Le pied et la queue

( Gilles et John sont en train de viser soigneusement pour se tirer une balle dans le pied : qui c’est qu’ils bloquent sur les routes, qui c’est qu’ils tentent de priver de carburant ? plein de gilets jaunes. Sans oublier la popularité de ces blocages et empêchements récurrents, de plus en plus violents – les casseurs divers et variés ont compris qu’il y avait du fun et des coups à jouer, là – et qui emmerdent clairement la population… dont les gilets jaunes ).

Mais passons… on connaît l’absurdité de la mesure de la richesse d’un pays à l’aune du PIB : le Produit Intérieur Brut. Je puis, moi, vous augmenter le PIB, facile ! Creusez un gigantesque trou ; ça coûte un max, bien entendu. Maintenant faites-le reboucher bien propre : ça coûte un bras. Superbe augmentation du PIB = un max + un bras. Au total vous n’avez rien produit de tangible, d’utile ; vous avez juste augmenté le PIB. Eh bien on a des tas d’exemples de ce genre d’opérations stupides mais juteuses (dans mon exemple, juteuses pour les entreprises qui creusent et bouchent les trous) : par exemple, entretenir des hordes de fonctionnaires fort coûteux, pour encaisser trois ronds d’une obscure et absconse niche fiscale peu productive.

Eh bien on y vient avec les carburants, dans un circuit qui se mord la queue de manière saisissante : on taxe, re-taxe et re-re-taxe les carburants que ç’en est un vrai bonheur. Les pauvres Français, pourtant durs au mal et aux taxes, finissent par hurler à la spoliation – surtout ceux qui doivent absolument utiliser leur bagnole. Que faire ? eh bien on va sortir d’un chapeau de Bercy un délicieux et complexe faisceau de mesures destinées à  vous redonner de la main gauche, pour acheter de l’essence,  les taxes perçues de la main droite quand vous achetez de l’essence. Pas mal, non ? d’autant plus que ça donne du boulot très qualifié à des palanquées de fonctionnaires, qui sans cela en seraient réduits à jouer aux fléchettes, surfer sur Youyout’entube, ou se creuser les méninges à concevoir de nouvelles taxes. Vous n’allez pas tout de même imaginer qu’on va leur faire creuser et reboucher des trous ?

Tibert

5 thoughts on “Le pied et la queue”

  1. … « Vous n’allez pas tout de même imaginer qu’on va leur faire creuser et reboucher des trous ? »
    Y’avait pas un endroit à l’autre bout du globe où on faisait faire ça à tous les ceusses qu’avaient pas marché droit, naguère ? Du côté de la Guyane, si mes souvenirs sont exacts. Mais y’en avait un aussi plus près de nous, à Cotti-Chiavari, en Corse…
    C’est pas de ça que je voulais vous causer aujourd’hui, mais de comment on peut en toute légalité influencer en douce l’opinion des gens. Une spécialité de BFM-tv, mais aussi – en plus sournois – de notre chère et valeureuse AFP.
    Exemple pratique : le 17 novembre, les Gilles & John auraient réunis un peu moins de 300.000 manifestants un peu partout en France. Chiffres officiels du Ministère de l’Intérieur, donc sujets à caution, mais là n’est pas la question…*
    Hier, il y avait – toujours selon les mêmes sources – dans les 30.000 manifestants… « Le mouvement s’essouffle » titrait ce matin l’AFP. De quoi j’me mêle ? 30.000 manifestants contre 300.000, c’est de l’information (encore que, comme on l’a vu…) « Le mouvement s’essouffle », c’est de l’opinion parce que c’est interpréter les faits et manquer à l’objectivité : l’objectivité, c’est « on rapporte » ; l’opinion, c’est « on interprète ». Dès lors qu’une «Agence Nationale d’Information » interprète les faits, elle est hors son obligation d’objectivité et donc a failli** à sa mission.

    *Lu sur une pancarte à la Nation, « Vous voulez faire baisser les chiffres du chômage ? Faites compter les chômeurs par la police ! »
    ** J’ai utilisé un passé composé parce que la troisième personne de « faillir » au présent, c’est « il ou elle faut », comme fauter et dans le même sens, par ailleurs. Mais outre que la forme est tout à fait désuète, elle peut prêter (à intérêts ?) à confusion avec « falloir » – « Il faut » – … un autre verbe défectif du même tonneau. On en apprend des trucs avec le blogueur à griffes rétractiles, hein ???

    Source ici dessous. À noter : depuis ce matin, ils ont changé le chapeau de leur dépêche ; ce matin, c’était « Le mouvement s’essouffle »…
    https://www.nordnet.fr/infos/politique/mobilisation-en-recul-pour-la-cinquieme-journee-des-gilets-jaunes/urn.newsml.afp.com.20181121.doc.1b01fd

    1. Donc l’AFP faut à sa mission… « falloir » ne se prête pas (ni ne se loue, d’ailleurs) à ce type de construction (quant à fauter, ça donnerait « faute à sa mission » : un barbarisme). Ah la la la, le français est plein de particularités décoiffantes. Effectivement, l’AFP outrepasse sa mission d’information stricto sensu. Mais BFM est très loin d’être LE spécialiste : ils y trempent tous, selon leurs credos et leurs options politiques.
      Mais… les gilets jaunes… auriez-vous pour eux les yeux de Chimène pour Rodrigue ?

  2. … Chimène pas large ? C’est de Birgeit que vous causez, lààà ?
    M’est aviss que si c’était elle qui menait notre barge, ça irait un peu pluss mieux… Je le trouve singulièrement transparent ces jours-ci, notre Micronibus national. Une femme ne se laisserait sans doute pas piétiner les plate-bandes en regardant ailleurs, comme lui. M’enfin, les yeux fixés sur la ligne bleue – et les étoiles ! – de l’Europe, ça vous prête du destin international, je vous dis pas ! Tandis que ces vagues histoires jaunâtres à goût de mazout, c’est bon pour Philou et sa piétaille, .erde !

    1. Certes, Macronaparte snobant John et Gilles, je trouve ça maladroit et mal venu. La consigne « on garde le cap » chantée par tous les ministres à l’unisson – touchante unanimité – fera long feu, parce qu’il est évident que ça va nous rester en travers de la gorge : annoncer froidos qu’on va scrogneugneu-mordicus ajouter + 7 centimes sur le litre de gasoil en janvier bicôse l’écologie, c’est agiter le chiffon rouge : de la provocation. Qu’est-ce qu’on en a à cirer de la planète qui part doucement en lambeaux s’il faut bouffer des nouilles à la margarine à partir du 20 du mois ? et puis, annoncer benoîtement qu’il va falloir qu’on se déshabitue de la bagnole, c’est tout simplement nous prendre pour des cons. Ce genre de discours suffisant est odieux. Voilà… ils sont odieux et suffisants en ce moment, et ça craint s’ils ne redescendent pas de leur Olympe.

  3. … Entre Olympe et Chimène, je vous trouve bien phénimiste ces derniers posts, cher Tibuche. Sinon grivois : descendre de l’Olympe impliquerait implicitement qu’elle se soit laissée… grimper. Hum. Faut être super-méfiant, à ç’t’heure qu’on peut vous traîner en jusd’stice simplement pour avoir pincé les fesses d’une dans un moment d’égarement d’essence – pardon, des sens ! -, en mai il y a tout juste cinquante ans dans les promenoirs de la Sorbonne…
    Et vous savez quoi ? J’espère que toutes les celles dont j’ai odieusement abusé – à cet arrière-train là… – à l’époque de ma folle jeunesse sont aujourd’hui frappées d’Aïe-Sa-Mèèèhr’ précoce et qu’a-z-ont tout oublié ! Sinon, pour peu que je tombe sur un procureur un chouïa méticuleux, je passe le reste de mon existence nourri-logé gratos aux frais de la princesse !
    Ce monde devient de plus en plus branque.
    Des fois on croit rêver : depuis que Son Altesse le prince héritier des Saoud a autorisé les femmes à conduire dans son pays, vous savez combien de permis ont été délivrés à ces dames ? Pas moins de HUIT (deux fois quatre…). Si c’est pas de l’inconscience, ça ! On va droit à l’embouteillage moukèroïdal et au hashtag « Balance ton chauffard ! »
    Bon, pour le reste, je ne vous dirais pas ce que je pense de ce genre d’initiative (les hashtags etc.) : j’aurais trop peur de devenir la cible du même genre de gentillesse – booouuhhh le vilain misogyne-caca-p’tuuii ! – ; surtout maintenant qu’un évêque émérite peut se retrouver entôlé simplement pour avoir fermé sa margoulette…
    Une autre incroyable pour vous achever – et moi zaussi ! – : faute d’avoir prévu un « après-pétrole » (comme le Qatar, qu’achète tout et partout…), l’Arabie Saoudite n’aurait bientôt plus un fafiot* !!! On admirera au passage l’altruisme d’Onc Donald, qui crie bien haut et fort son soutien inconditionnel à cette monarchie médiévale prochainement nécessiteuse. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, les Zuessas produisent un million de barils de pétrole (de schiste) de plus par jour que l’A.S…
    Moralité, il se pourrait bien qu’un jour, ce soit les amères loques qui vendent leur brent aux saoudiens… Or, plus susceptibles qu’eux, tu meurs !
    Branque avez-vous dit ?
    T.O.

    * Ben oui : faire la guerre depuis trois ans – mêmes à des gosse de 5 ans anémiques et à des pouilleux va-nu-pieds tout juste pourvus d’un kriss ébréché -, ça coûte un pognon de dingue qu’on croirait jamais !

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