Quand César surine Brutus

Pas gêné, le directeur de l’opéra de Florence qui a obtenu qu’on refasse la fin du Carmen de Bizet qu’on donne là-bas : femme valeureuse de 2018, féministe façon “metoo” face aux immondes porcs palucheurs lubriques, Carmen flingue Don José au moment où il veut lui faire la peau. Pas gêné, et je vais vous dire : un iconoclaste et un saboteur. Mais c’est bien dans l’air de ce temps de politiquement correct et de bien-pensance tartuffienne, quand Janet Jackson provoque une émeute avec un nichon qui se met à l’air, “cachez ce sein que je ne saurais voir “.

On avait déjà vu des fins réécrites à des créations jugées trop négatives : on sait, ou pas, que Julien Duvivier, pour son film sorti en 1936 La belle équipe (Gabin, Vanel, Charpin…) avait conçu une fin sombre et funèbre : Gabin-Jeannot y tue Vanel-Charlot… échec de la belle aventure, Bérézina de la ginguette des bords de Marne… et tout ça à cause de pas d’chance et puis de Viviane Romance-Gina, cette faiseuse d’embrouilles, que Jeannot et Charlot chérissent également, d’où leur règlement de comptes entre mâles rivaux.
Et puis zut non, l’exploitant du film y fera greffer une fin souriante. le Front Populaire le veut, la classe ouvrière doit en sortir la tête haute, et Gina va s’effacer, la queue entre les jambes si j’ose dire, face à l’amitié indestructible de Jeannot & Charlot. Fin heureuse, le spectateur sort donc béat de la salle obscure, allume sa goldo et tire une bouiffe en soupirant d’aise, c’était bath. Mais c’était le sabotage d’une oeuvre…

Il va falloir que Tintin au Congo soit réécrit genre Black-is-Beautiful ; que Zola reprenne son Assommoir… J’arrête là : il y a tant d’oeuvres pas correctes, et du boulot pour des décennies, à refaire bien propre par exemple tout Balzac en féministe “écriture inclusive”, La lys dans la vallée pour commencer, non mais ! Dans la même veine trouillarde et protégeuse, tenez : Gallimard renonce à ressortir, octante ou quatre-vingt années plus tard, les pamphlets de Céline. C’est inutile, d’ailleurs, ils sont déjà  réédités ici et là, et les lecteurs peuvent y constater qu’effectivement, Louis-Ferdinand avait un “pet au casque”, un problème d’ordre pathologique avec les Juifs – mais c’est un fait historique, une oeuvre inscrite dans un contexte et une époque, comme Tintin au Congo et comme la femme dans l’opéra classique de la fin du 19ème siècle.

Gommons donc les faits historiques dérangeants, redressons l’Histoire et la littérature, faisons leur la toilette, que tout ça soit propre, lisse et positif : scénario vivement recommandé, les Bonnes-et-les-Bons triompheront et les Méchants seront punis, comme au Guignol pour les petits n’enfants.

Tibert

Candide aux States

… ou Simplet, si vous voulez. Donald T., First Guy in the United States, fait souffler dans les couloirs des ambassades, des cabinets gouvernementaux etc… un vent de fraîcheur qui décoiffe (pas lui, sa chevelure paille d’or tient au petit poil). Il y avait des lustres, que dis-je, des décennies (une décennie dure environ deux lustres) qu’un telle langue n’avait pas été utilisée. “Deubeliou” Bush lui-même paraît bien pâle face au génie calme qu’incarne Donald, face à sa prose décapante, novatrice, littéralement inouïe.

Pensez : des “pays de merde” ! shit countries... et le pire c’est que c’est assez vrai ! des pays de misère, des pays qui n’arrivent pas à se sortir la tête de l’eau, des pays où la population – qui n’est pas plus conne qu’ailleurs mais qui n’en peut mais  –  rame pour survivre tandis que quelques roitelets, présidents à vie, politiciens inamovibles se les roulent dans le luxe et l’opulence… et voilà quelqu’un qui le dit à haute et claire voix (et non pas à claire-voie), tout cru, tout brut ? On a déjà vu des fictions où les personnages énoncent en voix-off leurs pensées les plus dérangeantes, avec des conséquences possiblement terribles. Au théâtre c’est banal… à haute voix : ” Vous me voyez ravi ! ” ; puis sotto voce mais assez clair pour que le poulailler tout là-haut l’entende : ” la peste soit de l’importun ! “. Eh bien Donald le fait, mais pas du tout sotto voce. On va pouvoir s’envoyer des noms d’oiseaux, se traiter comme des harangères : bienvenue dans la diplomatie 2.0.

Reste que Donald voit la paille dans l’oeil du voisin mais pas etc etc… : il s’en est pris avec sa verdeur verbale coutumière au maire de Londres – qui est musulman – lui reprochant l’insécurité dans sa ville et les horribles attentats islamistes… mais voyez que, hors attentats terroristes, islamistes ou autres, la bonne ville de Chicago a connu en l’an 2016 758 homicides “standard”, pourrait-on dire, tandis que Londres en additionnait 112 : y a pas photo, comme on dit.

Tibert

Vous venez souvent danser ici ?

Aaahhh ? ça bouge ? la carapace du consensuel #metoo se craquelle ? il semble que, passée la vague du féminisme sans nuance, revenchard-belliqueux-vindicatif, après #balancetongoret et autres initiatives résolument anti-mecs, un bémol se fasse jour (*). Une centaine de nanas, dont des pointures, signent un manifeste qui dit, en substance, que la drague c’est bien normal, c’est humain, pas délictueux, ça relève de la liberté sexuelle. Chapeau de ce texte : “Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste“.

Godiche et timide comme je fus, je suis conscient d’avoir été souvent maladroit dans mes initiatives d’approche – même par ci-par là assez lourd, j’en ai peur. Dois-je me faire hara-kiri ? m’inscrire moi-même sur la liste d’attente au pilori des abominables mâles #dénoncetonpourceau ? la tribune dont je vous parle ici me rassure : il y a des femmes, tout de même, qui apprécient qu’on les courtise, qu’on les sollicite autrement qu’avec un prudent QCM – présenté si possible par un chaperon revêche pour éviter toute ambiguïté mal perçue : “Accepteriez-vous de venir boire un pot avec moi ? Oui-Non / Rayez la mention inutile“.

Bon, ceci ne dédouane pas les frotteurs maladifs du métro, les obsédés palucheurs, les harceleurs indécrottables, encore moins les violeurs, évidemment. Mais, disons-le, on n’est pas faits pareils, c’est justement ça qui est chouette, motivant, et plus si affinités. Il faut donc bien, pour que ça puisse coller, pour que la mayonnaise prenne, que quelqu’un se manifeste, non ? dans le respect du libre choix de l’autre, oeuf corse.

Naturellement, les féministes combattantes-militantes pures-et-dures sont montées au créneau :  c’est lamentable, on leur casse leur baraque etc… mais les réactions des lecteurs du Monde (presque 700 à cette heure !) sont assez positives ; je n’ai pas tout lu, c’est trop long, mais visiblement les signataires de ce manifeste ont tapé juste : il faut bien que les femmes et les hommes se rencontrent, ça paraît sensé… et ça implique, pour que ça reste humain, voire agréable, de le faire autrement que par voir d’huissier ou en faisant signer une décharge.

Tibert

(*) de jour à jouir, il y a l’épaisseur d’un i : une faute de frappe est si vite arrivée ! d’où la nécessité de relire – et non reluire.

“Soyez riche, ayez de l’argent”, rebelote ; et plein d’alarmes

Je lis ça dans le Parigot : “à partir de Mai (…) le contrôle deviendra annuel pour les véhicules de plus de 6 ans. « Il est prouvé qu’entre 5 et 6 ans d’âge, le nombre d’accidents graves dus à des défaillances techniques augmente notablement », souligne la Commission européenne. Désormais, un premier contrôle technique sera obligatoire après quatre ans, puis deux ans plus tard et ensuite chaque année.

Moralité : suivez donc la Commission Européenne, qui, elle, s’en fout puisqu’elle n’utilise que des bagnoles de fonction : achetez une voiture neuve tous les 4 ans, ça vous évitera des contrôles techniques de plus en plus chiants, chers et inflationnistes. Bientôt on vérifiera si la boîte à gants ne se déverrouille pas inopinément, des fois que ça causerait un accident.

Autre : le Premier Philippe se résigne “à être impopulaire pour sauver des vies” – 400 vies, qu’ils disent ! (*) il va annoncer la limitation à 80 km/h sur les routes accidento-gégènes, cédant, après un pilonnage médiatique intense et indécent, à l’amicale pression des… 1) adeptes de la diligence, 2) des perspectives de rentrées de fric des radars, qui vont être bien plus productifs.

Faut-il préciser que, bizarrement, l’expérience récente et limitée faite de cette mesure sur quelques routes n’a jamais été invoquée, exploitée, commentée ? et pour cause : ça n’a rien donné ! mais on va le faire tout de même… Tout ça pour dire que cette mesure débile met en lumière l’angélisme et l’hypocrisie régnants. Les radars vont cartonner, ça oui ! mais les fadas de l’accélérateur continueront à foncer, les buveurs et fumetteurs impénitents à zigzaguer, et ça ne fera pas baisser la mortalité ! J’ai fait il y a peu 270 km sur des routes éligibles à ce stupide 80 km/h : doublé très souvent – je roulais à la vitesse nominale si possible  – et pas un seul contrôle policier (mais quelques radars). Et ça fait bien 15 ans que je n’ai pas soufflé dans un éthylomètre. Des lois de plus en plus répressives, mais jamais les moyens de faire respecter des lois sensées, réalistes…

Ah là là… mais au fait : on va sans doute, 57 ans après la mort du responsable,  rééditer les pamphlets de L-F. Céline, L’école des Cadavres, Mea culpa, Les beaux draps, etc… avec moult bémols, warnings, attention danger chers lecteurs, sachez que… !!! Je signale qu’au Québec et sans doute dans pas mal d’autres endroits, ces pamphlets sont en vente libre en librairie, et que ça n’a jamais mis la Planète à l’envers. Une fois  de plus cette société prétend protéger, prévenir, “pour votre sécurité“… “aïe aïe aïe danger, âmes sensibles, sachez que ces textes gnagnagna…” mais nous prend pour des faibles d’esprit. Les aficionados de Céline l’antisémite maladif, de Rebatet, Drieu-La-Rochelle, Doriot et autres tristes sires de la Collaboration ont depuis longtemps ces pamphlets en bibliothèque. Une préface recadrant sans pathos le contexte historique de ces écrits et le personnage du docteur Destouches suffirait, mais on nous prépare l’artillerie lourde…

Bon, ben c’est pas gai aujourd’hui. Et  en plus il pleut, et c’est lundi…

Tibert

(*) Vous verrez : ça ne donnera pas les résultats escomptés, et ils vont nous dire que 80 km/h c’est trop vite ! tandis qu’à rendre obligatoire le contrôle technique de la prostate tous les 3-4 ans, on sauverait des milliers de vies – d’hommes, certes – mais ce genre de mesure, évidemment, ça ne donne pas satisfaction à la Ligue contre la Violence Routière et aux radars.

Sombres heures, rebelote

Comme je suis un peu versé dans la langue des Grands-Bretons, j’ai pu déchiffrer texto un article du périodique israélien, anglophone, économico-financier “Globes“, du moins sur son site houèbe – site dont je me passe très bien d’ordinaire. J’avais été incité à cette lecture inhabituelle par un article du Monde plutôt dérangeant : en substance, le Ministère des Finances – le nôtre – y démentait formellement les assertions du Globes, à savoir : entretenir, au 13ème étage (le chiffre 13, forcément) du célèbre bâtiment du quai de Bercy, une équipe spécifique et secrète de fonctionnaires des Impôts parlant l’hébreu moderne, équipe destinée à contrôler, surveiller, traquer et faire rendre gorge à nos compatriotes contribuables Juifs… Le Globe titre ainsi : “La cellule secrète comporte 20 employés parlant l’hébreu, et va en embaucher 5 de plus pour traquer l’évasion fiscale“.

Le Globes, comme souvent la presse de langue anglaise, ne sait pas faire court, et délaye, se répète dans un article à rallonge. Au total, si on a bien suivi ce qui y est dit, c’est scandaleux ! les heures les plus sombres, stigmatisation etc… et puis antisémitisme, forcément ! Je me suis payé l’article in extenso, et puis les commentaires… des vertes et des pas mûres ! af-f-freux ! le Point Godwin atteint en moins de deux, et haut la main ; le 3ème Reich, presque le Vel’ d’Hiv, etc.

Outre que notre Ministère des Finances – on s’y attendait – a traité ces propos de ” bobards ” (” fake news  ” en hébreu), j’ai pu, amusé, lire ce commentaire de lecteur – je vous  traduis : ” Hum …. il n’y a que 9 étages à Bercy 🙂 Pour faire partie de cette équipe, il faut non seulement parler l’hébreu, mais aussi apprendre à léviter…  l’auteur de cet article pourrait peut-être fournir les substances permettant d’y arriver 🙂 “.

Voilà… maintenant, il reste que des Français plus ou moins riches achètent de l’immobilier en Israël  – c’est parfaitement légal, si déclaré ; que des bi-nationaux franco-israéliens se sont illustrés ces dernières années par des magouilles et délits juteux (*) ; que les nouveaux immigrants français en Israël (essentiellement des Juifs, faut-il le préciser ?) sont exonérés de pas mal d’impôts pendant 10 ans, et que les services fiscaux de nos deux pays ne collaborent pas. Tout ça peut justifier que “Bercy” s’intéresse tout particulièrement à certaines couches de la population, par exemple de préférence les bi-nationaux franco-israéliens qui investissent là-bas plutôt qu’aux retraités des postes, ex-fonctionnaires de catégorie C. On pourrait parler de contrôle au faciès, certes ! mais … mettez-vous à leur place : ils cherchent là où ils pensent que ça peut rendre, c’est humain. Et, non, le chef de cette crypto-cellule secrète ne s’appelle pas Darquier de Pellepoix.

Moralités :

1) Premio – Il y a une grosse différence entre surveiller un certain nombre de contribuables Juifs, bi-nationaux ou pas, parce qu’ils ont des filières de fraude bien identifiées, et surveiller spécifiquement les contribuables juifs parce qu’ils sont Juifs.

2) deuxièmo – il paraît, mais chuuut, que Bercy a monté une cellule clandestine de 50 salariés lusophones (**) pour  traquer les nombreux retraités attirés par l’eldorado portugais et rebutés par la hausse de la CSG – qu’ils prennent justement en pleine poire en ce début 2018. Au 14ème étage à Bercy, précisément. C’est un tuyau très sûr.

Tibert

(*) Notamment les arnaques de soi-disant PDGs appelant au téléphone leurs Directeurs Financiers pour virer en urgence des fonds destinés à conclure des affaires… voir par exemple cet article du Parigot.

(**) Scoop : ils vont en embaucher 6 de plus ; les petites annonces pour le concours administratif ad hoc sont en cours d’impression.

Balance ton #pernil de cerdo

Au Vénézuéla, le #porc est un plat de fête, notamment via son jambon à l’os qu’on découpe en tranches tel un gigot (voir ce mot). La découpe du gigot d’agneau et celle du jambon de porc sont en effet assez voisines dans leurs techniques respectives, c’est un fait connu. Le pernil de cerdo se bouffe pour les fêtes, eh oui : pas hallal pour 2 pesos, le jambon de porc à l’os est lié aux moments festifs de la vie vénézuélienne, servi avec des champignons des bois, des airelles, une sauce à la canneberge – et du riz cantonais, quand on est cantonais.

Eh bien, nonos-stant la sollicitude de Jean-Luc, notre futur ex-Lider Maximo des Forces Insoumises, le Vénézuéla, manque de pot, manque de porc ! que faire, madre de Dios ? que acer ? Mais voici que, n’écoutant que sa seule sollicitude à elle, et sans aller tirer monsieur Mélenchon par la manche, la Colombie, oui, la Colombie itself a envoyé 50 tonnes, vous lisez bien chers auditeurs, cinquante tonnes de jambon de porc au Vénézuela. Comme ça, cadeau ! pour fêter le Nouvel An vénézuélien avec du #pernil de cerdo.

Mais bon, #balancetonporc, Colombie amie ! balance-le, merci tout de même, mais sache que 31 millions de Vénézuéliens vont se partager 50 millions de grammes de pernil de cerdo, y compris les os. ce qui, en comptant large et en éliminant les nourrissons au biberon, les vieillards édentés, et puis les Juifs, les Musulmans et les diverses obédiences végétariennes qui ne voudront pas toucher au #pernil de cerdo, procurera environ 2 – allez, grand maxi 2,5 grammes de pernil de cerdo à chaque convive. De quoi caler une dent creuse, de quoi regretter amèrement que ça soye pas un chouïa plus copieux.

Voilà, c’était notre conte de Noël, pardon, de la fin de 2017, année ingrate. C’est beau mais c’est triste… Allez, tout de même, le coeur y est : ¡ Feliz Año Nuevo !

Tibert, presque 2018

Lobbies et prétextes

On dénombre bon an mal an 50.000 décès dus au cancer de la prostate – chiffre énorme face aux 12.000 dus au cancer du sein – et 20.000 morts par accidents domestiques. Face à ça, 3.655 morts sur la route… je sais, c’est trop, mais à ne montrer qu’une paille ici on ne voit pas les poutres à côté, et quitte à sauver des vies autant agir là où c’est le plus juteux…

Le Monde, de plus en plus militant, est POUR limiter la vitesse à 80 km/h sur les routes acccidento-gégènes… c’est un point de vue, soit, avec des arguments, bon. UN SEUL argument est en fait recevable parmi tous ces trémolos pour la limitation : additionnons les vitesses d’un gus “normal” qui se contrefout des limitations – ils sont légions -, disons 120 km/h dans une ligne droite peinarde, et celle du clampin qui vient en face et comme moi ronge son frein à 80 : ça fait un choc à 200 km/h au lieu de 210 si je roulais à 90 !! aaah ! vous voyez, c’est vachement mieux, j’ai de bien meilleures chances de finir tétraplégique-légume pour le restant de mes jours que d’aller à la morgue.

Rappelons donc à ce sujet l’axiome dit “de Tibert”, qui se vérifie tous les jours : les lois peu ou pas appliquées ne contraignent et n’emmerdent que ceux (celles-zet-ceux, pffff, si vous y tenez absolument) qui les respectent. Les autres s’en tapent, aussi restrictives soient-elles sur le papier.

Mais voyez les tournures du papier, justement, du Monde : “Les experts affirment que baisser la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h permettrait de sauver de 350 à 400 vies par an…”. Les experts pro-limitation , bien entendu ; et les experts ont évidemment toujours raison. Les experts qui n’abondent pas dans ce sens ? silence radio.

Le lobby automobile demande au gouvernement de renoncer à son projet sous prétexte qu’une majorité de Français est contre“. J’adore cette formulation ! D’abord c’est faux par omission, il y a d’autres arguments. Osons un parallèle hardi : aurait-on pu lire dans cet auguste canard, il y a peu, à propos de certaines associations s’opposant au recensement des “migrants”, des termes comme “le lobby des pro-migrants est vent debout contre le Ministère de l’intérieur sous prétexte que…” ? vous n’y pensez pas, bien entendu. Alors, reformulons : “Les associations d’automobilistes demandent… gnagnagna… arguant – entre autres – qu’une majorité de Français… etc etc“. Ce qui serait plus dans la veine d’un article, disons, objectif.

Tibert

PS – Tenez, sur la pertinence de durcir les règles : 4 morts et des blessés graves sur une autoroute… “Le conducteur [de 68 ans, pas si vieux…] qui a emprunté l’autoroute A6 à contresens dans la nuit de mardi à mercredi et provoqué une collision mortelle  [ pour lui aussi, il y a une justice tout de même ] n’était pas dans son état normal : il présentait une alcoolémie de 1,91 gramme par litre de sang et il était positif au cannabis“. 80 au lieu de 90, vachement efficace ! un éthylotest avant la fatale chevauchée eût été plus utile…

Pour clarifier le débat

Je ne vais pas vous causer des essais de pub éphémère sur les trottoirs : cela justifierait de longs développements. De quel droit l’espace public est-il privatisable ? vous me direz, les terrasses des bistrots empiètent largement déjà ! et en hiver c’est opaque et massif, une terrasse de bistrot, bâchée, chauffée, enfumée… effectivement, les terrasses bouffent les trottoirs, et les motos-je-me-gare-où-je-veux, et les vélos qui circulent pas gênés, et les bagnoles garées abusivement, et les crocrottes des chienchiens qu’il faut contourner. Face à ces appropriations scandaleuses du domaine public, des municipalités vont tenter de détourner plaisamment votre attention, de rentabiliser gaiement le bitume au ras du sol : Bubo-Bubon-Bubonnet, et puis Couscous Gare-Bite bon comm’là-bas, etc. Faites comme moi : essuyez-vous les pieds dessus ! à l’inverse des colombins canins, Ne laissez nulle place / Où le pied ne passe et repasse etc etc, bref, piétinons et faisons en sorte de ruiner ces initiatives indignes. La pub se met à faire le trottoir : la réalité dépasse la métaphore.

Oui, mais je voulais traiter du débat, le débat sur le racisme. Ayant lu attentivement, je vois nettement plus clair, muni de deux articles  (du Monde, what else ?) juteux et pleins de sens. Où il se dit savamment que, c’est quasi lacanien, le langage est structuré par le racisme. Le premier topo traite du “raciste pas raciste” ; le paradigme incarné de cette galipette, de ce concept oxymoresque serait l’humoriste Michel Leeb, notamment dans un sketch sur les Africains. Chapeau (*) de l’article : ” Le racisme n’est pas une opinion, mais un fait structurel ” (**). Le péché originel, en quelque sorte… Vous êtes Blanc ? c’est irréparable. Et vice-versa.

Le deuxième article se pare des oripeaux de notations scientifiques (vocabulaires R et AR) mais nous agrippe le paletot avec un titre carrément olé-olé : ” Non-souchiens ou racisé.e.s, la novlangue des dévôts de la race “. L’auteure – ou l’autrice, ou l’auteuse, l’Académie nous dira un jour, peut-être, la bonne parole – semble renvoyer dos à dos les tenants des deux camps, coupables de jargoniser des concepts bancaux. J’ajouterai qu’elle y apporte sa contribution pénétrante, je cite : “ … par exemple, le mot ‘souchien’ signifie avant tout ‘non-souchien’  “. Et toc ! c’est tout de suite plus clair, non ? la créatrice de ce néologisme sous-canidé (très très désobligeant, il faut bien le dire), avait donc en tête de désigner l’opposé de ce qu’elle voulait nommer… de l’art de viser dans les coins, en somme ; voire de se tirer une balle dans le pied.

Reste que la péroraison de ce papier qui tire à hue et à dia est, croit-on comprendre, réconfortante : il semble qu’on y défende, qu’on veuille y défendre la langue française, face aux dévôts de la race de toutes obédiences. Si c’est ça, si j’ai bon, là, je serai bref : +1 !

Tibert

(*) Chapeau, c’est tout de même plus mignon que abstract, non ? chapeau, c’est bien trouvé.

(**) le racisme, un fait structurel ? comment un fait structurel peut-il constituer un délit ?  vous avez trois heures.

Par A + B, et autres contes de Noël

Il y a dans le Fighareau de ce jour une étude très éclairante et qui pourrait profiter à nos décideurs et législateurs (*) s’ils voulaient enfin ouvrir leurs mirettes : on y démontre que durcir une loi pas vraiment efficace ne sert à rien et c’est naïf, voire débile. Ce qui est efficace, c’est… de la faire appliquer, ladite loi prétendument pas assez dure. Eh oui : outre que ceux qui respectent la loi se trouvent punis par son durcissement, ceux qui s’en foutent – et ne sont pas sanctionnés – s’en foutent !! quelle que soit sa rigueur. Elle n’est pas pour eux, la loi…

Concrètement : faut-il, face aux accidents routiers dus à l’excès d’alcool, mettre le curseur à zéro, comme certains le recommandent ? on est à 0,5 g / litre en France, soit grodo mosso deux verres de vin maximum et pas trop remplis pour un individu normal.  Alors, plus le moindre galopin de bière, plus une lichée de Sauvignon de Touraine ? Je cite le Figaro :

Le Royaume-Uni, malgré une limite d’alcoolémie fixée à 0,8 g/l, a une mortalité très faible – 28,7 morts par million d’habitants – alors que la République tchèque, qui l’a fixée à zéro, a une forte mortalité – le double : 57,4. Il est vrai que la mesure n’est pas appliquée ! D’ailleurs, l’éthylotest n’y a été instauré qu’en 2010 alors que le seuil d’alcoolémie à zéro date de… 1953” (**).

Bon, CQFD, comme on dit : au lieu de brimer le citoyen-citoyen, contrôlez donc plus, et appliquez une loi raisonnable, pas le goulag.

Autre chose : le conte de Noël de cette année…  Il était une fois, dans le pittoresque village de Quimperlé, dans le 2-9 bretonnant, un bel hôpital… qui a dûment stipendié durant 30 (trente) ans un toubib qui n’y travaillait pas ! C’est Ouest-France qui vous le dit. Et pas des clopinettes de salaire de manutentionnaire H / F : non non, 7.400 euros par mois. Aux dernières nouvelles, ledit toubib a fini, navré et vexé, par prendre sa retraite : on est sauvés !
On lit dans ce délicieux entrefilet – au fait, ça NOUS coûte un bras, 14 fois le ” scandaleux ” avion grand luxe Tokyo-Paris du Premier Ministre – on lit ceci :

… La directrice déléguée du centre hospitalier soupire (***) en évoquant le sujet. Elle a hérité du dossier. « Le contrôle de la carrière des médecins n’est pas géré par la direction de l’hôpital mais par le centre national de gestion. Il y a eu des rapports, des enquêtes. Ils n’ont pas abouti. » De l’art de botter en touche… et qui c’est qui va se faire justement sanctionner, rigoureusement remonter les bretelles à l’hôpital de Quimperlé et / ou au “Centre National de Gestion ? poursuivre pour  malversations ? personne ! la faute à pas d’chance…

Allez, joyeux Noël ! tout de même, quel beau pays que le nôtre.

Tibert

(*) Les décideuses et législatrices y sont aussi : elles participent pleinement de la formule et ça va sans dire, mais je l’écris pour préciser ici, si besoin était, que l’écriture inclusive et moi, ça ne fonctionne pas. Gardons la pour les offres d’emploi, où elle peut avoir une utilité, mais il  y a mieux et plus lisible, et ça fonctionne depuis des lustres : “La société Bidul’Truc cherche des gardiens de nuit H / F“.

(**) Objection votre honneur ! je me souviens fort bien, et pour cause ! et pour cause de nombreuses bières, délicieuses, d’ailleurs, d’un éthylotest viré franchement au vert au printemps 1966, sur les routes de l’ex-Tchécoslovaquie. Il a fallu terminer à pied, si je me souviens bien.

(***) Il y a de quoi. Ah ma pauvre dame, quelle vie qu’on vit !

Soulages et cirage sont dans un bateau

Vous connaissez la chanson ?

Quand l’ sociétaire y s’mariera,

Quand l’ sociétaire y s’mariera, y s’mariera,

On ira tous à son mariage

Avec une boîte de cirage (bis).

On lui noircira la biroute, etc etc…

Bon, je vous passe le refrain, vantant le bonheur d’avoir une belle riboute, vous pouvez imaginer – ou le fredonner si ça vous chante. Tout ça pour introduire le sujet : on peut plus faire ça fin 2017 ! on peut plus se passer la margoulette, ou aut’chose, au cirage noir : c’est pas correct, c’est raciste.

Tenez, récemment, le footeux illustre là, Griezmann, s’est fait disputer : il s’était grimé au cirage noir en hommage aux basketteurs des Harlem Globe Trotters. Mon dieu qu’est-ce qu’il avait pas fait là !! on lui a aussitôt volé dans les plumes. Cette figure de style serait outrageante pour les Noirs ; ça porterait un nom aux USA, le “blackface” ( “figure noire”, ça explique tout, c’est lumineux ! ) – pas chez nous, on cause pas cette langue. Bref, je vous résume :  “Le blackface, au mieux c’est maladroit, au pire c’est raciste. Dans tous les cas ça se fait pas“. Au fait, celle qui a écrit ça admet du bout de la plume que ce pourrait ne pas être raciste (mais maladroit !!). Voilà, ça se fait pas… c’est con, gamin on m’avait grimé comme ça à un goûter costumé, on m’avait caché que c’était raciste et blackface. Je regrette, je savais pas.

Et puis cet entrefilet de la Voix du Nord, sur des coutumes festives et fautives, le même thème… blackface, affreux etc. On se heurte là maintenant à l’antinégrophobie, ça existe, et voilà donc une machinphobie (*) de plus, un concept biaisé de plus, après l’islamophobie, la nanaphobie, et il y en aura d’autres, que vous ne soupçonnez même pas. Gare où vous mettez les pieds.

Bref, seuls les Noirs sont fondés à se passer la margoulette au cirage noir pour rigoler ; seuls les Belges (resp. les Juifs, les blondes…) ont le droit  de dire des blagues belges (resp. juives, de blondes) ; seuls les Caucasiens bien blancs ont le droit de se renverser un paquet de farine sur la tête (whiteface, y a pas de raison). L’humour étroit, très très étroit, en quelque sorte.

Boycottez donc Soulages : il exploite le noir, il en vit bien, très bien, même. De la blackkphobie !

Tibert

(*) faut-il le rappeler ? phobie = crainte, peur. Les psys sont plus précis : crainte maladive, irraisonnée. La haine, le mépris ne sont pas dans phobie : faudra trouver autre chose.