Comment dit-on "bobo" en verlan ?

Hier je lisais un compte-rendu sur l’action du « logeur de Saint-Denis » dans l’affaire des attentats du Vendredi 13 novembre dernier. On sait que ce brave petit gars, « pour rendre service », a hébergé des tueurs en cavale dans le taudis de la rue du Corbillon qu’il louait de ci de là à la nuitée et au noir. Hasna, la cousine fraîche convertie du principal suspect des attentats, cherchait un refuge pour lui et ses complices, « pour dormir et faire la prière ». Elle a sollicité un ami, Mohammed S., qui l’a mise en relation avec le logeur, affaire vite conclue, ça chauffait, il n’y avait pas trop le choix. Et Hasna d’envoyer un SMS de chaleureux remerciement à Mohammed S. : « Toute la cité m’a appelée. (…) Ils ont vu à la télé, ils m’ont appelée tous (…) Aujourd’hui, ce que tu as fait, la vie de ma mère, tu es un bon« .

Tout est dit, là… la très précieuse vie de sa mère plutôt que les 130 vies mitraillées à la kalachnikov, bien évidemment, et puis « Toute la cité m’a appelée. Ils ont vu à la télé, ils m’ont appelée tous« . Hasna était manifestement connue dans son coin pour ses sympathies, mais pas que ! Si Hasna met peut-être un peu d’emphase sur les faits, il n’en est pas moins clair que la cité était en émoi, excitée, on peut facilement deviner pourquoi, et dans quel sens.

Ceci pour donner un autre éclairage à ce qui est vu de loin comme du radicalisme religieux fanatique : en fait ce sont les cités contre les bobos. Les bobos, pas les Juifs – ça c’était plus « politique », c’était l’agression de l’Hyper-Cacher de janvier – car un vendredi soir en terrasse des bistrots et dans les salles de rock les Juifs observants sont absents, ils font shabbat à la maison. La cible, c’était les bobos honnis, les « de souche » insolents, et tant pis si sous les rafales de pruneaux 7,65 mm il y avait des Arabes, des étrangers, des vieux, des enfants. C’est le bobo qui fait des bouffes au resto, boit des mojitos aux terrasses chauffées… le bobo, archétype du Parisien sans cravate-jeune-branché-friqué, fêtard, souvent motard, mécréant, qui vit, boit, mange, baise, se divertit, et n’a pas besoin de se taper des trains blafards aux vitres presque opaques tant elles sont rayées.

Bref, le 13 novembre c’est, d’abord, la haine du bobo parisien qui s’exprime et crache la mort, sous des dehors et des discours de barbus. Et Moëllenbeck ? Moëllenbeck et Clichy-sous-Bois, même constat.

Tibert