Des trucs comme ça, y a que chez nous !

Vous vous souvenez des « Boutiques Obscures » , pas celles de Modiano, mais les entrepôts furtifs à Paris – surtout à Paris, évidemment : les dark stores. C’est lamentable à en pleurer, mais voyez l’histoire : la Mairie de Paris pensait avoir les moyens légaux d’agir contre l’anarchie et les nuisances de ces commerces, vu que le gouvernement avait annoncé un arrêté destiné à cadrer les choses. La Mairie de Paname, comme une conne, a cru que ça y était, allez hop, et a commencé à distribuer des prunes aux entrepôts non conformes. Mais on est en France, attention, et donc, doouuucement, l’arrêêêté arriive, y aaa paaas l’ feuuu auu laaac… : l’arrêté n’est pas encore sorti ; l’imprimeur est en RTT, les gratte-papiers sont syndiqués à la CGT, le Sous-Chef du Bureau C412 est souffrant, il faut trois signatures et il en manque une, va savoir ? (*) Bref la Mairie de Paris a agi avec trop de précipitation, et, attaquée en référé par ses victimes, a perdu logiquement devant le Tribunal Administratif.

Mais ça n’est pas fini ! Extrait du Parigot : « Voire, le tribunal les adoube [les entrepôts furtifs], estimant dans sa décision, rendue le 5 octobre, que ces locaux — environ 80 estimés à Paris, certains néanmoins légaux — ont pour objet « d’optimiser les livraisons » et « diminuer le trafic de camions dans Paris », présentant ainsi « un intérêt collectif »…

Bref, l’article en question vous racontera qu’au vu de tous les obstacles administratifs (nouveau PLU, arrêté…) rien ne pourra se faire contre ces magasins bizarres avant la mi-2024. Entretemps, les livreurs à scooter, trottinettes, VAE… continueront de vibrionner autour et dans les environs. Moins de camions ? je ricane : qui les approvisionne ? et puis des rotations de centaines de cyclos « mouches à merde » au pot trafiqué et au panache bleu. Je forme le voeu que le juge qui a pris cette décision habite juste au dessus d’une de ces ruches à pétarades et à mouvement brownien : il pourra goûter aux joies des « livraisons de produits frais en circuit court ». Il est en effet essentiel qu’on puisse livrer partout et à n’importe qui, en 25 minutes chrono, du dentifrice, deux bouteilles d’eau minérale, trois paquets de chips et un bocal de café soluble.

Tibert

PS – Ceci pose et re-pose une question lancinante : quelle instance supérieure du Peuple (avec un P majuscule) pour contrôler et sanctionner au besoin les errements des magistrats ? on y reviendra.

(*) D’ailleurs vous ne saurez pas, et personne ne vous dira pourquoi cet arrêté n’est pas sorti dans les temps ; n’espérez pas découvrir QUI traîne les pieds dans le délicat mécanisme administratif de production des arrêtés. C’est aussi une boutique obscure.

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