Diversité dans la mesure

L’illustre Association Française de NORmalisation – AFNOR – a des attributions attendues ; on sait qu’elle a pour charge de, disons, définir la section, la conductivité électrique, la longueur et l’écartement des broches d’une prise électrique, la distance minimale à respecter entre un relais de téléphonie mobile et les habitations les plus proches… bref elle norme, l’AFNOR, et elle fait ça très bien. Des savants, des ingénieurs, des physiciens… tenez, Boris Vian y a travaillé, c’est dire le sérieux !

Mais l’AFNOR, c’est amusant, a bossé à normer la Diversité ! oui, la diversité. La diversité (des origines, des populations), la diversité dans l’entreprise, dans les structures sociales… ce n’est pas formulé comme ça froidement, “Norme de la Diversité”, mais on a défini un “Label Diversité” (*). Label, donc mesure de qualité, donc des consignes, des fourchettes de valeurs, des pourcentages… Ce label, votre entreprise, votre structure sociale peut l’obtenir – moyennant finances tout de même. Tenez, je vous en régale d’un extrait savoureux mais bref, la totalité du pavé étant de bonne langue de bois massif et assez indigeste.

“Vous fédérez les salariés autour d’un projet commun d’organisme.
Vous améliorez votre performance économique par une intégration réussie des nouveaux salariés.
Vous fidélisez par les valeurs humaines.
Vous développez une culture d’entreprise basée sur la diversité.”

Et, tenez-vous bien, le Département du 9-3, la Seine-Saint-Denis donc, a postulé pour, et obtenu le Label Diversité. Le Département, c’est-à-dire non pas tout le département, mais l’entreprise-Département du 9-3. Ce Département qui, le premier en France, ‘développe une culture d’entreprise basée sur la diversité, etc‘.
Deuxième épisode, avec le FBI, mais pas celui que vous croyez : le FBI, Front des Banlieues Indépendant, ça existe, et j’avoue, j’en ignorais l’existence jusqu’ici. Ce FBI hexagonal, donc, a protesté vigoureusement devant les locaux de l’AFNOR-93 contre cette labellisation abusive à ses yeux. Non le Département du 9-3 n’est pas digne de ce label, clament-ils, les manifestants du FBI. Tenez, voyez leurs arguments. En gros la diversité en question n’est pas de la bonne vraie diversité, ça vaut pas.

Moi ça me laisse pantois, ce truc. Elle est valable ou pas, cette diversité ? à quelle aune ? comment l’AFNOR peut-elle mesurer la diversité ? parce que je vais vous dire, on n’a pas le droit de la savoir, la diversité : les statistiques ethniques sont interdites, interdit de compter et d’additionner, diviser, faire des proportions (**). Ou alors c’est de la diversité d’autres trucs ? des couleurs de cravates, des accents, des costumes, des diplômes, des religions, des coiffures, des régimes alimentaires…
Moi je vais vous dire, vive la diversité, c’est le contraire de la monotonie. La diversité, pas la cacophonie.

Tibert

(*) Non ce coup-ci ce n’est pas la faute de Normal-Président : le Label en question a été créé en 2008, sous la présidence Sarkozy.
(**) Et le Soleil tourne autour de la Terre, ce centre de l’univers immobile et plat.

Referendum est !

En latin le pluriel de referendum ce serait referenda, – merci maître Capello – mais c’est ici une question oiseuse : en France on a tous les ving-cinq ans au mieux UN referendum sur le feu, jamais deux, et c’est quand vraiment on est coincés, que toutes les solutions gouvernementales, autoritaires, politicardes, démagogiques ont été essayées et ont échoué. Allez je vais vous le franciser : “référendum(s)”. Parlons-en donc, et au singulier, comme de bien entendu.
Donc, voyons voir, ce futur référendum unique et exceptionnel, qui doit sortir Normal-Premier du bourbier de la querelle sur l’aéroport grand-nantais. Bonne idée : qu’en pensent les habitants du coin ? Idée stupide : si c’est d’intérêt national, ou même seulement régional, à quoi ça sert qu’on ait un exécutif ? hein, monsieur Hollande, à quoi ça rime ? un gage aux écolos de la dernière promotion ? C’est bien flou, tout ça… Je m’en vais tâcher d’éclairer votre lanterne. Un aéroport grand-nantais à 25 km de Nantes, contre 12 actuellement, pourquoi faire ?

Au fait, oui, pour quoi faire, cet aéroport ? si enfin les Français et nos visiteurs avaient le choix de quitter ou regagner leur pays en vol long-courrier ailleurs que par Roissy, Roissy le cauchemar, ça vaudrait le coup… alors nous aurions, au large de Nantes, un “hub” international ?  hélas ça ne se décrète pas, les compagnies se posent là où ça les intéresse, là où est le marché, et les étrangers s’agglutinent spontanément à Paris. Qu’iraient-ils foutre au large de Nantes, à 400 kms de Paris ? prendre un train pour s’y rendre en deux heures ou plus ? une navette pour visiter la Grande-Brière en barcasse ? la maison natale de René-Guy Cadou ? le Passage Pommeraye ? c’est au Moulin-Rouge qu’ils rêvent d’aller.

Pour les malheureux Rennais qui prennent l’avion à Nantes ? ça leur ferait plus court, ça éviterait de traverser la Loire… sauf que les Rennais ne vont plus guère prendre l’avion à Nantes, ils atteindront Paris par le TGV en moins de 1 h 30 dès 2017. Les Sarthois ? pas concernés, trop près de Paris. Les Angevins ? comme Rennes, Paris est si vite atteint… les Mayennais ? encore plus près de Paris que les Rennais.

Pour les Nantais ? l’aéroport nouveau sera nettement plus lointain, avec des liaisons non encore définies, alors que le tramway les amène actuellement à un jet de navette (courte et gratuite) de leurs avions pour le prix d’un billet urbain. Enfin, les Vendéens sont chauds partisans du statu-quo, ça leur fait bien plus court.

Pour permettre un trafic plus important ? il y a encore boucoup de marge à l’aéroport  actuel avec sa piste unique : voir Genève, et d’autres, à piste unique et qui ont un trafic bien supérieur. Tenez, lisez ça, ça confirmera ce que j’avance, ils sont d’accord avec moi.

Pour éviter de survoler Nantes à basse altitude ? (quant au lac de Grandlieu les jours où les vents ne sont pas de Sud-Ouest : on s’en fiche, ça n’effraie que les aigrettes et les pluviers). Excellente raison, sans doute la seule qui vaille. Eh bien demandons aux habitants de la communauté urbaine de Nantes, c’est eux seuls que ça concerne… qu’ils cochent la case :

– Oui –  ils veulent qu’on éloigne ce putain d’aéroport, pour qu’enfin on ne voie plus les avions faire du rase-toitures au dessus de la Tour de Bretagne ; ça coûtera ce que ça coûtera.

– Non – ça ne les empêche pas de dormir, et les inconvénients (béton à gogo, circulations chamboulées, éloignement, coûts d’accès…) seraient plus importants que les avantages.

Voilà, cher Président…  c’est-y-pas plus clair comme ça ? hein ? heureusement que Tibert, LE-Tibert-le-Chat est là, et qu’il veille.
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Je change de sujet… un joli néologisme, ça vous irait ? je lisais ceci hier dans un bouquin espagnol – ‘L’imposteur’, de Javier Cercas : “Le pire ennemi de la gauche est la gauche elle-même ; c’est à dire : le kitsch de la gauche ; c’est à dire : la conversion du discours de gauche en une coquille vide, en un sentimentalisme  hypocrite et de pacotille que la droite a qualifié de bonisme“. Ce bonisme me plaît, ça dit bien ce que ça veut dire, ça ne dépare pas dans le groupe lexical de la Bonne-Pensée : bien-pensance, bien-pensisme, politiquement-correct, bref le discours culpabilisant à oeillères intégrées. Tenez, je vous en fais un aperçu : C’est 1) la faute de la société ; 2)  ou alors la nôtre ; 3) ou bien les deux.

Tibert

Le collaborateur et le collabeur à tort

On a eu droit à un ramdam superbe il y a quelque temps à l’issue d’une émission mijotée par le journaliste-télé Pujadas, réunissant des vedettes, D. Cohn-Bendit, A. Finkielkraut et d’autres, dont une jeune femme, Wiam Berhouma présentée comme “apolitique” (*), adjectif cocasse quand on a vu avec quelle professionnalisme elle a occupé-monopolisé le micro pendant quasiment dix minutes avec la complicité souriante de l’animateur. Tout ça pour enjoindre aimablement à Finkielkraut, qui ne pouvait en placer une, de la fermer “pour le bien de la France”. Dès le lendemain, cette émission a fait le tour de la Toile, alimenté les touïts un peu dans tous les sens… tenez, deux de ces touïts :

X : “Grâce à son discours simplet et violent, @WiamBerhouma a fait plus pour le FN que si c’était MLP qui était invitée.”

Réponse d’un nommé Amine El Khatmi (AEK) :
Complètement. Je viens de voir la vidéo. Je suis affligé“.

Il se trouve que AEK est un homme politique, une personnalité de la municipalité d’Avignon et membre du Conseil National du PS… eh bien, AEK va en entendre parler, de son touït affligé ! Florilège des noms d’oiseaux qui pleuvent sur lui et sur la touïttosphère :
“Beur de service”, le “collabo”, le “collabeur”, le “harki”, la “serpillère”, etc… dans le même veine. En gros et en résumé : c’est un traître à son camp. On a poussé le bouchon jusqu’à divulguer son adresse privée et celle de sa mère, à toutes fins utiles… Vous noterez, des membres épars du PS ont touïté pour défendre AEK, qui se bat clairement pour ses convictions et pour la laïcité en république. Le PS en tant que tel, lui, se tait… aux abonnés Touït-Touït absents, le PS… alors monsieur Cambadélis, on est gêné ? on a du mal à se situer ?

Mais je reviens sur le terme collabeur : néologisme {collabo+beur} créé paraît-il en 2004 par le très sulfureux Marc-Edouard Nabe, commenté plus tard très clairement par Lydia Guirous qui a eu droit elle aussi à cette injure politico-ethnique (collabeurette), c’est derrière l’insulte évidente la claire affirmation de camps ethniques irréductibles, en opposition au credo officiel du “vivre ensemble” et de la laïcité – en fait, un bras d’honneur à la République. Collabeur : d’origine maghrébine, AEK serait donc un traître, un suppôt du camp d’en face – comprenez, le camp des blancos, des souchiens

Le “vivre ensemble” dans notre beau pays a du souci à se faire.

Tibert

(*) Coïncidence, il y a une homonyme parfaite de cette dame – ou alors serait-ce elle ? – dans une “Liste d’Union Citoyenne” aux dernières élections régionales.

Miss France est une femme

Je me réjouis et me fais une joie d’entendre ces temps-ci les présentateurs de journaux-télé dire “les films nommés aux Oscars”, au lieu des épouvantables nominés. Nos minets et minettes s’en féliciteront, ayant ainsi retrouvé leur exclusivité. Il semblerait qu’enfin on ait constaté l’existence et l’utilité du verbe nommer.

Ceci dit, il est une polémique affreuse tandis que se préparent les préparatifs de la cérémonie des Oscars aux States. Vous l’avez sûrement lu, des acteurs états-uniens noirs entendent boycotter les Oscars car, estiment-ils, les Noirs ne sont pas représentés aux nominations oscariennes en proportion de leurs mérites et de leur poids dans la population. La faute, estiment-ils, à une équipe de sélection mal fagotée (ringarde, réac, etc…) et à recomposer d’urgence.

L’actrice bilingue anglais-français Charlotte Rampling, Blanche, elle, caucasienne, même, avancerai-je, et sélectionnée, elle, aux Oscars, pour le meilleur rôle féminin, estime en réponse que les acteurs sont tous sur le même pied, ont les mêmes chances de se voir distingués, et qu’il n’y a pas lieu de faire là du racisme anti-Blanc, en d’autres termes, de la discrimination positive au bénéfice des acteurs noirs, voire d’introduire absurdement des quotas raciaux (*) de nominations.

Voyez-vous, chers lecteurs, cette querelle cristallise à mes yeux l’ensemble des biais et manifestations d’ostracisme qui faussent les concours, compétitions, sélections diverses et variées qui émaillent notre quotidien du spectacle. Tenez, aux Oscars, Césars, Molières etc… le Meilleur Second Rôle Féminin est systématiquement décerné à une femme ; au casting pour une gamine dans un film on refoule les vieilles, pourtant largement représentées dans notre population. Il y a bien des semblants d’ouverture – vous vous souvenez sûrement de l’Eurovision de la chansonnette il y a 2 ou 3 ans, où nous vîmes une créature mi-barbue, mi-chevelue et vêtue d’une longue robe blanche, répondant au doux surnom de “Minou-saucisse” (Conchita Wurst, en hispano-germain), remporter le jackpot : ce n’était même pas un-une Noir(e) ! Il faut d’urgence recomposer le jury de la chansonnette de l’Eurovision.

Tibert

(*) N’oublions pas que selon les idéologues de par chez nous et bien en place, les races n’existent pas : comment dès lors définir des quotas raciaux ? autant vouloir couper une monade en quatre, enfiler des perles avec une scie à métaux.

De deux doutes féminins

Ahhh… madame Cosse, la patronne actuelle des Verts-EELV, bref les Vrais Verts jusqu’à plus ample informé, ne veut plus d’alliance avec la gauche radicale. On est bien content qu’un peu de lucidité revienne aux chefs de cette formation, qui en cinq ans a perdu les 3 / 4 de ses élus. Il est vrai que l’arrivée de Normal-Moi au pouvoir absolu en 2012 avait largement ouvert les portes des Ors de la République aux Verts, c’était langouste en belle-vue, alors qu’aujourd’hui c’est plutôt nouilles au beurre. Allez, les Verts, recentrez-vous sur vos fondamentaux, et puis un peu de régime vert ne peut pas faire de mal. Tenez, méditez donc cet extrait rimbaldien d’ “une saison en enfer” :

Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !

Autre : madame Merkel, qui, soit dit en passant, est, elle, un Dirigeant Normal – la République Fédérale Allemande n’a pas les travers pompeux, luxueux et ruineux pour le contribuable de notre propre République – se posait avant-hier des questions : “Y-a-t-il quelque chose de l’ordre de la misogynie ? ” : elle traitait là des exactions massives de la Saint-Sylvestre à Cologne, sur la Place de la Gare. Pensez, des centaines (des milliers ?) de jeunes mâles manifestement alcoolisés mais bien organisés ont molesté, palpé, tripoté, agressé des centaines de femmes. Sans oublier au passage de les délester de leurs mobiles, portefeuilles etc. Oui, madame Merkel, on peut se poser la question, effectivement. On peut même y répondre : c’est carrément oui, et on pourrait y ajouter une remarque pertinente sur l’arriération crasse et indécrottable des comportements masculins de certaines obédiences cultuelles et géographiques. Allez, madame Merkel, on ne vous a jamais soupçonnée d’angélisme, vous n’allez pas vous y mettre maintenant !

Tibert

Vers la Déchéance Pour Tous

L’égalité pour tous – pour toutes et tous, disent les politiciens qui maîtrisent la langue ampoulée des politiciens – a du mal à égaliser. Madame Guigou, l’ex-ministre Garde des Sceaux de Mimiterrand, actuelle députée du 9-3 et présidente d’un commission parlementaire – 69 ans tout de même, eh oui, ça ne nous rajeunit pas, moi si j’avais 69 ans je serais à la retraite, mais la politique ça conserve, avec ou sans formol… – madame Guigou, donc, “s’emmêle les pinceaux“, dixit Le Figaro, sur la DNPT, la Déchéance de Nationalité Pour Tous, le dernier concept  à la mode.

Ce dossier est pourri : Normal-Moi s’entête et veut la DBN, la Déchéance pour les Bi-Nationaux indignes, mesure très largement populaire selon les sondages ; hélas plein de gens au PS sont contre, car, disent-ils, ça “stigmatise” les bi-nationaux (et il y en a beaucoup ! ) et dès lors plus d’égalité entre Français… ça rouspète donc ferme  à gauche, et la ratification de la DBN risque fort de capoter faute de votes suffisants… sera-ce la Bérézina du Président-Normal ?

Chez les roses Rose-au-poing on phosphore dur, on échafaude, on élucubre, on se triture les méninges : comment sauver le soldat Hollande du guêpier où il s’est fourré ? La DNPT, pardi ! la Déchéance de Nationalité Pour Tous : déchéons (*) tous les Français indignes, mono ou bi-nationaux : lumineux, ça rétablit l’égalité pour tous… sauf que, sauf que du coup, ceux qui n’ont qu’un seul passeport se retrouveront apatrides, ce qui est très vilain, inconfortable et quasiment interdit, tandis que les bi-nationaux pourront toujours se barrer ailleurs avec le passeport restant, même si ça ne leur fait pas plus plaisir que ça, vu l’endroit où ça les conduit. On crée ainsi deux catégories de citoyens : c’est injuste pour les mono-nationaux, ça les stigmatise, eh oui, et ils sont nombreux, encore plus que les bi-.

Que faire, mon Dieu, que faire ? qui a une idée ?

Tibert

(*) Déchoir, c’est galère à conjuguer. Il n’existe pas, soi-disant, d’impératif présent. On ne peut pas dire à quelqu’un “déchois, déchois, pov’con” ; encore moins au pluriel. Déchoyons ? déchevons ? je vous en propose un,  déchéons,  ça sonne bien et ça vient de sortir.

Ne confondons pas TTIP et TIPP

C’est un peu délicat, mais, suivez bien : TIPP c’est à propos du pétrole, tandis que TTIP c’est beaucoup plus que le pétrole et c’est quasiment Kafka, pardon, TAFTA. ET si je veux vous écoeurer j’y ajoute froidement le TiSA, le CETA et ACTA, et vous voilà paumés. C’est normal, c’est exprès.

La TIPP c’est la taxe sur les carburants, qui augmente – cette année en particulier – boucoup boucoup plus que la retraite des vieux, mais c’est normal de chez Normal : “y a pas d’inflation“, qu’ils disent, sauf évidemment l’inflation de taxes, l’inflation des taxes, mais ça ça compte pas ; c’est les vieux, qui comptent.

Les autres c’est du commerce, rien que du commerce : TTIP-TAFTA c’est le “Transatlantic Trade and Investment Partnership”, alias TAFTA : “Trans-Atlantic Free Trade Agreement”. Du commerce “libre” entre guillemets et entre l’Europe et les USA…

Le CETA c’est le petit frère du TAFTA, c’est le “Comprehensive Economic and Trade Agreement” ; c’est, comme on ne vous l’écrit pas, des accords en discussion avec le Canada. Pourquoi le Canada ? oui, et pourquoi pas le Canada ?

Poursuivons : TiSA c’est le “Trade in Services Agreement”, un accord sur l’échange de services – entendez services financiers et bancaires surtout. Et puis ACTA ? ah ACTA c’est pas pareil, c’est “Anti-Counterfeiting Trade Agreement” c’est pour la lutte contre la contrefaçon, les faux Buitton, Locoste… ou les DVD lisibles partout, ce qui est inconcevable (*), vous en conviendrez.

Bref : vous n’entendez pas parler de ces discussions ? c’est voulu. D’abord c’est tout en anglais, donc ça vous dépasse déjà. On fait ça, la Communauté Européenne, là haut à Bruxelles-une-fois, fait ça en anglais derrière votre dos. Et d’une ça vous regarde pas, c’est votre cadre de vie qui est en jeu ; et de deux c’est trop technique, vous y comprendriez rien. Tenez, comment échanger le droit de vendre des fromages au lait cru contre l’importation de volailles lavées à la Javel ? vous voyez bien, ça dépasse vos compétences. Faites-leur donc confiance : c’est pour votre bien.

Chuut ! La Commission Européenne travaille : c’est pour vous !

Tibert 2016, et, au fait… bonne année ! et toutes ces sortes de choses.

(*) Acheter un DVD à San Diego ou Malacca et vouloir le lire chez vous à Brioux-Les-Gonesse ? ce serait scandaleux, donc c’est pas possible. Faut pas acheter ailleurs que chez vous, c’est très très vilain.

Comment dit-on "bobo" en verlan ?

Hier je lisais un compte-rendu sur l’action du “logeur de Saint-Denis” dans l’affaire des attentats du Vendredi 13 novembre dernier. On sait que ce brave petit gars, “pour rendre service”, a hébergé des tueurs en cavale dans le taudis de la rue du Corbillon qu’il louait de ci de là à la nuitée et au noir. Hasna, la cousine fraîche convertie du principal suspect des attentats, cherchait un refuge pour lui et ses complices, “pour dormir et faire la prière”. Elle a sollicité un ami, Mohammed S., qui l’a mise en relation avec le logeur, affaire vite conclue, ça chauffait, il n’y avait pas trop le choix. Et Hasna d’envoyer un SMS de chaleureux remerciement à Mohammed S. : “Toute la cité m’a appelée. (…) Ils ont vu à la télé, ils m’ont appelée tous (…) Aujourd’hui, ce que tu as fait, la vie de ma mère, tu es un bon“.

Tout est dit, là… la très précieuse vie de sa mère plutôt que les 130 vies mitraillées à la kalachnikov, bien évidemment, et puis “Toute la cité m’a appelée. Ils ont vu à la télé, ils m’ont appelée tous“. Hasna était manifestement connue dans son coin pour ses sympathies, mais pas que ! Si Hasna met peut-être un peu d’emphase sur les faits, il n’en est pas moins clair que la cité était en émoi, excitée, on peut facilement deviner pourquoi, et dans quel sens.

Ceci pour donner un autre éclairage à ce qui est vu de loin comme du radicalisme religieux fanatique : en fait ce sont les cités contre les bobos. Les bobos, pas les Juifs – ça c’était plus “politique”, c’était l’agression de l’Hyper-Cacher de janvier – car un vendredi soir en terrasse des bistrots et dans les salles de rock les Juifs observants sont absents, ils font shabbat à la maison. La cible, c’était les bobos honnis, les “de souche” insolents, et tant pis si sous les rafales de pruneaux 7,65 mm il y avait des Arabes, des étrangers, des vieux, des enfants. C’est le bobo qui fait des bouffes au resto, boit des mojitos aux terrasses chauffées… le bobo, archétype du Parisien sans cravate-jeune-branché-friqué, fêtard, souvent motard, mécréant, qui vit, boit, mange, baise, se divertit, et n’a pas besoin de se taper des trains blafards aux vitres presque opaques tant elles sont rayées.

Bref, le 13 novembre c’est, d’abord, la haine du bobo parisien qui s’exprime et crache la mort, sous des dehors et des discours de barbus. Et Moëllenbeck ? Moëllenbeck et Clichy-sous-Bois, même constat.

Tibert

Le nez quart-de-Brie

En ces temps d’urgence d’Etat ou inversement, un peu de légèreté ne nuit pas. Nous avons tous besoin de penser à autre chose qu’à des rafales de Kalach’ en devanture des rades, canis, troquets et bistrots, transformant le “jaune” , Casa , Pernifle ou 51 en tomate, le petit blanc en kir et le gin-tonic en bloody-Mary sans Tabasco. Et tiens, en voilà-z-une qui est à la fois grave et légère, et odorante.

Le Prince de Galles, Prince of Wales, héritier du trône Grand-Breton quand sa mère voudra bien lui laisser l’escabeau pour y monter, Charles, donc, 67 ans aux prunes – j’ai la faiblesse de le trouver humain, à notre portée, en quelque sorte – a reçu une médaille française, le Prix François Rabelais, pour son engagement en faveur des produits authentiques, du terroir. Il a donc reçu son hochet, et s’est fendu d’une vibrante apologie des Maroille, Boulette d’Avesnes, Reblochon, Epoisses etc : c’est une ode lyrique au vrai fromage, le fromage au lait cru, qui respecte la tradition, qui a du goût, pas du Bêle-des-Prés gras-plâtreux ou du Saint-Croutin blême, inerte et fabriqué à la chaîne en usine, que le Prince Charles a prononcée, une ode alarmée : qu’adviendra-t-il de ces merveilles dans un monde où l’épuisement des sols, les manipulations génétiques et les fourches caudines du Tout-Sécuritaire nivellent et javellisent tout, même le sinistre PAC, le Poulet-Prêt-A-Cuire ?

Je le cite, avec traduction : “Dans un futur génétiquement travaillé, évolutif et sans microbe, quel espoir y a-t-il pour la traditionnelle Fourme d’Ambert, la meule de Gruyère de Comté ou l’odorant Pont-l’Evêque ?”.

Il a raison, son Altesse, et je le soupçonne d’avoir, par délicatesse envers les froggies, omis ses ouailles tels les estimables Stilton, Lancashire et autres Cheshire – bon, il n’y en a pas 250, mais une bonne dizaine d’excellents. Eux aussi sont en péril et menacés par le pseudo-cheddar indifférencié, industriel et blafard – sauf quand on le colore au carotène.

Il n’a pas que des oreilles, Charles, il a aussi du nez, du bien né, et nous le prouve, au cas z’où.

Tibert

Trois petits tours d'entourloupette

J’ai reçu il y a peu et payé aussi sec – “aussi sec” : marrant, pour de l’eau, non ? – la facture d’eau de mon petit bled. J’avais les sous, et cette eau est peu chère, excellente et fraîche, c’est rare… c’est la Communauté de Communes qui nous envoie les avis (archaïque, le système, par courrier, et il faut faire un chèque, le poster ou aller payer chez Mon-Trésor-Public aux heures ouvertes au public, justement, quand on nous rebat les oreilles de modernisation…). Mais bref : on reçoit tout aussi sec une circulaire du maire disant “Ne payez pas l’eau ! il y a une erreur sur les dates, on a bloqué la facturation et ce sera refait plus correctement. N’envoyez pas vos chèques !“. Et vous savez quoi ? on m’a renvoyé mon chèque, c’est une première. J’attends de pied ferme la facture revue et corrigée. Mais ça fait désordre, non ?

Dans le même genre, mais à une échelle nationale, voyez ce ramdam qui a lieu avec la mesure prise sous Sarko I (si Sarko II il y a, ce qui nous pend au nez, eh bien on fera avec faute de mieux – soupir…) concernant la “demi-part des veuves“. Mal nommé, ce truc, qui concerne aussi les veufs et les personnes seules. Sous Sarko I on a voté la disparition progressive de cette faveur, de cette fleur électorale, disparition consommée depuis 2014. Bien… le PS était au courant, ils y étaient, les Sapin, les Valls, les Hollande, au parlement en 2008, ils sont réputés avoir assisté aux débats sans roupiller. Et voili-voilà que les retraités concernés qu’on assaisonne maintenant plein pot sont furieux, et les Régionales c’est bientôt, et aïe aïe aïe ils vont mal voter, les retraités !…  alors, panique à bord, “Si vous n’avez pas encore payé, ne tenez pas compte des avis reçus“. Et bien entendu le Ministre des Impôts fulmine contre Sarko, “c’est sa faute, vous vous rendez compte on en est encore 4 ans après à déminer ses conneries“. A d’autres, cher ami : vos services ont foiré, vous étiez au courant, manque d’anticipation, amateurisme, et panique électoraliste. Pas fameux…

Pour finir, encore des histoires d’impôts… la taxe d’habitation. Un de mes lecteurs habitant une grande métropole du Midi me soumet sa tristesse déçue : il a voté en 2014 pour le nouveau maire, dissident PS, qui promettait-juré-craché qu’il n’augmenterait pas, lui, les impôts  locaux, vu qu’ils étaient déjà à un niveau insupportable, résultat d’embauches massives et irresponsables – électoralistes en fait – de fonctionnaires territoriaux sous l’ancien maire, et d’un endettement périlleux. Et ce pauvre homme de me citer ses chiffres pour la taxe d’habitation:

  • Pour une base de 100 € en novembre 2013,
  • 100,80 € en novembre 2014 (+0,8 %), les élections municipales étant intervenues en Mars. Indolore, 0,8 %, correct.
  • 114,90  € en novembre 2015 : +14,9 % sur 2013, et +13,6 % sur 2014.

Voyez, écrit-il accablé, 13,6 % de hausse des impôts locaux en un an depuis qu’il est élu “stop aux hausses d’impôts”, ce monsieur. Et j’ai voté pour lui…

Eh oui, tout le monde peut se tromper. L’homme est faillible, et le politicien, insubmersible.

Tibert