Nommer, plus ou moins

J’ai eu l’occasion de feuilleter un vieux numéro de Bébective de l’année 1963, à propos d’un assassinat en Auvergne : TOUS les noms y étaient. Les proches, les suspects, la victime, les lieux, tout. En ce temps-là, on ne prenait pas des airs de vierges effarouchées à propos de « stigmatisation » : Robert, Mouloud ou Paulette, on nommait.

De nos jours, on ne nomme plus, ouhlala non ! Le gars pris, les mains pleines de sang, un couteau tout poisseux à la main au dessus d’un cadavre égorgé de frais, c’est un « suspect », un « présumé »  ; sa couleur de peau ? son blaze ? rien. Vous pourrez vérifier aisément, les faits divers… pas de stigmatisation !

Sauf que, samedi dernier, une nana dans une manif « Anti-passe + vaccin assassin + GJ + Macron démission etc… » à Metz brandissait une pancarte citant des noms juifs – mais pas que – du genre « qui c’est qui tire les ficelles » . C’est lamentable, c’est une saleté de sortir de tels slogans, on est d’accord. Condamnable, c’est clair, sans être du même ordre que de violer et torturer une joggeuse avant de l’étrangler – chuut, là c’est « le suspect » , surtout ne pas stigmatiser. La pancarte anti-juifs, en revanche, on sait qui c’est ! visage bien visible et non flouté sur les photos, nom en caractères d’imprimerie dans les articles, pedigree détaillé. Il se trouve que « la suspecte » a – c’est dit clairement – fréquenté le RN, le parti de la Marine : si vous y voyez une justification pour qu’on lui réserve un traitement de faveur, qu’on la montre du doigt, qu’on l’attache au pilori et qu’on lui crache à la figure, vous avez bon.

Tibert

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