Ver erat

« Ver erat »… C’était le printemps ! En latin, et pas n’importe lequel, le latin du thème latin de la compal de latin où Rimbaud Arthur, en 1868, 14 ans, emporta haut la main le premier prix de thème latin, à Charleville. Sur un thème original d’Horace, en latin itou.

Pour votre gouverne, pour la culture, qu’on étale comme la confiture, la suite : Ver erat, et morbo Romae languebat inerti Orbilius… » : C’était le printemps, et à Rome Orbilius, malade, s »étiolait ».

Eh oui, c’est le printemps, pas trop tôt ! l’hiver 2008-2009 a été précoce, long, opiniâtre, rugueux, neigeux. On lui dit salut, sans regret.

Mais si je vous cite Rimbaud, c’est aussi que « Verts errâtes« , ou « verts et rates », à la rigueur : les Verts font parler d’eux, en ce lendemain de grosse manif’ et moyenne grève. Voyez plutôt : le Figues-à-rôts nous apprend que « Les Verts prennent leurs distances avec le PS« . Errent-ils, les Verts, ce faisant ? (et non pas ce faisan !).

De mon petit point de vue, ils ont bigrement raison. Je ne partage pas, loin de là, toutes les lubies des Verts : le massacre du boulevard St Marcel, à Paris, reste un stigmate sur leur peau, et leur haine-obsession de l’énergie nucléaire relève du pathologique. Mais… le PS relève, lui, du bateau ivre (encore Rimbaud ! ) et s’acoquiner avec lui relèverait de l’aveuglement politique. Quant aux innombrables chapelles, sectes, groupuscules de gauche, d’ultra-gauche, de gauche radicale, laissons les refaire le monde en petits comités.

Non, les Verts doivent avoir une autre approche de la société. Nous sommes 6 milliards de mammifères supérieurs, ou supposés tels, et capables de foutre notre planète à feu et à sang, ou de la conserver vivable, c’est selon. Cela vous a des implications qui transcendent le strict jeu politique : sociologiques, environnementales, économiques, morales ; c’est une autre quête que de ramer pour prendre le pouvoir en 2012…  allez, Martine, allez, Ségolène, allez, Laurent, Benoît, François, ramez, ramez en rond.

Crisologie et solubilité

La crise (prononcer Kkkriîse) sera-t-elle soluble dans les flots de fric que les états – dont le nôtre – abreuvent les sillons des banques ? cette thérapie semble en tous cas avoir des effets bénéfiques sur le niveau des primes versées aux cadres des institutions financières, responsables de la mouise où ils se / nous ont mis : belles primes, de quoi arroser ça, donc, voyez AIG aux USA.

Autre question, la crise sera-t-elle soluble dans les cortèges de manifestants et les beuglements « Sarko des sous » ? entendra-t-elle les voix qui montent vers elle, les complaintes itératives et chroniques des enseignants, les états d’âme des chercheurs, aura-t-elle pitié des fonctionnaires et assimilés, partis aujourd’hui pour leur 4.974 ème République-Bastille, ou Nation-République ?

A vos statistiques syndicats-police, ce soir… comme d’hab.

Profession : militant

Le très controversé grand chef de la CFDT, le barbu à lunettes que je considère, à tort peut-être, comme le seul dirigeant syndical qui ne parle pas un double langage – les autres rament pour Pierre Paul ou Jacques, ou pour des motifs inavoués – j’ai nommé François Chérèque, a des mots qui fàchent chez les Militants, je veux dire les militants trotskystes, alias NPA, puisque c’est comme ça qu’ils ont repeint leur enseigne.

Et que disait-il donc, pour fàcher le postier de Neuilly ?  Que les militants du NPA font « un peu rapaces » dans les conflits sociaux en cours. Et certes, pour avoir vu de près, de visu, vécu ces situations, je peux opiner du chef, confirmer, approuver, apporter de l’eau à son moulin : la « juste ligne », comme on dit chez les militants, le fil conducteur, c’est de tenter de faire mousser partout où ça pourrait mousser, de remuer la soupe pour que ça gargouille, de touiller les problèmes personnels des entreprises pour que ça fasse le plus possible de remous. La consigne du NPA à ses militants : à la porte des boîtes ! pour y porter la bonne parole aux masses laborieuses.

Citation d’Olivier le postier : «Si François Chérèque est surpris de voir des militants anticapitalistes à la sortie des entreprises, il va falloir qu’il prenne sur lui parce qu’il va en voir de plus en plus. C’est notre travail à nous militants d’être là au quotidien».

Double journée, donc, pour les militants qui bossent par ailleurs : faire ses 7 ou 8 heures de boulot, PLUS « le travail au quotidien ». C’est leur travail à eux militants. Et sans perspective de retraite, ou alors très très tard, voyez Arlette.

Ce que ne dit pas Olivier le postier, ce qu’il cache pudiquement, ou adroitement, parlant de « militants anticapitalistes à la sortie des entreprises », c’est qu’il les envoie aussi à l’entrée des entreprises ! eh oui. Et à l’heure où ça embauche dans la métallurgie ou la chimie, faut se lever tôt !! dure journée que celle du militant.

C'est comment qu'on sonde

Le Monde nous invite à voter ! et pas besoin d’être inscrit au Monde-sur-la-Toile pour voter : si vous avez Internet, vous pouvez voter ! Pas du tout comme lorsque vous tentez de placer votre petit commentaire sur ceci ou cela (on vous rappelle alors, hélas, que c’est réservé aux abonnés).  Ici c’est gratoche, vote qui veut.

Et que vote-t-on ? « La comparaison faite par le réalisateur du film « Welcome » entre les arrestations d’immigrés clandestins aujourd’hui et les rafles de juifs sous l’occupation vous paraît-elle… »

– Fondée (40 % à l’heure où je mets sous presse)

– Déplacée (55 % dans les mêmes conditions).

… et QSP pour 100 %, soit 5 % qui ne savent pas (des rafles de juifs ? ah bon ? où ça ? quelle occupation ? )

Tout ça est assez rassurant, somme toute. On matraque, de Libé au Monde en passant par Télérama, le PS, les Verts, des tas de chrétiens, les trotskystes de tous parfums, et même le PCF… bref toutes les bonnes âmes, sincères ou manoeuvrières, que nous vivons une époque affreuse, avec un président affreux, c’est affreux, on agit affreusement : stoppons, stoppez séance tenante cette affreuse chasse aux immigrés.

Mais nonobstant ce matraquage, il se trouve 55 % de compatriotes qui ne suivent pas. A vrai dire, nous proposer « Police Sarkozyste = Gestapo »  ? (ou la Milice, ou les flics collabos…) ?  c’est assez gros, non ? ça donne assez dans la caricature tirée par les cheveux. Et, non, ça ne prend pas.

Les rafles de Juifs (et de communistes, de résistants, d’opposants, d’homosexuels, de Tziganes…) visaient des citoyens Français, ou pas Français, peu importe, pour les emmener à Pétaouchnock et à la mort planifiée. La recherche de clandestins vise des gens qui sont entrés sur notre territoire en violation de nos lois. On les sanctionne donc dans le cadre de ces lois – on est dans un état de droit. Evidemment c’est coercitif, ce n’est pas drôle, ça n’est pas une partie de plaisir, ça dérange, ça peut se faire dans la douleur, il serait bizarre que ce soit agréable et souriant. Mais non, ce n’est pas le wagon de marchandises bondé pour Auschwitz.

Welcome », donc ? welcome dans une entreprise d’amalgame « Mondain » et de manip’ à la culpabilisation.

Béké c'que c'est ?

On a entendu ça, et ça défrise un peu : « Les békés » devront quitter la Guadeloupe s’ils n’appliquent pas l’accord salarial » : c’est évidemment une menace. « Béké », c’et le blanc descendant, sans métissage, des premiers colonisateurs. Je doute que, dans la bouche d’un Guadeloupéen né natif du coin, ce soit un terme affectueux. Mais bon, le terme, probablement péjoratif, a le mérite de la précision.

On pourrait dire deux trucs simples, de bon sens, sur le conflit de « vie chère » qui ébranle les Antilles et la Réunion :

– Le colonialisme a fait son temps, c’est clair, et se cramponner à des terres aussi lointaines, faire chanter « nos ancêtres les Gaulois » à des gosses des Caraïbes, c’est un peu passé de mode. Difficile à régler ? certes, mais qu’est-on allés faire dans cette galère ?

– Si les prix sont trop élevés en Guadeloupe, c’est probablement que les coûts d’acheminement de nombreux produits sont élevés… et que par ailleurs le terrain est chasse gardée  ! par exemple, si les banquiers appliquent des tarifs extra-super élevés, il n’y a là aucune raison avouable, l’Internet fonctionnant là-bas aussi bien qu’en Métropole : c’est simplement qu’ils se sucrent immodérément, et en toute impunité.

Et donc, plutôt que d’augmenter les salaires, si on baissait les prix ? ça aurait le mérite de mettre un peu à plat les structures de coûts, comme on dit gentiment… en d’autres termes, on saurait peut-être qui se goinfre sur le dos des populations locales.

Black paradises

On nous apprend que la Suisse (la CHuiche, en fait) est fâchée contre nous car Petit-Nicolas menace de la faire mettre au piquet des « paradis fiscaux » (comprenez « paradis bancaires », car, oui, on paye des impôts de bon calibre en CHuiche, donc « paradis fiscal », que dalle !).

Moi je trouve que cette querelle est biaisée, pas franche du collier, pas claire pour tout dire. J’y vois plutôt de la rancoeur contre un pays entièrement à part quoique très proche, fermé bien que grand ouvert, tout petit mais qui met des talonnettes, un pays qui mesure le pinard au « déci » et pas au litre, et qui – c’est carrément de la provocation – fabrique du chocolat au lait, ce truc douceâtre et immangeable qui bousille le cacao.

De la rancoeur parce que ces entêtés de CHuiches continuent à fonctionner avec leur petite monnaie à eux, avec leur isolationnisme narquois, encerclés mais fiers de l’être. Mais aussi, bien entendu, parce que chez eux on a vu cette monnaie qui valait 1,20 Franc passer à 4 francs en quelques lustres, tout ça parce que ces gens là…

… bossent (si si, ils bossent), et proprement (« propre en ordre », c’est la devise CHuiche)

… sont en paix et veulent y rester, même si la Terre entière s’étripe autour d’eux,

… planquent efficacement le fric de tous les étrangers qui ont envie d’y planquer leur fric ( et ont assez de fric, bien entendu ) : c’est ça le motif explicite de la querelle. Mais c’est rien que de la mauvaise querelle.

Ecrivons-le bien clair : pourquoi s’en prendre seulement aux CHuiches ? pourquoi ne pas chercher des noises ailleurs ? quid des Rosbifs ? pas ‘Euro’tiques pour 2 sous, nos voisins Rosbifs, et bien entourés de bouées fisco-bancaires, les Iles Anglo-normandes et l’Ile de Man ; et puis d’autres, bien entendu, et tiens, chez nous, oui chez nous, Monaco, zut enfin, qu’est-ce que c’est que cet accroc, ce truc qui a la taille et l’allure d’un ‘resort’ ou d’un ‘condo’, d’une résidence troisième âge sur la Côte avec portier galonné et gardiennage vidéo ?

A lire l’article de l’Hibernation dont au sujet de laquelle je vous cause, on perçoit néanmoins que, certes, la CHuiche n’a d’ordre à recevoir de personne, mais bon, nos voisins Helvètes ne se font pas d’illusions sur leur secret bancaire, qui, paraît-il, « ne devrait pas survivre plus de trois ans sous sa forme actuelle« . Bien, moi c’est juste ça que je leur reproche, de planquer le fric d’Al Capone et de quelques autres crapules. Et de fabriquer du chocolat au lait.

Nous on parle comme on écrit, et lycée de Versailles

Tenez, ce dimanche matin si vous n’avez rien de mieux à faire, et même si vous avez mieux à faire – course à pied, tarte aux poires, grâce mâtinée de lubrique – lisez donc ça. Avant que Le Monde ne le fasse disparaître aux oubliettes de la Toile. Je ne partage certes pas la totalité des opinions de Mme Cassin, mais ce qu’elle écrit – et elle, n’écrit pas comme on parle – est intéressant, frais, clair, propre et dérangeant. Pour alimenter le débat, pour le fun comme diraient les Québecois.

Juste un bémol à la clé : pourquoi cette phrase : « Je n’ai pas été mariée trois fois, mais je suis plutôt fière comme citoyenne d’avoir un président qui l’a été et qui a divorcé comme on respire » ? ça ressemble à un coup au dessous de la ceinture, inutile et disgracieux.

Mourons en bonne santé

« Pour votre sécurité », ne mangez pas trop gras trop sucré trop salé (trop fumé trop cuit pas assez cuit trop épicé trop chaud…)

« Pour votre sécurité », mangez au moins 5 légumes ou fruits par jour (au prix des fruits et des légumes, attention à l’abus de dépenses inconsidérées)

« Pour votre sécurité », montez les escaliers à pied, attention à la marche en descendant du train, et les bagages, alors là les bagages… assurez-vous que vous n’avez rien oublié, ne laissez pas vos bagages sans surveillance, les bagages doivent obligatoirement être étiquetés…

« Pour ma sécurité », ma bagnole couine abominablement dès que je roule 3 mètres avant d’avoir bouclé ma ceinture ; je vais sans doute court-circuiter ce dispositif stupide, malgracieux, infantilisant : je suis assez grand pour savoir que je dois boucler ma ceinture, et la maréchaussée y veille aussi, alors…

Mais ce n’est pas encore assez ; nous allons tout droit vers l’éthylotest anti-démarrage de la bagnole (faire souffler sa copine dans le tuyau) ; vers la censure sur la Toile (les sites du genre www.gros-nibards.com nuisent gravement à une libido correcte) ; il devient dangereux de détenir des ouvrages imprimés subversifs (Paul Lafargue, « Le droit à la paresse » : anarcho-autonome ! ) ; la pub’ « Y a bon Banania » fait l’objet d’une plainte car c’est colonialiste ; nous n’avons plus de couleur de peau, certains mots sont interdits (« nègre » s’emploie à dose homéopathique en spécifiant bien, avec moult précautions, qu’il s’agit d’un écrivain qui travaille anonymement pour un tiers ; l’étymologie du terme se perd dans un épais brouillard).

Et v’là maintenant que « pour notre sécurité », nous devons échapper au cancer, et subséquemment bannir toute boisson alcoolisée. Le Figarôt nous annonce ça : « Un seul verre d’alcool augmente le risque de cancer« . Adieu vin jaune et Riesling « vendanges tardives », nous voilà donc bientôt condamnés à l’eau (de première pression à froid, de préférence) ou au jus de carotte ; mais « pour notre sécurité », n’en buvons pas 15 litres, ça distend les parois stomacales.

Bonne nouvelle, « pour notre sécurité », nous mourrons donc bientôt en bonne santé !  restera à nous flinguer, pour en finir, pour échapper à la mornitude, à la sécuritude.

Apologie

En anglais aussi bien qu’en amerlock, « apology » c’est « excuses ». Ayant reçu ce petit mèl, intitulé justement « apology », d’un mien ami américain, ami à moi donc qui n’est pas sans humour ( mais pas que ! la preuve), je ne résiste pas, dis-je, à retranscrire pour vous sur mon blog le texte de ce mèl. Tout frais du 21 janvier, décalage horaire de Dallas inclus.

——–

« Dear  World:

We, the United States  of America, your top quality supplier of ideals of democracy, would like to apologize for our 2001-2008 interruption in service. The technical fault that led to this eight-year service outage has been located, and the software responsible was replaced November 4. Early tests of the newly installed program indicate that we are now operating correctly, as of January 20.

We apologize for any inconvenience caused by the outage. We look forward to resuming full service and hope to improve in years to come. We thank you for your patience and understanding,

Sincerely,
THE UNITED STATES OF AMERICA
« 

————- Je traduis pour les réfractaires à « my taylor is rich », ou « my sister is not a boy » :

Cher Monde,

Nous, les Etats-Unis d’Amérique, votre super fournisseur d’idéaux de démocratie, souhaitons nous excuser pour notre interruption de service entre 2001 et 2008. Le défaut technique responsable de cette panne de 8 ans a été détecté, et le logiciel fautif a été remplacé le 4 novembre dernier. Les premiers tests du programme nouvellement installé indiquent que nous fonctionnons désormais correctement, ce depuis le 20 janvier.

Veuillez donc nous excuser pour tous les soucis occasionnés par cette panne ; nous nous efforçons de rétablir un service complet, que nous espérons améliorer dans les années à venir. Nous vous remercions de votre patience et votre compréhension.

Sincèrement,

LES ETATS-UNIS D’AMERIQUE

Castro.. long

Un canard romand (mais il y en a d’autres qui l’écrivent) nous dit que le Lider maximo, le Castro, Fidel, donc, le Chef en chef de Cuba, irait mal, serait sub-claquant. Et son frère, Raoul (pas si cool, Raoul), de démentir, non mais qu’est-ce que c’est que ces conneries, il se porte comme le Pont Neuf, etc etc.

Ceci pour rappeler que Cuba est un pays à part, entièrement à part, objet d’un blocus débile et meurtrier de la part des USA (comme en son temps l’Irak de Saddam, d’ailleurs), pays qui va à la godille, coincé entre un dictateur cacochyme mais qui mord encore et son envie de vivre.

Alors, si le nouveau débarqué à la Maison Blanche avait la bonne idée, outre la fermeture du camp de Guantanamo (bravo, c’était une verrue assez disgracieuse) de faire cesser le blocus soi-disant anti-castriste mais en fait anti-Cubains, ça aiderait certainement. Le sub-claquant Lider maximo ne s’en porterait pas mieux, il n’en a plus pour longtemps ; le peuple Cubain, lu, en revanche, apprécierait.