Lapsus de gauche et de gauche

Je lis les propos de madame Marie-Noëlle Lienemann (disons MNL, pour faire court), sénatrice PS version de gauche-gauche, et ma foi ils sont réjouissants. Il se trouve que monsieur Macron se lance ces temps-ci à faire des propositions, ébauchant l’esquisse de l’esquisse d’un programme, prudent… et bien entendu madame  MNL flingue, flingue forcément ce traître au parti de Normal-1er : “Macron est de droite et de droite”, lance-t-elle, en écho au “ni de droite ni de gauche” du Macron en question.

Elle étoffe et poursuit sa diatribe anti-Macron… il se trouve que “Manu” Macron propose que les démissionnaires d’un boulot puissent bénéficier des indemnités de chômage (actuellement, nada ! il faut être licencié pour pouvoir profiter du chômage, et moult pseudo-licenciements du genre “on ne s’aime plus” sont en fait des démissions arrangées en ce sens). Je cite texto les propos de MNL : ” «Ce qui fait peur aux salariés, ce n’est pas de quitter leur emploi, mais d’en trouver !».

Voili voilà… donc selon MNL, ce qui fait plutôt peur au salarié, c’est de trouver du boulot !! Le RMI, pardon le RSA, les indemnités de chômage, les allocs diverses et variées, c’est tellement plus peinard. Allez, soyons sympas, disons qu’elle a fait un malheureux lapsus, madame MNL, mettons ça sur le compte de la fatigue. Elle est surmenée, madame Lienemann : vous pensez, le boulot au Sénat !

Tibert

PS : Et Leonard Cohen ? ce poète discret et classieux vient de nous tirer son feutre étriqué, et j’aurais cent fois préféré apprendre le décès d’un tas de pousseurs de chansonnettes franchement pas indispensables.  Il s’exprimait en anglais, Leonard, certes, mais lui articulait sans gesticuler connement, et ne poussait pas des fadaises ineptes en yaourt. Allez, sobrement :  So long, Leonard, we miss you.

… ça trump énormément

Misère des sondages, débine des oligarchies bardées de diplômes ronflants et sûres d’elles, déroute des dynasties de sénateurs richissimes ronronnant sur leurs certitudes, la classe politique états-unienne vient de prendre une grosse claque. C’est bien fait, ça devrait enfin lui montrer que tout ne va pas très bien madame la marquise, le bon peuple renâcle, et en même temps “ça craint”, comme on dit en ce moment au PS et alentours : aïe aïe aïe le populisme ! Eh oui, “Dormez braves gens, nous maîtrisons la situation” ne marche plus, et accessoirement la Bonne-Pensée a pris un coup de pied au cul. C’est d’ailleurs la seule bonne nouvelle aujourd’hui.

Tibert

PS – Le lendemain : il appert qu’en nombre de suffrages exprimés, madame Hillary devance monsieur Donald : chez nous, elle aurait gagné ! Comme quoi le système de vote “tout ou rien” état par état via les “grands-électeurs” (qu’on pourrait traiter de godillots-robots, vu qu’ils votent tous en bloc et au garde-à-vous pour leur parti) se révèle délicieusement pervers – con et pervers. On devrait faire ça chez nous, ça mettrait du piment…

Herbes folles sur le tarmac

Le dossier de Notre-Dame-des-Landes, alias NDDL,  ce vieil aéroport du futur des années 60 projeté pour faire plaisir aux édiles et notables de la Chambre de Commerce locale, engraisser le BTP, bétonner les terres agricoles et accessoirement dégager du ciel nantais les avions en approche-atterrissage, connaît un nouveau rebondissement : le “rapporteur public” de la Cour Administrative d’Appel de Nantes y met une grosse réserve.

Cette affaire est tout simplement lamentable et pour cela passera à la postérité, si l’on veut bien enfin ouvrir les yeux sur les tares de la démocratie et des chemins décisionnels dans notre pays : un paradigme de dossier foireux. D’un côté la Loi bafouée allègrement, des individus barbus, “hirsutes-menaçants” (ce n’est pas de moi, c’est de Louis Aragon, et il ne traitait pas de la ZAD de NDDL) occupant le terrain en toute illégalité, ridiculisant les décisions judiciaires énoncées jusqu’à présent, les coups de menton et les effets de biscottos de notre Premier Ministre ; de l’autre côté des élus et décideurs autistes, sourds et aveugles, portant, butés, un projet des années 60, sûrs de chez Sûr d’avoir raison contre toutes les objections pertinentes qu’on a pu opposer à cette vieille baudruche clairement surdimensionnée et jamais remise à plat.

La grande majorité de ces naufrages mettent en évidence l’incapacité crasse de nos décideurs à tenir compte, sur des dossiers de long terme, du TEMPS QUI PASSE ! en informatique, tenez, les dinosaures logiciels genre Paye des Militaires sont morts-nés dès les balbutiements des premiers bulletins de solde  : on les a définis 5 ans plus tôt, et entretemps la donne technique, les règles du jeu… ont changé ! à la poubelle, Louvois, Chorus et consorts !

Tenez, pour illustrer, un peu d’humour dans ce monde sinistre, je me fais un plaisir de vous citer un extrait du “courrier des lecteurs” là-dessus, à la suite de l’article que le Monde y consacre :

“La piste (*) est prévue pour faire atterrir des futurs Concorde en provenance de New-York. Les caravelles d’Air-Inter ne sont pas oubliées pour rallier les principales villes du pays. Les DC8 d’Air France partiront vers Karl-Marx-Stadt, Stalingrad, la Tchécoslovaquie, la Rhodésie et le Congo-Brazzaville. M. Alain Poher aurait le privilège d’inaugurer l’aéroport…”.

Et si vous pensez qu’un aéroport ça fonctionne tout naturellement et ça ne peut que créer des emplois, rapporter des sous quand c’est construit, voyez ce site qui vous cite 😉 une quinzaine de superbes “bides” aéroportuaires, dont le mirifique et catastrophique “Mirabel” de Montréal, etc. Plus modestement, et tout près de Nantes, méditez sur les chiffres de l’aéroport actuel d’Angers-Loire, 18 ans d’âge, voulu par la communauté urbaine du coin parce que le précédent ne pouvait plus s’étendre… il est à 120 km à vol d’oiseau de NDDL, il fait gaillardement ses 8.500 passagers par an, soit 24 par jour… avec des structures prévues pour 50.000 passagers. Un “bide” de plus.

Tibert

(*) LES pistes ! pour NDDL il en est prévu deux, en toute modestie, comme à Londres-Heathrow, qui fait 1.260 mouvements par jour, quand le Nantes-Bouguenais actuel en compte à peu près 137, soit 9 fois moins. Mais on ne sait jamais, des fois que Nantes-NDDL supplanterait Heathrow…

Impasse de la Canneberge

Il est humain de préférer annoncer des victoires que des défaites. Vous êtes d’accord ? moi aussi. Tenez, si je vous dis que je bute sur la démonstration de la conjecture dite “de Syracuse”, bien qu’ayant avancé de manière significative 😉  vous allez penser que je ferais mieux de la fermer ( pas la conjecture, évidemment…). C’est clair, je gagne à ne rien dire si mes recherches démontrent que le sens dans lequel je les oriente se révèle une impasse ; c’est évidemment plus confortable pour mon ego, et tout roule comme si de rien n’était…

Mais je lis dans Slate.fr (slate : terme anglais, forcément anglais, désignant l’ardoise sur laquelle on écrit) cette  intéressante contribution de deux chercheurs francophones qui ont créé l’enseigne “Negative Results“. En anglais évidemment, mais bon, nobody’s perfect, pas vrai ? leur démarche vise à baliser les chemins de recherche déjà explorés et vains : quoi de plus idiot que de repartir sur des pistes qui se sont clairement avérées sans espoir ? c’est particulièrement utile en biologie, mais ailleurs aussi, soyez-en sûrs.

Tenez, mesdames, qui pour éloigner la cystite menaçante – tellement plus fréquente chez vous que chez les mâles – vous tapez des gélules de cranberry, des gelées de cranberry, des décoctions de cranberry en pensant que ce sont des cranberries, alors qu’il s’agit de canneberges (en anglais : cranberry), vous perdez votre temps et votre fric, surtout s’il y a marqué “cranberry” sur l’emballage – forcément plus cher que la canneberge, snobisme anglomane oblige : la canneberge n’a aucun effet sur la cystite, ni dans un sens, ni dans l’autre. Il reste que c’est une baie aux vertus anti-oxydantes, délicieuse en compote, ou sur des plats de gibier, viandes blanches etc..  mais, bien entendu, en gélules 1) ça n’a aucun goût, 2) c’est emmerdant à absorber et 3) ça ne sert rigoureusement à rien sauf à enrichir les fabricants. Comme quoi Negative Results va vous faire faire faire des économies, mesdames, à défaut de vous donner la solution pour combattre la cystite.

Vive donc les impasses, les erreurs, pourvu qu’on s’attache à en tirer les leçons pour en éviter le retour, pour reprendre un vieux slogan. Ah si les politiciens pouvaient s’inspirer honnêtement de leurs negative results !

Tibert

Do U speak Globish ?

Note : ne loupez  surtout pas cet article du Figaro, essentiel à votre quête existentielle en ce premier jour de novembre, augmentation du prix du gaz, du gasoil, des pots de chrysanthèmes… et j’en oublie : “Comment se maquiller pour revoir son ex ?”  voilà qui interpelle, et comment !

Mais j’ai aussi lu – juste pour compléter, il me restait comme une petite faim – cet article, “Quand les grandes écoles de gestion s’agenouillent devant la langue anglaise“, un de plus comme on en lit tant pour dénoncer le lèche-botte, la servilité et la démission de nos “élites” supposées francophones vis-à-vis de l’anglais, ou plus précisément de la langue – largement abâtardie, essentiellement  à base de formules plaquées sur une syntaxe rustique, le Globish – des Etats-Uniens et des affaires, oh pardon du business. Les affaires ? c’est autre chose, une femme dit par exemple “j’ai mes affaires“, rien à voir avec le business, les trends, ça matche, c’est du win-win, je te le forwarde, envoie-moi un acknowledge, on fait du B-to-B (prononçez “bitoubi”),  as-tu  des spares, il faudrait addresser ce problème, sans oublier le traffic et les rush-hours.

On y lit, dans cet article, qu’il existe une Burgundy Business School, en fait une vague école de commerce à Dijon, ville où la mustard  doit faire partie des must, où le Pinot-Noir finira par se cultiver partout alentour, c’est tellement plus user-friendly que de se chamailler sur les mérites respectifs du Côtes de Nuits, du Volnay ou du Maranges.

Et songez que la Communauté Européenne, que les Britanniques ont décidé de déserter – pour être à l’abri des contraintes tout en restant dedans pour le business, et la fille de la crémière avec – se sert essentiellement de l’anglais : ils sont masos, en plus, à Bruxelles… bref c’est triste.

Gardons le moral, toutefois ; si j’ai bon espoir (hopefully, comme ils disent) que le chinois ne parviendra jamais à s’imposer malgré sa supériorité numérique, du fait de sa structure techniquement aberrante et de son apprentissage rebutant (*), je forme le voeu que les langues latines prennent le dessus sur le continent nord-américain lui-même, en l’espèce l’espagnol… l’Amérique Latine est latine, elle, c’est écrit dessus, et, tenez, elle cause en système métrique, ce truc simple, clair et logique que les anglo-américains n’ont jamais pu encaisser, mauvais joueurs qu’ils sont.

Tibert

(*) Les alphabets courants vous imposent une trentaine de caractères à mémoriser, moyennant quoi vous êtes sûr de pouvoir lire 100 % d’un texte, y compris de Jacques Lacan (quant à le comprendre, alors là…).  Le chinois vous demande, lui, d’en mémoriser 2.000 pour pouvoir déchiffrer 97 % des textes écrits (quant à comprendre Lacan traduit en chinois, alors là…)

Halloween et les soixante millions

Premio, en ces temps où la fête du cochon a des airs de provocation et la crêche de Noël doit demander la permission, je propose de mettre à la poubelle Diwali et Halloween, ces trucs indo-américains qui ont le mauvais goût de tomber en même temps et de ne pas être de notre culture, ou de ce qu’il en reste. Au diable les citrouilles, ou alors en soupe, en gratin…

Deuxio, on nous annonce que le mahousse fichier TES (Titres Electroniques Sécurisés) va voir le jour, simple raboutage de deux fichiers déjà en place, celui des passeports et celui des Cartes d’Identité. Y sont entre autres, c’était déjà “dans la boîte”, les photos qui vont z’avec, la couleur des yeux, les empreintes digitales, les adresses  physiques et numériques… et puis ? d’autres trucs éventuellement, mais bon…

Et alors ? et alors ces données existaient déjà, vous pensez bien. Si votre passeport biométrique vous a été établi d’après formulaire électronique, bien évidemment ce formulaire n’a pas été mis à la poubelle ou passé à la déchiqueteuse… C’est en fait une simple consolidation, permise par les progrès des volumes et des bases de données (*). Et ma foi si ça peut faciliter la tâche de nos forces de Police, par exemple rendre plus difficile l’usurpation d’identité, ou empêcher un Français fiché “S” de revenir tranquillement de chez Daech sous un faux passeport syrien pour mitrailler dans le tas, pourquoi pas ?

D’aucuns poussent les grands cris, c’est affreux, Big brother… flicage…  viol  de la vie privée… bon, ce n’est pas inutile de le rappeler, ce fichier ne doit pas traîner partout et servir à des mercanti ou des aigrefins. Donc un sérieux bordage légal et technique est nécessaire, et si j’étais aux manivelles je me prémunirais très sérieusement contre les hackers. Mais soyons réalistes : ces fiches existent déjà, et puis concernant les d’aucuns qui poussent les hauts cris, je voudrais juste jeter un cil sur leurs pages Fesse-Bouc pour y voir ce qu’ils laissent traîner au vu et au su de tout le monde.

Tibert

(*) Comptez 3 méga-octets par tête de pipe, ça fait  grand maximum 20.000 giga-octets, soit 20 téra-octets, très abordable. Vous pourriez même l’avoir chez vous, le TES. Ce qui m’ennuierait.

 

Bob, Leonard, Georges et les autres

Il semblerait que Bob “Zimmerman” Dylan, après une phase de stupeur silencieuse, d’état de choc (“Fuck ! good Lord ! they nobelized me !“) , ait recollé à la réalité : le voilà nobélisé “littérature”, ce type qui s’obstine à chanter  à soixante-quinze ans, et, oui, il ira si possible à Stockholm, et pourquoi pas costumé en pingouin pour le traditionnel dîner des fracs de pingouins et des décolletés pigeonnants. Notons au passage que si les chanteurs à textes des années 50-80 arrêtaient de bosser assez tôt, soit que la Camarde les réduise au silence – Brassens, 60 ans, Gainsbourg, 62 – soit que, comme disait Goethe avant de mourir, “ça suffit comme ça” pour eux ou pour le public, ceux de nos débuts du XXI ème se montrent d’une longévité remarquable. Songez que Leonard Cohen va sur ses 83 ans, huit de “mieux” que Bob ; je vous épargnerai Aznavour (92), qui écrit et compose, certes, mais ne joue pas dans la même cour…  et Johnny (73) ? ah oui, Johnny… passons. Les membres du jury Nobel ont quand même le sens du ridicule.

Comme l’affirmait à Guy Béart un Gainsbarre sérieusement humecté au pastis, la chanson est peut-être un “art mineur”, et ce n’est probablement pas pour ses musiques que Bob D. a été distingué, ni d’ailleurs pour son canotier blanc en peau de zébu. Mais c’est dommage, c’est castrateur : dans les textes des chansons à texte, il y a de la musique, et autour, et derrière, sinon ça ne fonctionne pas bien. Tenez, lisez (écoutez) :

Hey, Mr Tambourine Man, play a song for me
I’m not sleepy and there is no place I’m going to
Hey, Mr Tambourine Man, play a song for me
In the jingle jangle morning, I’ll come following you

Vous lisez ça, c’est orphelin de sa musique… c’est un irish coffee sans gnôle… un beurre blanc sans échalote. Les Nobel, vous devez faire un truc, là : lancez un prix de la chanson, texte et musique. Et tâchez de nous dégotter autre chose que les infâmes soupes de l’Eurovision, Conchita Saucisse et consort(e)s.

Tenez, un autre exemple, celle-là, que j’aime beaucoup :

Trois petites notes de musique
Qui vous font la nique
Du fond des souvenirs
Lèvent un cruel rideau de scène
Sur mille et une peines
Qui n’veulent pas mourir.
.

C’est une valse ! une valse, nom de nom ! un beau texte aussi, bien sûr, mais Alida Valli et Georges Wilson dansent  pudiquement là-dessus, tendres et attentifs l’un à l’autre, et c’est la superbe voix de Cora Vaucaire, tout ça va z’avec, et c’est comme ça que c’est beau.

Tibert

PS – encore un PS !! pfffft… Mais celui-là vaut le coup. Tenez, monsieur Cazeneuve (et sa collègue du Logement, à l’unisson) : Meuhhh nooon, les “junglistes” de Calais ne sont pas venus à Paris, enfin ! quelle idée saugrenue ! Et à côté : “« Selon les associations qui font des maraudes ici, même si tout décompte est très compliqué, on est passé d’environ 1 500 migrants à 2 200 en quelques jours ». Comme quoi les Calaisiens, peut-être enfin moins sous pression, ont partiellement refilé le mistigri aux Parigots, qui vont pouvoir apprécier la situation. Il est juste dommage que la station de métro Stalingrad ne soit pas voisine du Faubourg Saint-Honoré.

 

Trois incendies égalent un incident

Titre du Monde ce jour, à propos de la très médiatique liquidation des bidonvilles calaisiens (*) : Après des incidents dans la nuit, l’évacuation de la “jungle”…

Plus loin dans l’article : “Des incendies ont éclaté dans le camp de migrants dans la nuit de mardi à mercredi. (…) Ces incendies sont une « tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter ». (…) [puis façon Touïtteur, NDLR, donc économie de lettres] Bcp d’incendies cette nuit ds la  #jungle, des dizaines de mineurs sans cabanes accueillis ds les mosquées.”

Voilà… on apprend ainsi au détour de cet article que la #jungle de Calais a ses mosquées, que le communautarisme n’est pas mort, loin de là, et qu’il a ses traditions bien ancrées dans le Ch’Nord ; il semblerait ainsi que les Ch’tis mettent traditionnellement le feu à  leurs baraques à frites. Et  que certains sont assez communautaristes, traditionalistes et cons pour bouter traditionnellement le feu à leurs baraques avec des bonbonnes de gaz et des mineurs dedans. Tout  cela s’annonce prometteur pour les riants villages provinciaux des quatre coins de l’Hexagone, chargés de manière comminatoire – référendums locaux interdits par les zélés préfets – d’accueillir spontanément et dans la joie ceux qui sont visiblement des chances pour la France, jeunes mâles adultes et célibataires, Afghans, Somaliens, Erythréens, Lybiens, etc : en d’autres termes, des familles de réfugiés Syriens.

Tibert

(*) Nos Chefs se rengorgent et se montrent très fiers de cette superbe, complexe et fort tardive opération – du genre faire des petits tas un peu partout, ça se voit moins qu’un gros tas – ayant enfin pris conscience que la population de Calais en a plus que ras la casquette de faire les garde-barrières, avec tous les emmerdements qui vont avec, au bénéfice des Grands-Bretons, bien à l’abri derrière leur Channel et leur Brexit – qui s’annonce aussi proche que la Ligne Bleue des Vosges.

PS – Je lis dans Le Monde, encore : “Le plan de  ‘sécurité publique’ du gouvernement pour calmer la fronde des policiers” : ah bon, je pensais, moi, connement, que c’était pour améliorer la sécurité des Français. Mais c’est manifestement inutile : tout baigne, sauf ces !#@!?!! de policiers qui râlent pour rien.

Quand circulent les tarpés

Vous connaissez l’OFCE ? L’Observatoire Français des Conjonctures Economiques ? non ? son patron, Xavier Ragot ? non plus ? ah ah, je vous apprends donc son existence. Cet organisme “indépendant” (c’est moi qui ai mis des guillemets) revient ces temps-ci sur le devant de la scène, mis en lumière par Le Figaro : l’OFCE sort en effet un nouvel opus,  avec une proposition de taxer les “loyers implicites”, entendez taxer les gens qui ont acheté, les salauds, leur logement principal, au lieu de payer un loyer comme devrait le faire tout Français normal  (note : si loyer il y a, c’est qu’il y a des bailleurs, non ? oui mais non, eux ont acheté des logements pour loger les autres, démarche altruiste et digne de respect, contrairement aux égoïstes propriétaires occupants).

j’ai donc été voir du côté du rapport de l’OFCE que Le Figaro épingle ce matin, et ma foi je l’ai lu, c’est ardu et tendancieux, mais j’y trouve, d’une part des formulations plus nuancées que celles que Le Figaro a choisi de monter en épingle – bon, ce canard n’est pas d’obédience trotsko-stalinienne, nous le savions déjà –  mais aussi de superbes âneries (ou malhonnêtetés ?), tenez :

Sur l’ISF, “C’est un impôt progressif sur le patrimoine des personnes physiques” : c’est clairement faux. C’est un impôt sur le patrimoine des ménages. Un ménage, ce n’est pas une personne physique, c’est une entité, ensemble de personnes physiques – une ou deux, du moins tant que  la polygamie n’est pas légale. Le célibataire “fortuné” paye donc actuellement l’ISF pour son patrimoine à lui tout seul, le couple paye pour son patrimoine à tous les deux ensemble… mais avec le même seuil, 1,3 M€, les mêmes tranches, et les mêmes taux !!

Sur la propriété immobilière, “Il n’est guère équitable que deux familles de mêmes revenus salariaux payent le même impôt si l’une a hérité d’un appartement tandis que l’autre doit payer un loyer”. On appréciera le “guère équitable“, formule qui ne fait pas dans la précision ! (*) C’est équitable, ou non ? eh bien c’est surtout une formule d’une extrême malhonnêteté, pour deux raisons :

  1. “... doit payer un loyer” ? si certains sont fourmis, d’autres sont cigales, et l’OFCE n’aime pas les fourmis ! Quand un couple claque son fric connement, il “doit payer un loyer”, peut-être, mais c’est son choix. D’autres en mettent de côté, empruntent (ou héritent, les veinards) pour acheter leur logement.
  2. … si l’un a hérité” : je signale que l’héritage est déjà taxé, ils y ont pensé, à Bercy ! Par ailleurs tous les propriétaires-occupants ne sont pas héritiers : j’en connais qui ont acheté leur logement avec leurs propres sous, le croirez-vous ?

Bref la récente sortie de l’OFCE ne brille ni par sa neutralité ni par son indépendance. Extrait d’ambiance : “[selon certains économistes], taxer le capital ou ses revenus constituerait donc une double taxation. Mais ce point de vue est discutable : les revenus du capital constituent un élément de la valeur ajoutée… gnagnagna … Il est donc légitime de les taxer en eux-mêmes“. Où l’on passe d’un conditionnel “constituerait” à un indicatif “…est discutable” (discutable = ils ont tout faux, c’est la mauvaise orientation) suivi d’un affirmatif “il est donc légitime” : ça c’est de la discussion !

Tibert

(*) ça me rappelle le taupin qui, au tableau noir avec sa craie et son éponge,  s’était fait virer à coups de pompes dans le cul après avoir sorti au prof de maths, sur la comparaison de deux développements limités : “euh… ils sont à peu près équivalents…“.

Des délais, des délits

Préambule : BFM-télé fait aujourd’hui largement aussi bien, voire mieux qu’hier, et un bandeau informatif en bas d’écran défile, commençant par “Violences policières … gnagnagna…“. Le téléspectateur, qui commence à en avoir l’habitude,  rectifiera de lui-même : il s’agit des violences contre la Police. Moi si j’étais le responsable des bandeaux informatifs à BFM, je raserais les murs.

Mais passons… on voit ces temps-ci la Police sérieusement secouée, agitée de mouvements divers, manifestant à répétition et ce devant les Palais de Justice, tiens donc, suivez mon regard… il est vrai que ça devient très inquiétant, que les profs sont maintenant agressés sans vergogne par leurs élèves, que des soi-disant “sauvageons” s’y prennent à dix-quinze pour faire rôtir des policiers dans leur voiture, que des guet-apens dans les “cités” permettent à des “djeunes” de régler leurs comptes avec les flics et les pompiers… bref l’autorité de l’Etat et de ses représentants ne vaut plus tripette : c’est très grave. Pour paraphraser le délicieux euphémisme de monsieur Jospin à propos du “sentiment d’insécurité“, je dirais qu’aujourd’hui un vrai “sentiment d’impunité” court dans les milieux de la délinquance.

Et puis je constate que parallèlement monsieur Sarkozy, dans sa campagne pour gagner la primaire de la droite, se lance dans des propositions visant à punir automatiquement et immédiatement de prison ferme toute agression envers un policier, un gendarme, un pompier, voire un enseignant. C’est un discours très va-t-en-guerre, bien dans le style du Sarkozy 2016… mais encore ?

Mais encore, supposons que des lois dans ce sens soient votées fissa et mises en application ( il y a des lois qui sont votées mais jamais mises en application, c’est bien de chez nous, ça ! ). Encore faut-il pour que ça fonctionne que le délit soit constitué, le ou les coupables identifiés, jugés, condamnés, bref que la machine judiciaire se soit saisie du dossier et l’ait traité… encore faut-il qu’il y ait de la place en prison… nous connaissons les délais inadmissibles qui courent avant que la plupart des délits soient jugés ; nous connaissons l’extrême misère de notre parc immobilier pénitentiaire, qui jusqu’au départ de madame Taubira semblait satisfaire nos dirigeants – les écailles leur sont semble-t-il tombées des yeux depuis, mais c’est bien tard, quatre ans à nier la réalité, et les prisons ça ne se construit pas en trois semaines. On peut aussi supposer que toute une frange de la magistrature, les gauchistes ça va de soi, mais d’autres aussi, soucieux de justifier leur rôle, s’opposeront mordicus au principe des peines automatiques : soit par empathie pour ces malheureux délinquants – pauvres enfants malmenés par la méchante Société – soit pour signifier que la justice presse-bouton à tarif affiché d’avance, c’est la négation de leurs prérogatives.

Concluons : monsieur Sarkozy peut flûter, faire les gros yeux, durcir son discours… chante beau merle ! Il faudra un sérieux coup de tabac dans les structures politico-judiciaires, une violente remise à plat suivie d’un très sérieux effort de mise à niveau pour qu’enfin nos forces de l’ordre, de sécurité civile, de l’enseignement, soient respectées – et nos lois avec. Le problème, c’est que ça urge bigrement, “ya l’feu”, comme on dit.

Tibert