Le traducteur fou a encore frappé

je vous vois venir, vous m’attendez sur des trucs politiques. Vous me connaissez : mes marottes de recul devant les points-de-vue péremptoires, de refus des certitudes gravées dans le marbre et des a-priori, et puis surtout des chapelles. Bon… tenez, si vous voulez un échantillon de ce qui me hérisse le poil, c’est ça : “Migrants : en finir avec les fantasmes d’invasion”. On y sent l’encens et le goupillon, c’est pétri de pieuses contre-vérités pseudo-universelles.

Mais pour vous dilater la rate, une fois, allez ce n’est pas pécher, Seigneur… j’ai acheté dans un super-marché “ethnique” (un magasin de produits indiens essentiellement, avec des tas de trucs introuvables ailleurs) des sachets de plats prêts à consommer après un simple passage au micro-ondes. Noms exotiques, emballages colorés et prometteurs, et – ça se passe au Canada, pays en principe bilingue anglais/français – notices bilingues obligatoirement, c’est la loi. Ils ont eu du mal, apparemment.

Ingrédients : …. “sunflower oil” devient en VF “pétrole de soleil“. Les Verts de EELV devraient s’emparer du concept pour les panneaux photo-voltaïques, ça remplace avantageusement l’huile de tournesol dans certaines préparations.

Une préparation Indienne Nord de Paneer et a classé des légumes dans une sauce crémeuse“. Joli,  non ? “assorted vegetable” a été quelque peu maltraité.

Allez, le bouquet final : “… le goût indien authentique avec sa gamme d’arrosement de bouche prêt à manger des délicatesses indiennes“. Il est vrai que “mouth watering ready to eat indian delicacies” est ardu, et que ça mérite bien une petite rincette, un alléchant bain de bouche.

Bon appétit ready to eat / prêt à manger !

Tibert

Trois petits tours d'entourloupette

J’ai reçu il y a peu et payé aussi sec – “aussi sec” : marrant, pour de l’eau, non ? – la facture d’eau de mon petit bled. J’avais les sous, et cette eau est peu chère, excellente et fraîche, c’est rare… c’est la Communauté de Communes qui nous envoie les avis (archaïque, le système, par courrier, et il faut faire un chèque, le poster ou aller payer chez Mon-Trésor-Public aux heures ouvertes au public, justement, quand on nous rebat les oreilles de modernisation…). Mais bref : on reçoit tout aussi sec une circulaire du maire disant “Ne payez pas l’eau ! il y a une erreur sur les dates, on a bloqué la facturation et ce sera refait plus correctement. N’envoyez pas vos chèques !“. Et vous savez quoi ? on m’a renvoyé mon chèque, c’est une première. J’attends de pied ferme la facture revue et corrigée. Mais ça fait désordre, non ?

Dans le même genre, mais à une échelle nationale, voyez ce ramdam qui a lieu avec la mesure prise sous Sarko I (si Sarko II il y a, ce qui nous pend au nez, eh bien on fera avec faute de mieux – soupir…) concernant la “demi-part des veuves“. Mal nommé, ce truc, qui concerne aussi les veufs et les personnes seules. Sous Sarko I on a voté la disparition progressive de cette faveur, de cette fleur électorale, disparition consommée depuis 2014. Bien… le PS était au courant, ils y étaient, les Sapin, les Valls, les Hollande, au parlement en 2008, ils sont réputés avoir assisté aux débats sans roupiller. Et voili-voilà que les retraités concernés qu’on assaisonne maintenant plein pot sont furieux, et les Régionales c’est bientôt, et aïe aïe aïe ils vont mal voter, les retraités !…  alors, panique à bord, “Si vous n’avez pas encore payé, ne tenez pas compte des avis reçus“. Et bien entendu le Ministre des Impôts fulmine contre Sarko, “c’est sa faute, vous vous rendez compte on en est encore 4 ans après à déminer ses conneries“. A d’autres, cher ami : vos services ont foiré, vous étiez au courant, manque d’anticipation, amateurisme, et panique électoraliste. Pas fameux…

Pour finir, encore des histoires d’impôts… la taxe d’habitation. Un de mes lecteurs habitant une grande métropole du Midi me soumet sa tristesse déçue : il a voté en 2014 pour le nouveau maire, dissident PS, qui promettait-juré-craché qu’il n’augmenterait pas, lui, les impôts  locaux, vu qu’ils étaient déjà à un niveau insupportable, résultat d’embauches massives et irresponsables – électoralistes en fait – de fonctionnaires territoriaux sous l’ancien maire, et d’un endettement périlleux. Et ce pauvre homme de me citer ses chiffres pour la taxe d’habitation:

  • Pour une base de 100 € en novembre 2013,
  • 100,80 € en novembre 2014 (+0,8 %), les élections municipales étant intervenues en Mars. Indolore, 0,8 %, correct.
  • 114,90  € en novembre 2015 : +14,9 % sur 2013, et +13,6 % sur 2014.

Voyez, écrit-il accablé, 13,6 % de hausse des impôts locaux en un an depuis qu’il est élu “stop aux hausses d’impôts”, ce monsieur. Et j’ai voté pour lui…

Eh oui, tout le monde peut se tromper. L’homme est faillible, et le politicien, insubmersible.

Tibert

 

T-shirt de destruction massive

Vous avez sûrement eu des échos de la rencontre de Normal-Moi avec Lucette (Arlette ? Ginette ?), bref Hollande chez l’habitante en Meurthe-et-Moselle, rencontre calibrée, peaufinée, que même les tasses à café et le café venaient d’ailleurs, des fois que ! Et les questions-réponses, rien qui dépasse, que du répondable et de l’entendable. Bref, c’est “Le Président chez l’Habitant : un homme normal“, ça ronronne.

Ce qui est moins lisse, c’est le “contrôle d’identité à titre préventif” (*) effectué par la Police du coin sur un individu du coin, extrêmement louche car bien connu pour ne point aimer notre Président : un militant de La Manif Pour Tous. Ces dangereux individus rôdent, souvent armés de leur T-shirt assassin, prêts à ne point apprécier les prestations présidentielles. Donc la Police embarque ledit putatif trublion au commissariat pour “contrôle d’identité” (**). Motif ubuesque, puisque son identité est connue, c’est justement pour ça qu’on l’embarque ; 2) il  n’arbore même pas son dangereux T-shirt ; 3) il ne manifeste pas, ou rien.

Mais justement, interpellé sans avoir rien fait d’autre qu’être dans les parages, et prié fermement de suivre les poulets, Denis Gabet (c’est le nom du monsieur) gueule “Hollande dictature“. Ah, vous voyez, vous voyez ! de quoi il est capable !

Sobrement résumé par le Directeur Départemental de la Sécurité Publique (DDSP) à l’initiative de ce rapt préventif, ça donne ça :  “Cette personne avait, c’est évident [c’est moi qui mets en gras] l’intention de perturber la visite“… “un président ne peut pas avoir sur son passage des gens qui viennent l’insulter” (***). Règle non écrite (on ne vous l’écrira jamais, ça ferait mauvais genre bananier) : on est en République et en principe libres de nos mouvements, MAIS en fait si l’on est “pour” on peut venir faire la claque, c’est même recommandé ; sinon on reste sagement chez soi ou on va se faire cuire un oeuf, mais au large.

Sage pratique à généraliser à tous les citoyens normaux : quand un malfrat labellisé BCSP “bien connu des services de Police” viendra rôder en sifflotant innocemment autour de votre scooter, la Police l’invitera fermement et préventivement à venir faire un petit stage au commissariat, le temps que vous dégagiez votre bécane. On va être bien protégés.

Tibert

(*) C’est le Figues-à-rôts. Autre version du même évènement ici (Le Monde-Sur-Toile).

(**) A supposer que les “mises à l’écart préventives” soient légitimes, il serait pertinent qu’existe une procédure légale en ce sens. “Eloignement préventif” , “Retenue de précaution”…  l’expression reste à définir et inscrire dans la Loi, et la procédure à utiliser avec parcimonie et à bon escient – ça va de soi.

(***) La DDSP qui a laissé Sarkozy face à un badaud hostile, suscitant sa célèbre répartie mezza voceCasse toi, casse toi, pôv con” avait donc omis de déblayer le terrain au préalable. Regrettable, mais ça nous a valu une citation qui restera à la postérité.

Vrooom vrooms en sourdin(gu)e

Je lis sur ce site – qui par ailleurs teste des aspirateurs aussi bien que des clés USB ou des trottinettes – qu’on propose maintenant un casque de moto “à réduction de bruit active” (la réduction de bruit active, ça fonctionne bien, j’ai pu tester ça en avion ; un casque (cher !) permet de réduire à un chuintement léger le brouhaha ambiant et le ronronnement entêtant des réacteurs ; on arrive à suivre un programme vidéo sans les sous-titres).  J’ai d’ailleurs appris incidemment dans le même article que pas mal de motards se mettent des bouchons d’oreilles pour conduire leur engin. Donc le bruit de leur bécane les gêne ? ça me fait plaisir, je ne suis pas seul.  Cela me fait aussi penser à ces concerts d’aujourd’hui où le / les chanteurs-instrumentistes sont encadrés par des murs d’enceintes assourdissantes – littéralement : dans la salle on a forcément ses tampons d’oreilles sinon c’est la surdité assurée, sur scène on a ses tampons d’oreilles “pro” sur-mesures, on ménage ses esgourdes… pourquoi ne pas baisser le son ?

Vous comme moi, je suppose – les oreilles sont ce qu’elles sont – êtes péniblement assaillis tous les jours, au long des rues, avenues, routes, par ces motos hurlantes ou vociférantes – le plus de bruit possible – de la grosse Bertha péteuse, pataude et bancale des Harley aux miaulements suraigus des cubes japonais à 9.000 tours sous turbo – sans parler des mob’s trafiquées à pot apocalyptique, “mouches à merde” hurlant sous votre nez en toute sereine et illégale impunité. Certains même vous font l’étalage de leur vigueur virile, roulant sur 30 mètres sur la roue arrière et si possible sans casque, phallus-moto fièrement dressé vers le ciel.

Bref : ceux-là qui vous pourrissent l’environnement de leurs pots d’échappement hurlants ou vociférants, ceux-là prennent les moyens de se protéger les oreilles, eux. Il me reste en réaction à me munir, dans la rue, d’un casque à réduction de bruit, active ou non. On va avoir l’air fin, avec nos casques anti-bruit, les yeux vissés sur le mobile rivé dans la main (oups ! pardon, le “portable” : ce petit rectangle plat qui pèse 140 grammes, c’est portable, le croirez-vous !), incapables d’éviter une merde sur le trottoir, tellement on n’y fait pas attention. Avec des bottes d’égoutier, peut-être ?

Tibert

Sur sûr de sûr

Un semi-remorque grumier – sans grume – qui pour une raison inconnue se plie en “portefeuille” et en travers d’un virage masqué sur une petite route sinueuse du vignoble libournais, un autocar de retraités du coin tout juste parti en virée vers les Landes et un “graillou” prometteur et programmé largement à l’avance, et plus de 42 morts : route trop étroite et en pente, choc violent, incendie immédiat… bref on en saura plus bientôt sur le pourquoi de ce camion en travers au mauvais endroit au mauvais moment.

Monsieur Mamère, le maire de Bègles – pas bien loin du Libournais – et coutumier des positions et postures à rebrousse-poil, a mis en cause la loi Macron dans ce drame : ce serait la faute à la libéralisation des transports en autocars !… sauf que les virées en autocars Troisième-Age à prétexte gastronomique, culturel, touristique, religieux… ça se pratique depuis que les autocars existent, bien avant que monsieur Macron ait vu le jour. Monsieur Mamère a ainsi perdu une occasion d’éviter de dire une ânerie, dont la logique conduirait d’ailleurs à mettre sur le dos de monsieur Stephenson tous les accidents ferroviaires, monsieur Ader se chargeant des crashes d’avions, etc.

Mais monsieur Mamère dit par ailleurs des choses plus sensées, et là je le rejoins : notamment que les routes secondaires, qu’on néglige au profit des grands axes et eux seuls, devraient être plus “secure” (c’est lui qui a semble-t-il mis des guillemets, vous voyez, avec le geste des deux majeurs et index joints faisant les crochets en l’air). Il est clair – mais chuuut, les morts c’est officiellement la faute des seuls chauffards et de la vitesse, cette salope – que des tas de points noirs sont connus pour provoquer des accidents sur nos pittoresques, étroites et sinueuses routes départementales. Justement, LE virage des 42 morts en était, “bien connu des services de la DDE” : il avait déjà provoqué des drames. Mais élargir le virage, l’arrondir, y mettre des miroirs pour y voir ce qui vient (ça se fait beaucoup en Suisse et en Allemagne, par exemple), ça n’intéresse pas les décideurs en la matière, plus désireux d’investir dans de nouveaux et rutilants ronds-points à leur gloire (les mairies ? les DDE ? autre ? ). Combien ça  coûte deux miroirs convexes placés judicieusement pour voir l’intérieur du virage en face ? combien ça coûte quarante-deux morts ?

Voilà… mais je reviens sur les guillemets de monsieur Mamère : secure. Ce n’est pas français, en effet ; c’est du rosbif, secure. Qui veut dire sûr (sans risque). Le problème c’est que “sûr” a chez nous deux fois deux = quatre acceptions, si l’on pinaille sur l’accent circonflexe. Sur : par dessus ; sur comme un fruit un peu fatigué (une pomme sure…) ; sûr : certain ; sûr : non risqué. Evidemment l’accent circonflexe ne s’entend guère, pour ajouter à la difficulté – il ne reste que le contexte pour comprendre. Et puis l’inflation verbale veut qu’on utilise des mots longs pour dire des choses importantes ; sûr c’est sûrement trop court ! bref sûr a du plomb dans l’aile, et on entend ici et là l’affreux secure (sûr = sans risque) ou sûr et certain (pléonasme !), pour signifier sûr = certain.

Que faire ? nous sommes coincés derrière un adjectif très polysémique et trop court. Il y aurait bien l’expression québecoise sécuritaire, utilisé pour sûr = sans risque. Je vous la propose ? à Montréal ça ne pose aucun problème. “Cette rambarde est très sécuritaire“. Ici, ça va hurler, la gauche va s’enflammer : tout ce qui est sécuritaire est liberticide, c’est bien connu, et l’ordre moral n’est pas loin. Des bruit de bottes, c’est sûr.

Tibert

Cinq négations sur le porc pour tester votre Q.I.

Je lis ça dans le sommaire du Fig’haro de ce jour :

Le tribunal administratif de Dijon a de nouveau rejeté jeudi pour défaut d’urgence le recours intenté contre la suppression des menus sans porc dans les cantines de Chalon-sur-Saône.

Ce type de formulation me rappelle irrésistiblement certains tests psychotechniques. Vous en avez passé ? moi oui.  Du genre…

Cochez la bonne interprétation de la phrase suivante : “Je ne nie pas qu’il ait omis de refuser de ne plus cracher dans la soupe” :

  1. Je dis qu’il crachera encore dans la soupe
  2. Je dis qu’il ne crachera plus dans la soupe
  3. Il n’a jamais encore craché dans la soupe
  4. Dans le doute je ne prendrai pas de soupe

Mais bon, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos cochons. Qu’est-ce à dire ? Qu’à Chalon-sur-Saône, il était question de supprimer les menus [des cantoches scolaires, NDLR] sans porc. De fait auparavant il y en avait, des menus expressément sans porc, pauvre bête ! Et qui  donc voulait supprimer ces menus a-porc ? le commanditaire, la municipalité, évidemment. Bon. Ensuite.

Ensuite, il y a eu un recours intenté contre cette décision municipale… recours : en termes juridiques, ça veut dire qu’il y a urgence à statuer, la Justice doit dire rapidos si oui ou non la mairie a le droit de supprimer les menus sans porc. Qui a introduit ce recours ? des associations musulmanes, je parie. Les autres anti-porc (oublions les végétariens, qui eux refusent toutes les viandes), les Juifs, donc, n’ont jamais fait de vagues sur ce genre de sujet : il y a du porc ? ils n’en prennent pas, point. Moi je fais pareil : j’ai horreur des topinambours, sans que ce soit de l’ordre du religieux ; eh bien je n’a jamais réclamé l’interdiction de la suppression des menus sans topinambours (*),  je prends autre chose, et voilà.

Eh bien le juge a tranché : le recours est rejeté, vu qu’il n’y a aucune urgence à statuer ; les menus “avec porc” sont peu fréquents et l’on peut trouver alors de quoi se nourrir sans viande, forcer sur le légume, se goinfrer de frites, faire une razzia sur le fromage… bref, le juge dit (je reformule) : votre recours anti-pro-porc vous vous le pliez sous le bras, la mairie a pour le moment le droit de ne plus proposer de menu alternatif les jours où il y a du porc.

Voilà, je vous l’ai victorieusement décodé, ce salmigondis de négations : si vous n’aimez pas ou ne voulez pas manger de porc, n’en prenez pas ! C’est extrêmement simple.

Tibert

(*) J’ai bon, là ? à vous de vérifier.

Authentique transversalité aéroportuaire

On ne peut que déplorer – moi, en tout cas – la perversion des thèses écologistes à travers les dérives des (ex)-dirigeant(e)s EELV du côté des Mélenchon and Co. Charger de tous les rejets de gaz méchants et délétères, de toutes les pollutions nocturnes et diurnes – 1) le grand capital, 2 Les centrales nucléaires, 3) Les moteurs Diesel, surtout ceux de Volkswagen qui en plus ont le culot de bidouiller les chiffres, c’est pousser un peu loin le bouchon : qu’on se souvienne que l’un des plus grands pollueurs de la Planète fut, en son temps, la défunte RDA, République “Démocratique” Authentiquement marxiste, du moins sur le papier. Et puis s’il faut réfléchir à, et promouvoir la “décroissance”, idée verte et qui me plaît en ce qu’elle appelle à plus d’intelligence créatrice et de responsabilité, force est de constater que les rares pays à modèle plus ou moins vaguement marxiste n’en ont rien à foutre, de la décroissance verte. Ils produisent un max, ils polluent, et après eux le Déluge.

Bon, mais pourquoi je me lance là-dedans ? parce que je lis dans le canard ici référencé que le FN, là, le parti de madame Le Pen, est maintenant arrivé lui aussi à la conclusion, comme moi et les écolos, que l’AyraultPort, le projet de Notre-Dame-Des-Landes-Aéroport, c’est une ânerie, pour rester poli. Non certes une ânerie pour les bétonneurs-bitumeurs, eux ils seraient vraiment pour, et sûrement pas dans la perspective d’une décroissance verte. Ils vous y mettraient des ronds-points à vous filer le tournis, des places de parking payantes et bordées de jolis traits blanc, des escalators et des tapis roulants, des tarmacs et des barrières automatiques, des navettes et des chariots à bagages. On le sait, un aéroport c’est moche, stressant – voire carrément hostile, tel Roissy – mais d’aucuns s’entêtent : celui de Nantes-Bouguenais ne leur va pas, même sérieusement amélioré, ils en veulent un autre plus gros, plus stressant, plus énergivore, plus loin de la ville, y acheminer des bus, des navettes, des taxis, exporter le béton bitumineux dans les champs de betteraves, mais, et là est le truc, à portée de bagnole des Rennais, ces malheureux qui n’ont droit qu’à un aéroport de sous-préfecture et s’en désolent.

Bref : Le FN rejoint l’avis commun, qui est que ce projet d’aéroport est à poubelliser, au profit 1) de la modernisation de l’actuel, très loin d’être à saturation ; 2) d’investissements plus utiles, comme par exemple des “autoroutes numériques” qui actuellement font défaut.

Bon, il y a des nuances ; les Verts ont pour les “zadistes”, ces individus hirsutes et fabuleux qui occupent le terrain convoité par les bétonneurs, les yeux de la compréhension, sinon de la connivence.  Le FN, non. Mais zadistes mis à part, l’écologie ratisse large, de Cécile à Marine : preuve qu’elle est traversante quelque part, l’écologie.

Tibert

 

 

Je me lève tôt et c'est miraculeux

On redécouvre ces temps-ci l’adage sage que les écoliers ânonnaient sur les bancs de la communale : “L’avenir appartient à ceux (“celles et ceux” en langage politicien) qui se lèvent tôt“. Ou en V.O. teutonne : “MorgenStund hat Gold in Mund“, l’heure matinale a de l’or dans la bouche. Et tenez, je vous le fais en anglais – mais pour le Mandarin voyez ailleurs : “The early bird catches the worm“, c’est l’oiseau matinal qui attrape le ver. Et justement ça nous vient des USA, le croirez-vous ! là-bas ils ont découvert ce truc, c’est la nouvelle folie qui va déferler à Paris, ça a un nom en anglais, il y faut forcément du rosbif pour imposer le concept. C’est le Morning Miracle” : miracle j’ai réussi à me lever à 5 h 30. C’est un Etats-Unien qui nous a trouvé cette fière appellation et ce filon, il s’appelle Hal Elrod, et il va se faire des couilles en or avec son bouquin de miracle matinal.

Pour vous documenter et vous motiver à mettre votre réveil à 5 h 30 demain pour étudier ce bouquin, vous lirez demain à 6 heures et avec intérêt l’article du Huffington auquel je vous renvoie, avec une superbe faute de français (ils sont sans doute meilleurs en anglais) : “Garder la trace d’une chose que vous avez appris ou réalisé“. S’ils pouvaient garder la trace de l’accord du participe passé…

On sait aussi que certains, les veinards, n’ont besoin que de 6, 5, voire 4 heures de sommeil pour se remettre en état de fonctionner le jour suivant, alors que pour d’autres c’est à 11 heures du mat’,  matinée foutue, qu’ils émergent péniblement en baillant après une dizaine d’heures de dodo. Pour les petits dormeurs c’est ainsi 2 à 5 heures de plus à vivre chaque jour, à lire, écrire, faire de la gym, traiter leur courrier ou leur compte bancaire, jouer du piano (électrique, le piano, avec un casque), faire du pain, aller écouter les oiseaux (c’est juste avant le lever du soleil que les piafs vocalisent), se préparer un ptit-dèj’ soigné – plus élaboré que deux tartines beurrées trempées dans le café au lait – méditer (sur ce que vous voulez, sur le ruban de Moebius et sur un tapis de yoga), apprendre par coeur les verbes irréguliers suédois ou toute autre activité passionnante.

Voilà, vous êtes désormais sans excuse, c’est à vous, c’est Votre Miracle Matinal maintenant. Pour vous aider à démarrer, je vous file un truc : vous partez au Canada, au Venezuela, aux Antilles, en Malaisie… je vous jure, les premiers jours à 3 heures du mat’ vous êtes debout, fringant, hyper-opérationnel, vous avez faim, vous videz le frigo. Evidemment l’après-midi est un peu laborieux, mais bof, l’essentiel n’est pas là. Vous l’avez, votre miracle !

Tibert (et il est 5 heures)

Faute d'X on s'enfonce pieusement

Décidément les journalistes français – ici c’est dans Le Monde-sur-Toile, une chronique sportive certes, le sport et l’orthographe, voyez, mais ça n’excuse pas tout – sont fâchés avec X. Hier c’était le bijoux, X singulier, kss kss, aujourd’hui ça tourne autour de la piété rugbystique :

Leurs deux premiers vœux ont été exaucés. Le troisième (…) risque de rester pieu.”. Vous voyez le truc ? on a collé l’X sur l’adjectif au lieu du substantif. Voeu pieux, voeux pieu… on a bon, de toutes façons y a un X. Et toc !
Pour terminer, ce bout rimé  :
O oublieux journaleux,
Que n’es-tu resté au pieu ?

Tibert, avec piété.

 

Hibou, caillou, genou, chou, joujou, époux

Monsieur Bill (Robert, donc) Gates Jr. est paraît-il à la tête d’environ 70 milliards d’euros (ou plutôt en équivalent euro ; on espère pour lui qu’il a diversifié son portefeuille), “une fortune qu’il doit à son bijoux, Microsoft qu’il a fondé“. Je cite là la légende d’une photo dudit Bill Gates, ou plutôt de sa tête, vu que ses doigts de pieds ne permettent pas à eux seuls de le reconnaître ; photo fournie par Le Figaro-en-Ligne dans un article sur le “Top 10 des plus riches de l’Histoire”. Bill y côtoie Staline, Rockefeller et consorts.

Soixante-dix milliards d’euros c’est une somme difficile à appréhender, et pour tout dire aberrante pour un ménage. Combien ça peut-il représenter de paquets de 500 gr. de spaghetti Pandani ? (*)  (**) les sens défaillent…

Eh bien le Figaro vous le dit : c’est la valeur de son bijouX. Avec un X, pour marquer combien ce bijouX est cher, et lui est cher. N’aurait-il eu qu’un seul bijou que ça le déprécierait fichtrement. Pour un homme, on le sait depuis Jean Todt (l’ex-Chef des courses chez Ferrari) et surtout Jacques Seguéla le communicant, LE bijou-ou sans X de l’homme c’est sa montre ; l’homme se doit d’arborer une flamboyante, clinquante et rutilante Bolex à son poignet, notamment s’il a atteint la cinquantaine.

Bon, on ne va pas en faire des caisses (de bijoux), mais je me souviens avoir ânonné sur les bancs de l’école “Bijou Caillou Chou Genou Hibou Joujou Pou prennent un X au pluriel. ” Des clous (avec un S) ! ça ne s’apprend plus sur les bancs des écoles de journalisme, ni même sur les bancs des écoles de correcteurs de textes. Ils nous l’ont collé au pluriel d’office, le bijouX de Gates. Effectivement ça fait sens : avec 70 milliards d’euros on peut s’acheter, la cinquantaine venue,  des paniers de montres.

Tibert sans X

(*) à 0,9 euro / paquet, ça fait 700 10 e9 /9 = 77,77 milliards de paquets de spaghetti (ou de linguini, ou de pipe rigate, ou de penne…) : de quoi voir venir.

(**) Contient du gluten.