Très bonne question !

Le « Monde » titre, visiblement navré, sur 2 sondages qui donnent Mme Le Pen en tête d’un premier tour Présidentiel, quels que soient les concurrents sérieux (ouf, au second tour elle se ramasserait dans tous les cas ).  Eh oui, moult navré, Le Monde ! et encore une fois il nous met en garde, attention les sondages c’est à prendre avec des pincettes, etc (surtout s’ils sont désagréables).

Mais le sujet n’est pas là… les commentaires suivant cet article vont bon train, n’est-ce-pas, et l’un d’eux, clairement hostile au parti bleu Marine, énonce ceci :

« Le « peuple » n’a pas forcément raison, surtout lorsque son « cœur » penche majoritairement à l’extrême-droite xénophobe. Il serait grand temps de poser la question – qu’il faudra probablement se poser en 2017 : quelles sont les limites de la démocratie ? Faut-il céder au populisme, fut-il majoritaire dans les urnes ? »

On constate que le peuple et son coeur (s’il penche à droite-toute, du moins) ont droit à des guillemets, qui ne sont pas de moi. Le propos cité est délibérément provocateur, évidemment, et carrément cynique. Mais passons, et, disons-le, c’est là une excellente interpellation, nous y trouvons un condensé de la problématique démocratique, le pire système à l’exception de tous les autres.

On peut d’ailleurs illustrer cette question avec l’Algérie, lorsqu’à la suite d’un premier tour de Législatives favorable au FIS islamiste à la fin 1991, les autorités ont tout simplement annulé ces élections : le « peuple » avait eu tort, le pays était en danger, et hop la démocratie aux orties – démocratie qui avait trouvé là ses limites. Le débat avait tourné autour du thème « peut-on laisser venir au pouvoir démocratiquement les ennemis de la démocratie ? » ; en d’autres termes, si le loup bouffeur de démocratie montre patte blanche, faut-il lui ouvrir la porte ? et bien évidemment la réponse des démocrates est NON, ils ne vont pas se laisser bouffer. Exemple-type : l’arrivée de Hitler et du NSDAP au pouvoir en Allemagne au début 1933 ; on sait ce qu’Hitler a fait ensuite du Reichstag et de la démocratie.

Mais ici la situation tant redoutée pour 2017 verrait le « coeur » du « peuple » pencher vers l’extrême-droite xénophobe… seraient-ce, seront-ce des ennemis de la démocratie ? des populistes ? vous voyez les présupposés : FN = Droite-extrême = Fascistes, Nazis, et toutes sortes de noms d’oiseaux. A crier « au loup, au loup » à tue-tête, nos élitistes démocrates très éclairés  – nos guides dans la nuit, n’est-ce pas – ne verraient pas d’inconvénient à nous confisquer – pour notre bien, attention – la démocratie.

Ils pourraient prendre des leçons de démocratie chez les Suisses (*), nos très clairvoyants dirigeants qui ne consultent le « peuple » qu’environ tous les 20 ans, et encore avec des questions référendaires biaisées, du genre « Etes-vous favorables aux crêpes bretonnes et à la musique électronique ? » Oui / Non.

Tibert

(*) Populistes, forcément populistes, les Suisses : des référendums fréquents et lisibles, berk.

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