Le goût et le coût

( J’ai vu récemment un film à la télé – sur Arte, peut-être ? – intitulé « La lutte des classes » : sympathique scénario, rien à voir avec Marx et Engels ; il s’agit des soucis et des embarras des classes de Primaire dans les quartiers ethniquement « mélangés » à Paris (forcément, à Paris !). Plein de doctes poncifs sur le racisme et comment s’en débarrasser ; monsieur Baer y campe un plausible percussionniste un peu foutraque dans un groupe de rock genre « métal lourd » … on a ainsi droit à un échantillon militant de la production de ce groupe sous le métro aérien – sans doute Nation-Etoile par Barbès – en soutien aux « migrants » . Le texte est, pour une fois, audible et pas anodin : on y déclare (usant d’un verbe plus vulgaire) sodomiser le pape ! Plus loin, tentant de minimiser la chose, si je puis dire, ledit batteur énonce qu’il aurait pu aussi bien s’agir de déféquer (en terme plus choisi) sur Mère Teresa… je vais vous dire : cramponnons-nous à la liberté d’expression, il y faut de la conviction, même si l’on s’attaque là, de manière ordurière, à une religion inoffensive (*). Car s’en prendre pareillement au Grand Rabbin aurait évidemment déclenché des tollés, voire des procès ; quand à une troisième religion monothéiste, je vous laisse imaginer. Liberté d’expression, ouhlaaa! très prudente, donc. )

Et puis je vais encore pousser un coup de gueule : il est décidé, en haut lieu culturel et financier, qu’à la rentrée de septembre les achats de bouquins en-ligne seront grevés, en dessous de 35 euros, de frais de port de 3 euros. Le but, nous explique-t-on, c’est que nous fréquentions plus les libraires ! au lieu de traîner nos fesses derrière un clavier d’ordinateur, à commander paresseusement chez A-ma-zone ou à la Fnaque. Allez donc, disent-ils, allez humer l’encre des livres appétissants que le libraire – profession très menacée – a disposés pour vous sur ses présentoirs… parcourir les rayonnages, lire furtivement deux-trois pages savoureuses, repartir avec quelques chouettes achats, promesse de beaux moments. Ouais… encore une fois, les bouseux peuvent crever. Car au Carrouf’Marquète ou au Tabacs-Journaux de Broignoulat-sur-Creuse – pas de librairie digne de ce titre à moins de 23 km à la ronde – il y a bien des bouquins sur deux tourniquets, si si ! on y trouve les opus de Guillaume Lévit et Marc Mussaud, deux-trois polars d’industriels de la chose, la dernière production de madame Nos-tombes, des trucs sur Comment guérir ses verrues ou Soigner son arthrose par la méditation … j’arrête là. Pour trouver autre chose ? eh bien… quand on a le houèbe à la maison ou chez un voisin obligeant, et qu’on aime lire, on passe commande ! c’est idiot, hein ? et ça va coûter plus cher. On le devra aux ministres des Finances et de la Culture réunis.

Tibert

(*) En 1766, le chevalier de la Barre fut torturé et mis à mort pour moins que ça – des soupçons de blasphème, rien de plus. La liberté d’expression a bien progressé… enfin, pas partout !

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