Délinque, astuce et cinéma

On ne voit plus guère ce verbe qui fleurissait dans les années 70 : délinquer. On “délinquait” éventuellement, et ma foi c’était bien pratique de pouvoir l’écrire, au lieu de “tomber dans la délinquance” ou “commettre des actes délictueux” etc. Court et clair. Alors osons cette “délinque”, qui vaut bien la délinquitude de madame Ségolène. La délinque, oui, comme la broque pour la brocante : plus bref, un poil argotique – juste un poil.

La délinque existe probablement sous une forme stupide, car je le lisais hier, il existe une brigade de répression de la délinquance astucieuse ! il doit donc exister, idem, une brigade dédiée aux nuls, aux Rantanplan de la délinque… ça demande moins de neurones, on peut le supposer. Tenez, il me souvient que des malfrats du 9-3 avaient braqué une bijouterie un jour qu’il neigeait, et s’étaient enfuis à pied. Figurez-vous que la Police les a retrouvés dans l’heure, et sans faire appel aux techniques scientifiques les plus sophistiquées.

Concernant la délinquance astucieuse, c’est, on le suppose, plus coton que de suivre des traces de pas dans la neige ; mais  l’exemple des infirmières astucieuses qui a inspiré ce billet – voir le lien plus haut – donne à penser que l’astuce a ses limites, à l’inverse de la bêtise – je ne sais plus qui disait que seule la connerie pouvait donner une idée de l’infini. Ces  dames, outre qu’elles facturaient des soins plusieurs fois, travaillaient (sur le papier, évidemment) plus de 24 heures par jour, frisant ainsi le burn-out, en français l’épuisement, eh oui, tant redouté des professions médicales surmenées.

Les anti-gangs de la Sécu ont été très bons : leurs ordinateurs ayant mis à jour des soins cumulés pour des journées anormalement longues, ils se sont doutés d’un truc. Toutes nos félicitations ! Reste que la parade imparable, astucieuse de chez Astuces, a été trouvée, et tout récemment, par des “djeunes” d’une cité de l’Est marseillais, lors de l’arraisonnement d’un TGV qui quittait la ville : c’était filmé pour un clip de rap !

On peut le dire : les débouchés sont énormes pour tous les vidéastes en herbe – qu’ils rejoignent une équipe de malfrats, ils embauchent. C’est tout bénèf’, en effet :

– soit le coup fonctionne : la gloire, la vidéo tourne sur You-you-t’entube, ils sont célèbres.

– soit ça foire, ils se font gauler :

– Ouais, on faisait une vidéo, c’était juste pour tourner un clip, Votre Honneur.

– Braves petits, bien sûr ils font des erreurs, mais bon… allez, filez, galopins. Au fait, vous devriez demander une subvention au Ministère de la Culture.

Tibert

Nommage et biscottos

Allez allez , on bosse un peu…

On se tapera d’abord un petit exercice de dégourdissage mental à prendre connaissance de l’étude que je vous cite ici : Il semblerait que les sportifs soient plus intelligents que les étudiants ! Je suis très sérieux, c’est scientifiquement prouvé, au Canada du moins. En prolongation de ces résultats, on pourra utilement dégager quelques corollaires :

– Les études rendent con.

– Plus j’étudie plus je creuse mon déficit d’intelligence vis à vis des sportifs, qui en revanche se musclent toujours plus la comprenette en forçant sur les séries de pompes et d’abdominaux.

– Les “bac +8” blanchis sous les néons blafards des amphis sont largement dominés intellectuellement par les joggeurs du dimanche, fussent-ils pouvus de leur CAP de coiffure.

– Quid des étudiants sportifs ? c’et l’oxymore de la journée, certes, mais on les a oubliés, semble-t-il.

Allez, on passe à autre chose, je vous donne une autre info qu’elle est positive, celle-là : le Fouquet’s, LE Fouquets de l’ignoble, l’inadmissible rizotto crevettes-artichauts d’investiture de Sarkozy en 2007, n’a pas fermé de honte, il fonctionne encore. D’autres que le Petit Nicolas n’ont pas honte de s’y montrer, et sans vergogne, ne craignant point désormais les journaleux qui pointent désormais leurs flingues médiatiques sur d’autres cibles, besogne faite.

Et ces autres, des pointures du show-bizz cinématographique, Podalydès Bruel Djamel etc… y étaient hier pour fêter leurs nominations aux futurs César du cinoche tricolore. Leurs nominations, pas leurs nominénations ! car au mur du Fouquet’s s’affichait ceci : “Nommés Césars 2013 – Déjeuner des nommés“. Et, je vais vous l’avouer, nos minets non pas “nominés”, mais nommés, ça me va droit au coeur. Des années que nous subissions les infects, anglicisants et barbares “nominés“. Merci, ô Fouquet’s, ce “nommés” lave enfin la souillure du rizotto sarkozien.

Tibert

Et, quelle est la bonne nouvelle ?

La bonne nouvelle, ce sont les chiffres du chômage : c’est le plein emploi ! à en péter les compteurs ! songez que pour le poste de Président de l’Institut du Monde Arabe, à Paris, on a eu un mal fou à trouver un candidat ; tout le monde est tellement occupé, faut dire… on a dû racler les fonds de tiroirs, aller chercher un retraité chenu, et dans les Vosges ! 73 ans… il n’était pas chaud, il a posé plein de questions, la cantine, des détails comme ça… il a fallu le convaincre… mais si, pépé, la soupe est bonne !  il s’appelle… voyons… ah oui, un certain Lang, Jack. S’il connaît le monde arabe ? vous n’allez pas en plus faire la fine bouche ? déjà bien beau… Le plein emploi, vous pensez, ça faisait longtemps, même Michel Sapin en rêvait.

La bonne nouvelle, c’est que Michel Sardou, LE Michel Sardou, est favorable au mariage “gai” (pas gai-joyeux ; “joyeux” entre guillemets, homosexuel, ou “pour tous”, je traduis). Une telle autorité morale, une pointure intellectuelle de ce calibre, ce phare dans la nuit de la pensée, et qui nous donne la bonne direction… on sait maintenant où aller, on avait des doutes… Des doutes ? il n’y a plus à hésiter. Et merci aux journalistes qui savent, eux, où est l’information décisive, incontournable.

Et la mauvaise nouvelle ? voyez ci dessus, choisissez… ou les deux…

Tibert

Sur le tarmac du Champ-de-Mars

On joue les prolongations juridiques et financières à la manif’ du 13 janvier, la manif “consistante”, “Tous nés d’un homme et d’une femme“, vous voyez ? eh bien, la pelouse du Champ-de-Mars n’ayant pas résisté au piétinement d’un nombre “consistant” de manifestants, il va falloir la refaire, et le maire de Paname réclame 100.000 euros – notez bien, pas 79.817,58 euros, ni 102.612,32, non : 100.000 tout rond, ce qui donne avec une TVA à 19,6, gnagnagna… 83.612,04 euros : ah, enfin des vrais chiffres, pas une estimation au doigt mouillé, comme on craignait. Une vraie facture, quoi.

Eh bien, c’est la Préfecture de Police de Paris qui a reçu la douloureuse : normal, direz-vous, c’est elle qui a imposé le Champ-de-Mars comme point de rassemblement final à cette manif’. Laquelle Préfecture de Police a retransmis aussi sec aux organisateurs, estimant que c’est eux qui ont piétiné là où il aurait fallu survoler le gazon, mais on ne sait pas encore léviter ( l’éviter ? quoi ? de fouler le gazon).

Mais voilà-t-il pas que la passionnaria de la manif’, Frigide Barjot – c’est peut-être un pseudo – déclare que 100.000 euros ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, et continue : “J’appelle tous les citoyens aujourd’hui à venir replanter le Champ-de-Mars (…) S’il faut replanter le Champ-de-Mars, on le replante, mais on n’a pas 100 000 euros comme ça pour le Champ-de-Mars“.

Voilà, monsieur le futur ex-maire de Paris, une idée qu’elle est bonne ! si toutes les manif’s de la CGT-CFDT-FO-SGEN-FSU-RATP-SNCF-Autonomes-SUD-SUD-Rail-et-j’en-oublie, depuis la Libération de 1945, avaient fini  en séances de jardinage, râteau sarcloir rouleau fumier cordeau binette arrosoir et brouette, comme Paris serait beau et vert, comme nos rives de la seine seraient luxuriantes ! mais hélas vous êtes bien, monsieur le Maire, le premier et le seul à réclamer des sous, comme si vous ne les aimiez pas, ces manifestants du 13 janvier…

Une suggestion maintenant : il n’y a rien de mieux qu’un bon vieil aérodrome pour accueillir les manif”s. Les organisateurs de “raves” le savent bien, et ne s’en privent pas ; suffit de passer le tarmac au bulldozer, puis au nettoyeur-vapeur le lendemain. Un aéroport désaffecté fait farpaitement l’affaire : je vous fiche mon billet que d’ici 20  ans, si Notre-Dame-des-Landes, ce qu’à Dieu ne plaise (*) et en dépit du bon sens, se construit, c’est sur ses deux pistes envahies par les mauvaises herbes que finiront les manif’s du “Grand Ouest”. Soyons donc pragmatiques, réalistes, économes : faites, monsieur le Maire de Paname, atterrir les manif’s sur un tout neuf tarmac au Champ-de-Mars. Les ampoules aux mains des jardiniers “consistants” à venir vous diront merci.

Tibert

(*) c’est une figure stylistique, rien de plus.

Pas de quoi rire

Le saviez-vous, une journaleuse de France-TV a été filmée pendant la manif’ “familles”, dimanche dernier, là… vous voyez ?  la manif’ à 800.000 personnes, 340.000, ou  simplement consistante, selon les sources (*). Bon… filmée se marrant, rien de pendable, mais elle a quand même exigé et obtenu que cette séquence soit coupée à la diffusion. Elle  ne voulait pas qu’on la voie se marrer ! aurait-elle de vilaines gencives ? une dent gâtée, manquante ? eh non, elle ne voulait pas qu’on voie avec qui elle se marrait.

Et avec qui se fendait-elle la poire ? avec monsieur Collard, alias maître Collard, l’un des deux députés FN. Mais c’est que c’est horrible, aff-reux, et elle risquait sa peau au Service Public, ou, va savoir, un procès, intenté par l’une des officines gardiennes de la BPJCC, la Bonne Pensée Judéo-Chrétienne et Charitable, SOS Trucmuche, etc, il y a le choix.

Car – ce n’est pas écrit, mais… –  il est malotru d’engager un dialogue humoristique avec un représentant du FN. D’abord parce qu’ils sont obligatoirement sinistres, et puis il convient, face à de tels individus, de rappeler gravement “les heures les plus sombres etc etc..”, si possible dans le ton de Malraux au transfert des restes de Jean Moulin, et puis ça donne la gale, le béri-béri et la vérole.

Notez bien : en principe, normalement, tous les journalistes sont de gauche, enfin, devraient être de gauche, et donc bannir toute compromission, fût-elle verbale, avec des représentants du FN, sinon où va-t-on ? d’autant plus que l’ancien directeur de Cabinet de monsieur Jospin, monsieur Schrameck, vient d’être opportunément bombardé au CSA. Il y a intérêt à serrer  les fesses.

Et quelle était la blague si marrante, qui faisait poiler Me Collard et la prudente journaleuse ? vous donnez votre langue au Chat Tibert ? allez, je vous la raconte, parce que c’est vous, je l’ai lue sur leurs lèvres.

La journaleuse  (LJ): “Maître (vous permettez que je vous appelle maître ?)… vous.. euh…”

Maître Collard (MC): “passez au large, malheureuse, je n’ai point sur moi ma crécelle de lépreux, mais c’est tout comme… on va vous lapider, ma pauvre dame, si l’on vous voit m’adressant la parole.”

LJ : ” ah boudiou, c’est vrai, ah la la, quand je pense, la tête de mon patron s’il nous voit causer ensemble ! la cata ! ”

MC  : “les yeux révulsés, l’apoplexie, au secours la République, à moi le Peuple, vous voyez le tableau ? ”

Et ça les faisait marrer, tous les deux, là, dans la manif’, d’imaginer la tête que ferait le Chef à la télé quand il verrait les rushes (**). Sauf que, réflexion faite, ce n’était pas marrant, juste dangereux.

Tibert

(*) “consistante”, et non pas “molle”, “liquide”, “grumeleuse”… ça évoque Sganarelle, “la matière est-elle louable ?” à propos du contenu du pot de chambre. On connaît ses classiques, à l’Elysée.

(**) les rushes : les prises de vue brutes avant montage. Holà du Dictionnaire de la langue française, il y a quelqu’un ?

Le taxi pour tous

Tout frais du jour : la manif’ anti-“mariage pour tous” (je m’étonne d’ailleurs que nos habiles et chevronnés politiciens professionnels, cramponnés à leurs mandats jusqu’à ce que leur sénilité soit par trop visible, n’emploient pas les termes “mariage pour toutes et tous“, bien plus “corrects” – et putassiers), fermez la parenthèse, virgule, cette manif’ a donc rassemblé des centaines de milliers d’opposants à  ce projet de loi. Notez bien, ils peuvent flûter, le gouvernement s’en tamponne et se cramponne, non non non, ça se fera, nananère, et pas de référendum, y a pas de raison, article 11 machin, car nous l’avons programmé, gnagnagna.

La question n’est pas, en fait, nous le savons tous, de permettre ou non aux homos de se marier : le PACS n’est pas pour les chiens, les curés ne marieront toujours pas les homos, seuls les maires pourront, ou devront, c’est selon, unir les joyeuses-et-les-joyeux (c’est plus gai que “gay”, ne trouvez-vous pas ?). Mais c’est de plus en plus ringard de se marier, même Normal-1er ne s’est pas remarié, c’est dire ! la question se joue ailleurs, sur le statut de la famille. Et s’il s’agit de mettre une robe blanche, de lancer des poignées de riz, de défiler en bagnole klaxon coincé, ça peut se faire quand on veut, suffit de trouver une occasion, ça peut aussi bien être la première dent du petit dernier qu’un mariage en bonne et due forme.

Non, la question est ailleurs, sur la définition de la famille. Le slogan de cette manif’ : “tous nés d’un homme et d’une femme” pointe bien, d’ailleurs, où est le débat, pas chez le maire, mais dans les foyers.  Notons que les jusqu’auboutistes du foutage en l’air de la structure familiale ont reculé, reportant sagement la discussion de la PMAPTT, la Procréation Médicalement Assistée (Pour Toutes et Tous, j’y tiens), à plus tard. Et, voyez, ils ont également reculé ailleurs, c’est tout récent, souvenez-vous, devant l’ampleur de la réforme visée et les bouleversements pressentis…

… ils ont en effet molli sur la remise à plat des transports en ambulances-taxis. Il est vrai que quelques milliers de taxis avaient pacifiquement (sic !) bloqué les avenues de Paris et quelques autres lieux, tout comme la manif’  de ce dimanche, d’ailleurs. Il est vrai que faire des économies et en finir avec les abus des transports de plus ou moins malades par des taxis plus ou moins remplis ou plus ou moins adaptés , ce n’était pas un engagement du candidat Normal.

Moralité : si la manif’ anti-mariage “pour tous” avait réquisitionné les taxis de la Marne (et d’ailleurs) pour défiler, elle aurait gagné, et à l’aise, Blaise. il faut toujours en revenir aux taxis pour faire plier le gouvernement. Et ça en dit long sur  ses engagements profonds à réformer notre société.

Tibert

PS du lendemain : on me prie de rectifier une erreur historique dans mon billet : Normal-Moi ne s’est jamais marié, lui, donc encore moins remarié, bien entendu. Toujours vécu à la colle, ou un PACS discret, qui sait ? avec la pénultième dame de son coeur, mais chuuut ! le mariage pour tous ? pas pour lui.

On avance on avance…

Je pourrais tartiner sur notre Gégé, l’Obelix de la discorde, qui, contre toute évidence, tresse des lauriers à la démocratie russe – bien que trouvant débile la tranche d’impôts à 75 %, je déplore qu’on aille “pour si peu” se jeter dans les bras d’un Vladimir Poutine. Certes la démocratie belge n’est pas la plus exemplaire de la planète, mais elle traîne moins de casseroles.

Je pourrais gloser sur notre Royale Ségolène, qui, paraît-il, regrette de n’avoir point accepté le poste ministériel dévolu à madame Taubira… cela lui aurait été, assure-t-elle, d’une aide certaine pour emporter la législative en juin dernier à La Rochelle, où, parachutée, elle prit une veste face à un socialiste moins en cour et rebelle, comme on sait. Quel cynisme ! je suis ministre, voyez comme j’ai de l’entregent, le bras long, votez pour moi ! quant à partager mon temps entre mes diverses casquettes, mes attributions variées… entre deux avions, qui sait ?

Meuh non, je m’en vas broder sur la querelle du mariage “pour tous”, pour mon chien et sa baballe, le poisson rouge et la mésange, le berger et sa chèvre favorite. On sait que les cathos mobilisent contre, que le ministre de l’Educ’ Nat’ est monté au créneau pour, dit-il, défendre la laïcité, donc interdire à l’enseignement catholique conventionné d’introduire ce débat [dans un sens défavorable, NDLR] dans les établissements du même métal, etc etc : ça secoue dans les branches !

Mais voilà t-il pas que notre très communicante porte-parole du Château, Najat Vallaud-Belkacem, fait des visites dans les écoles pour apporter sa petite pierre à la lutte contre l’homophobie… noble cause, oh combien essentielle, et qui ne souffre aucune réserve ! et, figurez-vous, raconte-t-elle,

… il m’a été à un moment posé la question de la loi sur le mariage pour tous à venir, et je me suis contentée de répondre à la question d’un élève sans aucun prosélytisme et en laissant évidemment chacun libre de son opinion” (“évidemment” : ça va donc de soi).

Elle indique avoir poursuivi ainsi :
“Ca veut dire que finalement pourront se marier des gens qui s’aiment, même s’ils sont de même sexe, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent.” “Ca va permettre plus d’épanouissement, plus de liberté, plus d’égalité dans la société. Il faut comprendre ça comme une avancée” (*).

Sous le tableau à la pipe peint par Magritte était écrit : “ceci n’est pas une pipe”. Sous la chaude apologie du “mariage pour tous” il faut lire : ceci n’est pas du prosélytisme. A vrai dire, ce n’est pas non plus une pipe.

Tibert

(*) de nouveau, je pense ici irrésistiblement à “nous sommes au bord de l’abîme, mais nous allons faire un grand pas en avant”.

Dans les cales de départ (*)

On sait que chaque année, et depuis quelques poignées d’années, pour la  St Sylvestre, les “d’jeunes’ vêtus de leurs sweats, Nikes aux pieds et capuches sur les têtes, rivalisent de bagnoles cramées : d’abord c’est un délit, donc c’est rigolo, et puis ça marque le passage à l’an nouveau dans une bonne odeur de pneus brûlés et d’huile chaude, et c’est une intéressante compétition entre cités voisines, à celle qui en aura cramé le plus.

Traditionnellement aussi, les statistiques concernant ces délits (faut-il les rétrograder au niveau des “incivilités”, tels de vulgaires pieds sur les banquettes ou des crachats sur la voie publique ?), statistiques tenues par le ministère de l’Intérieur, sont tenues cachées : il est malséant d’alarmer le brave citoyen sur la fièvre banlieusarde et pyromane, et puis les chiffres donnent envie de faire mieux la prochaine fois…

Mais la Gauche va changer tout ça : foi de Ministre de l’Intérieur de chez Normal, on va les donner, cette fois, les vrais chiffres ! lesquels ? les vrais, tiens, puisqu’on va nous les donner.

Mais pourquoi publier ces invérifiables “vrais” chiffres ? voyons voir, voyons voir…

– c’est la première St-Sylvestre à la sauce hollandaise ;-), on peut donc invoquer sans trop forcer le classique “héritage” du précédent quinquennat. Les statistiques seront mauvaises, mais les d’jeunes n’ont pas encore perçu qu’on avait changé de Président, ils continuent comme d’hab’… on va leur expliquer, vous allez voir. On ne vous veut que du bien, les p’tits gars, ça a changé, cessez de témoigner ainsi de votre désarroi, de votre légitime sentiment de frustration, une AUTRE société est en marche, plus juste, plus humaine !

Mais bon, trêve de persiflage : qui va éplucher les chiffres des incendies de voitures la nuit de la St Sylvestre, sinon 1° les policiers et les pompiers, 2° les  auteurs ? car le citoyen lambda, lui, n’en a rien à faire, des chiffres vrais de vrais, sauf qu’éventuellement on lui a brûlé sa Citron C3. Voilà qui va entraîner une belle émulation : les Fauvettes de Mantes-les-Chevreuse surpasseront-ils la cité Paul-Vaillant-Teinturier de La Garenne-en-Brie ?

On va donner les vrais chiffres… ça m’évoque irrésistiblement le “starter” avec son pistolet au bord de la piste, l’index sur la queue de détente ; et les compétiteurs dans leurs blocs de départ, prêts à foncer. Mais je m’alarme à tort : le gouvernement a changé.

Tibert

(*) dans les starting-blocks, hé oui, ce serait français, paraît-il.

Tout est là

Vous auriez, vous, une Astonne-Martine dans votre garage sans avoir l’envie légitime de faire un p’tit tour avec ? évidemment, ou une Borsche, une Masareti, une Verrari, que sais-je ? une invitation à faire rugir le V8, à faire crier les pneus sur l’asphalte… quel homme y résisterait ? eh oui, on est des hommes, sauf les femmes, bien entendu.

Eh bien, un dentiste de l’Iowa, aux USA, donc, a viré son assistante dentaire après 9 années de bonne et loyale assistance dentaire car elle était là – c’est lui qui l’a dit – comme une Lamporghini dans son garage sans qu’il puisse en prendre le volant, et que décidément cette femelle lubrique se vêtait de manière trop aguichante, lui provoquant des bosses grossières sur le devant de son pantalon, et le déconcentrant dans son boulot. Il l’avait bien mise en garde, lui avait demandé instamment de mettre une blouse grise par dessus son opulent décolleté, un sac à patates autour de ses voluptueuses courbes croupières… rien à faire, il a dû se résoudre à la virer, question d’éthique dentaire. Elle a bien été se plaindre aux prud’hommes du coin, mais rien du tout, c’était légitime, ce licenciement, dixit la Cour Suprême, tout à fait justifié. Chez nous on aurait dit “motif réel et sérieux”, allez hop, virée, va donc t’inscrire chez Popaul-Emploi, saaalope.

Tout est là… tout est là. Je vous rappelle, mesdames, que c’est VOUS, enfin votre aïeule, là, qui a incité Adam à bouffer un morceau de pomme, que c’était pourtant strengt verboten, absolument défendu, et elle le savait ! et avec les désastreuses conséquences que l’on sait, enfanter dans la douleur, et, attendez, bien pire, obligation de bosser ! obligation de bosser… vous rendez compte ? tout vient de là.

C’est leur faute, quoi, la faute à leurs formes, à leur nature, indécrottable. Faut les voiler, tchadoriser, planquer, brider, mater, séquestrer, soumettre, les descendantes d’Eve, sinon elles nous font faire que des conneries, on n’y peut rien, on est comme ça, nous, les héritiers d’Adam, la bosse sur le devant du pantalon qui nous mène par le bout du nez, comme des cons, c’est comme ça qu’on fonctionne, nous, c’est bien normâle.

Un primate

On a failli l'échapper belle

Le calendrier Maya ayant atteint sa limite physique, paraît-il, on devait constater hier la fin du Monde. Pas du monde Maya, non, allez hop : tout le Monde ! le Monde, quoi, puni à cause de ces cons de Mayas, pas foutus de mettre en place un compteur assez large. Notez bien que les informaticiens ont été moins nocifs que les Mayas, le 31 décembre 1999 à 23h 55 et 59 secondes : les conséquences de leur inconséquence se limitaient à un “bug”. Le bug de l’an 2000 en face de la Fin du Monde, avouez, c’était de la petite bière. Pourtant la cause était exactement la même : ces radins, ces cossards d’informaticiens écrivaient les années avec juste les 2 derniers chiffres. Soi-disant que c’était pour économiser de la place…

Mais, attendez, ça va recommencer ! et dans pas longtemps ! indécrottables, nos nullissimes spécialistes en logiciels des systèmes d’ordinateurs ont placé dans les machines une bombe à horloge que, à côté, celle des Mayas va ressembler à un pet de souris : ils ont encore mis un compteur de temps trop juste, qui démarre stupidement au 1er janvier 1970, et qui ne fait que 32 bits. Trente-deux bits seulement ? vous vous rendez compte de l’exiguïté de seulement 32 bits ? non ? ah bon. Pourtant, ça devrait : la valeur maximale de ce compteur correspond au 19 janvier 2038 vers 3h du matin. C’est affreux, non ? tenez, à ce moment-là…

– soit le compteur repart à  zéro : on se retrouve au 1er janvier 1970, sous Pompidou, à fêter la Nouvelle Année en pattes d’èph’ et gilet en peau lainée, devant la télé noir-et-blanc, ventrue à coins ronds avec des gros boutons, et sans télécommande. Avouez, ça serait assez catastrophique.

– soit le système constate, atterré, que, une fois les 32 bits tous remplis à mort, il ne sait plus comment en mettre d’autres : boum, tous les ordinateurs explosent, et il y en a partout, des ordinateurs, en 2038… votre Aïe-Pad-37 vous pète dans les doigts, le programmateur de  la cafetière électrique fond, la machine à laver saute au plafond, votre bagnole fonce sur un radar au bord de la route, tous warnings allumés, klaxon bloqué… l’horreur.

Et là, attendez, c’est pas le pire : le 19 janvier 2038 à 3 heures du matin environ, heure locale (ça devrait être l’heure d’hiver, d’ailleurs), même à Bugarach ça va mal se terminer. Y a pas de raison, quoi, là-bas aussi il y en aura, des ordinateurs, tout plein d’ordinateurs, embarqués ou pas.

Vous avez échappé à la Fin du Monde (sauf Bugarach, OK OK) : ces abrutis de journalistes entassés dans leurs camions-satellites au long des trottoirs de Bugarach, traînant leur ennui et leurs micros baveux à la recherche de fêlés du chapeau diserts et télégéniques, en ont été pour leurs notes de frais au bistrot du village ; mais vous perdez rien pour attendre. Si vous êtes pas morts le 19 janvier 2038, vous allez voir ce que vous allez voir, ça va être terrible : mon blog va s’auto-détruire.

Tibert, un poil perturbé