A la pêche au péché

Causons de monsieur Zemmour… il est quasiment à la Une de tous les canards, cet homme ! Tenez, Elle, cet hebdomadaire (?) féminin, truffé de pub à tous les coins de pages – nanas jeunes, lisses, fermées, posture hiératique, moue sévère voire méprisante, ostensiblement porteuses d’un sac Goutchi, d’une écharpe Air-Messe, du fond de teint L’encaume – Elle, donc, lui consacre plusieurs pages (*), démontrant et démontant son machisme et sa misogynie supposés… voilà déjà connu l’un des angles d’attaque destinés à le dézinguer, cet homme, si le besoin s’en fait bientôt sentir. A vrai dire, sachons qu’on fera feu de toute munition : il dérange madame Marine dans son objectif de finir deuxième, il trublionne la primaire des Républicains dont, d’ailleurs, monsieur Bertrand ne veut pas, persuadé d’être LE légitime. Restons calmes : si Zemmour doit y aller, comme on dit, on aura tout loisir de potasser, commenter, critiquer son programme : il faudra bien qu’il ait un programme… Et puis il vient de sortir (auto-édité, paraît-il, car son éditeur habituel a retiré ses billes) un bouquin, « La France n’a pas dit son dernier mot » (et lui non plus). A ce propos, Ouest-France, zélé chasseur de coquilles à marée basse, a trouvé un angle de critique pertinent : une faute d’orthographe ! « Dès les premiers mots, Eric Zemmour commet une faute d’orthographe… » . Ce n’en est pas une – le correcteur de l’ordinateur ne bronche pas – mais si, en fait, et d’une grande banalité. Comme d’aucuns écrivent à tort  « Il ne voulait pas finir en tôle »  quand il s’agit de taule, lui a trébuché sur la pêche (aux bigorneaux, ou de vigne, selon le contexte ) et le péché. Ce qui donne « J’ai pêché, je le confesse… Pêché d’orgueil, pêché d’arrogance …». C’est un péché bien véniel, on en conviendra, en ces temps où l’orthographe fait figure de science des imbéciles. Ouest-France en profite pour émettre l’hypothèse que l’auto-édition, cette solution de débrouille, de raccroc, exclurait la relecture : Zemmour n’aurait pas eu de correcteur ! C’est évidemment absurde, tout texte un peu fourni peut et DOIT être relu, pour y débusquer les maladresses, les contradictions, les coquilles, les allitérations disgracieuses… et les fautes d’orthographe ! Disons que son ou ses relecteurs ont péché par distraction…

Juste une remarque pour finir : Ouest-France cite une consoeur qui commente le pêché zemmouresque : « On sait que chez Proust comme chez Balzac, la première phrase est capitale et résume tout le roman » . Balzac ? sûrement pas. Balzac ne se lit pas d’un bloc, comme Simenon d’ailleurs ; Balzac c’est un feuilleton ! des romans, au pluriel. Concernant Proust en revanche, si « Longtemps je me suis couché gnagnagna… » a pu acquérir cette immense notoriété – supérieure au « ça a débuté comme ça » de Céline – c’est que nombreux sont ceux qui n’ont pas été beaucoup plus loin !

Tibert

PS – Je viens d’apprendre la mort de Julos Beaucarne. Adieu Julos (adios, donc, ça rime), on va te regretter chez les Wallons, chez tous les francophones épris de musique, de leur langue et de ses particularismes locaux – et savoureux !

(*) Au passage, un coup de chapeau, de bibi, à Elle pour un bon et long reportage sur les femmes afghanes et le retour des Talibans, reportage qui prend position fermement et sans ambiguïté, pour les femmes, justement.

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