La récursivité par les drones

Vous le savez sûrement, chers lecteurs (et chères lectrices, donc !!) “l’itération est humaine mais la récursion est divine“. Tenez, le divin nous arrive tout illustré là, dans la corps de ce billet, et monsieur Göddel vous ferait avec ça une nouvelle démonstration mathématico-logique de l’existence de Dieu, s’il était encore là. Le drone, cet objet volant entre autres au dessus de Paris – et rageant car non identifié  – sera le vecteur de cette démarche.

Remarque à l’usage des Ministères de l’Intérieur et de l’Aviation : Il faut évidemment structurer et civiliser le marché des drones, si l’on veut éviter d’en prendre un sur le crâne, paf, au coin d’une rue, ou si nous voulons préserver notre vie privée menacée par ces indiscrets et bourdonnants photographes aériens. Il faut les immatriculer, les tatouer, et puis les équiper obligatoirement d’un moyen de brouillage et d’un canal  de pilotage radio “de secours”, deux outils réservés aux autorités et aux urgences, genre la voie d’accès des pompiers. Bien évidemment les drones délictueux enfreindront ces dispositions, mais nos tribunaux incorruptibles, fermes et rapides 😉 séviront contre les fautifs, s’ils se font prendre.

Voilà : le drone, ce bourdon énervant qui nargue nos policiers impuissants, le drone s’auto-génère récursivement ! On a gaulé des journalistes d’Al Jazeera dans le Bois de Boulogne avec un drone il y a quelques jours ; hier on en a pris quatre autres en flagrante possession d’un drone : des Allemands, à la porte de la Villette. Ils ont expliqué aux pandores qu’ils voulaient avec leur drone faire des clichés illustrant un article – article en allemand, évidemment – à propos des drones qui survolent Paris.

Pour ce faire, il faut que le drone photographe prenne des clichés montrant un ou plusieurs drones survolant la capitale ; on lance donc une poignée de drones ; ensuite un drone positionné en altitude plus élevée va photographier ceux du dessous avec les rues de Paris en arrière-plan, vous voyez le topo. Multipliez ça par le nombre d’agences de presse, et voilà qui nous mène tout droit à la saturation de notre espace aérien.

Suggestions : 1) que les agences de presse se mettent ensemble pour faire une bonne fois pour toutes les quatre-cinq photos qui vont bien, et les exploitent en commun ;

2) que les Ministères concernés fassent comme les militaires du CIRFA : ils ont une base de données de photos et documents illustrant leurs équipements en situation, les VAB, le FAMAS, les roquettes, les missiles sol-sol, sol-mer, sol-…, bref vous voulez des images de drones survolant Paris ? pas de problème ! de quelle couleur ?

3) enfin, bien plus simple : qu’on demande à un bricoleur de photoshopper (*) des images de drones survolant Paris, c’est économique et facile – même moi je saurais faire. Il me faut 1) des vues aériennes de Paris ; 2) des photos de drones vues de 3/4 par dessus. Et ça n’est ni récursif, ni délictueux.

Tibert

(*) désolé, c’est comme le Frigidaire, le Delco et la Fermeture-Eclair. Mais vous avez, gratuit et libre d’accès, pour photoshopper sans Adobe-Photoshop : GIMP, le logiciel Linux qui fait pareil pour pas un rond.

Lobotomies bouchères

 

Les bouchers français (« Mon boucher, quel talent ! ») ont le blues, et madame Boutin, la passionnaria de la droite catholique, les soutient avec véhémence : « utiliser le terme de boucher est tout à fait déplacé car ici [au salon de l’agriculture, NDLR] il y a des bouchers magnifiques ». Magnifiques bouchers, donc… madame Boutin inclut-elle dans son éloge certains magnifiques bouchers hallal, l’article cité ne le précise pas. Bon, et alors ? Et alors, tout ça parce que monsieur Valls a parlé de monsieur Bachar El Assad, le Chef en Chef dynastique de la Syrie ou de ce qu’il en reste, comme d’un « boucher ». C’était, à sa mimique sur ces mots, visiblement péjoratif – il n’a d’ailleurs pas employé l’adjectif « magnifique », ni aucun adjectif d’ailleurs. Un boucher, point.

Notez bien, on n’a pas vu monsieur Bachar El Assad au salon de l’agriculture, ni pour y faire démonstration de ses talents, ni même pour y flatter le cul de quelques bovins. Flatter le cul de quelques bovins, on le sait, fait partie du circuit incontournable des hommes-et-femmes politiques, y compris madame Royal qui a fait semblant, elle, de flatter le museau d’une vache, c’est moins salissant.

Le cul d’un bovin, justement… est-ce du rumsteak, du faux-filet, de l’araignée ? Dépêchez-vous de le découvrir, ça va disparaître, voyez cette tribune dans Libé, tribune dont je vous recommande la lecture. S’il y a une pétition, je la signe, et des deux mains. Car c’est tout simplement la suppression des informations sur la nature de la viande que l’on nous annonce là. Le merlan, la poire, la bavette, l’onglet, l’araignée, la hampe, le gîte-gîte, le paleron, le jarret, l’entrecôte, le faux-filet, la tranche, le… terminé ! Les grandes surfaces vous informent : Une, deux, trois étoiles, « à griller », « à mijoter », « à bouillir » et basta, vous n’en saurez pas plus. Il vous reste cependant, pour quelque temps encore, la possibilité de demander un morceau qui porte un nom, un morceau non indifférencié en allant chez votre magnifique boucher ; ils résistent, les bouchers, et ils ont bien raison.

On pourrait simplifier encore, remarquez, remplacer les 3-4 termes qualificatifs de la viande par des pictogrammes façon notice de montage Ikea. Pour les primates sommaires que nous deviendrons, ça pourrait donner par exemple, « à braiser » : une cocotte avec un sablier en sautoir, le tout sur quelques flammes stylisées. Clair, non ? Savoir si c’est de la macreuse, du paleron, de la basse-côte, je vous en pose, des questions, moi ? Et comme pictogramme pour signifier le « minerai » éventuellement chevalin qu’on trouve dans les raviolis, un colombin fumant.

Notez, je m’alarme, mais pour le poisson c’est déjà comme ça. « Poisson sauce hollandaise », qu’ils vous annoncent ; est-ce du cabillaud, du lieu jaune, de l’églefin, du colin ? Vous ne le saurez pas. Idem pour le vin. C’est trop compliqué, le pinard, surtout le pinard français, ça empêche de vendre, on vous simplifie donc la compréhension, il n’y a plus grand-chose à comprendre, découvrir, mémoriser. Les terroirs, les millésimes, c’est touffu, c’est ringard, et les agro-bureaucrates-simplificateurs-niveleurs de la planète nous fabriquent et nous fourguent donc par exemple du « Cabernet », c’est bien plus clair que « Saumur-Champigny », « Bourgueil », « Chinon » etc, au moins on sait ce qu’on achète, on n’est pas déçu ! « Coca light », « Cabernet », même combat.

Un « steak » 3 étoiles de chez Carrouf’ avec une boîte de haricots fins « Vert-potager » et une noix de beurre hollandais décongelé, le tout arrosé d’un « Merlot » avec sa capsule alu… ça fait rêver, non ?

Tibert

Levallois-Perret, ton univers impitoyaableu

Libé et puis en écho Le Monde et Le Parisien – pas le Figaro, ou alors je l’ai loupé ? – titrent sur le couple Balkany, lui maire de Levallois-Perret et député cumulard, elle épouse dudit et adjointe au maire de la même commune – c’est une coïncidence, un hasard fortuit mais non illégal, vous voilà rassurés. Ils sont dans le collimateur de la Justice avec deux « LL », non « colimateur » comme s’obstine à écrire Le Monde à propos de monsieur Banier, photographe et pour le moment quasi milliardaire, mais pas du fait de sa production photographique. Les époux Balkany ont des casseroles aux fesses, une maisonnette dans l’Atlantique des Caraïbes, et, soupçonne-t-on, une modeste et luxueuse mechta à Marrakech. Le tout est en principe propriété de diverses sociétés « off-shore », ils sont juste là en locataires, vous pensez bien. Ils partent régulièrement paraît-il aux Antilles en classe Affaires, payé tout cash en liquide. Enfin, si j’en crois les canards sus-cités, les Balkany ne payent pas l’ISF, bien au chaud probablement derrière un conseiller fiscal, des placements judicieux aux petits oignons et puis ils ne vivraient pas maritalement, donc chacun des deux sous la barre de l’ISF (*)

Libé et Le Monde reproduisent les mêmes infos, notamment des extraits de bandes enregistrées des conversations téléphoniques de Mme Balkany… elle est clairement désignée, dans ces dialogues, comme la proprio de la baraque de Marrakech. Vous pourrez vous faire votre opinion, c’est dans le journal, les journaux.

Et… c’est là que le bât blesse. Comment se fait-ce que les journaleux soient au courant de ces détails de l’instruction ? Vous connaissez le secret de l”instruction ? Eh bien en l’occurrence c’est du pipeau, et tiens, là justement le Monde et Libé violent allègrement le secret de l’instruction, instruits illégalement par je ne sais quelle taupe du Siège ou du Parquet.

Je n’ai aucune sympathie, c’est une litote, pour monsieur et madame Balkany – que la Justice passe, et d’autant plus sévère que ce sont des élus, supposés exemplaires, si les turpitudes qu’on leur prête sont avérées. Mais, nom de nom, comment peut-on laisser violer comme ça les secrets d’une instruction ? C’est une autre turpitude, et gravissime. Nous attendons une enquête et des sanctions exemplaires.

Tibert, à tout hasard, on ne sait jamais…

(*) Pour échapper à l’ISF, si votre ménage tape sous la barre des deux fois le plancher d’imposition, répartissez-vous l’argenterie et DIVORCEZ, ou mimez une scène de ménage : vous ne serez plus imposable.

Nécro

Je vois des tas de trucs ces temps-ci sur des cimetières visités de façon au moins malveillante, sinon haineuse, avec déprédations, stèles brisées… vous avez certainement en tête le saccage du cimetière juif de Sarre-Union par cinq ados débiles et / ou haineux ; mais il y en a d’autres, plein d’autres, apprend-on en fouillant les journaux et les archives. J’ai visionné hier une video manifestement orientée politiquement, mais manifestement authentique, prise sur le vif : des activistes musulmans saccageaient un cimetière militaire de la dernière guerre à Tobrouk (Lybie) : plaques juives ou chrétiennes jetées à terre et brisées ; crucifix démolis à la masse… “débile” et “haineux” sont des qualificatifs qui s’appliquent aussi bien dans ce cas, c’est évident, et à l’odieux de cette démonstration de fanatisme religieux s’ajoute l’abjection de s’en prendre à des morts.

On a vu Moi-Président se déplacer à Sarre-Union, discours indigné etc, et il a bien fait, il a bien parlé. La haine anti-Juifs est odieuse et mérite d’être combattue (je n’emploie pas le terme commode « antisémitisme » car fourre-tout et trompeur : il n’y a pas bijection entre les Sémites et les Juifs). Mais le 19 février dernier on nous annonçait 12 ou 13 tombes (les comptages divergent) saccagées dans l’Aude, à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le cimetière communal. Le Midi-Libre, le canard de là-bas, nous le dit : « Pierres tombales cassées, croix brisées, pots de fleurs, plaques commémoratives jetés à terre. Ce qui laisserait à penser plus à du vandalisme gratuit et à la bêtise, qu’à des actes antireligieux ». Notons bien que Le Monde et les autorités ne disent pas autre chose : « une profanation qui ne présente aucun caractère religieux ou raciste, a annoncé jeudi 19 février le procureur de Narbonne ».

Donc renverser ou briser des croix ça compte pour du beurre, qu’on se le dise, ça n’a aucun caractère religieux – dormez braves gens, la situation est sous contrôle. Si les abrutis qui ont fait ça avaient sélectionné des tombes musulmanes ou juives, aïe aïe aïe ! Condamnations unanimes de la République et des Autorités, racisme, ignoble agression dans le cimetière de Saint-Laurent-machin, etc. Mais des tombes chrétiennes ? C’est d’un banal… d’ailleurs Normal-Moi a déjà donné, et ne se dérangera pas pour marquer le coup d’un ton indigné au cimetière de Saint-Laurent-bidule dans l’Aude : pas que ça à faire, quoi, zut, il y a des trucs plus urgents.

Tibert

KirchenAustritt, mode d'emploi

Il y a quelque temps j’entendis parler d’une personne qui avait fait expressément la démarche, auprès des autorités religieuses de son pays, de se faire débaptiser. Cela m’avait laissé rêveur et dubitatif : à quoi bon ? si Dieu, quelle qu’en soit la représentation, est une fumisterie, une chimère, une invention de l’homme, quel sens peut bien avoir un baptême ? vaine démarche… mais j’ai ici un autre éclairage à apporter à cette affaire, et, tiens, je vais vous en entretenir, fin du préambule.

La France est un cas à part, avec la séparation de l’Etat et de l’Eglise (catholique, l’église, of course, what else ?), ce depuis 1905. Car en général l’athéisme – ou sa variante “douteuse”, l‘agnosticisme, si vous ne savez pas si Dieu existe, s’il a une grande barbe etc…  et que ce doute ne vous empêche pas de dormir – est mal barré en Europe. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Allemagne on cotise obligatoirement aux églises, suivant sa religion. Selon les Länder, autour de 8 – 9 % du montant des impôts, pas négligeable, donc ! et si ça vous amuse, ou si vous comptez vous installer en Allemagne, lisez ceci : même si arrivé là-bas vous certifiez mordicus être un mécréant, l’église catho de France, sur simple demande de sa correspondante d’outre-Rhin, vous cafte, et leur transmet vos certifs de baptême, mariage… et vous voilà cerné ! Vous pouvez flûter, jurer que votre dernière visite à l’église date de 1972, une seule solution légale : vous faire “décroyantiser” officiellement (le fameux KirchenAustritt, littéralement “sortie de l’église”), comme le type que je vous citais en préambule. C’est carrément aussi laborieux que d’effacer ses traces de Touitteur, Fesse-Bouc ou Gougueul-Plus, et puis quelque part c’est vexant, limite humiliant, on a l’air d’un radin à ne plus vouloir croire…  mais ça ne prête pas à d’autres conséquences matérielles fâcheuses que des démarches auprès d’un certain nombre de bureaux, et de la paperasse.

Echappent heureusement à cet impôt dit “cultuel” les sectes et petites chapelles genre Fritz-le-Messie-Cosmique ; et puis l’Islam, eh oui, pas suffisamment implanté là-bas pour être représentatif et pouvoir lever l’impôt… donc, cher auditeur, chère auditrice et vice-versa, vous échappez, si vous êtes musulman et peu soucieux de financer les imams, leurs pompes et leurs oeuvres, à l’obligation de certifier avoir renié votre religion… remarquez, ça vaut mieux, vu que l’apostasie est très très mal vue chez les musulmans – c’est une litote.

A comparer aux gros yeux ou à la tristesse que manifestera monsieur le curé s’il vous prend l’idée saugrenue d’aller lui demander de vous rayer de ses registres, tout ça pour ne pas payer, radin que vous êtes.

Tibert

Parlez-vous danois ?

Je tire rarement la matière de mes billets des rations de Libé, mais ici ce sera le cas. J’y lis – et non réservé aux seuls abonnés, merci Libé ! – un billet d’un certain Grondhal, où le “o” est barré en biais, ce qui fait à peu près le son “eu”, “Greundhal”. ce monsieur est “écrivain danois”, et titre son article “La gauche candide sur Charlie“. Lisez-moi ça, ça décoiffe, ça rabote la couche de poussière idéologique, bref ça questionne sainement. Petit bémol, j’ai des doutes sur la qualité de la traduction, quelques tournures de phrases donnant l’air de tourner bancal, justement.

Extrait : “A gauche, on considère qu’il n’est pas bien de critiquer ou de se moquer de l’islam et l’on commet une erreur catégorique qu’une culture plus laïque ne commettra pas, à savoir confondre l’homme et la foi, les opinions de cet homme. On présuppose tacitement, d’une manière en fait condescendante, que la foi des musulmans devrait être plus indissociable de leur être que cela ne l’est chez n’importe qui. Ainsi, une attaque des conceptions religieuses doit naturellement être perçue comme une attaque des croyants.”

Grondhal dénonce  un comportement en fait condescendant envers les croyants musulmans ; mais lisez-le, vous vous ferez votre religion ; -)

La fin sonne dur : “Chacun sait que la laïcité est assiégée, mais je me demande si, pour reprendre les mots de Milan Kundera, les intellectuels danois ne risquent pas de finir comme «les brillants alliés de leurs fossoyeurs».

J’en dirai tout autant de mes chers compatriotes, et puis Kundera écrit en fançais, comme chacun sait.

Tibert.

Rien à dire, mais pas que

Aujourd’hui j’ai d’abord, faute d’inspiration, décidé de tartiner sur le paradoxe-bateau, le pont-aux-ânes de la logique : le syllogisme façon “Aujourd’hui je n’écris rien“. Ce qu’en écrivant je n’écris pas rien, j’écris bel et bien quelque chose, etc, vous connaissez. L’astuce c’est qu’il y a là-derrière un accord tacite entre vous, lecteur-lectrice estimé(e) et moi l’écriveur. Cet accord que je vous impose, tant pis pour vous, c’est que momentanément, c’est en quelque sorte une brève ouverture, j’ai le droit d’exprimer – en peu de mots, sinon ça ne vaut pas – que je me refuse à l’exercice qu’on attend de moi. J’annonce la couleur, même en l’absence de couleur. Tenez : “Je me tais“… comment voulez-vous que je vous signifie que je me tais, si je me tais ?  Vous suivez ? disant cela je ne me tais pas, mais pour mieux me taire ensuite, et vous m’en serez reconnaissants, ça commence à faire long.

C’est kif-kif les pages où l’on trouve écrit “cette page est laissée blanche“, et justement elle ne l’est pas, à cause de ce texte idiot, ou “Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien“. Autre illustration de ce syllogisme apparent : le célébrissime constat que la mesure fausse la mesure (en mécanique quantique, notamment, mais aussi en sciences sociales). C’est-à-dire que les instruments de mesure perturbent et faussent les relevés. C’est donc en s’abstenant de mesurer qu’on obtient les mesures les plus justes.

C’est sur ce dernier principe qu’est basée la politique française sur les “statistiques ethniques”. D’aucuns, essentiellement des tenants de La Bonne Pensée façon MRAP, Libé… s’effraient à l’idée de voir ainsi décomptés anonymement, mais comptés tout de même, les Asiatiques comme des Asiatiques, les Noirs comme des Noirs, les chats comme des chats, etc… : ce n’est pas humaniste, pas charitable. Monsieur Hollande ne dit pas autre chose : non aux statistiques ethniques ! mais sa logique est autre : ce n’est pas La Bonne Pensée qui guide ses propos, c’est ” y a qu’à regarder”, en d’autres termes il essaye de nous fourguer en douce la classique démonstration de maths que nous avons tous faite au moins une fois : “il est évident que” (la droite (AB) est perpendiculaire au côté NM du triangle NMP).

Et ça marche ? euh… tenez, les récurrents projets d’introduire de la mixité sociale dans les quartiers…  vous jugez (sans chiffres, donc au doigt mouillé) qu’un quartier est trop dense en Maghrébins ? vous allez tenter d’y introduire des Asiatiques, des Indo-Européens, des… combien ? aucune idée, vous n’avez pas de statistiques. Autre serpent de mer, l’ascenseur social : il fonctionne ou il rouille ? voyons voir… combien de descendants d’immigrés ont atteint l’enseignement supérieur ? hmmm… un certain nombre ? là c’est sûr on a du solide pour avancer !

Voyez-vous, il me vient à l’esprit, entendant Normal-Premier traiter de la non-statistique ethnique comme science sociale, le sketch alcoolisé des regrettés Dac-et-Blanche : le Sarabindranath Duval est assis en tailleur avec son turban, etc… et on lui demande un truc archi-pointu, énoncer le numéro du permis de conduire de la dame, là, au 3ème rang…

Vous pouvez le dire ?

– je peux le dire !

– Vraiment vous pouvez le dire ?

– Oui !

– Il peut le dire !” (triomphal, applaudissement nourris).

Tibert

Et le gagnant est…

Actualité morne, un front républicain qui s’appelle UMPS mais ne veut pas le dire, le doux Doubs qui vote beaucoup FN, des otages assassinés en Syrie occupée par des fêlés tendance gore… le train-train, quoi.

Mais chic, le Fig’à rôts est là pour nous permettre de nous divertir, de décompresser, bref de jouer à “Plus c.. que moi tu meurs”.

Premier candidat : l’article “Une université américaine ne va plus utiliser les titres “monsieur” ou “madame” pour ne pas heurter d’éventuels étudiant(e)s transgenres”.

Et bien moi si j’étais un des innombrables étudiants transgenres qui peuplent les universités, par exemple transgenre MTF (*), mon plus grand bonheur serait qu’on me dise “madame” ! Alors comment faire ? ils vont m’appeler “hep vous là”, ou “ohé la personne en bermuda vert”, etc. C’est nul, avec tout le mal que je me donne. Le mieux ce serait d’avoir un signe cousu sur la poitrine et dans le dos, genre étoile rose, fuschia, je sais pas, moi…

Deuxième compétiteur : l’article “Le selfie serait-il devenu ringard ?“. Grave, très grave question, au vu de l’importance capitale du selfie. Le selfie c’est le babouin découvrant son reflet dans un miroir, et tout heureux de rencontrer plus c.. et plus moche que lui. Sauf que nous les femmes et les hommes (et les MTF, FTM, nullos etc, ne stigmatisons personne) nous savons immortaliser ça avec notre extension brachiale, l’ail-fône.

A vos bulletins de vote, et ne copiez pas sur la voisine ou le voisin. La pêche du jour a été bonne !

Tibert

(*) MTF : Mâle vers Femelle ;  inversement c’est FTM. Attention ça se lit et on opère de gauche à droite ! et si un MTF a plus tard des regrets, ça donnera un MTFTM (tiens un palindrome…), etc.

Gares-patates

Vous prenez le train ? oui ? le tortillard, TER, Vieux Corail revisité Teoz ou Intercités, que sais-je… ou le TGV ? le tortillard, lui, part de la gare. Dans le centre-ville, pratique, on y va si possible à pied, c’est simple et pas de perte de temps. Le TGV lui aussi part de la gare… de SA gare. Hors Paris, il affectionne les gares-patates, c’est à dire de faire halte au beau milieu des champs de betteraves ou de maïs. C’est de l’ “urbanisme”, retenez ce concept. Pour rejoindre la gare-patates, vous prenez votre bagnole, forcément, vous faites dix, douze, quinze bornes… vous payez le garage-voitures, ça va de soi : Vinci ou Bouygues ou Eiffage a gentiment goudronné un champ voisin et tracé par terre d’étroits espaces bordés de blanc pour 1° vous faire cogner vos portières tellement c’est toujours rikiki, 2° vous fendre de 2, 3… euros, voire plus.

Vous allez donc rouler super-vite en train, vous allez gagner 25 à 40 minutes sur le tortillard s’il en existait encore un, mais vous perdrez 30 minutes à rejoindre votre gare, et le parcmètre, et paf la portière cabossée. Lumineux !

En Lorraine, on n’a pas su choisir entre Metz et Nancy. La gare TGV à Metz ou à Nancy ? la gare au milieu, dans un champ de patates ! sur le territoire de Louvigny, au Sud de Metz et au Nord de Nancy, pas de jaloux. Sauf que Louvigny, il faut y aller en voiture, taxi, minibus… évidemment, il n’y a pas de voie ferrée depuis Metz ou Nancy.

Alors comme c’est une réalisation stupide (une de plus, grinceront certains) le Conseil Régional du coin veut maintenant rattraper le coup mal parti et déplacer la halte-patates à Vandières, à 20 km à l’Ouest de Louvigny. Avantage : il y a une voie ferrée Nord-Sud à Vandières. Ahhh ! on aurait pu y penser avant ? vous avez raison.

Donc hier dimanche, référendum local, eh oui on consulte les citoyens, en Lorraine. Pour ou contre le déplacement du champ-de-patates-sur-rails à Vandières ? CONTRE ! 10 % de votants, 59 % de NON, soit 6 % des inscrits sont contre, les autres étaient à faire leur tiercé. Ce n’est pas beaucoup, vous en conviendrez, mais c’est NON…

Réaction du Conseil Régional : “Les tendances [en faveur du “Non”] sont connues. Nous allons réunir prochainement le Conseil régional, car une interprétation des résultats sera nécessaire”, a expliqué M. Masseret dimanche soir, sans préciser si la construction d’une nouvelle gare aura lieu ou non“. Comprenez : il n’est pas satisfait, monsieur Masseret. Il comptait sur “Oui”, Vandières-Les-Bintje c’était le projet du Conseil Régional, mais voilà son référendum lui pète au nez. Ils vont donc “interpréter les résultats”, formule pudique pour faire dire aux résultats ce qu’on voudra bien leur faire dire.

C’est légal : cette consultation était organisée à titre consultatif, donc si le résultat ne plaît pas on peut s’asseoir dessus. Les choses sont bien faites, tout de même.

Tibert

Très bonne question !

Le “Monde” titre, visiblement navré, sur 2 sondages qui donnent Mme Le Pen en tête d’un premier tour Présidentiel, quels que soient les concurrents sérieux (ouf, au second tour elle se ramasserait dans tous les cas ).  Eh oui, moult navré, Le Monde ! et encore une fois il nous met en garde, attention les sondages c’est à prendre avec des pincettes, etc (surtout s’ils sont désagréables).

Mais le sujet n’est pas là… les commentaires suivant cet article vont bon train, n’est-ce-pas, et l’un d’eux, clairement hostile au parti bleu Marine, énonce ceci :

Le “peuple” n’a pas forcément raison, surtout lorsque son “cœur” penche majoritairement à l’extrême-droite xénophobe. Il serait grand temps de poser la question – qu’il faudra probablement se poser en 2017 : quelles sont les limites de la démocratie ? Faut-il céder au populisme, fut-il majoritaire dans les urnes ?

On constate que le peuple et son coeur (s’il penche à droite-toute, du moins) ont droit à des guillemets, qui ne sont pas de moi. Le propos cité est délibérément provocateur, évidemment, et carrément cynique. Mais passons, et, disons-le, c’est là une excellente interpellation, nous y trouvons un condensé de la problématique démocratique, le pire système à l’exception de tous les autres.

On peut d’ailleurs illustrer cette question avec l’Algérie, lorsqu’à la suite d’un premier tour de Législatives favorable au FIS islamiste à la fin 1991, les autorités ont tout simplement annulé ces élections : le “peuple” avait eu tort, le pays était en danger, et hop la démocratie aux orties – démocratie qui avait trouvé là ses limites. Le débat avait tourné autour du thème “peut-on laisser venir au pouvoir démocratiquement les ennemis de la démocratie ?” ; en d’autres termes, si le loup bouffeur de démocratie montre patte blanche, faut-il lui ouvrir la porte ? et bien évidemment la réponse des démocrates est NON, ils ne vont pas se laisser bouffer. Exemple-type : l’arrivée de Hitler et du NSDAP au pouvoir en Allemagne au début 1933 ; on sait ce qu’Hitler a fait ensuite du Reichstag et de la démocratie.

Mais ici la situation tant redoutée pour 2017 verrait le “coeur” du “peuple” pencher vers l’extrême-droite xénophobe… seraient-ce, seront-ce des ennemis de la démocratie ? des populistes ? vous voyez les présupposés : FN = Droite-extrême = Fascistes, Nazis, et toutes sortes de noms d’oiseaux. A crier “au loup, au loup” à tue-tête, nos élitistes démocrates très éclairés  – nos guides dans la nuit, n’est-ce pas – ne verraient pas d’inconvénient à nous confisquer – pour notre bien, attention – la démocratie.

Ils pourraient prendre des leçons de démocratie chez les Suisses (*), nos très clairvoyants dirigeants qui ne consultent le “peuple” qu’environ tous les 20 ans, et encore avec des questions référendaires biaisées, du genre “Etes-vous favorables aux crêpes bretonnes et à la musique électronique ?” Oui / Non.

Tibert

(*) Populistes, forcément populistes, les Suisses : des référendums fréquents et lisibles, berk.