et vilains buralistes

Un de ces récents soirs (*), à la télé, où l’on nous serine la soupe des infos vespérales – bien prémâchées, les infos, digestes et lisses :  un braquage de plus, le 72.527 ème, c’est un bureau de tabacs dans le Sud-Est : “Le braquage s’est mal terminé…”, dit en substance la spiquerine, “…le buraliste a tiré avec un fusil chargé de balles en caoutchouc et blessé un des braqueurs gnagnagna…“…

Qu’est-ce qu’un braquage qui “se termine bien” ? on aimerait avoir des éclaircissements là-dessus, que la spiquerine nous explique comment on s’y prend pour un braquage sans éclaboussures, un braquage “happy end”.

Autre : ce matin, Le Figues’haro nous en sort une autre qu’elle est savoureuse : dans l’Oise, quatre cambrioleurs de jour, cagoulés et gantés, qui trouvent les enfants à la maison… c’était pas prévu au planning… ils improvisent, les ligotent, les parquent à l’étage pendant qu’ils foutent la maison à sac à la recherche du fric supposé. “Ils les ont surveillés tout en fouillant la maison, mais n’ont commis aucune violence physique sur eux. ‘ Ils leur ont même apporté du lait et des biscuits. Il n’y a pas eu de violences physiques proprement dites. Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser ‘, assure le parquet.”

Donc se pointer cagoulé et ganté, agripper et ligoter ce n’est pas de la violence physique ? c’est juste pour de rire, pour jouer aux cow-boys et aux Indiens ? on se fout du monde, là. Le parquet, l’anonyme parquet de l’oise qui nous sort cette connerie, je voudrais voir la trombine du communicateur “Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser» si on lui faisait le même coup.
Le prochain braquage, les mecs, mettez des nez rouges, apportez des mirlitons et des amuse-gueules, et puis surtout faites gaffe à pas traumatiser vos victimes, faut que “ça se termine bien”, comme on dit.

Tibert

(*) Vous entendez comme ça sonne ? c’est pas beau  ?  “récents soirs” : récensoir… sssss… j’adore ces allitérations. Pour qui sont ces serpents qui sifflent gnagnagna…

Pas un chaland en amont, en aval

C’est du Jules Faforgue, ce vers. Tenez, ça s’appelle “Dimanches“, c’est le premier d’une série de 6 poèmes. Le Jules, là, les dimanches et leur vacuité l’ont beaucoup inspiré.

Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…

Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.

Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles…

Bon, vous lirez le reste, c’est superbe, et Laforgue en général c’est superbe. Tout ça pour vous redire – je l’ai déjà exprimé – que la vacuité du dimanche, c’est à préserver. Le seul jour de la semaine où les bagnoles ne vrombissent pas dès 6 heures, où les camions de livraison foutent la paix, où l’on entend les cloches tinter, où les trottineurs (les joggeurs en franglais ) peuvent se faire suer en survêtement avant d’aller faire la queue à la boulangerie pour se munir de croissants bien au beurre…

Le seul jour de la semaine où les immondes zones de chalandise banlieusardes sont désertes : les hangars cubiques et peinturlurés façon criard des HallesAuxGrolles, des MisterCanapé, des ChefBricolage et leurs parcs à bagnoles enfin vides. Le temps de zoner au fond du lit, d’écouter un bon vieux podcast mis de côté, le temps d’une sieste crapuleuse, de cuisiner un risotto artichauts-crevettes, d’aller aux champignons, ad libitum.

Regardez bien, écoutez bien, goûtez bien l’ennui, la lenteur des dimanches, et puis le spleen du soir  pour ponctuer tout ça : ce sera bientôt mort. Il faut pouvoir faire bouillir la casserole après y avoir mis quelque chose dedans, pouvoir consommer, assurer le ravitaillement, se trouver des godasses, acheter de l’enduit à reboucher en sacs de 5 kilos, tout ce qu’on ne peut pas faire les autres jours. Il va falloir travailler aussi le dimanche.

On fera week-end par roulement… moi le dimanche ce sera mardi, toi jeudi, les bagnoles vrombiront 7 jours sur 7, il n’y aura de parcs à voitures déserts que la nuit – et encore… ! – et on se verra… je sais pas, moi, peut-être en nocturne chez Carrouf’, nous croiserons poétiquement nos caddies au rayon Fruits-et-légumes, qui sait ?

Tibert