Mais si, ça se vaut… tout se veau, d'ailleurs

Vous commenterez cet aphorisme tout récent (hier, 4 janvier 2012) du présent Ministre de l’Intérieur et des Cultes : « Toutes les civilisations ne se valent pas« . Vous éviterez de commenter l’autre, là, la faux risme : « Nous devons protéger notre civilisation« . Celui-là, bon, si on le démolit, ils vont penser qu’on veut les invasions barbares, ça n’est pas vendeur.

Voyons voir, voyons voir. « Toutes les civilisations ne se valent pas« …  en bon philosophe en culotte courte, vous définissez d’abord de quoi l’on traite. Qu’est-ce qu’une Civilisation ? keske c, en SMS. La tartine copieuse que vous propose wiki va vous éclairer, il y a à boire et à manger. Et vous précisez dans la foulée ce qu’est une « Valeur« . Ensuite, ayant choisi et affûté vos outils, vous entrez dans le vif du sujet.

Par exemple, tiens. Guerrier : civilisations disparues, valiez-vous celles qui vous ont submergées ? alors pourquoi avez-vous disparu, hein ?  est-ce que vous ne les valiez pas (sur l’échelle de Richter de la capacité à nuire) ? vu que vous vous êtes fait bouffer. Perfide : civilisations oubliées, avez-vous été oubliées parce qu’oubliables ? y aurait-il donc des civilisations plus oubliables que d’autres ? peut-on admettre une échelle de valeur de l’oubliabilité ? etc etc.

Mais vous perdez votre temps à discutailler, car vous venez de lire dans le Libé du dimanche matin que les Jeunes Socialistes ont déjà, ainsi que Cécile Duflot, rendu leurs copies ! il s’agit, dans leur conclusion (thèse-antithèse-synthèse) que c’est la Lepénisation qui parle par la bouche de monsieur Guéant. Et toc ! leur copie de philo rondement torchée, jetons-y un coup d’oeil.

Arguments : 1°) parce que c’est monsieur Guéant qui l’a dit. Eût-il dit « passe-moi le sel« , tiens, c’eût été hautement lepénisant. 2)° tout se vaut, c’est bien connu, même Roland Aron se vaut (*), il ne peut y avoir d’échelle de valeurs, c’est anti-socialiste et pas charitable. Les premières toiles de Van Gogh en Hollande, vers 1882, « valent » sa Nuit étoilée de 1889. La page maladroitement bâclée par un élève soulagé d’avoir expédié sa rédac’ en 12 minutes montre en main pour se précipiter enfin sur son Fesse-Bouc « vaut » le devoir construit et stylistiquement élaboré de ce « bouffon », ce lèche-cul de premier de la classe. D’ailleurs il ne doit plus y avoir de « premier de la classe » : tout se vaut. Exaltante perspective.

Tibert, parce que je le vaux bien

(*) elle est vaseuse ? elle en vaut bien d’autres.

A peu prèspuce

Un passionnant article du Monde-sur-Toile reprend ce marronnier médical inoxydable, ce thème incontournable, cyclique et récurrent : l’ablation systématique et généralisée des prépuces.

C’est en effet grâce à l’Afrique et à ses tourments viraux que cette brûlante question revient en boucle. L’Afrique et son Sida galopant. Pas de capote (merci Benoît n° 16), peu d’hygiène, et il y fait chaud, et la chair est faible. Circoncire (les hommes, NDLR, ça va sans l’écrire mais bon…) les protège un chouïa des infections de type VIH transmises par les femmes. Tel est le constat statistique et scientifique qui permet aux sécateurs fous de prôner l’ablation prophylactique et universelle de cet astucieux et fort utile bourrelet grossièrement cylindrique qui coulisse et protège. Mais cela ne va pas sans soulever un certain nombre de questions…

– Dans cette hypothèse, je vois mal comment les Juifs et les Musulmans vont arriver à se différencier des mécréants, des Goyim et des Khoufars. Zut quoi, si l’on ne peut même plus se reconnaître entre confrères… leur restera à inventer une nouvelle et rituelle différenciation – je ne sais pas, moi, mais de ce côté là je suppose qu’ils n’iront pas plus loin dans l’ablation, ce serait carrément mutilatoire et dommageable.

– Quid des femmes ? pourquoi un rapport statistique et scientifique d’un quelconque organisme Onusien ne nous apprend-il pas que l’ablation systématique et chirurgicale de l’hymen dès le bas âge protège d’une ultérieure défloration douloureuse et sanglante, permet d’éviter de salir les draps lors de la nuit de noces, et – cerise sur le gâteau – évite de saigner un poulet aux fins de faire croire à la famille (*) que la mariée était vierge ? tout bénef’.

– Je me lave, tu te nettoies – et si ce n’est toi c’est donc ton frère, nous nous lavons le prépuce, sous le prépuce et le reste avec… tous les jours. Qu’on ne vienne pas me raconter que le prépuce, c’est sale. C’est sale si on ne le lave pas.

– Je suis né porteur de prépuce, comme beaucoup ; je n’en suis pas plus fier pour autant, mais je suis bien dans ma peau (de prépuce), nous vivons en bonne entente lui et moi, et la seule mutilation rituelle que j’aie jamais subie, c’est la section du cordon ombilical. Je suis d’ailleurs bien conscient que c’était nécessaire à mon indépendance physique. Donc, sécateurs rituels ou prophylactiques, passez au large, on ne vous a rien demandé. Dieu s’en fout, des prépuces, si vous saviez à  quel point ! allez donc couper vos rosiers, élaguer vos arbres fruitiers, rogner les ailes des poulets, châtrer les matous, il reste du pain sur la planche à découper sans emmerder les prépuces.

Bébert

(*) … famille qui n’est pas dupe, mais bon, c’est pour les voisins – quant aux voisins, personne n’est dupe, mais bon, c’est poli de faire semblant.

Barthes, Angelopoulos : tableau de chasse

Tout le monde sait que les piétons payent chaque jour un lourd tribut à la circulation auto-moto-bus’omobile. D’autant plus qu’en France, et spécialement à Paris etc… le piéton n’a que foutre des signaux de voirie, rien à cirer des passages qu’on lui a réservés, se contrefiche des flux de véhicules, et se prend pour le matador esquivant le toro, olé !!

Mais comme  dans la blague bien connue (*), ce n’est pas toujours le matador qui gagne, hombre ! Notre regretté Roland Barthes a payé de sa vie une rencontre inopinée avec un autobus, il y a de cela quelques lustres. Et nous apprenons, hélas, que le célèbre cinéaste Théo Angelopoulos vient de se faire  buter par une moto. C’est aussi une lourde perte : j’avais beaucoup aimé l’Apiculteur, Paysage dans le brouillard, l’Eternité et un jour… ça nous changeait agréablement des Bidasses en folie et de Retour vers le futur IV. Ce sont évidemment et comme toujours les meilleurs qui s’en vont.

Mais, quand même, on s’interroge : que foutait donc Théo Angelopoulos à 8 h 30 dans une rue improbable du XIV ème arrondissement à Paris ? par quel malheureux hasard un motard de l’escorte de la Ministre de l’Artisanat – grandissime poste, qui vaut bien DEUX motards, des gyrophares et une sirène hurlante –  a-t-il pu percuter ce génial et imprudent cinéaste ? quand on y songe, on est peu de chose. Je cite :

« Le convoi se composait d’une voiture berline Renault (**) escortée par deux motards de la police, et se dirigeait vers la porte d’Orléans. Il se rendait à l’aéroport militaire de Villacoublay pour rallier Toul, fief de Mme Morano ».

Voilà, c’est simple, et c’est tragique. Il eût suffi que le convoi de madame Morano se dirige, sirènes hurlantes, vers son fief de Toul (place, manants, place au convoi de la Ministre de l’Artisanat…) en empruntant – toutes affaires cessantes, sirènes hurlantes et gyrophares girotant – le boulevard Sébastopol, l’autoroute du Nord et l’aéroport du Bourget, et Théo Angélopoulos était sauvé ! qu’avait donc la Ministre de l’Artisanat de si urgent à faire dans son fief (***) de Toul, l’histoire ne le dit pas. Pourquoi une Ministre de l’Artisanat utilise-t-elle un aéroport militaire, nul ne le sait. Pourquoi le TGV Paris-Nancy-Strasbourg ne convenait pas à ce noble déplacement, on l’ignore. Ce tragique fait d’hiver gardera tragiquement ses zones d’ombre.

Tibert

(*) vous la connaissez ? c’est un type qui va dans un restaurant espagnol et y déguste un plat excellent à base de … ah vous la connaissiez ? eh bien alors pas la peine que je vous la raconte.

(**) Une Twingo Diesel jaune moutarde, selon nos informations ; madame la Ministre était à côté du chauffeur en costard-casquette et avait les pieds sur le tableau de bord.

(***) Fief : « Terme de féodalité. Domaine noble, relevant du seigneur d’un autre domaine, concédé sous condition… »

Aux tonnes (G. Appeaux linaires)

C’est un fait : l’orthographe fout le camp. L’orthographe, et la grammaire, et le passé simple, pour ne rien dire de l’imparfait du subjonctif. Plus il est simple et rapide de corriger un texte – un ordinateur à deux balles, un coup de traitement de texte, efficace et peu coûteux – plus il est courant de nos jours de trouver des coquilles, des fautes d’accord, des barbarismes, des à-peu-près, bref, des erreurs, dans les journaux et les livres.
Pire, on réécrit les livres pour la jeunesse – le « Club des cinq »… –  qui utilisaient logiquement le passé simple – le temps du récit, au présent : c’est plus facile, encore qu’avec ces putains de verbes du 2ème et 3ème groupe ça soye pas de la tarte. Il faut se mettre  à leur niveau, ces chers petits. Nous-mêmes, de notre temps, devions probablement ne rien comprendre à ce que nous lisions : le passé simple, fi donc, quel obscur charabia.

Bon, en matière de fautes d’orthographe, l’erreur est humaine, et personne n’est à l’abri d’une étourderie, même pas moi. Mais la relecture n’est pas pour les chiens, que je sache. Qu’on ne relise pas les quotidiens, ou à peine, ça peut à la rigueur se pardonner, le lendemain c’est oublié. Encore faudrait-il exiger des journaleux un niveau plus que moyen. Mais un livre, zut quoi ! un livre c’est pérenne, ça passe de main en main, c’est une balise.

Le « Que choisir » de ce mois-ci m’a fait hurler de rire, traitant de cette nouvelle tendance très moche des éditeurs à ne plus relire sérieusement leurs ouvrages (*). Il s’agit d’un opus de Stéphane Hessel, édité au Seuil en 2006, intitulé « Ô ma mémoire« . Dans ce texte que je n’ai pas lu, monsieur Hessel, l’indignateur professionnel, doit probablement citer des poèmes qui lui sont resté gravés en mémoire, justement, des vers qui nous parlent aussi, que nous avons aimés, que nous aimons  – tenez, Guillaume Apollinaire, « Automne » :

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Monsieur Hessel cite donc ce poème, et ça donne aux éditions du Seuil, 2006 :

Dans le brouillard s’en vont un paysan khagneux…

Non mais, rassurez-moi, ils l’ont fait exprès ? c’est de l’humour ?

Thibaire

(*) Si la relecture pouvait se sous-traiter en Chine, au Pakistan, en Malaisie, payée 3 Carambars et un coup de pied au derrière, alors évidemment, ça pourrait se faire. Mais que voulez-vous, on ne sait pas encore délocaliser ça.

It is monday, it is ravioli (*)

Je ne vous écrirai rien sur la joulie idée démago d’Eva Joly qui veut donner des jours de congés en rab’ aux Sikhs, Shintoïstes, Boudhistes… et j’en oublie. C’est la période des cadeaux Bonux, profitez-en, il devrait y en avoir pour tout le monde.

Je ne vais pas vitupérer le « IT For Business Forum » qui va se tenir à Deauville à grand renfort d’anglicismes tous les 3 mots, speakers, time to market, best practice et success stories, trend… et j’en oublie. Il ressort clairement de tout ça que pour faire des affaires il faut être anglo-quelque chose, nous autres pauvres cons de latins n’y entravons que couic, le français est infoutu de vendre quelque chose en français – même à des Français, et, fi donc, débattre en français en France est du dernier plouc.

Je vais vous écrire quelque chose sur un nouveau truc super, ça vient de sortir :  pour produire des films français qui marchent bien à l’international, il faut les produire en langue anglaise ! eh oui, c’est tout con, si « Trois hommes et un couffin » avait été parlé en Rosbif – Dussolier Boujenah et Giraud doivent bien pouvoir baragouiner ça, sinon on les double, pas de problème, ou alors on prend Pitt Cruise et Clooney… – il est clair que c’était le succès planétaire garanti ! pas besoin de faire du doublage laborieux pour les Etats-Uniens et autres anglophones, pas besoin d’en faire une pâle réécriture hoolywoodienne : que du bon !

Donc : les cours d’art dramatique, les cours Simon, Florent… les écoles d’acteurs : mettez-vous à l’anglais, que diable. Les acteurs : tâchez d’améliorer votre « The » (pas « ze », merde quoi, « the » avec la langue qui pointe sous les incisives supérieures, oui c’est dur…) et s’il faut des versions pour le marché « domestique » (intérieur, en français) on doublera, tant pis… tiens, il paraît que les intellos détestent les films doublés : on leur mettra des sous-titres,  no problem !

Tibert le Latin

(*) T’as d ‘ beaux yeux, tu sais…

Libres livres

Les frontières de l’aube s’annonçant à l’horizon de Serangoon Gardens ou de Barbera, les petits-oiseaux commençant leur « boeuf » sur les branches, je suis là vissé devant ma page blanche, et ma foi la candidature éventuelle d’un ancien footballeur ombrageux et un peu foutraque aux Présidentielles 2012 ne m’inspire pas. Je vais donc vous entretenir – mais non, je ne vais pas vous entretenir ! vous rigolez, ou quoi ? – mais je vais vous entretenir d’autre chose.

Le livre électronique, j’en ai rêvé, ils l’ont fait. Techniquement c’est nickel, même si ça ne remplace pas les bonnes vieilles pages qu’on corne au coin pour marquer la page. Mais dix bouquins à 500 grammes chacun ça fait 5 kilos, et oui c’est lourd. Donc, vive le livre électronique ! en plus du papier, évidemment.

Mais voilà, moi je les emprunte, je les prête, je les revends, je les achète d’occasion, plus rarement neufs, ces chers livres : un livre ça vit, ça passe de main en main si ça vaut le coup, et puis un jour ça finit au pilon, à la poubelle ou sur une étagère à la maison ou chez un broc’, pour 2 euros – jamais 1,99, ça c’est du prix markétingue et baise-couillon, pas du prix de broc’.

Il existe même des médiathèques : je m’y inscris pour une poignée de sequins ou même gratoche, et je puis y emprunter plein de belles choses sans payer : le poids d’un livre quasiment gratuit, vous voyez, c’est bien moins pesant. Mais ça reste lourd, hélas, dans le sac, au bout du bras.

Donc, vive la légèreté, et vive le livre électronique – tiens, j’achète chez Anna-Zaune  « Les trois moustiquaires », d’Alexandre Dumât, et ça me coûte 2/3, disons, du prix du papier en édition de poche… voilà, je paye et je télécharge ce bouquin, il est « à moi »,  je le lis ou pas, c’est selon… mais…

– je voudrais prêter mon livre (et pas mon lecteur électronique, nuance !) à ma copine Aglaé, à mon cousin Jules : impossible, ça ne se fait pas. Il faut que je prête mon lecteur avec. Pourtant j’accepte que, prêtant mon livre, il soit pendant ce temps indisponible sur mon lecteur… ça doit coller, non ? non. D’autant plus qu’il y a des formats incompatibles entre lecteurs. Donc en somme, ça ne se prête pas, c’est comme les brosses à dents !

– bof, les histoires de moustiquaires, ça me lasse, alors ayant lu 36 pages  j’abandonne, je veux donc le revendre : ça ne se fait pas, eh non, il n’existe pas de marché d’occasion pour le livre électronique. Vous trouvez ça normal, vous ? si ça m’a coûté 1,20 ou 1,50 unités monétaires, je peux l’admettre – un « droit de lecture », en somme – mais si c’est 7 ou  8 ou  10 unités, alors là, zut, c’est abusif.

– il est extra, ce bouquin, mais il bouffe de la place sur mon lecteur : il faut que je le sauvegarde avant de l’effacer pour libérer de l’espace… mais comment le sauvegarder en étant certain que dans 2 ans, 5 ans… je pourrai le relire ? c’est-à-dire le remettre sur mon lecteur – mon prochain lecteur, car bien évidemment entretemps j’aurai acheté le dernier machin extra-plat à lecture relief et gloutron périonique  – sans me heurter à des problèmes d’incompatibilité ?

– je suis inscrit à la médiathèque de Noeud-en-Brie : comment vont-ils, à la médiathèque, me « prêter » des livres électroniques ? en papier c’est gratuit, d’accord, alors en électronique c’est combien ? et comment fait-on en toute légalité ?

Voilà, c’est très très bien le livre électronique. Enfin, ce sera très très bien, quand on aura répondu correctement à mes questions.

Bébert

Le hic de la laïque

Je vais vous raconter une joulie histoire laïque. C’est « Le Parisien-En-France » et autres lieux qui me l’a racontée, et j’ai pensé que ça valait le coup. Alors voilà…

Un habitant d’Aubervilliers (le 9-3, ses grands espaces, son univers impi-toya-able) fils de curé défroqué et probablement de ce fait-même athée de chez Athée, décide de se marier avec sa chère et tendre, avec qui il vit depuis pas mal de temps déjà : une Marocaine de confession musulmane, pour qui ça ne pose aucun problème de vivre avec un mécréant.

Mais voilà : la mairie lui demande un « Certificat de coutume », nécessaire semble-t-il quand on épouse un(e) étranger.

Ce certificat est à retirer auprès du Consulat du Maroc.

Au Consulat du Maroc, on déclare ne pas pouvoir lui délivrer ce papier s’il ne signe pas un acte de conversion à l’Islam. Et comme ça ne lui plaît pas de se convertir, il ne signe pas.

Retour à la mairie, on lui réitère la nécessité de ce « certificat de coutume » : si si, o-bli-ga-toi-re.

Obligatoire ? voyons voir, voyons voir… c’est faux : en fait le Code Civil ne réclame rien de tel, mais seulement un certificat de célibat. Alors ? alors il se trouve que de nombreuses mairies réclament en toute illégalité  ce genre de document totalement abusif ! et que sur les plusieurs milliers de mariages mixtes franco-marocains chaque année, la plupart se font avec ce fameux torchon « de coutume », parce qu’il paraît plus simple de faire semblant de se convertir, plutôt que de dénoncer cet abus.

Moralité : la mairie PS du coin ayant enfin compris le film, le mariage se fera entre un athée athée et et une musulmane musulmane, en France, pays laïc. Et c’est  très bien. Le seul problème, c’est qu’au Maroc ce mariage ne vaut pas. Eh bien, tant pis pour les bigots.

Tibert

PS : on espère que not’ ministre de l’Intérieur et des Cultes fera circuler les directives rectificatives nécessaires pour que cessent ces exigences abusives… et au fait, n’y aurait-il pas derrière ces paperasseries fantaisistes et illégales quelques employés de mairie un poil trop zélés ?

J'ai Déjà Donné

L’inénarrable JDD, le Journal du Dimanche – qui est donc un hebdomadaire, pas un « journal », mais bon, on passera là-dessus – nous régale une fois de plus de l’une de ses spécialités les plus kitsch, stupides, grotesques, connes… rayer la mention inutile, à savoir le classement semestriel des 50 personnalités les plus aimées des Français. J’ai déjà rouspété contre cette mascarade, je recommence donc.

Qui sont-ce, ces Français méritants, prestigieux, exemplaires, rayonnants ? 1° un ancien professionnel de tennis de haut niveau qui habite New-York et s’est recyclé dans la chanson ; 2° un ancien professionnel de football recyclé dans les affaires, et qui vit beaucoup à Madrid ; 3° un acteur de cinéma  récemment sorti des listes de figurants ou de seconds rôles grâce à un personnage valorisant et sympathique dans le film « Intouchables » (eût-il joué un truand, un pauvre gars… il coulait en 129 ème  place, tant il est clair que c’est le rôle qui plaît). Noah-Zidane-Sy, c’est le tiercé dans l’ordre. Incidemment on ne peut qu’admirer l’absolue pureté anti-raciste, cristalline, nickel-chrome, de ce choix : un métis Noir/Blanc, un Maghrébin, un Noir ! aurait-on oublié les Juifs dans la distribution de médailles ? mais non, ils pointent tout près du trio de tête, puisque DanyBoon et Gad Elmaleh figurent dans les 10 premiers. Les asiatiques ? les amérindiens ? les kanaks ? que voulez-vous, il n’y a que 50 places.

Une revue-sur-Toile nommée Slate (l’ardoise) et que je vous recommande nous a pondu une étude (« Pourquoi les personnalités préférées des Français sont-elles si ringardes ? « ) quelque peu sérieuse, scientifique, sur les coulisses de cette Bérézina du bon goût et de l’exigence, ce classement débile pour lecteurs débiles qui nous régale invariablement de fantaisistes, personnages de la jet-Set, anciens sportifs… alors que nous devrions avoir chez nous quelques individu(e)s méritants, courageux, exemplaires, rayonnants, des gens qui donnent à penser que l’espèce humaine est encore estimable et susceptible de progrès.

Le fin fond de l’histoire est que c’est l’équipe du JDD qui choisit en interne ces phares de l’Humanité que sont Mimi Mathy, Yannick Noah, DanyBoon etc, sur des critères scientifiques que je ne vous dis que ça ! la liste est donc pré-découpée, et si vous répondiez « euh… Jean-Marie Le Clézio ? (prix Nobel de littérature) ; Cédric Villani ? (médaille Fields cette année) on vous répondrait « ils ne sont pas dans la liste ! dans la liste, on vous dit ! choisissez Aznavour Floresti Debbouze Sardou Noah… : ceci confirme donc ce que je pensais de ce sondage semestriel et lamentable, et du sérieux de l’équipe de rédaction de ce canard. Je m’abstiendrai de gros mots, mais je les pense très fort, vous devriez pouvoir les lire en filigrane.

Tibert-pas-au-top 50

Concours d'horreurs

Une brève du Figues-à-rôts intitulée « Hymne nazi aux championnats de canoë » m’a interpellé, et ma foi je suis allé voir ça : en effet, ça laissait imaginer une cohorte de mecs forcément virils, des torses nus, des shorts, de la blondeur coiffée en brosse – ou façon crâne d’oeuf – et des bras droits tendus vers le ciel dans la gestuelle « y en a haut comme ça ».

Mais pas du tout, c’était une regrettable erreur du disk-jockey des championnats de canoë, qui passait les vinyls des hymnes sur sa platine. Tenez, voici la teneur de cette information, après correction des fôtes d’ortografe et des coquilles :

« La première strophe du vieil hymne allemand « Deutschland über alles » (L’Allemagne au-dessus de tout), qui n’est plus chantée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a retenti par erreur après la victoire du duo allemand Knorr-Niche lors des Championnats du monde de canoë-kayak en Hongrie.

L’entraîneur fédéral (…) s’est déclaré « horrifié » par la confusion entre l’hymne que chantait le pouvoir nazi et l’hymne actuel de la République fédéral allemande. En 1952, la nouvelle république a en effet décidé de garder la musique de l’hymne, mais de bannir définitivement les deux premières strophes, très controversées. »

D’abord, la musique de l’hymne, c’est un mouvement adagio d’un quatuor de Joseph Haydn, excusez du peu. Je suis bien d’accord, ça vaut le coup de garder la musique, qui est superbe, tout simplement.

Mais que disent-ils donc, ces vers honnis des deux premières strophes aujourd’hui supprimées de l’hymne allemand ?

L’Allemagne, l’Allemagne avant tout,
Par-dessus tout au monde,
quand constamment pour sa protection et sa défense,
fraternellement elle est unie.
De la Meuse jusqu’au Niémen,
de l’Adige jusqu’au Détroit,
L’Allemagne, l’Allemagne avant tout,
Par-dessus tout au monde !

……

Femmes allemandes, foi allemande,
Vin allemand et chant allemand
doivent continuer dans le monde
de résonner avec leur ancienne beauté,
de nous porter à agir avec noblesse,
tout au long de notre vie.
Femmes allemandes, foi allemande,
Vin allemand et chant allemand !

C’est clair, les limites territoriales sont largement excessives et expansionnistes. Et puis « femmes allemandes » – ach, schöne gretschen… – , c’est sexiste et con ; quant au vin allemand, pas mal, pas mal, il y a de très bonnes choses, des Auslese délicieux, mais je préfère les nôtres – à consommer avec modération, bien évidemment.

Enfin, le troisième couplet, le seul qu’on chante de nos jours, le voici :

Unité, justice et liberté
pour la patrie allemande !
Cela, recherchons-le,
en frères, du cœur et de la main !
Unité, justice et liberté
sont du bonheur les fondations ;
Fleuris, dans l’éclat de ce bonheur,
Fleuris, patrie allemande !

On pourra utilement rapprocher ces textes gentillets de notre « qu’un sang impur abreuve nos sillons« , des « féroces soldats » qui mugissent, des fils et des compagnes qu’on égorge, et du souhait « que tes ennemis expirant voient ton triomphe et notre gloire« .

Au finish et dans le sanglant, y a pas photo, comme on dit : on gagne haut la main.

Tibert

Le Prest à terre

Mauvais jeu de mots, jeu de mots laid, je sais.

Leprest Allain, mort pour la clope – et peut-être la picole, ce qui n’arrange rien sur le plan sanitaire, on le sait, fumer tue, boire itou, vivre tue, d’ailleurs, et moi-même je ne me sens pas très bien. Mort probablement volontaire, allez hop d’un seul coup d’un seul, et non plus à la petite fumette qui délabre tes alvéoles et met ta stase.

On le regrettera, il va nous manquer. Si vous ne le connaissiez pas – du moins ses chansons, lui c’est un peu tard – découvrez-les, il nous les a laissées, c’est ce qui compte et qui reste. Et tous les opus-cules des Johnny H. et des  anglaises Vinothèques, tous les raps haineux et monocordes peuvent bien partir à la poubelle.

Tiens, « Donne-moi de mes nouvelles ».

Sans t’avouer que je me manque
Donne-moi de mes nouvelles
Dis-moi dans quel port se planque
La barque de ma cervelle

…..

On s’est promis tant de plages
Au bord des panoramas
Es-tu encore du voyage
Avant mon prochain coma ?

Vis-tu toujours avec moi ?
Viens-tu toujours avec moi ?

Leprest Allain, avec deux ll.