Balance ton #pernil de cerdo

Au Vénézuéla, le #porc est un plat de fête, notamment via son jambon à l’os qu’on découpe en tranches tel un gigot (voir ce mot). La découpe du gigot d’agneau et celle du jambon de porc sont en effet assez voisines dans leurs techniques respectives, c’est un fait connu. Le pernil de cerdo se bouffe pour les fêtes, eh oui : pas hallal pour 2 pesos, le jambon de porc à l’os est lié aux moments festifs de la vie vénézuélienne, servi avec des champignons des bois, des airelles, une sauce à la canneberge – et du riz cantonais, quand on est cantonais.

Eh bien, nonos-stant la sollicitude de Jean-Luc, notre futur ex-Lider Maximo des Forces Insoumises, le Vénézuéla, manque de pot, manque de porc ! que faire, madre de Dios ? que acer ? Mais voici que, n’écoutant que sa seule sollicitude à elle, et sans aller tirer monsieur Mélenchon par la manche, la Colombie, oui, la Colombie itself a envoyé 50 tonnes, vous lisez bien chers auditeurs, cinquante tonnes de jambon de porc au Vénézuela. Comme ça, cadeau ! pour fêter le Nouvel An vénézuélien avec du #pernil de cerdo.

Mais bon, #balancetonporc, Colombie amie ! balance-le, merci tout de même, mais sache que 31 millions de Vénézuéliens vont se partager 50 millions de grammes de pernil de cerdo, y compris les os. ce qui, en comptant large et en éliminant les nourrissons au biberon, les vieillards édentés, et puis les Juifs, les Musulmans et les diverses obédiences végétariennes qui ne voudront pas toucher au #pernil de cerdo, procurera environ 2 – allez, grand maxi 2,5 grammes de pernil de cerdo à chaque convive. De quoi caler une dent creuse, de quoi regretter amèrement que ça soye pas un chouïa plus copieux.

Voilà, c’était notre conte de Noël, pardon, de la fin de 2017, année ingrate. C’est beau mais c’est triste… Allez, tout de même, le coeur y est : ¡ Feliz Año Nuevo !

Tibert, presque 2018

Quand les grosses mouches bombinent

C’est du Rimbaud, le titre – enfin, un petit bout de Rimbaud. « Voyelles« , ça s’appelle, et ce sonnet vous cause sûrement, vous l’apprîtes en vos jeunes années, peut-être l’aimâtes-vous :

"A, noir corset velu des mouches éclatantes

  Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

 Golfes d'ombre..."

…eh bien, pour moi c’est ça le Cabinet Noir. Pas celui du 55, Rue du Faubourg-Saint-Honoré ; celui-là on ne peut pas l’approcher – secret secret, passez au large – et l’on ne peut que l’imaginer. Pour moi c’est irrésistiblement, dans les années d’immédiat après-guerre, au fond du jardin, cette cahute de bois, sans fenêtre et fermée par une porte pleine mais laissant filtrer quelque peu le jour – et l’air pur ! – du haut et  du bas, avec un crochet de blocage pour préserver l’intimité de l’occupant – y avait-il un crochet ? j’aime à l’imaginer.

Une banquette de bois, percée de deux trous ronds de la taille d’une assiette, avec des couvercles en bois : le luxe, un biplace ! Des carrés de vieux journaux sommairement découpés au mur, accrochés à un clou plié. Ce devait être la « République du Centre-Ouest », ou ce genre de presse régionale ; une fois lus, les quotidiens alimentaient en effet le démarrage du feu le matin dans la cuisinière à bois, permettaient de torcher les poêles à frire avec du gros sel, et de torcher itou les fesses des utilisateurs de l’édicule. Tentez donc de faire de même avec la presse sur-la-Toile !

Ce cabanon m’intimidait. Le jour y pénétrait chichement  une fois la porte fermée ; sombre et inquiétant, avec ses deux trous menaçants prêts à vous avaler : pas de fausse manoeuvre ! En hiver on ne s’éternisait pas trop… en été c’était fortement odorant, et il y avait ces grosses mouches noires et velues qui vous tournaient autour, celles de Rimbaud, « puanteurs cruelles« , et qui « bombinaient« , quand ce n’étaient pas les notes suraiguës des mouches vertes au corset dur et brillant.

C’était mon cabinet noir, j’y fus maintes fois pour d’excellentes raisons et puis témoigner de son existence. On peut supposer que de nos jours un tout-à-l’égoût l’a envoyé aux oubliettes, ce chalet de nécessité. Mais les cabinets noirs ombreux et malodorants où ça bombine perdurent, depuis Richelieu, en passant par les officines abritées par l’Elysée du temps de Tonton, qui donnèrent lieu à procès et condamnations. C’est trop tentant, TOUT peut remonter au monarque, il suffit de claquer des doigts… Droite et Gauche se reprochent alternativement ces pratiques, chacun son tour. Comment ne pas imaginer les mêmes dispositifs subreptices sous l’aile bienveillante du futur ex-Président actuel, quand les juteuses révélations d’affaires sortent bien en rang comme à la parade, et que les journaux s’assoient quasiment tous les jours sur les secrets des instructions judiciaires ? ça doit bombiner, forcément.

Tibert

Le printemps est trop loin

Le fils de Swika A. nous a téléphoné hier : son père est mort, jeudi 9 février. Pourquoi pas le 10 ou le 8 ? c’est comme ça, un jour de plus ou de moins au fond d’un lit d’hôpital… février est  court mais de toutes façons trop loin du 21 mars, les petits oiseaux, les bourgeons, les premières jupes, tout ça.
Joseph, alias Swi ou Swika : on s’est rencontrés au début des années soixante-dix, et je n’ai jamais vraiment vu son visage, pour la bonne raison qu’il était hirsute de cheveux et barbu comme un djihadiste , sauf que lui était résolument je-m’en-foutiste comme religion. Barbe et cheveux hirsutes et noirs en sa jeunesse, hirsutes et blancs sur le tard. Il avait la coquetterie d’assortir ses fringues à la couleur de sa pilosité : très longtemps je ne l’ai vu que vêtu de velours côtelé noir, mais ces dernières années il portait du lin blanc ou presque.

On ne peut pas dire que Swika se soit jamais soucié de sa santé : il savait lever le coude sans trop calculer la limite, et puis il fumait comme une locomotive, de la Gauloise sans filtre, le paquet bleu avec le casque à oreillettes… à la fin il les roulait, pour réduire les doses. Ces clopes maison, faits de papier OCB et de tabac à rouler, il aimait jadis les assaisonner de résine odorante préalablement chauffée pour l’émietter. Et puis ça circulait, on tirait dessus à tour de rôle…

Le sport,  à pratiquer ou à regarder, était un terme inconnu de lui : comme Churchill, « no sport« , c’était sa devise, son hygiène de vie. Forcément sur le tard il avait un peu épaissi, mais je l’ai quasiment toujours vu mince. Et puis finir avec un cancer des poumons, ça ne fait pas vraiment grossir.

Où pouvait-on trouver-on Swika ? vers la Contrescarpe, très souvent, attablé dan un des rades du coin, devant une mousse… ou draguant au Quartier Latin. Les femmes le passionnaient, et s’il avait – comme les cow-boys sur la crosse en bois de leur flingue – fait une encoche pour chaque coup réussi, il aurait sérieusement entamé son manche !

C’était le Retour à la Nature, le temps du baba-cool, et la nature de Saône-et-Loire nous a beaucoup vus, éclusant des pots de blanc dans les troquets de Cluny, ou rôdant autour des pélerines – féminin de pélerin – de Taizé : Frère Roger nous intéressait beaucoup moins. Nous avions dégotté les meilleurs boui-bouis pour les andouillettes au Mâcon ou les quenelles à la lyonnaise, à la Croisée de Cray, à Bonnay, Salornay ou Cormatin. Nous sillonnions les routes du Clunisois – Swika n’avait pas son permis – dans ma Deudeuche bleue, et les notaires du coin nous ont souvent vus étudiant leurs ventes de baraques plus ou moins en ruine… on cherchait un truc pas trop cher, évidemment, à retaper… avec du terrain, et de la gueule.

Baraques en ruine : ce fut d’abord la Chagueurne, ou une orthographe patoisante de ce genre. Lieu isolé, quelques pans de murs plus ou moins écroulés, une cave effondrée, la végétation qui envahissait tout. Nous y avons campé dans ma canadienne pour nous imprégner de l’atmosphère des lieux, et au matin – Swika dormait encore, évidemment – j’ai inauguré les travaux, dégageant une allée entre les bâtiments à  grands coups de goyotte, cette machette locale à long manche. Beau début… et on en est restés là.

Et puis tant d’autres ruines ou lieux inhabitables et magiques, des sites pour refaire le monde : la Pierre-Badot qui dominait les collines du Mâconnais chères à Lamartine, Saint-Martin-la-Patrouille, la Lochère… la musique qui me vient aux oreilles à évoquer ces lieux et ces temps c’est Satie, les Danses de Travers, moment unique dans la nuit froide et claire, chez Tatasse le potier de Jalogny.

Plus tard, toujours créatif, Swika a fabriqué des métiers à tisser, des canapés, importé des laines, vendu des chaînes hi-fi, et puis il s’est mis à la plomberie… c’est pourtant peu bucolique, la plomberie. Rien de tout ça n’a fonctionné, mais rien ne l’accrochait vraiment. L’oiseau sur la branche, en somme.

Voilà, comme on dit maintenant quand on ne sait plus quoi dire. Adieu donc Swika.  On ne l’a pas refait, le Monde, d’autres que nous ont persévéré dans les pots de blanc et l’élevage de chèvres dans le Clunisois. Et la musique qui me vient aujourd’hui c’est Ma jeunesse fout l’camp, comme chantait Françoise Hardy.

Tibert, avec un crêpe noir

Bancal + bancal (bancaux ?)

Il est difficile, ces temps-ci, de traiter de la reproduction des bigorneaux dans les mers du Sud. Non que ce sujet soit rébarbatif, bien au contraire, mais la Cité ne bruit que de l’Affaire (Le Monde, allez hop, en énumère cinq !) et, en toute objectivité, les différents supports médiatiques, radio, papier, télé, internet… sont tous à souffler sur le brulôt, à enfoncer François et Pénélope à qui mieux-mieux, que ç’en est indécent. Plus un espace pour les bigorneaux… tout ce ramdam m’évoque…  vous avez assisté à une chasse à courre, quand la meute des Beagles hurlants assaille le cervidé acculé ? moi non plus, c’est assez fermé comme milieu, la chasse à courre. Mais au cinéma, tenez, ce lien… pas beau à voir, hein ?

Un des chroniqueurs de BFM, hier soir, insistait sur un aspect peu fouillé de cette affaire : les bidouilles imputées à tort ou pas au ménage Fillon remontent à 1988, ça fait un bail, et il y a eu paraît-il de multiples épisodes, et et l’on sort ça maintenant, à 3 mois de la Présidentielle, quand le susnommé est sous les feux des projecteurs ? mais quand il était Premier Ministre il y a 6 ans de ça, c’était sans importance, ces supposés errements ? ça ne méritait pas une enquête du « Canard empêché » ?  ou alors quoi ? et si c’était Juppé qui était sorti de la Primaire, on avait aussi le panier de casseroles tout prêt au chaud pour lui ?

Bref : on a clairement attendu de savoir qui devait s’y coller pour la Droite et le Centre, avant de le flinguer en plein vol, si je puis dire. En technique guerrière, ça s’appelle une embuscade. Bien exécutée, d’ailleurs, félicitations au préparateur. Alors, on peut faire plein de scénarios, envisager de ré-embaucher Juppé, trouver des doublures de dernière minute, décider de se cramponner au choix établi… on va voir comment ça évolue.

Mais faisons ce constat : 66 % de 4,2 millions de votants ont choisi Fillon, soit 2,8 millions d’électeurs. Pour sa bonne bouille, ou pour son programme ? les deux mon colonel, mais le programme – assez radical, « clivant » comme on dit maintenant – a certainement pesé. Alors, QUI pour porter ce programme, ce programme précisément, pas une version pour Bisounours, si la personne qui l’a porté est « empêchée » d’aller au bout de sa démarche ? 2,8 millions d’électeurs en désarroi… un programme sans candidat… bancal, terriblement bancal.

D’un autre bord, on reproche au petit prodige du milieu-gauche, Macron, de n’avoir pas de programme… un candidat sans programme, en quelque sorte. Bancal aussi, indéniablement. Mécaniquement, un candidat sans programme + un programme sans candidat, ça colle, ça devrait le faire, non ? hélas non, j’en ai bien peur.

Tibert

 

Qui chauffe le Pôle

Vous aimez « liker » ? J’en connais qui se cognent aux réverbères, les yeux rivés sur leur petit écran, les doigts pianotant fiévreusement sur la vitre du bidule chéri, le sourire extatique aux lèvres : la rue n’existe plus, ils causent sur Fesse-bouc… j’ai une copine, appelons-la Paulette, elle « actualise son profil » Fesse-bouc quatre fois par jour. Et que je t’ajoute une photo, et que je te remets un lien vers une page web, et que je te sors Urbi et Orbi une phrase creuse… elle y passe sa journée, c’est sa vie, ce machin, on se demande quand elle trouve le temps de bouffer. Grand bien lui fasse, direz-vous, après tout si elle y trouve son compte, si ça l’occupe, pendant qu’elle fait ça elle emmerde personne (*). Sauf que si, justement !

Sauf que ces fondus du Fesse-bouc font fondre la calotte glaciaire et fuir les ours blancs. Ce n’est pas de leur faute, notez, c’est la maison Fesse-bouc qui,  pour économiser l’énergie et réduire ses frais, a installé ses grosses bécanes informatiques au Pôle Nord, enfin, pas bien loin : au Nord de la Suède, près du Cercle Polaire, à Lulea. Electricité très bon marché, et surtout, refroidissement pas gratoche mais presque : l’air froid-froid ambiant est aspiré et utilisé directement pour réfrigérer les milliers de serveurs informatiques qui vous permettent de dialoguer dans le vide, de populariser vos pensées creuses, de répandre vos images sans intérêt et votre vacuité existentielle.

Et l’air polaire, lui, sort évidemment réchauffé de cette superbe installation de Lulea, mais ça tout le monde s’en fout. Réchauffé pour tiédir le Cercle Polaire, cuire la banquise et faire fondre les icebergs. « Le réchauffement climatique il est là« , mes amis, comme on dit dans le poste : ce ne sont pas les gaz à effet de serre – qui soit dit en passant nous coûtent la peau des fesses en taxes écologiques, c’est la planète Fesse-bouc et ses monceaux quotidiens de niaiseries oiseuses. Qu’on taxe donc Fesse-bouc : un euro la pensée stupide, la photo inutile envoyée aux « amis ». Moi je vous le dis, ça va se calmer, ça va cogiter avant d’envoyer des âneries sur la Toile. Et ça sera bon pour la planète. A tous points de vue.

Tibert

(*) Enfin, si quand même. Moi par politesse je l’ai conservée dans ma liste des « amis » avec plein de guillemets : eh bien N fois par jour la maison Fesse-Bouc me notifie, driiiiing,  que Paulette a diffusé sur son site une nouvelle niglerie. Pensez si je me précipite toutes affaires cessantes !

Après la Journée de la Jupe…

… le « hijab day » ? ça le fait tellement mieux en anglais ; en français ça ne vaut pas un clou, « la journée du voile » (islamique, what else ?) et si Isabelle Adjani avait exigé, au cours de ses négociations bidon avec la Police dans le film éponyme, un « Skirt Day », peut-être l’aurait-on prise au sérieux, peut-être ne serait-elle pas morte d’avoir réclamé l’impossible, peut-être (*) y aurait-il un Skirt Day chaque année à l’Educ’Nat’ ? un jour, pas plus, il est si impudique, mesdames les profs, de vous balader autrement qu’en pantalon dans votre bahut, n’est-ce-pas ; alors, un foulard en plus, on n’est plus à ça près… tiens, la burqa, ça vous tente (canadienne) ? on peut planquer un max de trucs là-dessous, même des femmes.

Bref, des étudiants de Sciences-Politiques invitent très gentiment leurs collègues à se coiffer volontairement d’un foulard, pour un jour, « pour voir » (pour voir l’ostracisme ambiant, ce que ça fait, comme on est bien, comme on est libre, etc). Ils / elles leur montreront comment le mettre, ce foulard, comment bien cacher les cheveux ; c’est ça qui est important, cacher les cheveux. Le diable est dans la chevelure des femmes. Notez au passage comme sur la photo d’illustration au document d’invitation la femme en foulard est mignonne : on n’a pas pris la plus moche !

Mais  dans cette optique, et pour vous faire une idée d’un tas de trucs très cool, allons-y pour… (en anglais si vous y tenez : en français c’est d’un commun…) : le Kippa Day, la Journée du Turban Sikh, le Jour de la Sainte Médaille de la Bonne Vierge, celui de la ceinture d’explosif factice, le Moustache Day,  The French Hare-Krishna Day (crâne rasé, sari orange, pieds nus évidemment, et les mini-cymbales pour rythmer les psalmodies), la Journée de Boudha… on évitera bien sûr – rien d’irréversible, c’est juste pour voir – les initiations d’un jour à la circoncision, à l’excision, à l’anneau bovin dans la pointe du nez et autres modifications corporelles plus ou moins teintées de religiosité.
Le sinistre là-dedans c’est que les lois sur la laïcité  on été promulguées pour endiguer l’empiètement de TOUTES les religions sur l’espace public : à ma connaissance il n’y en a qu’ une qui occupe le terrain médiatique. C’est dommage, tout de même. Que font les autres ?

Tibert

(*) Je vous ai fait une anaphore, là : « peut-être… peut-être… » comme « Moi Président gnagnagna… » : c’est beau, non ?

Taxis tabacs et crème de jour

Dans le coeur de nos Grands Chefs les taxis sont, on le sait, les plus chéris d’entre les Français, l’objet de leur sollicitude la plus attentive. Mais pas que ! (j’adore cette expression, NDLR). Car les buralistes leur disputent âprement les faveurs et les câlins de nos grosses-légumes. Tenez, le « paquet neutre », cette initiative pour éviter que le Cow-Boy Barlmoro sur son emballage cartonné fasse du gringue à l’amateur de clopes au bureau de tabacs du coin… eh bien, le « paquet neutre », le Sénat vient de le renvoyer aux calendes helléniques. Pourquoi ? parce que les buralistes n’en veulent pas. Et si les buralistes n’en veulent pas, c’est comme Uber pour les taxis, c’est Non, point-barre ! ; et la République française de claquer des talons.

Je lis ça, là, cette réjouissante information pour les futurs cancers des poumons, ce matin tôt sur le Parisien-du-Matin, et ma foi comme il y a un développement à cet article passionnant je clique sur le titre. Maigre, le développement ! Deux lignes très laconiques, et puis ce cartouche :

Article Parigot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il me faut donc, pour pouvoir lire la suite d’un « chapeau » journalistique squelettique, répondre à un petit questionnaire façon QCM : quel genre d’emplâtre me mets-je sur la margoulette ? « Select (sic) toutes les réponses appropriées« , entre le « Soins corps (hydratant, tonifiant, etc) » avec une belle faute d’accord, le « Soins cheveux » etc. Les vendeurs de crèmes fous et marquéteux associés ont encore frappé, munis de leurs gros sabots.

C’est de vaseline qu’il faudra s’oindre, je le crains, si ce genre de pratique se répand ; la violation de notre vie privée glissera mieux.

Tibert

Le "selfie" comme mise en abîme

J’emploie des guillemets pour « selfie », car ce n’est pas ma langue. Perso, je déplore que l’Académie Françouése n’ait pas proposé un néologisme sympathique signifiant « autoportrait réalisé avec l’appareil-photo frontal (plus mauvais, en général, que son homologue dorsal, NDLR) de son téléphone-cellulaire-évolué, tenu à bout de bras ou à l’extrêmité d’une tige« . Ce pourrait être un « mirophone », un « narcisse », bref avec un peu d’imagination… mais je t’en fous, nous voilà avec un anglicisme de plus, et idiot, avec ça. Pas le terme, « selfie », bof, ça fonctionne, mais la pratique, idiote, narcissique et invasive.

Non que se prendre en photo (très médiocre, la photo) avec une célébrité quelconque soit inintéressant ; ça permet de se souvenir de cet événement. Tenez, j’ai croisé sur le quai de la gare de Bourg-Saint-Maurice, il y a quelques lustres de ça, l’Abbé-Pierre, qui attendait dans sa longue pélerine une correspondance vers Chamonix ; manque de bol, ni le smart-faune ni le selfie n’avaient été inventés, encore moins la canne à selfie. Total, je me souviens bien de cette rencontre, mais c’est juste dans ma tête. D’ailleurs je n’avais aucun appareil-photo sous la main. Il m’est cependant loisible, muni de mon logiciel de retouche-photo favori, de faire un petit montage sympa me mettant côte à côte avec l’Abbé-Pierre sur le parvis de la Grande Arche ou devant la pyramide de Khéops, ça a une autre gueule qu’un quai de gare, et ça fonctionne pareil !

Un qui sait utiliser le selfie, tenez, c’est ce type, Amran Hussain, un ex-candidat travailliste britannique (sûrement un Ecossais), qui est photographié ou se fait photographier faisant un selfie sur la plage sanglante de Sousse en Tunisie, plage qui n’est pas Omaha-Beach, mais quand même ! trente-huit assassinés, dont une grosse majorité de ses compatriotes… bref, ce type est portraituré se prenant en selfie, avec en arrière-plan les restes du carnage. On pense irrésistiblement au triple-autoportrait de Norman Rockwell, mais là c’est nettement de plus mauvais goût. Sans égaler toutefois dans l’ignominie le répugnant « selfie à la tête tranchée » réalisé récemment à Saint-Quentin-Fallavier.

Voilà qui plombe sévèrement le selfie, cet obscène miroir de nos bas penchants. Ce qu’écrivant, je repense à la gêne ressentie il y a peu, lors des obsèques d’une proche parente ; je n’étais pas en première ligne, si je puis dire, et j’ai estimé possible, utile, de prendre des instantanés de la cérémonie et des proches. Franchement il est malvenu de faire ça ouvertement ; on se sent obligé à la discrétion, presque à la clandestinité. De fait, les très-proches, les en-première-ligne, ne prenaient aucune photo ; ça ne leur serait pas venu à l’esprit, tant ça aurait paru incongru, indécent. C’est d’ailleurs pour ça que je ne prendrai aucune photo de mon enterrement, c’est trop intime.

Tibert

Tous cocus

Le « Monde », cet ex-prestigieux canard qui snobait les photos et cultivait le ton sobre et neutre de l’observateur objectif, le Monde, donc, nous régale, sur la Toile – et c’est gratoche, pas besoin d’être abonné – d’un long article très fouillé intitulé « A l’Elysée, la nuit où Closer est paru« . Dépêchez-vous de le lire in extenso avant qu’il passe à la trappe ou devienne payant, ce brillant exercice de journalisme. On dirait presque que l’auteure y était, dans le bureau fatal, planquée sous le tapis ou derrière un paravent.

Au fait, que cela ne vous empêche pas de vous tenir informés des médailles olympiques des Français à Sotchi, c’est super-important ! et puis s’il vous reste 5 minutes, de parcourir les échos de ce qui se passe à Kiev, en Ukraine, mais bon, c’est moins motivant, et c’est loin, et il n’y a pas de médailles tricolores à Kiev.

Mais revenons à notre article élyséen, à cette tranche de nuit, la nuit blanche, paraît-il, où Normal-Premier se rend compte, malgré la tripatouillée de conseillers de haut vol qui l’entourent, le bichonnent et tentent de faire semblant de lui trouver une solution, histoire de justifier leurs émoluments mirobolants, virgule, on respire – où il se rend compte, donc, que ça va se savoir partout, plus moyen d’acheter tous les exemplaires de Closer dans les kiosques, comme on sait le faire en haut lieu à Levallois-Perret pour des trucs de moindre envergure.

Bon, je ne vous en dis pas plus, ou pas beaucoup plus, lisez donc ce long et circonstancié monument de journalisme bien renseigné – et il y a de belles illustrations, genre gros plan sur une moulure d’un bureau du Mobilier National « Retour d’Egypte », etc. Vous y découvrirez que, non, Valérie T., pauvre femme, n’est pas la seule à plaindre dans son infortune. Nous aussi, nous aussi ! nous les cocus de l’anaphore, et les cochons de payants, rançonnés pour entretenir des petits marquis tourbillonnants et superflus, même pas capables de, je ne sais pas, moi… dynamiter une imprimerie, détourner et prendre possession du ou des semi-remorques qui trimballent les liasses d’exemplaires de Closer, ou prendre la patronne de ce magazine de ragots glauques en otage, par exemple.

Erreur de casting ! c’est Blueberry ou Rambo qu’il fallait embaucher, cette nuit blanche-là, monsieur le Président.

Tibert

Du quinze contre un

Fort instructif article du Mondenligne sur le paparazzo qui a pris les désormais célèbres photos de Closer (Closer : Plus Près De Toi Mon François) dont auxquelles je vous en ai causé dans mon anté-pénultième billet. Ledit paparazzo expliquait en janvier 2013 aux journaleux du Monde (il y a un an, et donc environ 7,5 mois après la prise de fonctions de Moi-Président) que, on savait, pour les amours furtives qui font aujourd’hui bruire la sphère pipeule, et que ce serait le scoop du siècle que de les immortaliser. C’était il y a un an, notez bien.

Notez aussi que pendant ce temps, nous autres, braves bêtes, nous croyions dur comme fer à la Première Valérie que, qui, bref la concubine officielle. Secrétariat, bureau, gnagnagna… tout y était, ça avait presque l’air crédible, bien que fort vague statutairement – en clair, sans statut. Et sans statut, on fait ce qu’on veut.

Le sel de l’affaire, c’est le paparazzo qui nous le livre : la secrète élue du coeur, la crypto-Première avait un agent de protection ! Oui, un flic de chez Poulaga, affecté à la discrète surveillance du bien-être et de l’intégrité de l’actrice. Il a ainsi été possible, pistant l’ange gardien, de remonter la pelote de fil.

Au passage, l’article nous apprend que Tonton Mitterand, quand il dînait avec Mazarine au bistrot du coin – photo publiée en 1994, était entouré d’une quinzaine de vigiles vigilants, qui, eux, ne dînaient pas, vu qu’ils surveillaient.

C’est encourageant, car nous progressons dans la simplification administrative : en 20 ans, nous sommes passés de quinze personnels PRHPF (Protection Rapprochée des Hautes Personnalités Furtives) à un seul. Voilà qui démontre combien nos gouvernants sont attachés à suivre les admonestations de la Cour des Comptes, qui ne cesse de réclamer, plutôt que de nouvelles rentrées fiscales (traduisez : le matraquage des contribuables), des économies de l’appareil d’Etat. On avance, on avance…

Tibert

PS – remarquez, en additionnant les cerbères affectés à la première Première et celui qui couve la seconde, ça fait sûrement boucoup plus ; quinze je sais pas, mais plus, ça oui.

Addendum – attendez, je savais pas tout ! il semble que cette affaire date d’avant-avant, deux ans au bas mot, bien avant l’anaphore (*) victorieuse, c’est dire ! on nous a bien enfumés…

(*) une anaphore, pas des anaphores, comme certains journaleux incultes écrivent. « Moi Président de… « répété quinze fois ça fait quinze mensonges ou pas loin, d’accord, mais UNE anaphore.