Si on passait à aut’chose ?

J’en ai, vous en avez peut-être, on est nombreux  à en avoir ras la casquette des développements médiatiques massifs sur le décès d’un chanteur de variétés nommé Smet, alias J. Halliday. Pitié, passons à autre chose, c’est confondant de bêtise et de complaisance douteuse.

Donald T. le massif blond brutal nous a pondu pendant ce temps-là, pendant que la France en affliction pleurait à jet continu son défunt troubadour septuagénaire, nous a pondu une décision qui va sûrement arranger les choses au Proche-Orient. Déplacer l’ambassade des USA en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, c’est signer l’arrêt de mort de décennies d’une diplomatie faux-cul et délétère, appelant en façade Israël à la modération et au dialogue tout en lui fournissant assistance, sollicitude, et toute l’aide possible pour ses efforts de guerre. La provocation “trumpienne” a au moins le mérite de casser ce jeu sournois et malsain : on voit désormais très clairement pour quelle cause roulent les USA. Maintenant, que ça entraîne des violences, que ça ferme un peu plus les très ténus espoirs de règlement pacifique du différend israélo-palestinien, alors là, il s’en fout, Donald : il fait plaisir à son électorat, c’est là tout ce qui compte. America First, qu’il nous dit, quelles qu’en soient les conséquences planétaires.

Tibert

C’est délicate de traiter de la neutre…

Oui, je sais… Johnny, ah que… gnagnagna… rocker… idole… manque… vide, etc. Oh, manque… pas tant que ça, je n’ai jamais déboursé UN centime pour abonder son compte en banque, concerts, disques, films : zéro. Mais saluons l’homme, le pro du spectacle, sinon ses réalisations. Au fait, Jean d’Ormesson aurait pu lui laisser la priorité, à trois jours près : après vous, cher monsieur, je vous en prie ! Mais non : résultat des courses, premier d’Ormesson, deuxième Smet. Ce qui va accélérer fissa le passage du premier aux oubliettes journalistiques ; Johnny c’est autrement meilleur à tartiner médiatiquement (**).

Mais bon… je pensais, cette nuit, dans ma tête, ignorant du drame apocalyptique dont je vous cause ci-dessus. Je pensais au neutre ! y a-t-il un genre neutre dans notre langue ? on me dit à ma gauche-gauche, non. Masculin féminin et basta, le masculin l’emportant etc etc…, règle honnie qui fait problème de nos jours – citons la “grande souffrance” (sic) des petites filles découvrant cette injustice grammaticale, selon les promotrices de l’écriture inclusive. Nous avons ainsi à faire face à l’émergence indigeste du sexuellement correct, qui veut qu’on cite les divers sexes de manière exhaustive, qu’on les voie tous bien !

Moi je vais vous dire : j’aime la concision. En maths on utilise élégamment la notion d’ensemble : tous les membres de l’ensemble Grand-E, qu’ils soient moches ou beaux, vieux ou laids, héritent des propriétés communes à Grand-E. Ce qui m’épargne l’énumération besogneuse de chacun de ces éléments. Eh bien, pour moi le genre humain est un ensemble Grand-H. Tout homme est mortel – les femmes aussi, donc.

Bon, soit, mais le neutre ? tenez, la phrase “C’est tout de même malheureux de devoir expliquer ça“. “C’est malheureux de…” c’est du neutre. C’est “on”, l’indéfini, qui est neutre. “On a bien rigolé” : des hommes? des femmes ? des trans ? des… on s’en fout, on a bien rigolé. Il se trouve, c’est historiquement hélas indéniable, et quelle souffrance, que le neutre se confond avec le genre grammatical masculin. C’est comme ça, et si l’on veut faire concis – les journaleux en sont à écrire massivement de l’anglais parce que c’est plus soi-disant plus concis, “black friday” est en effet plus court d’un caractère que “vendredi noir” (*) – c’est pertinent, vu qu’au féminin on ajoute parfois, pas toujours, des lettres. “C’est difficile de…“, c’est kif-kif, mais “C’est malheureux que…” fait plus court que “C’est malheureuse que…“. Pas de beaucoup, mais sur tout un texte…

Bon, j’arrête là, je sens que je vais me faire des inimitiés. Mais pourtant, le neutre existe ! eppur’, si muove.

Tibert

(*) Vendredi Noir c’est sinistre, ça ne fait pas vendre. Tandis que Black Friday, là, je sens qu’on va faire des affaires.

(**) La débilité gagne du terrain à grand pas : une ovation debout  (en anglais, of course, “standing ovation“, ça fait plus debout) pour Johnny ! et où ça ? pas à son fan-club, non, à l’Assemblée Nationale. Bravo les gars…

Sous les couches géologiques

Vous avez sûrement loupé cette information essentielle : Lutte Ouvrière alias LO (“Travailleurs, travailleuses, le grand capital blahblahblah...” ) a tenu ce houikinde son congrès – à huis clos.

Ils se revendiquent, chez LO, de Trotsky, Léon, Trotro pour les amis. Léon, le barbichu qui faisait marronner Staline. Héritière pure et dure de Léon, LO, qui se garde de toute compromission, beurk, a pu capter aux environs de 7 pour mille suffrages exprimés, tant aux Présidentielles qu’aux Législatives. Vous imaginez ? sur un bled de 10.000 habitants, 70 en moyenne ont voté pour Trotsky. Hélas, malgré ces scores plébiscitaires, Léon s’est fait dessouder en 1940 au Mexique et au piolet par un sbire de Staline. Et depuis 77 ans on le pleure – du moins chez LO – lui qui n’a jamais eu le bonheur d’instaurer sur Terre le Bonheur, justement, le bonheur révolutionnaire de la classieuse, éternelle, increvable Classe Ouvrière, la rédemptrice.

Voilà, comme on dit quand on n’a plus rien à dire. Mais tout ça m’inspire un parallèle hardi, toutes proportions de chapelles gardées : le papam des cathos, obstiné, cabochard, buté, se cramponne à son dogme et refuse mordicus d’élargir la prêtrise aux femmes, aux hommes mariés… tandis que LO, à huis clos,  se cramponne à son dogme et continue sa petite messe révolutionnaire toute seule dans son coin. François et les Authentiques Héritiers de Léon, même hauteur de vue.

Tibert

Pingouins et limaces

J’ai craqué ! tel le lecteur assidu de Marie-Patch ou de Points-de-Cul-Images-Du-Monde (ça existe peut-être encore ? au moins sur les tables basses des salles d’attentes des coiffeurs et des dentistes ?)  j’ai visionné la petite vidéo qui illustre le prologue du dîner de gala, bref le banquet des prix Nobel à Stockholm… le prologue : arrivée majestueuse, lente et solennelle, avec musique appropriée, des invités qui valent quèqu’chose (les autres dans la salle en bas, qui regardent processionner les lents et majestueux invités, ce sont probablement les figurants embauchés pour la soirée – boulot vachement saisonnier – et puis le petit personnel ). Superbe ! des rangées de casquettes d’étudiant.e.s (*), et puis des fracs, noeuds-paps, looongues robes colorées… du beau linge ! Et je ne puis m’empêcher de penser qu’Alfred Noble, pardon, Nobel, avait du pot de s’appeler comme ça. Nobel : ça le fait, ça sonne bien pour un prix ! Mais si monsieur Nobel s’était nommé Donald Mach’prout, Roger Zunic ou  Marcel Dubeur, qui en voudrait, de son prix ? le Prix Zunic, le prix Dubeur…

Et puis je lis qu’ “ils” songent sérieusement à limiter la vitesse tout partout à 80 km/h, nationales ou départementales. C’est que la vitesse c’est accidentogégène ! Donc le brave con qui se traîne à 82 km/h derrière cinq semi-remorques (dans l’ordre : lituanien, bulgare, roumain, hollandais et portugais) en procession sur une nationale sans problème – sans espoir de les doubler, est-il besoin de le préciser ? – va se faire aligner, chauffard, assassin !… pendant ce temps-là, les furieux qui se moquent des panneaux, des lignes continues, des stops et des priorités à droite, les malades qui textent d’une main et d’un oeil tout en conduisant, les cinglés qui ne connaissent que la poignée dans le coin ou le pied au plancher et qui vous collent au cul pour doubler quoi qu’il advienne, les éponges zigzagantes et imbibées à 1,8 g. par litre de sang, les inconscients qui pilotent tout en farfouillant dans la boîte à gants à la recherche de leur briquet, les radins qui ont acheté leur bagnole sans l’option clignotants et tournent brusquement à gauche…  tous ces braves petits pour qui les textes réglementaires sont lettre morte, pourront continuer à pourvoir les statistiques de mortalité routière, en y invitant les malchanceux qui passeront là au même moment.

“Ils” continuent à bien saisir le problème, là-haut… faut-il le rabâcher ? durcir les lois, les règlements, c’est juste punir les gens qui les respectent. Alors qu’il faudrait enfin et d’abord s’en prendre à ceux qui s’en foutent, des règlements.

Tibert

(*) Echantillon gratuit d’inclusivité scripturale. Attention !  ne pas lire “étudiant point e point e s“, c’est moche, c’est laid et c’est illisible, mais “étudiants et étudiantes” : des fois qu’on n’aurait pas remarqué sur la vidéo qu’il y a des robes longues. Il y a les deux sexes ? voire plus ? donc il faut l’écrire explicitement, sinon on ne les voit pas vraiment bien, les femmes, on n’y pense peut-être pas, ce qui est dommage, tout de même. Elles aussi elles ont le droit d’être sur la photo et qu’on le spécifie. Donc : “tou.te.s” bien “habillé.e.s” ; lire “tous bien habillés, et toutes bien habillées“, ou “tous et toutes bien habillés et bien habillées“, en articulant bien la fin, “habillé-heus” – les deux versions sont correctes, correctes et concises et gracieuses comme des parpaings. Ou des briques (la brique est la femelle du parpaing).

Tricot, belote et butinage

On nous le cachait soigneusement, ou du moins c’est le genre de sujet sur lequel on ne communiquait pas, et pour cause ! les services administratifs de la Région Ile-de-France étaient officiellement – mais chuut ! – au régime 1.568 heures par an, au lieu des théoriques 1.607 heures, soit les Saintes-Trente-Cinq-Heures de madame Aubry – créatrices d’emploi, oh combien, surtout quand on ne les fait même pas.

Vous pourrez vous faire plaisir en lisant à ce propos cet article circonstancié, annonces, réactions des syndicats de fonctionnaires dans le sens que vous pourrez deviner, etc. Mais allons plus loin, au delà des décisions apparentes : pour quoi faire, ce supplément de présence sur les lieux de travail ? car si la charge de travail ne varie pas, si les attributions de postes n’évoluent pas, si les missions sont inchangées, le travail accompli (réel, éreintant, correct, léger, anecdotique, virtuel, bidon… selon le cas) sera fait dans des tranches horaires élargies. Ce qu’on pouvait ainsi voir de visu par les fenêtres de la Mairie de Paris, centre Morland, au printemps 1973 (*) : tricot, belote ou bridge suivant le niveau de qualification administrative, repas à rallonge, rêvasseries, lectures récréatives… va se vérifier à l’Ile-de-France, avec le puissant adjuvant de l’Internet d’aujourd’hui ! des youyout’entubes, des butinages, des crapettes… autant de possibilités juteuses et consommatrices de temps.

Bref on change le contenant, belle démarche, ce n’est plus la situation choquante d’avant, mais quid du contenu ? ce sera donc vraisemblablement, sans doute, la même soupe – mais avec un emballage moins moche !

Tibert

(*) Je sais, c’est très lointain, 44 ans ! mais la nature humaine n’a, je pense, pas sensiblement changé depuis.

Lénine et Jean-Paul II sont dans un billet

D’abord, je lis ce truc dans le Figaro matinal, à propos des résultats moches et désespérants des rugbymen français : ” Et maintenant, on fait quoi ? ” (*). Ce qui me fait irrésistiblement penser à cet opuscule fameux de Vladimir Ilitch Oulianov, “Que faire ?”, qu’étudiaient studieusement (!) tous les maos et jeunesses marxistes radicales des années soixante… Lénine aurait probablement dû intituler son opuscule ” On fait quoi ? “, c’est quand même plus journalistique, et puis surtout corvidien, et terriblement laid. Qwwah ? qwwah ? Que faire, mon Dieu, que faire ?

Mon Dieu, justement, tiens… aviez-vous remarqué que Dieu ( enfin, l’être suprême, le top du top) est masculin ? bon, je n’insiste pas, ça va encore déclencher des tempêtes. Mais nous voilà ainsi, admirez la transition, aux pieds de la nouvelle statue de Jean-Paul II à Ploërmel, statue coiffée d’une copieuse et massive croix manifestement chrétienne. Croix qui fait débat, pour (racines chrétiennes, fille aînée de l’Eglise, etc…) ou contre (laïcité, nom d’une pipe !). Moi je vais vous dire : représenter Gainsbarre ou Prévert sans la Gauloise au bec, c’est nous donner à voir un couteau sans lame : la Goldo fait partie du personnage, comme l’écharpe rouge à Tonton, la verrue sur la joue à Mao et le cigare à Churchill. Donc, le papam Jean-Paul II ? AVEC sa croix, évidemment, le pôvre, il y tenait – il s’y cramponnait, sur la fin ! Mais une croix à sa taille, en proportion, pas un bras d’honneur de quatre mètres de haut à la laïcité. La laïcité, c’est le rempart contre tous les empiètements des dévôts et des obscurantismes ; la laïcité, c’est sacré, si je puis dire.

Tibert

(*) ” On fait qwwah ? “eh bien si l’on commençait par s’apercevoir que le rugby n’est pas, dans son esprit, un sombre et massif pugilat de tranchées, mais un jeu d’adresse, de feintes et de déplacements vifs ? et qui devrait être plaisant à regarder, pas une punef’ ? ce serait déjà moins sinistre.

Un estafet, une décodeuse (décodeure, décodrice ?)

Allez, une lampée de pétrole lampante pour exciter, ksss ksss, les pasionarias du féminin – LE féminin ? quel horreur !  Le Monde, qui sous son titre globalisant et masculin, hélas, cache les yeux de Chimène pour l’inclusivité scripturale, nous proclame son camp : il ou elle roule pour l’écriture inclusive, résolument – hélas les adverbes sont invariables, que ne les féminise-t-on ! résolumente… c’est belle, résolumente.

Oui, bon, les Décodeurs du Monde nous balancent des salves de décodage pour vanter et défendre l’écriture inclusive. Tiens, il y a peu, c’est Alain Finkielkraut qui se faisait aligner ; et puis ce matin les Décodeurs récidivent, sous la signature décodeuse de Mathilde Damgé, madame Mathilde Damgé, donc, a priori : eh bien elle ne s’intitule pas décodeuse ! un oubli, une inconséquence, qui la prive de l’occasion de revendiquer par l’écrit sa féminitude. “Les décodeu.r.se.s”, j’ai bon, là ? pointilleux, ça oui, très laid mais politiquement correct ?

On ne va pas s’appesantir là-dessus : c’est un débat très parisienne, un débat de militantes. S’il faut étriper notre langue, lui faire rendre gorge et l’achever, contraindre les mâles à la repentance inépuisable – très tendance, la repentance – s’il faut exhiber la féminine partoute où elle se trouve, alors symétriquement masculinisons les fonctions femelles ouvertes aux mâles, comme le couturier – déjà fait – et puis le puériculteur et le sage-homme, l’estafet, le dentelier et le shampouineur – il y en a d’autres. Et puis comment ne pas s’insurger devant ce terme “moulinexien” et terriblement macho, éplucheuse de pommes de terre ?

On l’a compris, certaines et leurs dévôt.e.s veulent tordre notre langue pour la contraindre au féminin explicite, noir sur blanc (noire sur blanche ?), bien lisible. Mais elle regorge de féminin tout partout, notre langue. UNE langue, et c’est LA nôtre, CE bien précieux et commun. Voyez comme les deux genres s’y mêlent harmonieusement… tellement plus sexy que le neutre omniprésent de l’anglais.

Tibert

Chiffres affolants

C’est le Parigot qui le proclame : “Absentéisme : des chiffres affolants dans la fonction publique territoriale“. Et de renchérir : “44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015. C’est donc presque 50 % de personnels supplémentaires arrêtés dans la fonction publique territoriale par rapport au privé.

Cerise sur le kugelhopf : “à Amiens, les fonctionnaires titulaires s’arrêtent presque quatre fois plus (49,3 jours !) que leurs homologues non titulaires (13,7 jours)“. Cherchez pourquoi… ça ne devrait pas être trop dur.

Bon, je ne vous fais pas de dessin : je prétends que les communes, les régions… bref la Fonction Territoriale est gérée, au plan des Ressources Humaines, par des incapables, ou des calculateurs cyniques, et sur notre dos. C’en est ici un bout de preuve…

Et j’entendais avant-hier un maire – c’était au JT de 13 h sur France 2 – pleurer ses budgets peau-de-chagrin, la faute à Macron qui va leur sucrer la manne des taxes d’habitation ! et de nous apitoyer : il allait désormais devoir faire des choix ! mettre la piscine municipale aux normes “accès des handicapés” ou se payer un superbe rond-point stupide de plus… débaucher des contractuels (pour les fonctionnaires territoriaux, c’est foutu, c’est trop tard, ils sont là comme des berniques sur leur rocher), resserrer les services… sniff… détresse… Mais, bienvenue dans la vraie vie, monsieur le maire ! le citoyen lambda, lui, qui n’a jamais eu la faculté d’augmenter les impôts locaux pour se payer tout ce qui lui plaît, fait des choix tous les jours !

Je soupçonne notre Macron national de manoeuvrer en loucedé pour qu’enfin les maires, les collectivités territoriales cessent de vivre au dessus des moyens de leurs administrés : malgré ses ridicules et quasiment incantatoires “celles et ceux“, “toutes et tous” (*), on ne peut que l’approuver sur ce point. Au moins sur ce point.

Tibert

(*) J’y reviens dans mon prochain billet. Révisez en attendant : le sketch de Desproges “Françaises, Français, Belges, Belges…

 

Un De Profundis et des Vêpres

Un de profundis pour monsieur Filoche, Gérard, bientôt 72 piges, retraité fonctionnaire et futur ex-membre de la Direction de Feu le PS. Outre qu’il est de gauche, de gauche nom de diou ! et donc que tout ce qu’il émet ne peut être que de gauche itou, forcément, il nous a émis un touïtt “de gauche”, donc, avec une joulie image – ah zut ! où avais-je la tête ? c’était un truc de droite… – avec des références picturales très très claires à l’imagerie nazie, et en fond d’écran, derrière un Macron affublé d’un brassard rouge siglé “$” mais évoquant furieusement un swastika, trois portraits choisis : monsieur P. Drahi, monsieur J. Attali, et monsieur J. De Rothschild… et puis un drapeau israélien au fond, au cas où vous ne verriez pas le lien entre ces trois personnages. Souhaitons à monsieur Filoche, bientôt soixante-douze balais, une paisible et longue retraite – de gauche, bien entendu, c’est là toute la différence.

Et puis le Carmel de Verdun a inauguré malgré lui une nouvelle technique de persuasion, pacifique celle-là, pour inciter les mécréants et infidèles à se convertir à l’Islam. Foin de la Kalachnikov, brutale, bruyante, qui laisse des salissures et ne persuade personne : deux jeunes prosélytes, prédicateurs improvisés, sont donc intervenus pendant les Vêpres chez les Carmélites de Verdun, psalmodiant des versets du Coran et haranguant les nonnes pour qu’elles se convertissent fissa, faute de quoi elles iraient en Enfer – l’enfer musulman, bien entendu.

Je vous laisse imaginer quelques cathos intégristes – et intrépides – latin, missel et eau bénite, essayant de convertir des fidèles musulmans au Petit Jésus et au Saint-Esprit pendant la Grande Prière du vendredi : l’observatoire contre l’islamophobie s’en étranglerait d’indignation. Avouez, il y aurait de quoi !

Tibert

 

Attention où vous marchez !

J’ai la flemme, aujourd’hui. La cosse, la grosse fatigue de bloguer. Hier, tiens, venant sur le trottoir face à une nana qui ne zieutait bien entendu que son mobile (*), je me suis amusé à rester pile-poil en face, pour voir… ça n’a pas loupé, on a failli s’emboutir. Pour vous dire : ils et elles deviennent autistes, sourds et aveugles – cons, aussi, légèrement sur les bords – vissés à leur mobile.

J’ai là sous le pied un texte sur le sujet – pas de moi, mais un lecteur assidu et réactif me l’a obligeamment communiqué. Je vous le ressers donc texto, verbatim comme disait Jules César à Cicéron.  Avec ses qualités et ses défauts : ce n’est pas de moi, mais d’un monsieur Dupuis. On l’applaudit ! c’est à vous, monsieur Dupuis.

Tibert

(*) J’en ai marre des “smartphones” : ils sont tous “smart” maintenant, ou quaïment. Donc “mobile” suffira désormais : c’est aussi clair, c’est plus court, et au diable l’intelligence du téléphone – l’intelligence des types qui nous ont balancé cette bombe planétaire dans les pattes.


L’effet des smartphones sur nos jeunes est plus qu’effrayant
Chère lectrice, cher lecteur,
Personne, je pense, n’avait anticipé la catastrophe historique provoquée par les smartphones.
La psychologue américaine Jean M. Twenge étudie depuis vingt-cinq ans le comportement social et affectif des jeunes. Elle a observé ces dernières années un séisme. Dans un article intitulé « Les smartphones ont-ils détruit une génération ? », elle explique que tout a changé à partir de 2012.
Cette année-là, plus d’un ado sur deux était équipé d’un smartphone. Aujourd’hui, c’est quatre sur cinq.
Durant cette période, les évolutions suivantes se sont produites. Elles concernent toutes les classes de la population, riches ou pauvres : les symptômes dépressifs se sont accrus de 50 % chez les filles et de 21 % chez les garçons, de 2012 à 2015 ; le nombre de filles qui se sont suicidées a triplé entre 2007 à 2015, et celui des garçons doublé ; le nombre de jeunes qui voient des amis tous les jours a baissé de 40 % entre 2000 et 2015 ;
actuellement, les jeunes de 16 ans sortent moins que ne le faisaient ceux de 12 ans en 2009. Ils sont en train de cesser progressivement de sortir et de se socialiser dans les parcs, squares, etc., et restent seuls chez eux avec leur smartphone ; en 2015, seuls 56 % des élèves de terminale sont « sortis » avec quelqu’un, contre 85 % des jeunes dix ans plus tôt, un chiffre qui était stable depuis les années 1960 ; le nombre d’enfants qui manquent de sommeil a augmenté de 57 % entre 1991 et 2015 ; aux États-Unis, où l’obtention du permis de conduire était le rêve de tous les jeunes autrefois, le passeport pour la liberté, on observe un désintérêt massif des adolescents, qui préfèrent rester dans leur chambre sur leur smartphone et se faire conduire par leurs parents ; concernant la consommation d’alcool, les rencontres amoureuses, les adolescents se comportent comme nous le faisions à 15 ans, et ceux de 15 ans comme nous le faisions à 13 ; s’ils sortent moins souvent, les rares fois où ils le font sont abondamment communiquées sur Snapchat, Instagram ou Facebook. Ceux qui ne sont pas invités se sentent donc cruellement exclus : le nombre de jeunes filles se sentant rejetées et isolées a augmenté de 48 % de 2010 à 2015 et le nombre de garçons de 27 %.

« J’essaye de leur parler et ils ne me regardent pas. Ils regardent leur smartphone »
Lorsqu’ils se confrontent malgré tout aux enfants de leur âge, leur manière d’interagir est profondément dégradée. En effet, bien que physiquement ensemble, cela n’interrompt nullement le fonctionnement des smartphones.
« J’essaye de leur parler de quelque chose, et ils ne me regardent pas droit dans les yeux. Ils regardent leur téléphone ou leur AppleWatch », témoigne une jeune fille dans l’article cité ci-dessus. « Et qu’est-ce que ça te fait, quand tu essayes de parler à quelqu’un en face-à-face et qu’il ne te regarde pas ? », lui demande la psychologue. « Cela me fait mal. Mal. Je sais que la génération de mes parents ne faisait pas ça. Je peux être en train de parler de quelque chose de super-important pour moi, et ils ne m’écoutent même pas. »
Oui, on imagine que ça fait mal, en effet…

Piégé par mon smartphone
En ce qui me concerne, j’ai tenu sans téléphone mobile jusqu’à il y a quelques mois. Pendant longtemps, je me suis débrouillé avec des «télécartes ». Mais les cabines publiques ont peu à peu été supprimées. En cas d’urgence, j’étais obligé d’emprunter le téléphone des gens. Mais avec le smartphone, ils sont devenus de plus en plus réticents à cause de toutes les informations personnelles ; trop dangereux de laisser ça entre les mains d’un inconnu, aussi sympathique soit-il.
Mais c’est ma banque qui a eu raison de mes résistances…
Comment ma banque m’a vaincu
Au mois de février, ma banque m’a envoyé un courrier m’expliquant que tous les clients devaient désormais utiliser leur smartphone pour « scanner » un code apparaissant sur l’écran pour accéder à leur compte… Penaud, j’ai acheté un smartphone. J’étais décidé à ne m’en servir que pour la banque mais, bien sûr, très rapidement j’ai passé mes premiers appels et il s’est mis à sonner en retour…
La chute
En juillet, je m’en servais, pour la première fois, connecté à ma voiture. En août, ma fille m’installa Whatsapp, et m’inscrivit au groupe de la famille, ce qui me valut de sentir des vibrations toutes les cinq minutes, et voir apparaître toutes sortes de « notifications » sur l’écran que ma curiosité avait le plus grand mal à ignorer…
Peu à peu, ma vie a basculé. Il y a dix jours, je me suis retrouvé pour la première fois à me promener dans la rue en « textant ». J’ai alors levé le nez autour de moi. Je ne regardais plus le ciel bleu. Je n’entendais plus les oiseaux chanter. Je ne souriais plus aux passants (ni aux passantes…). J’étais dans la prison psychique de mes messageries et je me suis rendu compte que la plupart des gens autour de moi étaient… pareils.

Le patron d’Apple avait interdit l’iPhone à ses enfants
Ce matin, un article explique que le grand Steve Jobs, patron d’Apple, avait interdit le smartphone à ses enfants. De même pour Bill Gates, fondateur de Microsoft, qui ne voulait pas d’ordinateur chez lui.
Y avait-il quelque part un problème que ces « génies de l’informatique » avaient remarqué et dont leurs clients ne s’étaient pas aperçus ?
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… »
Les gens sont en train d’oublier combien la vie était douce avant ces engins. Moi je m’en souviens, je vivais ainsi il y a quelques mois encore.
Je montais dans ma voiture, ou dans le train, et je partais réellement.
Je ne poursuivais pas la conversation avec les gens que je venais de quitter. Les séparations étaient plus dures, mais les retrouvailles étaient aussi beaucoup plus intenses.
En voyage, je lisais. Dans ma voiture, je rêvais. J’écoutais de la musique sans jamais être interrompu par un brutal appel téléphonique.
Quand j’arrivais chez des amis, j’étais présent, je ne poursuivais pas des échanges parallèles avec des collègues ou d’autres personnes à des centaines de kilomètres de moi. C’était plus agréable pour tout le monde.
En réunion, au travail, je me concentrais uniquement sur les problèmes discutés autour de la table. Je n’avais pas le choix. Impossible de m’évader en appuyant sur un écran pour recevoir des nouvelles de ma famille ou de mes amis, ou encore pour traiter les questions liées à d’autres collègues, autre part.
Je comprends bien l’aspect excitant de ces machines. Vous êtes tout le temps stimulé. Vous vous sentez important. Vous avez l’impression d’être dans le coup, de mener une vie trépidante. Vous êtes enivré. Le grand frisson de la vie moderne, connectée, toujours en mouvement.
Vous recevez de délicieuses décharges d’adrénaline chaque fois que ça bipe, que ça buzze, que ça sonne.
Mais si vous regardez les choses en face, vous risquez aussi beaucoup plus de devenir un zombie dépressif.
Alors, cette fois, c’est décidé : je laisse mon smartphone à la maison ! Une fois par mois, je consulterai mes comptes, et ce sera tout.
Je brise mes chaînes. Je retourne dans le monde normal. Je dis stop à la dépression, aux insomnies, aux idées suicidaires. Adieu, mon smartphone !
À votre santé !
JM Dupuis