Cinq négations sur le porc pour tester votre Q.I.

Je lis ça dans le sommaire du Fig’haro de ce jour :

Le tribunal administratif de Dijon a de nouveau rejeté jeudi pour défaut d’urgence le recours intenté contre la suppression des menus sans porc dans les cantines de Chalon-sur-Saône.

Ce type de formulation me rappelle irrésistiblement certains tests psychotechniques. Vous en avez passé ? moi oui.  Du genre…

Cochez la bonne interprétation de la phrase suivante : “Je ne nie pas qu’il ait omis de refuser de ne plus cracher dans la soupe” :

  1. Je dis qu’il crachera encore dans la soupe
  2. Je dis qu’il ne crachera plus dans la soupe
  3. Il n’a jamais encore craché dans la soupe
  4. Dans le doute je ne prendrai pas de soupe

Mais bon, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos cochons. Qu’est-ce à dire ? Qu’à Chalon-sur-Saône, il était question de supprimer les menus [des cantoches scolaires, NDLR] sans porc. De fait auparavant il y en avait, des menus expressément sans porc, pauvre bête ! Et qui  donc voulait supprimer ces menus a-porc ? le commanditaire, la municipalité, évidemment. Bon. Ensuite.

Ensuite, il y a eu un recours intenté contre cette décision municipale… recours : en termes juridiques, ça veut dire qu’il y a urgence à statuer, la Justice doit dire rapidos si oui ou non la mairie a le droit de supprimer les menus sans porc. Qui a introduit ce recours ? des associations musulmanes, je parie. Les autres anti-porc (oublions les végétariens, qui eux refusent toutes les viandes), les Juifs, donc, n’ont jamais fait de vagues sur ce genre de sujet : il y a du porc ? ils n’en prennent pas, point. Moi je fais pareil : j’ai horreur des topinambours, sans que ce soit de l’ordre du religieux ; eh bien je n’a jamais réclamé l’interdiction de la suppression des menus sans topinambours (*),  je prends autre chose, et voilà.

Eh bien le juge a tranché : le recours est rejeté, vu qu’il n’y a aucune urgence à statuer ; les menus “avec porc” sont peu fréquents et l’on peut trouver alors de quoi se nourrir sans viande, forcer sur le légume, se goinfrer de frites, faire une razzia sur le fromage… bref, le juge dit (je reformule) : votre recours anti-pro-porc vous vous le pliez sous le bras, la mairie a pour le moment le droit de ne plus proposer de menu alternatif les jours où il y a du porc.

Voilà, je vous l’ai victorieusement décodé, ce salmigondis de négations : si vous n’aimez pas ou ne voulez pas manger de porc, n’en prenez pas ! C’est extrêmement simple.

Tibert

(*) J’ai bon, là ? à vous de vérifier.

Authentique transversalité aéroportuaire

On ne peut que déplorer – moi, en tout cas – la perversion des thèses écologistes à travers les dérives des (ex)-dirigeant(e)s EELV du côté des Mélenchon and Co. Charger de tous les rejets de gaz méchants et délétères, de toutes les pollutions nocturnes et diurnes – 1) le grand capital, 2 Les centrales nucléaires, 3) Les moteurs Diesel, surtout ceux de Volkswagen qui en plus ont le culot de bidouiller les chiffres, c’est pousser un peu loin le bouchon : qu’on se souvienne que l’un des plus grands pollueurs de la Planète fut, en son temps, la défunte RDA, République “Démocratique” Authentiquement marxiste, du moins sur le papier. Et puis s’il faut réfléchir à, et promouvoir la “décroissance”, idée verte et qui me plaît en ce qu’elle appelle à plus d’intelligence créatrice et de responsabilité, force est de constater que les rares pays à modèle plus ou moins vaguement marxiste n’en ont rien à foutre, de la décroissance verte. Ils produisent un max, ils polluent, et après eux le Déluge.

Bon, mais pourquoi je me lance là-dedans ? parce que je lis dans le canard ici référencé que le FN, là, le parti de madame Le Pen, est maintenant arrivé lui aussi à la conclusion, comme moi et les écolos, que l’AyraultPort, le projet de Notre-Dame-Des-Landes-Aéroport, c’est une ânerie, pour rester poli. Non certes une ânerie pour les bétonneurs-bitumeurs, eux ils seraient vraiment pour, et sûrement pas dans la perspective d’une décroissance verte. Ils vous y mettraient des ronds-points à vous filer le tournis, des places de parking payantes et bordées de jolis traits blanc, des escalators et des tapis roulants, des tarmacs et des barrières automatiques, des navettes et des chariots à bagages. On le sait, un aéroport c’est moche, stressant – voire carrément hostile, tel Roissy – mais d’aucuns s’entêtent : celui de Nantes-Bouguenais ne leur va pas, même sérieusement amélioré, ils en veulent un autre plus gros, plus stressant, plus énergivore, plus loin de la ville, y acheminer des bus, des navettes, des taxis, exporter le béton bitumineux dans les champs de betteraves, mais, et là est le truc, à portée de bagnole des Rennais, ces malheureux qui n’ont droit qu’à un aéroport de sous-préfecture et s’en désolent.

Bref : Le FN rejoint l’avis commun, qui est que ce projet d’aéroport est à poubelliser, au profit 1) de la modernisation de l’actuel, très loin d’être à saturation ; 2) d’investissements plus utiles, comme par exemple des “autoroutes numériques” qui actuellement font défaut.

Bon, il y a des nuances ; les Verts ont pour les “zadistes”, ces individus hirsutes et fabuleux qui occupent le terrain convoité par les bétonneurs, les yeux de la compréhension, sinon de la connivence.  Le FN, non. Mais zadistes mis à part, l’écologie ratisse large, de Cécile à Marine : preuve qu’elle est traversante quelque part, l’écologie.

Tibert

 

 

Je me lève tôt et c'est miraculeux

On redécouvre ces temps-ci l’adage sage que les écoliers ânonnaient sur les bancs de la communale : “L’avenir appartient à ceux (“celles et ceux” en langage politicien) qui se lèvent tôt“. Ou en V.O. teutonne : “MorgenStund hat Gold in Mund“, l’heure matinale a de l’or dans la bouche. Et tenez, je vous le fais en anglais – mais pour le Mandarin voyez ailleurs : “The early bird catches the worm“, c’est l’oiseau matinal qui attrape le ver. Et justement ça nous vient des USA, le croirez-vous ! là-bas ils ont découvert ce truc, c’est la nouvelle folie qui va déferler à Paris, ça a un nom en anglais, il y faut forcément du rosbif pour imposer le concept. C’est le Morning Miracle” : miracle j’ai réussi à me lever à 5 h 30. C’est un Etats-Unien qui nous a trouvé cette fière appellation et ce filon, il s’appelle Hal Elrod, et il va se faire des couilles en or avec son bouquin de miracle matinal.

Pour vous documenter et vous motiver à mettre votre réveil à 5 h 30 demain pour étudier ce bouquin, vous lirez demain à 6 heures et avec intérêt l’article du Huffington auquel je vous renvoie, avec une superbe faute de français (ils sont sans doute meilleurs en anglais) : “Garder la trace d’une chose que vous avez appris ou réalisé“. S’ils pouvaient garder la trace de l’accord du participe passé…

On sait aussi que certains, les veinards, n’ont besoin que de 6, 5, voire 4 heures de sommeil pour se remettre en état de fonctionner le jour suivant, alors que pour d’autres c’est à 11 heures du mat’,  matinée foutue, qu’ils émergent péniblement en baillant après une dizaine d’heures de dodo. Pour les petits dormeurs c’est ainsi 2 à 5 heures de plus à vivre chaque jour, à lire, écrire, faire de la gym, traiter leur courrier ou leur compte bancaire, jouer du piano (électrique, le piano, avec un casque), faire du pain, aller écouter les oiseaux (c’est juste avant le lever du soleil que les piafs vocalisent), se préparer un ptit-dèj’ soigné – plus élaboré que deux tartines beurrées trempées dans le café au lait – méditer (sur ce que vous voulez, sur le ruban de Moebius et sur un tapis de yoga), apprendre par coeur les verbes irréguliers suédois ou toute autre activité passionnante.

Voilà, vous êtes désormais sans excuse, c’est à vous, c’est Votre Miracle Matinal maintenant. Pour vous aider à démarrer, je vous file un truc : vous partez au Canada, au Venezuela, aux Antilles, en Malaisie… je vous jure, les premiers jours à 3 heures du mat’ vous êtes debout, fringant, hyper-opérationnel, vous avez faim, vous videz le frigo. Evidemment l’après-midi est un peu laborieux, mais bof, l’essentiel n’est pas là. Vous l’avez, votre miracle !

Tibert (et il est 5 heures)

Faute d'X on s'enfonce pieusement

Décidément les journalistes français – ici c’est dans Le Monde-sur-Toile, une chronique sportive certes, le sport et l’orthographe, voyez, mais ça n’excuse pas tout – sont fâchés avec X. Hier c’était le bijoux, X singulier, kss kss, aujourd’hui ça tourne autour de la piété rugbystique :

Leurs deux premiers vœux ont été exaucés. Le troisième (…) risque de rester pieu.”. Vous voyez le truc ? on a collé l’X sur l’adjectif au lieu du substantif. Voeu pieux, voeux pieu… on a bon, de toutes façons y a un X. Et toc !
Pour terminer, ce bout rimé  :
O oublieux journaleux,
Que n’es-tu resté au pieu ?

Tibert, avec piété.

 

Hibou, caillou, genou, chou, joujou, époux

Monsieur Bill (Robert, donc) Gates Jr. est paraît-il à la tête d’environ 70 milliards d’euros (ou plutôt en équivalent euro ; on espère pour lui qu’il a diversifié son portefeuille), “une fortune qu’il doit à son bijoux, Microsoft qu’il a fondé“. Je cite là la légende d’une photo dudit Bill Gates, ou plutôt de sa tête, vu que ses doigts de pieds ne permettent pas à eux seuls de le reconnaître ; photo fournie par Le Figaro-en-Ligne dans un article sur le “Top 10 des plus riches de l’Histoire”. Bill y côtoie Staline, Rockefeller et consorts.

Soixante-dix milliards d’euros c’est une somme difficile à appréhender, et pour tout dire aberrante pour un ménage. Combien ça peut-il représenter de paquets de 500 gr. de spaghetti Pandani ? (*)  (**) les sens défaillent…

Eh bien le Figaro vous le dit : c’est la valeur de son bijouX. Avec un X, pour marquer combien ce bijouX est cher, et lui est cher. N’aurait-il eu qu’un seul bijou que ça le déprécierait fichtrement. Pour un homme, on le sait depuis Jean Todt (l’ex-Chef des courses chez Ferrari) et surtout Jacques Seguéla le communicant, LE bijou-ou sans X de l’homme c’est sa montre ; l’homme se doit d’arborer une flamboyante, clinquante et rutilante Bolex à son poignet, notamment s’il a atteint la cinquantaine.

Bon, on ne va pas en faire des caisses (de bijoux), mais je me souviens avoir ânonné sur les bancs de l’école “Bijou Caillou Chou Genou Hibou Joujou Pou prennent un X au pluriel. ” Des clous (avec un S) ! ça ne s’apprend plus sur les bancs des écoles de journalisme, ni même sur les bancs des écoles de correcteurs de textes. Ils nous l’ont collé au pluriel d’office, le bijouX de Gates. Effectivement ça fait sens : avec 70 milliards d’euros on peut s’acheter, la cinquantaine venue,  des paniers de montres.

Tibert sans X

(*) à 0,9 euro / paquet, ça fait 700 10 e9 /9 = 77,77 milliards de paquets de spaghetti (ou de linguini, ou de pipe rigate, ou de penne…) : de quoi voir venir.

(**) Contient du gluten.

Quand Clausus rencontre TDCSP

Deux petites choses – je n’ai pas trop le temps, là, très occupé par des tâches très physiques. Vraiment très physiques.

Premièro : Tenez vous bien, vous qui comme des millions de porteurs de binocles français (les binocles, elles, sont chinoises) devez attendre 3 mois minimum pour pouvoir consulter un médecin ophtal”mollo”giste, vous qui supposez que le Grand Numerusse Closusse Médical en est la cause pour éviter aux toubibs de voir leurs revenus mensuels baisser… vous avez tout faux. Car la profession des ophtalmos (à travers le témoignage d’un lecteur du Monde-Sur-Toile) beugle que c’est le Ministère qui serre les chiffres, qui raréfie la profession,  alors qu’eux ne cessent de réclamer du renfort. On va où, là ? qui au Ministère de la Santé sabote la santé oculaire des Français ? Je vous pose la question. J’ai bien une idée : ça coûte cher les ophtalmos et les lunettes, et si les consultations sont difficiles à obtenir donc rares, ça coûte moins… tant pis pour votre glaucome, madame, votre presbytie ou pire, votre DMLA, monsieur.

Deuxièmo : Vous avez sûrement vu cette histoire d’un braqueur à main armée, mutirécidiviste, qui étant parti en permission, n’est pas rentré à sa taule de résidence ? le gars en question est mort, hélas pour lui, car il a entrepris aussi sec un N+1 ème braquage à main armée, braquage qui a foiré… échange de coups de feu avec la Police, il a blessé très grièvement un flic, mais en retour a pris un pruneau dans le buffet – ce sont les risques du métier (les journaux ont pudiquement tu son nom, ça ne vous servirait à rien, pas vrai ? (*). Ce que les journaux nous disent, c’est que le gars – qui au passage était fiché “S” comme Salafiste, donc islamiste radical, était “Très Défavorablement Connu des Services de Police”, TDCSP.  Je ne puis m’empêcher de rapprocher ce classement avec celui de l’Educ’Nat’ et sa nouvelle notation ABCDE : les malfrats c’est assez rustique, “Défavorablement, Très Défavorablement… Très Très peut-être ? (les “Favorablement Connu” sont rarissimes). On pourrait suggérer à la Police d’adopter la notation Educ’Nat’, nettement plus concise et nuancée, A++, C-, etc.

La taule c’est gris, c’est triste, les petits délinquants y apprennent le grand banditisme, etc… nous savons tout ça. C’est moche, soit. “Y a qu’à” faire des prisons moins glauques, comme dit l’autre. La prison-punition, la prison-rédemption on  veut bien, warum nicht (**), mais d’abord, et c’est là une évidence qu’il faut rappeler, la prison est là pour empêcher les malfrats de nuire : au trou, on ne braque plus. Or ils partent en permission, les braves petits, on les envoie prendre l’air, les TDCSP. Angélisme, quand tu nous tiens…

Tibert

(*) Il y a encore quelque temps, l’ennemi public N° 1 s’appelait Jacques Mesrine. Aujourd’hui ce serait monsieur X (son nom ne vous servirait à rien), Très Très Très Défavorablement etc.

(**) Why not, pour les anglophiles.

Comment nommer le nommage ?

Non je ne vous entretiendrai pas des derniers trépignements de Normal-Moi à propos d’Affez-El-Assad, “qu’il s’en aille qu’il s’en aille” : vu que Poutine veut qu’il reste, c’est un pote à lui, et qu’Obama est tout disposé à lui accorder un prudent sursis, le scénario me paraît simple et limpide. Si l’on veut faire la peau à Daech, voyez Poutine ; les autres font des ronds dans l’eau.

Je ne vous entretiendrai pas non plus (mais enfin pourquoi ne veut-il pas nous entretenir ? ce serait plus confortable) des propos de madame Morano sur la France historiquement de race blanche et culturellement judéo-chrétienne : elle a dit là plein de gros mots, elle va se faire gronder très sévèrement. Je vous laisse face aux 335 réactions des lecteurs du Monde-sur-Toile à propos des propos de madame Morano.

Non , je voulais juste traiter du naming. Le quoi ? le “naming“, entre guillemets, c’est de l’anglais, et ça se traduit tout connement par “nommage”, nous avons un mot très correct pour désigner l’action de nommer. Pour nommer, on fait du nommage, comme pour coller on fait du collage, pour griller, du grillage, etc. Mais Wiki qui en connaît un rayon ne traduit pas ça comme ça : pour lui c’est “parrainage”, ou “dénomination”. Eh oui, bien vu Wiki, le naming c’est du parrainage. D’où l’intérêt de l’écrire en anglais, vous pensez bien, on économise 4 lettres  et ça fait plus branché : y a pas de petites économies.

Exemple de parrainage : quand Tabarly nommait son bateau “Pen Duick”, “Mésange noire” en breton,  ce n’était pas du naming, c’était un nom du coeur, c’était son bateau, son chouette bateau. A l’opposé, quand le regretté Laurent Bourgnon barrait son trimaran “Primagaz”, je vous parie un sachet de cahuètes que ce n’est pas lui qui avait choisi le jouli nom du bateau. Qui, alors ? le Parrain, pardi, pas PNB-Baripas ni Afflelo : Primagaz. C’est ça le naming, pardon le parrainage, on ne donne pas le nom d’un oiseau des mers, d’une fleur, de votre dame de coeur, mais le nom d’un gaz en bouteilles ou du banquier du coin.

Mais le naming ne prend pas en France, eh non. Et je m’en réjouis ! Tenez : “Plusieurs sociétés dont Dassault viennent de refuser le naming du futur stade des Girondins de Bordeaux“. Eh non et  c’est ainsi que les footeux, là, les Girondins de Bordeaux ne joueront pas dans le “Figolu Stadium” ou  le “Spontex Olympique”. Aurait-on des scrupules de douairières vis à vis des parrains, des sponsors (c’est du latin), des namers ? On a bien raison ! c’est souvent moche, pas vendeur, bassement commercial, sans âme, un nom de sponsor. Tenez, vous, vous préfèreriez baptiser votre voilier Ma Lucette ou Carrouf-Marquett ?

Tibert
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Histoire de petits cailloux

La tragique bousculade qui a fait plus de 700 morts à Mina, en Arabie Saoudite, lors d’une étape du grand pèlerinage musulman – séance de lapidation des stèles censées figurer Satan, le diable et son train – m’a incité tout d’abord à creuser un peu le sujet. Je me suis demandé combien il fallait compter de tonnes de pierres , à raison de 28 pierres par personne, pour un poids unitaire moyen de 25 grammes, et pour 2 millions de pèlerins… ça donnait 1.400 tonnes de cailloux, une paille !

J’ai imaginé des solutions, le recyclage des cailloux façon salles de bowling, ou des cailloux munis d’élastiques comme des balles de jokari… il est facile ici d’ironiser, de lancer des vannes sur cette tradition de lapidation en masse. Et puis l’évidence m’est venue : c’est tout sauf drôle, et le rire ici est obscène. Plus de sept-cents morts, des gens qui avaient fait l’effort de venir jusque là, expédition coûteuse,  éprouvante…

Tenez, un épisode de mon enfance : nous étions en famille à Lourdes, expédition similaire à Mina mais pour un autre Dieu (il y en a des tas, et pour tous les goûts). Un monde fou devant la grotte de Soubirous, des gens pressés, empressés, compressés, des groupes compacts de pèlerins… moi, gamin près de ma soeur aînée, tout petit au milieu de ces adultes, je me suis mis à manquer d’air… commencé à tourner de l’oeil. Ce que constatant, ma soeur a tenté de me faire de la place, d’écarter la foule compacte autour de moi… pour que je puisse respirer… et ça rouspétait, et ça ne voulait pas bouger : “mais vous n’êtes pas de Dijon ! vous n’êtes pas de Dijon !”. Eh non je n’étais pas de Dijon, et je pouvais crever. J’ai donc tourné de l’oeil, et du coup on m’a fait de la place.

Il est effarant que Homo Sapiens Sapiens en soit encore à nos époques à acheter des bouteilles d’eau du Gave en forme de madonne, à balancer quatre fois sept cailloux sur des monuments, à faire trois fois le tour de la Tour en psalmodiant des nigleries. Effarant et triste. Faut-il que la peur de mourir sans suite, sans droit à une rallonge, soit puissante, jusqu’à aveugler toute jugeote. Mais le pain et les roses, les jeunes vierges toujours fraîches, le lait et le miel, la béatitude ad vitam aeternam contre un lancer de cailloux à Mina ou de pétales de roses à la Fête-Dieu : avouez que, si c’était vrai, ça vaudrait le coup.

Tibert

 

Funeste et crade République

La statue de la République, à Paris, au débouché de l’avenue du même nom et au centre de la place éponyme (ou l’inverse ?) à Paris : vous voyez ? une majestueuse femme de bronze, drapée dans de savants plis romains ou grecs. Tout un symbole : la démocratie, tout ça. Mais dégueulasse, la statue de la République, monument maculé de tags et affiches sauvages diverses, érigé au milieu d’un dallage récent qui a coûté la peau des fesses mais déjà constellé de mégots, de tags et de gommes à mâcher recrachées, bien collantes et fort difficiles à enlever. Bref, pas belle, la République.

A la “Technoparade” (110 décibels au bas mot près des chars à “musique” (boum-boum-boum, faisant vibrer les viscères, tampons d’oreilles sérieux impératifs), c’était la fête. Bière, boissons diverses et foule. On hurlait pour se faire entendre, forcément. Un jeune malin et sportif a escaladé, c’était rigolo, la statue de la République. Son quart-d’heure de gloire façon Andy Warhol. Et la foule des spectateurs de hurler, là-dessous. Ouais, ouais, allez monte !

Monté assez haut déjà – la statue culmine à 25 mètres au dessus du niveau de la dalle, tout de même, soit environ 7 étages – le gars a semblé mollir, il a fait la pause… c’est lisse, ça glisse, le bronze poli. Et après il faut redescendre, c’est souvent là que c’est le plus dur. Bref il pouvait redescendre, ça aurait dû suffire comme ça. D’ailleurs des gens suffisamment lucides lui gueulaient de descendre, “fais pas le con”, etc. Mais va comprendre ce qui se beugle 18 mètres en dessous, avec le boum-boum-boum environnant… et puis d’autres, ah super c’est trop cool, lui hurlaient qu’il était pas cap’, allez si t’as des couilles, monte allez va-y quoi, etc etc… et il a voulu montrer que, oui, il en avait. Mais elles n’allaient pas lui servir plus longtemps, bien que parfaitement fonctionnelles dans sa jeunesse pleine de promesses : il a glissé… un mort à la Technoparade de Paris 2015. Plus, mais c’est accessoire, quelques milliers de bitures, surdités en rapide progrès, et orteils écrasés. Remarquez, ça aurait pu être pire, et ma foi si l’un de ceux qui gueulaient “allez vas-y monte” l’avait pris lui et ses soixante-dix kilos sur le coin de la margoulette il y aurait eu une sorte de justice.

Un récent ex-président de la République aurait aussi sec proposé une loi interdisant l’escalade de la statue de la République sans équipements de sécurité. Pas vraiment efficace, au pays où les lois foisonnent mais n’engagent à rien. Ne faudrait-il pas, plus généralement, proposer une loi interdisant à la jeunesse de se tuer avant d’avoir suffisamment vécu ?

Tibert

Robert, vous avez gagné !

Je reçois tous les jours quelques prétendues polissonneries (des arnaques avec un grand A, direct classeur Spam / poubelle) en anglais, forcément, et c’est Jenny ou Barb’ ou Cindy qui veut b… avec moi séance tenante, ou bien c’est la promesse de nuits entières à b… à en péter une durite, ou bien encore des suggestions insistantes pour obtenir localement un volume imposant. Je connais, c’est cadré, je m’y attends (soupir) et je poubellise aussi sec (*).

Mais aussi, et venant d’entreprises supposées sérieuses ce sont des relances putassières qui sont exaspérantes. A croire que pour le poste de Directeur Communication ils ont embauché des démonstrateurs d’aspirateurs sur les foires. Tenez, vous avez entendu parler de « Bolche Rita » ? ce sont, comme le nom ne le dit pas, mais alors pas du tout, des marchands de gaz, de gaz de ville (mais pas que, s’époumonent-ils, pas que !). Et ils sont pénibles, collants, et je te propose ceci, et je veux te conseiller cela, et ce sont des relances, des courriers, ça n’arrête pas. Moi je leur achète du gaz, ça fonctionne, je le leur paye sans regimber ni tarder, c’est ça le contrat, et basta cosi, non ? Pfff…

Et puis l’autre, là, le téléphone, LaisSerFaiRe… eux c’est par courriels et téléphone, je vous dis pas. Même pendant ma sieste… ils veulent faire le point, qu’ils disent… le point, pendant ma sieste ! et le pire, ce sont les courriels. D’abord ça part systématiquement et à tort dans mon dossier Spam, y compris les avis de factures, vu qu’ils utilisent des serveurs de messagerie chelous. Et puis le ton : « Alfred, que diriez-vous du Samvung Super J6-S à 1 euro ? ». Non mais… on n’a pas gardé les pourceaux ensemble, ce me semble… ils m’appellent par mon prénom !… on se croirait à un jeu télévisé, genre Qui-veut-gagner-plein-de-Pognon : « Stéphanie, votre réponse ? qui a composé le ” Boléro de Ravel   ? – Ah je sais pas Jean-Pierre, j’hésite entre Amélie Mauresmo et Julio Iglesias… ». Moi c’est Alfred, soit, mais Alfred Dugenou, capisci ? « Monsieur Dugenou, que diriez-vous etc etc... », ça d’accord, c’est correct.

Il me manque la chute, là… eh les gars, chez LaisSerFaiRe ou Bolche Rita, si vous avez une idée pour ma chute, mais po-li-ment, OK  ?

Tibert

(*) Au fait, si vous connaissez les abrutis qui s’obstinent à m’envoyer ces lamentables pseudo-cochonneries, soyez assez aimable pour leur signaler qu’ils peuvent arrêter de s’époumoner à flûter, c’est sans espoir ; on y gagnera tous.