T-shirt de destruction massive

Vous avez sûrement eu des échos de la rencontre de Normal-Moi avec Lucette (Arlette ? Ginette ?), bref Hollande chez l’habitante en Meurthe-et-Moselle, rencontre calibrée, peaufinée, que même les tasses à café et le café venaient d’ailleurs, des fois que ! Et les questions-réponses, rien qui dépasse, que du répondable et de l’entendable. Bref, c’est “Le Président chez l’Habitant : un homme normal“, ça ronronne.

Ce qui est moins lisse, c’est le “contrôle d’identité à titre préventif” (*) effectué par la Police du coin sur un individu du coin, extrêmement louche car bien connu pour ne point aimer notre Président : un militant de La Manif Pour Tous. Ces dangereux individus rôdent, souvent armés de leur T-shirt assassin, prêts à ne point apprécier les prestations présidentielles. Donc la Police embarque ledit putatif trublion au commissariat pour “contrôle d’identité” (**). Motif ubuesque, puisque son identité est connue, c’est justement pour ça qu’on l’embarque ; 2) il  n’arbore même pas son dangereux T-shirt ; 3) il ne manifeste pas, ou rien.

Mais justement, interpellé sans avoir rien fait d’autre qu’être dans les parages, et prié fermement de suivre les poulets, Denis Gabet (c’est le nom du monsieur) gueule “Hollande dictature“. Ah, vous voyez, vous voyez ! de quoi il est capable !

Sobrement résumé par le Directeur Départemental de la Sécurité Publique (DDSP) à l’initiative de ce rapt préventif, ça donne ça :  “Cette personne avait, c’est évident [c’est moi qui mets en gras] l’intention de perturber la visite“… “un président ne peut pas avoir sur son passage des gens qui viennent l’insulter” (***). Règle non écrite (on ne vous l’écrira jamais, ça ferait mauvais genre bananier) : on est en République et en principe libres de nos mouvements, MAIS en fait si l’on est “pour” on peut venir faire la claque, c’est même recommandé ; sinon on reste sagement chez soi ou on va se faire cuire un oeuf, mais au large.

Sage pratique à généraliser à tous les citoyens normaux : quand un malfrat labellisé BCSP “bien connu des services de Police” viendra rôder en sifflotant innocemment autour de votre scooter, la Police l’invitera fermement et préventivement à venir faire un petit stage au commissariat, le temps que vous dégagiez votre bécane. On va être bien protégés.

Tibert

(*) C’est le Figues-à-rôts. Autre version du même évènement ici (Le Monde-Sur-Toile).

(**) A supposer que les “mises à l’écart préventives” soient légitimes, il serait pertinent qu’existe une procédure légale en ce sens. “Eloignement préventif” , “Retenue de précaution”…  l’expression reste à définir et inscrire dans la Loi, et la procédure à utiliser avec parcimonie et à bon escient – ça va de soi.

(***) La DDSP qui a laissé Sarkozy face à un badaud hostile, suscitant sa célèbre répartie mezza voceCasse toi, casse toi, pôv con” avait donc omis de déblayer le terrain au préalable. Regrettable, mais ça nous a valu une citation qui restera à la postérité.

Vrooom vrooms en sourdin(gu)e

Je lis sur ce site – qui par ailleurs teste des aspirateurs aussi bien que des clés USB ou des trottinettes – qu’on propose maintenant un casque de moto “à réduction de bruit active” (la réduction de bruit active, ça fonctionne bien, j’ai pu tester ça en avion ; un casque (cher !) permet de réduire à un chuintement léger le brouhaha ambiant et le ronronnement entêtant des réacteurs ; on arrive à suivre un programme vidéo sans les sous-titres).  J’ai d’ailleurs appris incidemment dans le même article que pas mal de motards se mettent des bouchons d’oreilles pour conduire leur engin. Donc le bruit de leur bécane les gêne ? ça me fait plaisir, je ne suis pas seul.  Cela me fait aussi penser à ces concerts d’aujourd’hui où le / les chanteurs-instrumentistes sont encadrés par des murs d’enceintes assourdissantes – littéralement : dans la salle on a forcément ses tampons d’oreilles sinon c’est la surdité assurée, sur scène on a ses tampons d’oreilles “pro” sur-mesures, on ménage ses esgourdes… pourquoi ne pas baisser le son ?

Vous comme moi, je suppose – les oreilles sont ce qu’elles sont – êtes péniblement assaillis tous les jours, au long des rues, avenues, routes, par ces motos hurlantes ou vociférantes – le plus de bruit possible – de la grosse Bertha péteuse, pataude et bancale des Harley aux miaulements suraigus des cubes japonais à 9.000 tours sous turbo – sans parler des mob’s trafiquées à pot apocalyptique, “mouches à merde” hurlant sous votre nez en toute sereine et illégale impunité. Certains même vous font l’étalage de leur vigueur virile, roulant sur 30 mètres sur la roue arrière et si possible sans casque, phallus-moto fièrement dressé vers le ciel.

Bref : ceux-là qui vous pourrissent l’environnement de leurs pots d’échappement hurlants ou vociférants, ceux-là prennent les moyens de se protéger les oreilles, eux. Il me reste en réaction à me munir, dans la rue, d’un casque à réduction de bruit, active ou non. On va avoir l’air fin, avec nos casques anti-bruit, les yeux vissés sur le mobile rivé dans la main (oups ! pardon, le “portable” : ce petit rectangle plat qui pèse 140 grammes, c’est portable, le croirez-vous !), incapables d’éviter une merde sur le trottoir, tellement on n’y fait pas attention. Avec des bottes d’égoutier, peut-être ?

Tibert

Sur sûr de sûr

Un semi-remorque grumier – sans grume – qui pour une raison inconnue se plie en “portefeuille” et en travers d’un virage masqué sur une petite route sinueuse du vignoble libournais, un autocar de retraités du coin tout juste parti en virée vers les Landes et un “graillou” prometteur et programmé largement à l’avance, et plus de 42 morts : route trop étroite et en pente, choc violent, incendie immédiat… bref on en saura plus bientôt sur le pourquoi de ce camion en travers au mauvais endroit au mauvais moment.

Monsieur Mamère, le maire de Bègles – pas bien loin du Libournais – et coutumier des positions et postures à rebrousse-poil, a mis en cause la loi Macron dans ce drame : ce serait la faute à la libéralisation des transports en autocars !… sauf que les virées en autocars Troisième-Age à prétexte gastronomique, culturel, touristique, religieux… ça se pratique depuis que les autocars existent, bien avant que monsieur Macron ait vu le jour. Monsieur Mamère a ainsi perdu une occasion d’éviter de dire une ânerie, dont la logique conduirait d’ailleurs à mettre sur le dos de monsieur Stephenson tous les accidents ferroviaires, monsieur Ader se chargeant des crashes d’avions, etc.

Mais monsieur Mamère dit par ailleurs des choses plus sensées, et là je le rejoins : notamment que les routes secondaires, qu’on néglige au profit des grands axes et eux seuls, devraient être plus “secure” (c’est lui qui a semble-t-il mis des guillemets, vous voyez, avec le geste des deux majeurs et index joints faisant les crochets en l’air). Il est clair – mais chuuut, les morts c’est officiellement la faute des seuls chauffards et de la vitesse, cette salope – que des tas de points noirs sont connus pour provoquer des accidents sur nos pittoresques, étroites et sinueuses routes départementales. Justement, LE virage des 42 morts en était, “bien connu des services de la DDE” : il avait déjà provoqué des drames. Mais élargir le virage, l’arrondir, y mettre des miroirs pour y voir ce qui vient (ça se fait beaucoup en Suisse et en Allemagne, par exemple), ça n’intéresse pas les décideurs en la matière, plus désireux d’investir dans de nouveaux et rutilants ronds-points à leur gloire (les mairies ? les DDE ? autre ? ). Combien ça  coûte deux miroirs convexes placés judicieusement pour voir l’intérieur du virage en face ? combien ça coûte quarante-deux morts ?

Voilà… mais je reviens sur les guillemets de monsieur Mamère : secure. Ce n’est pas français, en effet ; c’est du rosbif, secure. Qui veut dire sûr (sans risque). Le problème c’est que “sûr” a chez nous deux fois deux = quatre acceptions, si l’on pinaille sur l’accent circonflexe. Sur : par dessus ; sur comme un fruit un peu fatigué (une pomme sure…) ; sûr : certain ; sûr : non risqué. Evidemment l’accent circonflexe ne s’entend guère, pour ajouter à la difficulté – il ne reste que le contexte pour comprendre. Et puis l’inflation verbale veut qu’on utilise des mots longs pour dire des choses importantes ; sûr c’est sûrement trop court ! bref sûr a du plomb dans l’aile, et on entend ici et là l’affreux secure (sûr = sans risque) ou sûr et certain (pléonasme !), pour signifier sûr = certain.

Que faire ? nous sommes coincés derrière un adjectif très polysémique et trop court. Il y aurait bien l’expression québecoise sécuritaire, utilisé pour sûr = sans risque. Je vous la propose ? à Montréal ça ne pose aucun problème. “Cette rambarde est très sécuritaire“. Ici, ça va hurler, la gauche va s’enflammer : tout ce qui est sécuritaire est liberticide, c’est bien connu, et l’ordre moral n’est pas loin. Des bruit de bottes, c’est sûr.

Tibert

Authentique transversalité aéroportuaire

On ne peut que déplorer – moi, en tout cas – la perversion des thèses écologistes à travers les dérives des (ex)-dirigeant(e)s EELV du côté des Mélenchon and Co. Charger de tous les rejets de gaz méchants et délétères, de toutes les pollutions nocturnes et diurnes – 1) le grand capital, 2 Les centrales nucléaires, 3) Les moteurs Diesel, surtout ceux de Volkswagen qui en plus ont le culot de bidouiller les chiffres, c’est pousser un peu loin le bouchon : qu’on se souvienne que l’un des plus grands pollueurs de la Planète fut, en son temps, la défunte RDA, République “Démocratique” Authentiquement marxiste, du moins sur le papier. Et puis s’il faut réfléchir à, et promouvoir la “décroissance”, idée verte et qui me plaît en ce qu’elle appelle à plus d’intelligence créatrice et de responsabilité, force est de constater que les rares pays à modèle plus ou moins vaguement marxiste n’en ont rien à foutre, de la décroissance verte. Ils produisent un max, ils polluent, et après eux le Déluge.

Bon, mais pourquoi je me lance là-dedans ? parce que je lis dans le canard ici référencé que le FN, là, le parti de madame Le Pen, est maintenant arrivé lui aussi à la conclusion, comme moi et les écolos, que l’AyraultPort, le projet de Notre-Dame-Des-Landes-Aéroport, c’est une ânerie, pour rester poli. Non certes une ânerie pour les bétonneurs-bitumeurs, eux ils seraient vraiment pour, et sûrement pas dans la perspective d’une décroissance verte. Ils vous y mettraient des ronds-points à vous filer le tournis, des places de parking payantes et bordées de jolis traits blanc, des escalators et des tapis roulants, des tarmacs et des barrières automatiques, des navettes et des chariots à bagages. On le sait, un aéroport c’est moche, stressant – voire carrément hostile, tel Roissy – mais d’aucuns s’entêtent : celui de Nantes-Bouguenais ne leur va pas, même sérieusement amélioré, ils en veulent un autre plus gros, plus stressant, plus énergivore, plus loin de la ville, y acheminer des bus, des navettes, des taxis, exporter le béton bitumineux dans les champs de betteraves, mais, et là est le truc, à portée de bagnole des Rennais, ces malheureux qui n’ont droit qu’à un aéroport de sous-préfecture et s’en désolent.

Bref : Le FN rejoint l’avis commun, qui est que ce projet d’aéroport est à poubelliser, au profit 1) de la modernisation de l’actuel, très loin d’être à saturation ; 2) d’investissements plus utiles, comme par exemple des “autoroutes numériques” qui actuellement font défaut.

Bon, il y a des nuances ; les Verts ont pour les “zadistes”, ces individus hirsutes et fabuleux qui occupent le terrain convoité par les bétonneurs, les yeux de la compréhension, sinon de la connivence.  Le FN, non. Mais zadistes mis à part, l’écologie ratisse large, de Cécile à Marine : preuve qu’elle est traversante quelque part, l’écologie.

Tibert

 

 

Je me lève tôt et c'est miraculeux

On redécouvre ces temps-ci l’adage sage que les écoliers ânonnaient sur les bancs de la communale : “L’avenir appartient à ceux (“celles et ceux” en langage politicien) qui se lèvent tôt“. Ou en V.O. teutonne : “MorgenStund hat Gold in Mund“, l’heure matinale a de l’or dans la bouche. Et tenez, je vous le fais en anglais – mais pour le Mandarin voyez ailleurs : “The early bird catches the worm“, c’est l’oiseau matinal qui attrape le ver. Et justement ça nous vient des USA, le croirez-vous ! là-bas ils ont découvert ce truc, c’est la nouvelle folie qui va déferler à Paris, ça a un nom en anglais, il y faut forcément du rosbif pour imposer le concept. C’est le Morning Miracle” : miracle j’ai réussi à me lever à 5 h 30. C’est un Etats-Unien qui nous a trouvé cette fière appellation et ce filon, il s’appelle Hal Elrod, et il va se faire des couilles en or avec son bouquin de miracle matinal.

Pour vous documenter et vous motiver à mettre votre réveil à 5 h 30 demain pour étudier ce bouquin, vous lirez demain à 6 heures et avec intérêt l’article du Huffington auquel je vous renvoie, avec une superbe faute de français (ils sont sans doute meilleurs en anglais) : “Garder la trace d’une chose que vous avez appris ou réalisé“. S’ils pouvaient garder la trace de l’accord du participe passé…

On sait aussi que certains, les veinards, n’ont besoin que de 6, 5, voire 4 heures de sommeil pour se remettre en état de fonctionner le jour suivant, alors que pour d’autres c’est à 11 heures du mat’,  matinée foutue, qu’ils émergent péniblement en baillant après une dizaine d’heures de dodo. Pour les petits dormeurs c’est ainsi 2 à 5 heures de plus à vivre chaque jour, à lire, écrire, faire de la gym, traiter leur courrier ou leur compte bancaire, jouer du piano (électrique, le piano, avec un casque), faire du pain, aller écouter les oiseaux (c’est juste avant le lever du soleil que les piafs vocalisent), se préparer un ptit-dèj’ soigné – plus élaboré que deux tartines beurrées trempées dans le café au lait – méditer (sur ce que vous voulez, sur le ruban de Moebius et sur un tapis de yoga), apprendre par coeur les verbes irréguliers suédois ou toute autre activité passionnante.

Voilà, vous êtes désormais sans excuse, c’est à vous, c’est Votre Miracle Matinal maintenant. Pour vous aider à démarrer, je vous file un truc : vous partez au Canada, au Venezuela, aux Antilles, en Malaisie… je vous jure, les premiers jours à 3 heures du mat’ vous êtes debout, fringant, hyper-opérationnel, vous avez faim, vous videz le frigo. Evidemment l’après-midi est un peu laborieux, mais bof, l’essentiel n’est pas là. Vous l’avez, votre miracle !

Tibert (et il est 5 heures)

Quand Clausus rencontre TDCSP

Deux petites choses – je n’ai pas trop le temps, là, très occupé par des tâches très physiques. Vraiment très physiques.

Premièro : Tenez vous bien, vous qui comme des millions de porteurs de binocles français (les binocles, elles, sont chinoises) devez attendre 3 mois minimum pour pouvoir consulter un médecin ophtal”mollo”giste, vous qui supposez que le Grand Numerusse Closusse Médical en est la cause pour éviter aux toubibs de voir leurs revenus mensuels baisser… vous avez tout faux. Car la profession des ophtalmos (à travers le témoignage d’un lecteur du Monde-Sur-Toile) beugle que c’est le Ministère qui serre les chiffres, qui raréfie la profession,  alors qu’eux ne cessent de réclamer du renfort. On va où, là ? qui au Ministère de la Santé sabote la santé oculaire des Français ? Je vous pose la question. J’ai bien une idée : ça coûte cher les ophtalmos et les lunettes, et si les consultations sont difficiles à obtenir donc rares, ça coûte moins… tant pis pour votre glaucome, madame, votre presbytie ou pire, votre DMLA, monsieur.

Deuxièmo : Vous avez sûrement vu cette histoire d’un braqueur à main armée, mutirécidiviste, qui étant parti en permission, n’est pas rentré à sa taule de résidence ? le gars en question est mort, hélas pour lui, car il a entrepris aussi sec un N+1 ème braquage à main armée, braquage qui a foiré… échange de coups de feu avec la Police, il a blessé très grièvement un flic, mais en retour a pris un pruneau dans le buffet – ce sont les risques du métier (les journaux ont pudiquement tu son nom, ça ne vous servirait à rien, pas vrai ? (*). Ce que les journaux nous disent, c’est que le gars – qui au passage était fiché “S” comme Salafiste, donc islamiste radical, était “Très Défavorablement Connu des Services de Police”, TDCSP.  Je ne puis m’empêcher de rapprocher ce classement avec celui de l’Educ’Nat’ et sa nouvelle notation ABCDE : les malfrats c’est assez rustique, “Défavorablement, Très Défavorablement… Très Très peut-être ? (les “Favorablement Connu” sont rarissimes). On pourrait suggérer à la Police d’adopter la notation Educ’Nat’, nettement plus concise et nuancée, A++, C-, etc.

La taule c’est gris, c’est triste, les petits délinquants y apprennent le grand banditisme, etc… nous savons tout ça. C’est moche, soit. “Y a qu’à” faire des prisons moins glauques, comme dit l’autre. La prison-punition, la prison-rédemption on  veut bien, warum nicht (**), mais d’abord, et c’est là une évidence qu’il faut rappeler, la prison est là pour empêcher les malfrats de nuire : au trou, on ne braque plus. Or ils partent en permission, les braves petits, on les envoie prendre l’air, les TDCSP. Angélisme, quand tu nous tiens…

Tibert

(*) Il y a encore quelque temps, l’ennemi public N° 1 s’appelait Jacques Mesrine. Aujourd’hui ce serait monsieur X (son nom ne vous servirait à rien), Très Très Très Défavorablement etc.

(**) Why not, pour les anglophiles.

Histoire de petits cailloux

La tragique bousculade qui a fait plus de 700 morts à Mina, en Arabie Saoudite, lors d’une étape du grand pèlerinage musulman – séance de lapidation des stèles censées figurer Satan, le diable et son train – m’a incité tout d’abord à creuser un peu le sujet. Je me suis demandé combien il fallait compter de tonnes de pierres , à raison de 28 pierres par personne, pour un poids unitaire moyen de 25 grammes, et pour 2 millions de pèlerins… ça donnait 1.400 tonnes de cailloux, une paille !

J’ai imaginé des solutions, le recyclage des cailloux façon salles de bowling, ou des cailloux munis d’élastiques comme des balles de jokari… il est facile ici d’ironiser, de lancer des vannes sur cette tradition de lapidation en masse. Et puis l’évidence m’est venue : c’est tout sauf drôle, et le rire ici est obscène. Plus de sept-cents morts, des gens qui avaient fait l’effort de venir jusque là, expédition coûteuse,  éprouvante…

Tenez, un épisode de mon enfance : nous étions en famille à Lourdes, expédition similaire à Mina mais pour un autre Dieu (il y en a des tas, et pour tous les goûts). Un monde fou devant la grotte de Soubirous, des gens pressés, empressés, compressés, des groupes compacts de pèlerins… moi, gamin près de ma soeur aînée, tout petit au milieu de ces adultes, je me suis mis à manquer d’air… commencé à tourner de l’oeil. Ce que constatant, ma soeur a tenté de me faire de la place, d’écarter la foule compacte autour de moi… pour que je puisse respirer… et ça rouspétait, et ça ne voulait pas bouger : “mais vous n’êtes pas de Dijon ! vous n’êtes pas de Dijon !”. Eh non je n’étais pas de Dijon, et je pouvais crever. J’ai donc tourné de l’oeil, et du coup on m’a fait de la place.

Il est effarant que Homo Sapiens Sapiens en soit encore à nos époques à acheter des bouteilles d’eau du Gave en forme de madonne, à balancer quatre fois sept cailloux sur des monuments, à faire trois fois le tour de la Tour en psalmodiant des nigleries. Effarant et triste. Faut-il que la peur de mourir sans suite, sans droit à une rallonge, soit puissante, jusqu’à aveugler toute jugeote. Mais le pain et les roses, les jeunes vierges toujours fraîches, le lait et le miel, la béatitude ad vitam aeternam contre un lancer de cailloux à Mina ou de pétales de roses à la Fête-Dieu : avouez que, si c’était vrai, ça vaudrait le coup.

Tibert

 

Funeste et crade République

La statue de la République, à Paris, au débouché de l’avenue du même nom et au centre de la place éponyme (ou l’inverse ?) à Paris : vous voyez ? une majestueuse femme de bronze, drapée dans de savants plis romains ou grecs. Tout un symbole : la démocratie, tout ça. Mais dégueulasse, la statue de la République, monument maculé de tags et affiches sauvages diverses, érigé au milieu d’un dallage récent qui a coûté la peau des fesses mais déjà constellé de mégots, de tags et de gommes à mâcher recrachées, bien collantes et fort difficiles à enlever. Bref, pas belle, la République.

A la “Technoparade” (110 décibels au bas mot près des chars à “musique” (boum-boum-boum, faisant vibrer les viscères, tampons d’oreilles sérieux impératifs), c’était la fête. Bière, boissons diverses et foule. On hurlait pour se faire entendre, forcément. Un jeune malin et sportif a escaladé, c’était rigolo, la statue de la République. Son quart-d’heure de gloire façon Andy Warhol. Et la foule des spectateurs de hurler, là-dessous. Ouais, ouais, allez monte !

Monté assez haut déjà – la statue culmine à 25 mètres au dessus du niveau de la dalle, tout de même, soit environ 7 étages – le gars a semblé mollir, il a fait la pause… c’est lisse, ça glisse, le bronze poli. Et après il faut redescendre, c’est souvent là que c’est le plus dur. Bref il pouvait redescendre, ça aurait dû suffire comme ça. D’ailleurs des gens suffisamment lucides lui gueulaient de descendre, “fais pas le con”, etc. Mais va comprendre ce qui se beugle 18 mètres en dessous, avec le boum-boum-boum environnant… et puis d’autres, ah super c’est trop cool, lui hurlaient qu’il était pas cap’, allez si t’as des couilles, monte allez va-y quoi, etc etc… et il a voulu montrer que, oui, il en avait. Mais elles n’allaient pas lui servir plus longtemps, bien que parfaitement fonctionnelles dans sa jeunesse pleine de promesses : il a glissé… un mort à la Technoparade de Paris 2015. Plus, mais c’est accessoire, quelques milliers de bitures, surdités en rapide progrès, et orteils écrasés. Remarquez, ça aurait pu être pire, et ma foi si l’un de ceux qui gueulaient “allez vas-y monte” l’avait pris lui et ses soixante-dix kilos sur le coin de la margoulette il y aurait eu une sorte de justice.

Un récent ex-président de la République aurait aussi sec proposé une loi interdisant l’escalade de la statue de la République sans équipements de sécurité. Pas vraiment efficace, au pays où les lois foisonnent mais n’engagent à rien. Ne faudrait-il pas, plus généralement, proposer une loi interdisant à la jeunesse de se tuer avant d’avoir suffisamment vécu ?

Tibert

Robert, vous avez gagné !

Je reçois tous les jours quelques prétendues polissonneries (des arnaques avec un grand A, direct classeur Spam / poubelle) en anglais, forcément, et c’est Jenny ou Barb’ ou Cindy qui veut b… avec moi séance tenante, ou bien c’est la promesse de nuits entières à b… à en péter une durite, ou bien encore des suggestions insistantes pour obtenir localement un volume imposant. Je connais, c’est cadré, je m’y attends (soupir) et je poubellise aussi sec (*).

Mais aussi, et venant d’entreprises supposées sérieuses ce sont des relances putassières qui sont exaspérantes. A croire que pour le poste de Directeur Communication ils ont embauché des démonstrateurs d’aspirateurs sur les foires. Tenez, vous avez entendu parler de « Bolche Rita » ? ce sont, comme le nom ne le dit pas, mais alors pas du tout, des marchands de gaz, de gaz de ville (mais pas que, s’époumonent-ils, pas que !). Et ils sont pénibles, collants, et je te propose ceci, et je veux te conseiller cela, et ce sont des relances, des courriers, ça n’arrête pas. Moi je leur achète du gaz, ça fonctionne, je le leur paye sans regimber ni tarder, c’est ça le contrat, et basta cosi, non ? Pfff…

Et puis l’autre, là, le téléphone, LaisSerFaiRe… eux c’est par courriels et téléphone, je vous dis pas. Même pendant ma sieste… ils veulent faire le point, qu’ils disent… le point, pendant ma sieste ! et le pire, ce sont les courriels. D’abord ça part systématiquement et à tort dans mon dossier Spam, y compris les avis de factures, vu qu’ils utilisent des serveurs de messagerie chelous. Et puis le ton : « Alfred, que diriez-vous du Samvung Super J6-S à 1 euro ? ». Non mais… on n’a pas gardé les pourceaux ensemble, ce me semble… ils m’appellent par mon prénom !… on se croirait à un jeu télévisé, genre Qui-veut-gagner-plein-de-Pognon : « Stéphanie, votre réponse ? qui a composé le ” Boléro de Ravel   ? – Ah je sais pas Jean-Pierre, j’hésite entre Amélie Mauresmo et Julio Iglesias… ». Moi c’est Alfred, soit, mais Alfred Dugenou, capisci ? « Monsieur Dugenou, que diriez-vous etc etc... », ça d’accord, c’est correct.

Il me manque la chute, là… eh les gars, chez LaisSerFaiRe ou Bolche Rita, si vous avez une idée pour ma chute, mais po-li-ment, OK  ?

Tibert

(*) Au fait, si vous connaissez les abrutis qui s’obstinent à m’envoyer ces lamentables pseudo-cochonneries, soyez assez aimable pour leur signaler qu’ils peuvent arrêter de s’époumoner à flûter, c’est sans espoir ; on y gagnera tous.

Sans bâche et sans crainte

Il y a un salon musulman à Pontoise en ce moment. Rassemblement confessionnel, tout ça, pas de problème, chacun est libre. Cette année c’est  le “salon de la femme musulmane”, et les thèmes abordés, outre la cuisine hallal, c’est assez clairement la place ancillaire, subalterne, effacée des femmes pratiquant cette religion. Pas pour en débattre, non : pour appuyer, justifier, exalter ce rôle de dépendance vis à vis des hommes. Et, c’est clair aussi, ça pose problème ; la République française ne peut pas s’accommoder de ce modèle : l’égalité des droits et des devoirs – n’oublions pas les devoirs – de tous les citoyens (et donc des citoyennes, c’est le genre humain, pas que les mâles)  est inscrite dans la constitution. Il y  a comme un hiatus gênant…

Mais voilà, les Femen,  ces Femen dont je pensais qu’elles se cantonnaient à faire ch… l’Eglise Catholique (c’est assez peinard), le FN (c’est moins peinard) et  quelques machos, les Femen, donc, sont allées se manifester à leur façon dépoitraillée sur la scène de ce salon. Deux nénettes ont fait irruption, peintes de slogans pertinents, réjouissants, et en français ! (ah enfin, c’était presque toujours en anglais, leurs dazibaos de poitrine). Sur cette scène, deux imams traitaient à ce moment-là – c’est “Le Monde” qui le rapporte, je ne fabule pas – de savoir s’il était licite ou non de battre sa femme ( gageons qu’ils étaient d’accord pour condamner fermement toute violence mâle, ça va de soi n’est-ce pas, la loi française est assez claire sur ce point).

J’ai visionné les vidéos des articles cités plus haut : visiblement on les a expulsées assez énergiquement, et elles devaient s’y attendre. Chapeau les filles.

Tibert