Sans bâche et sans crainte

Il y a un salon musulman à Pontoise en ce moment. Rassemblement confessionnel, tout ça, pas de problème, chacun est libre. Cette année c’est  le “salon de la femme musulmane”, et les thèmes abordés, outre la cuisine hallal, c’est assez clairement la place ancillaire, subalterne, effacée des femmes pratiquant cette religion. Pas pour en débattre, non : pour appuyer, justifier, exalter ce rôle de dépendance vis à vis des hommes. Et, c’est clair aussi, ça pose problème ; la République française ne peut pas s’accommoder de ce modèle : l’égalité des droits et des devoirs – n’oublions pas les devoirs – de tous les citoyens (et donc des citoyennes, c’est le genre humain, pas que les mâles)  est inscrite dans la constitution. Il y  a comme un hiatus gênant…

Mais voilà, les Femen,  ces Femen dont je pensais qu’elles se cantonnaient à faire ch… l’Eglise Catholique (c’est assez peinard), le FN (c’est moins peinard) et  quelques machos, les Femen, donc, sont allées se manifester à leur façon dépoitraillée sur la scène de ce salon. Deux nénettes ont fait irruption, peintes de slogans pertinents, réjouissants, et en français ! (ah enfin, c’était presque toujours en anglais, leurs dazibaos de poitrine). Sur cette scène, deux imams traitaient à ce moment-là – c’est “Le Monde” qui le rapporte, je ne fabule pas – de savoir s’il était licite ou non de battre sa femme ( gageons qu’ils étaient d’accord pour condamner fermement toute violence mâle, ça va de soi n’est-ce pas, la loi française est assez claire sur ce point).

J’ai visionné les vidéos des articles cités plus haut : visiblement on les a expulsées assez énergiquement, et elles devaient s’y attendre. Chapeau les filles.

Tibert

Pour le concours Lépine (de ch'val)

Ah vous la connaissiez, “de ch’val ?” désopilante, n’est-ce-pas ? c’est en fait une citation littéraire du regretté Boby Lapointe. Lapointe, ça sonne Québecois, ça, comme les Béliveau et les Tremblay, et justement je me suis laissé dire que l’argot québecois, le “joual“, vient de la déformation progressive de cheval en ch’val en choual en joual. C’était notre page philologie. Il semble donc qu’il y ait, outre des orignaux, des chevaux là-bas dans la Belle-Province.

Mais deux choses d’abord :

  • Premio la Reine Elisabeth II a battu hier soir à 21 h 47 le record mondial de la plus durable reine des Grands-Bretons. Durabilité que nous saluons comme il se doit, bravo Elisabeth II, continuez comme ça, et pendant ce temps-là Charles attend (*).
  • Deuxiémo mon blog a été “hacké” – j’ai horreur des anglicismes inutiles – bref des intrus ont déposé une grosse crotte en rosbif sur ce blog soigneusement tenu. Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai empoigné la serpillière et la Javel, on a remis de l’ordre et serré les boulons. Non mais !

Mais que je vous dise : quand on farfouille dans le frigo pour y prendre le reste de spaghetti (**) bolognaise de l’avant-veille pour les passer au micro-ondes pour le repas du soir, ils sont toujours au fin fond de la clayette du bas, derrière le camembert en plâtre et les yaourts, eux-mêmes occultés par le sachet de salade frisée. Idem pour tout ce qu’on cherche : les trucs qu’on cherche sont toujours au fond. Alors deux solutions :

  • Passer derrière le frigo et ouvrir le hayon arrière : on a accès aux spaghetti sans problème. Vous me direz : le frigo est contre le mur, et puis y a pas de porte arrière. C’est exact.
  • Ou alors faire comme les pharmaciens : le Zorflumil, juste derrière le Yumilax et le Xapovil, ils le trouvent sans problème au fond d’un loooong tiroir sur roulettes, et sans effort apparent. Un peu comme les cadavres à la morgue, c’est des tiroirs qu’on tire – un tiroir : on tire, forcément – et y a un petit chariot à roulettes qui se déploie dessous. Le cadavre sort ainsi entièrement, facilement, c’est agréable.

Donc pourquoi les clayettes du frigo ne sont-elles pas sur roulettes ? voilà, je vous ai posé la question.

Tibert

(*) Vous la connaissiez, celle-là ?

(**) Uno spaghetto, due spaghetti, sans S. Pas très copieux, mais correct.

Quid d'un musée de l'affreuseté

Je sais, affreuseté ça ne s’utilise pas à tous les coins de rue et d’ailleurs cet imbécile de Correcteur Orthographique de mes deux me somme – soulignant le mot d’un friselis rouge accusateur – de rectifier le tir. Va te faire voir eh pauvre Correcteur, affreuseté ça fonctionne : c’est le caractère de ce qui est affreux.

Que je vous dise : visitant Vichy avec des amis étrangers, nous nous arrêtâmes face à l’ex-Hôtel du Parc – devenu un immeuble d’habitation – devant lequel a été érigée une stèle de marbre noir en mémoire des méfaits de l’Etat Français dans la déportation des Juifs. Hors cette plaque, rien ne vient rappeler ce que fut l’Hôtel du Parc dans la période 40-44, Pétain-Laval-Darnand e tutti quanti. Et mes amis visiteurs, qui connaissent assez bien cette période des HPSNH, de me dire : y a t-il un Musée de la Collaboration ? Ben non, je ne crois pas.

Il y a bien à Phnom-Penh un musée de l’horreur Pol-Potiennne, il y a des Musées de l’Holocauste, un musée de l’esclavage, des musées consacrés à diverses abominations de l’Histoire… mais pas de musée de la Collaboration. Il y a eu récemment et temporairement, et vice-versa, une exposition à Paris (forcément à Paris) aux Archives Nationales sur la Collaboration de 1940 à 45, et c’est fini, clos, plié.

Vous me direz, il y a des Musées de la Résistance un peu partout. Et traitant de Résistance on y aborde aussi la collaboration, non ? sinon c’est un peu borgne, comme vision… certes. Justement, c’est un peu borgne, la seule Résistance, ou unijambiste, voire les deux. Il y a aussi la collaboration – et entre les deux, les Français qui soupirent et attendent que ça aille mieux. La collaboration c’est un sujet qu’on doit pouvoir aborder maintenant, sans crainte de remuer la gadouille glauque, les choses sont assez tassées, les belligérants de l’époque disparus ou apaisés.

Ils ont raison, mes amis étrangers mais avisés : on devrait monter un vrai musée consacré à la collaboration. En commençant par en montrer les racines, de l’anti-bolchévisme à l’anti-sémitisme et à la chimère paneuropéenne en passant par l’anti-Anglo-Saxonisme. Evidemment ce ne serait pas un musée de Bisounours, certes non, et il y aurait de rudes réalités à exhumer. Mais par ces temps de battage de coulpe comminatoire, d’injonctions à la repentance occidentale, aiguë et unilatérale, ça ne détonnerait pas, je pense.

Tibert

2 x 3 x 3 x 37

Trente-sept étant un nombre premier je n’irai pas plus loin. Donc, 2 x 3 x 3 x 37 = 666, vous aviez bien calculé. Il se trouve, je n’invente  rien, qu’une pauvre mère ayant enterré sa fille tout juste jeune adulte, dut suivre, éplorée, un corbillard de la région niçoise dont l’immatriculation comportait les trois chiffres “666”. Et ce fut un choc pour elle, fervente croyante. Car Saint-Jean, le plus allumé des évangélistes, celui qui forçait un peu sur le joint, dans son “apocalypse” verset 13-18 écrit ceci (en grec ancien !! ) : “Que celui qui a de l’intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d’un homme, c’est : six cent soixante-six”. Et toc ! Sauf que certains transcripteurs  ont écrit 616. Mais bon…

Je me suis beaucoup amusé à la lecture de la page Wiki consacrée au Nombre de la Bébête. Tenez, 666 c’est aussi entre autres tentatives d’interprétations, MAOMETIS = 40 + 1 + 70 + 40 + 5 + 300 + 10 + 200, en donnant à chaque lettre d’un alphabet (que je ne pratique pas) un poids et en additionnant (pourquoi toujours additionner ? pourquoi pas utiliser le logarithme décimal ou le reste de la division entière par 5 ? ). Je gage que vous vous en divertirez aussi, estimée lectrice, ami lecteur.

En attendant, de même que les anciennes immatriculations [ 999 PPP 99 ] évitaient les “422 CON 75” ou les “718 CUL 69” il semblerait sage que dans les préfectures on neutralise, non la Bête, c’est hélas impossible, la Bête est en nous, mes frères, repentons-nous et frappons notre coulpe car la fin est proche (*), mais son nombre – a fortiori pour un corbillard ! Boycottons 666, et tiens, dans le doute, 616 aussi, on ne sait jamais. Et 999 : à l’envers, tiens donc. Et puis tous les détails. Le Diable est dans le détail.

Tibert

(*) à vrai dire, la fin n’a jamais été aussi proche. Et depuis que j’ai écrit ça, encore plus proche.

PS : je n’y résiste pas : la peur du nombre 666, ça s’appelle hexakosioihexekontahexaphobie. A vos souhaits !

HPSNH comme mantra

Ce matin tôt je lis la presse en-ligne , et je tombe sur une grosse colère du Grand-Premier-Secrétaire-en-Chef du PS, le sénateur Cambadélis, “Camba” pour les happy few qui lui tapent sur le ventre. “Camba” vitupère le Secrétaire d’Etat Alain Vidalies, lequel préfère, face à la menace islamisto-terroriste, des contrôles de sécurité aléatoires plus nombreux et efficaces, quitte à ce que ça soit “à la gueule du client” – comprenez : on va tout droit vers le délit de sale gueule, ça craint. Et c’est là que ressort l’incantation : les Heures les Plus Sombres de Notre Histoire. Aïe aïe aïe ! c’est quoi, les HPSNH, label déposé pour l’horreur absolue ?

– La révocation de l’Edit de Nantes ? Très grosse ânerie, des conséquences terribles. Les Français contre les Français. Les guerres de religion, déjà.

– La guerre de cent ans. Cent ans de tueries, ça le fait, non ?

– L’occupation de la France par les Grands-Bretons, avant que Jeanne la Pucelle ne les jette.

– La révolution de 1789, la Terreur. Affreux. Les  guerres de Vendée… terrible.

– La guerre de 1870, la déculottée, la perte de l’Alsace-Lorraine, Bazaine en déconfiture, la subséquente Commune de Paris, on bouffe des rats, on fusille à tours de bras et à la Villette, Adolphe Thiers le boucher… pas mal, non ?

– la guerre de 14-18, 1,5 million(s) de jeunes mâles français tués, des multitudes d’estropiés, mutilés, gazés, de gueules cassées, de veuves éplorées. THE boucherie. Comme heures sombres, alors là…

– meuh non vous l’avez compris, les HPSNH c’est forcément, pour nos chères Bonnes Ames, 39-45 ; 39-45 y a que ça de valable. Des heures qui ont duré environ 5 ans, soit dit en passant. La collaboration, le national-socialisme à l’oeuvre, les convois d’extermination vers la Prusse-Orientale ou la Haute-Silésie, les tickets de rationnement, les patrouilles Schleu dans nos rues paisibles… c’est vrai que ce fut affreux. Elles sont là, nos HPSNH (le reste c’est du pipi de chat, ou il faisait plus clair, c’est clair). Et surtout, et surtout, ce fut, et c’est là l’horreur suprême, l’émanation et la concrétisation des plus pires des idées : des idées d’extrême-droite, auprès desquelles les délires paranos et inhumains de Pol-Pot et de Staline, les fatwas condamnant tous les “infidèles” à se convertir, se soumettre ou mourir sont des gamineries. Comme quoi il y a des degrés dans l’horreur et la sombritude.

Moi je m’inscris en faux contre cette conception : 39-45 après la déculottée initiale de Mai 40, c’est la Résistance, c’est Radio-Londres, De Gaulle qui se rebelle, le CNR, Jean Moulin et Manouchian, ce sont les Français qui ont refusé de se résigner, ceux qui ont abrité et caché des Juifs, ceux qui ont espéré revoir leur pays libre, et il y en a même qui ont agi pour ça.

Tibert

Quoi qu'il arrive, si (bémol)

Sans aucune préoccupation électoraliste pour 2017, et dans un élan de sollicitude et d’affection pour les Français qui souffrent sous Bercy, notre Grand-Chef Normal vient de nous annoncer d’excellentes perspectives, dans le genre “demain on rase gratis”.

Jugez plutôt :

1) de nouvelles baisses d’impôts seraient envisagées «si la croissance s’amplifie en 2016».

2) une baisse d’impôts interviendrait “quoi qu’il arrive en 2016”.

Voyons voir, voyons voir… donc de toutes façons nos impôts vont baisser en 2016 ? c’est bien ça ? de combien ? de 20 % ? de 0,02 % ? advienne que pourra, ça va baisser, foi de Normal ; acceptons-en l’augure.

Et, divine promesse, deuxième chance au grattage, si la croissance s’amplifie, on envisagera de les baisser encore plus, les impôts. Notez bien, ça ne mange pas de pain, d’envisager. Moi j’envisage de devenir beau riche et bien portant ; acceptons-en l’augure.

Tibert

PS : je lis ça dans “Le Parigot” : “Le touriste français pingre comme c’est pas possible” : et de nous enseigner que, si à l’étranger le pourboire est souvent indispensable au pauvre serveur (Italie, USA, et plein d’autres), en France “le service est compris”, oui certes mais “le pourboire est apprécié“. Et que le Français est radin de chez Radin. Moi je vous le dis : quand des amis étrangers viennent chez moi, je leur explique bien clairement qu’il est malvenu, incongru, déconseillé de filer un pourboire : le service est compris, nom de nom : on a déjà donné ! et ces malheureux étrangers, avec leurs pourboires, donnent de très très mauvaises habitudes aux bistrotiers et restaurateurs de par chez nous. La preuve, maintenant après le service il leur faut un pourboire. Le beurre, l’argent du beurre, et avec le sourire, en plus ?

(fin du PS, je sais, il était un peu long mon PS, mais bon vous comprenez bzzzzzz bzzz blahblah cause cause…)

Apories à Paris

Le “Monde sur Toile” de l’été se lance dans une chronique d’été, bien évidemment ; littéraire, la chronique, car centrée sur l’homme que la planète littéraire française – petite planète ! – exècre et chérit tout à la fois, Michel Thomas alias Houellebecq, ce qui sonne fichtrement mieux que Thomas, sonorités du Cotentin, des marées sur la grève et du varech réunis. Au passage, on saluera l’hommage des grands hommes de lettres aux grand-mères, le prénom pour Céline (Louis-Ferdinand), le nom pour Houellebecq (Michel). Le rapprochement n’est pas tout-à-fait fortuit, il y aurait à gloser dans une thèse de littérature comparée sur Destouches-Thomas, au delà de leurs dégaines pareillement et savamment négligées ou de leurs hygiènes de vie très opposées, l’un clopant semble-t-il comme une locomotive, l’autre buveur d’eau et les poumons mités itou – mais pas par la nicotine et les goudrons d’American Tobacco. Au delà, ça devient de la littérature.

Mais les confronter ne sera pas simple, MH ne se revendiquant pas du tout de LFC ; plutôt de Georges Perec (et non Pérec), le Perec des listes de courses et des énumérations qu’on saute lâchement, n’y ayant constaté nulle poésie, ou alors elle nous a échappé. Tenez, le Monde nous en cause : MH dit faire des listes de courses, non parce qu’il serait tête-en-l’air, mais soucieux d’épargner de trop fréquentes filatures serrées aux flics qui sont préposés à sa protection rapprochée de VIP. La liste de courses permet en effet d’éviter de s’y prendre à plusieurs reprises pour faire ses achats ; elle se construit et s’enrichit soigneusement, c’est un fait statistique établi, sur un vieux bout de papier fixé par un magnet sur la porte du frigo (*), et l’on se fait un devoir de l’oublier en partant faire ses courses. Reste, tels Perec et Houellebecq, à l’utiliser a posteriori, histoire de ne pas gâcher les bonnes choses, dans le corps d’un roman ou d’un opuscule genre “Penser / classer”.

Mais bon… vous lirez sûrement ce feuilleton “malgré lui” sur MH publié par Le Monde ; vous y ferez entre autres une petite cure d’aporie, d’aporie du christianisme notamment, mais pas que ! MH “refuse en effet de parler” aux journaleux du Monde, lesquels font donc l’expérience de l’aporie du journalisme. Aporie ? quesaco ?

[ Tout petit florilège d’aporétique :

– “Je t’aime – Moi non plus”.

– “La lumière est-elle de nature corpusculaire, ou ondulatoire ? – Oui”.  ]

Tibert

(*) C’est généralement en ouvrant le frigo qu’on constate la fin du flacon de shampoing.

Politicogéographie enfantine

Hier j’entendais deux gamins, l’un Canadien du Québec, l’autre lui expliquant qu’il habitait “en Asie“. Où ça ? demande le premier. A Singapour, dit le deuxième. Singapour ? je connais pas… c’est comment ? c’est grand ?c’est grand comme le Canada, mais c’est plus petit.

Certes ! ce n’est pas faux, même si litotique (litotesque ? litoteux ? litotard, tôt ou tard ; bref, c’est une litote). Singapour, 716 km2, mais ils en gagnent tous les jours, avec leurs digues à la hollandaise ; Canada, 9.984.670 km2, et ça leur suffit. Songez qu’on pourrait caser environ 13.870 Singapour au climat équatorial et homogène (5,4 millions d’habitants) dans un Canada qui est seulement 6,7 fois plus peuplé, tellement ça caille dans le Nord…  et qui aurait du coup une population – en partie frigorifiée – d’environ 74.900 millions d’habitants, soit 74,9 milliards, autant dire 11 à 12 fois notre population mondiale actuelle : je préfère ne pas y penser. Ainsi Singapour est-il un “petit” état ? ben non, c’est un état tout court, avec tous ses attributs, et c’est ce que signifiait dans un humour involontaire le deuxième gamin. Il suffit de savoir de quoi on cause… limite plus grand que le Canada, d’ailleurs, vu que Singapour a décrété il y a 50 ans qu’il faisait sécession tout seul comme un grand d’avec la fédération de Malaisie, tandis qu’au Canada on fait encore allégeance à.. . la reine des Grands-Bretons, Elisabeth II – qui se cramponne pour battre le record de longévité de Victoria, et elle va y arriver, tant pis pour Charles !  – ce qui fait un peu tarte, vous en conviendrez.

On parle d’extrêmes, là… un confetti super-peuplé face à une gigantesque surface quasiment presque vide, sauf à la lisière Sud. Moi ça me rebute les extrêmes, je préfère le moyen ; la moyennitude ça me va. Mon pays est moyen, très très moyen, je sais, mais bon. Et puis nous on a les fromages et le pinard, et toc !

Tibert

 

L'érosion du rôdeur

Il fait beau mais frais ici, au lever du soleil sur le lac, juste en dessous du chalet. Les châlits du chalet sont en bois, tandis que les châles du chalet sont en tissu. Et, je puis vous l’annoncer, je n’ai pas vu de châle sur mon châlit. Mais il y a deux jours une amie est morte après moult soins palliatifs “des suites d’une longue maladie”, à un âge certes avancé – octante-deux balais – mais si les négligents qui l’ont coloscopisée il y a quelques années avec pour tout commentaire “c’est tout bon” avaient eu les yeux en face des trous, elle serait peut-être encore de ce monde, on aurait pu engager à temps un traitement salvateur, et elle aurait pu se marrer aujourd’hui à la lecture de ce titre du Figues-à-rôts-sur-Toile :

Trump résiste, les autres rôdent leur contre-attaque“. Mais serait-ce un lapsus révélateur ? car les autres (candidats Républicains à la primaire pour la future élection présidentielle aux USA) rôdent, c’est sûr, rôdent au coin du bois, c’est toujours au coin du bois rond qu’on rôde. Quand à roder, que pourraient-ils roder ? leur contre-attaque, pardi, le Figaro vous l’annonce avec un accent trumpeur, pardon, trompeur.

Le mécanicien rode son moteur, mais la fatigue rôde. La fatigue du correcteur orthographique salarié du Figaro et qui roupillait quand l’erreur lui est passé (et non passée) sous les yeux, ou bien qui fait des pâtés, pas des patés épatés, sur la plage avec son petit-fils, ce que je m’apprête – et non m’apprete – à faire.

Allez, décidément et heureusement le circonflexe garde son mystère, ses arcanes et sa beauté, c’est l’essentiel en ce temps beau, ce temps beau sur le lac. Caussimon le chantait déjà : “Moi je suis du temps du temps beau…

Tibert, sans accent.

Treni d'estate, Sommer Züge…

J’ai pris le TGV récemment. Grand moment… la technologie française, etc. Mais on est partis avec sept minutes de retard pour attendre un TER qui était à la bourre, enfin, bon, passons. Dans ce TGV, un prospectus (un “flyer”, en français) vante une palette de services de distraction à bord desdits TGVs. Des animations à dates planifiées… ce concept porte un nom, et se nomme “Summer Trains“.

Summer Trains… et je me dis que les créatifs sont de gros paresseux. On voit bien, les inventifs de la SNCF pondent un programme pour réveiller le passager somnolent, lui faire lever un cil de son smart-faune chéri ; il faut y donner un nom, à ce programme. Pourquoi un nom ? parce que… admettons, nommons ce programme, un truc pimpant, alerte, qui a du peps. Voyons voir, voyons voir… remue-méninges… (brainstorming, en français)…

Tiens, c’est dans les trains, l’été, que ça se passe… donc, “Summer Trains”, “seummeur traïnn’s“, ça vous va ? ah ouais, super. Emballé, c’est pesé. Pourquoi en anglais ? euh… c’est LA langue, non ? et tout le monde comprend l’anglais, donc…

Mais c’est juste la version rosbif de “Trains d’été”, rien de plus. Où est l’annonce d’animations ? de  programmes festifs ? elle n’y est pas. Pire, l’anglophone qui lit ça, “summer trains”, qu’est-ce que ça lui dit ? il est dans un train, en été, il le sait, ça. Tu parles d’un scoop !

Bref les créatifs de “Summer Trains” sont mauvais, pas créatifs du tout, cossards comme des limaces, à virer d’urgence. Juste capables de traduire, et uniquement en anglais. Tiens, tant qu’à se contenter de décliner “trains d’été”, pourquoi pas en suédois, ça aurait une autre gueule : “Sommar Tåget“, avec le drôle de petit rond sur le “a”, prononcez “ôô”. Et puis on apprendrait enfin quelque chose ; l’anglais on connaît, merci, on a déjà donné.

Tibert, avec un “å