Plussoir ou plussoyer sur le malheur

( Oui, j’essaie ce néologisme hardi, mais il est laid et mal figé, plusieurs variantes coexistent. Mais bon, pour voir, pour une fois… ça plussoie. Si ça vous rebute, on dira que ça abonde, ça renchérit… )

C’est l’histoire du congé aux parents qui perdent un gosse. Je résume : la loi octroie jusqu’à présent 5 jours ouvrés (une semaine, quoi… ) et une bonne âme « plussoyante » a proposé 12 jours (deux semaines, en quelque sorte). La ministre du Travail explique que 5 jours c’est convenable, que l’employeur a des contraintes tout de même, etc. Bref elle dit non. Tollé ! scandaleux, affreux, inhumain, et voilà Macronious qui fait sa grande âme, qui intervient pour appeler à plus d’humanité… la ministre se fait donc botter le train, désavouée, vouée à l’opprobre.

Je pose la question : combien de jours de congés « vaut » la mort d’un enfant ? six ? huit ? quinze ? c’est un décompte dérisoire et limite obscène : Il est clair que les parents vont passer par des moments difficiles, qu’ils vont devoir faire un deuil. Dans la plupart des quelques milliers de cas annuels (*), lesdits parents se mettent d’eux-mêmes en retrait, demandent un arrêt de travail, prennent des congés, etc. Bref : 5 ou 12 jours, là n’est pas le problème, le problème c’est le deuil.  Il y avait de l’humanité dans la loi à cinq jours ; on veut en rajouter une louche ?  c’est le tonneau des Danaïdes, ce truc. C’est un absurde et vain concours d’enchères « plus humain que moi tu meurs ». Allez, mettons trois mois, c’est plus humain.

Tibert

(*) J’ai entendu ce nombre à la radio : quatre-mille et quelque ; dont 500 par accident domestique, du genre la bassine de friture ou les doigts dans la prise de courant.

Mort chronique annoncée

Il paraît que Radio-France est en grève, bien qu’elle émette. Je m’en doutais un peu, ayant zappé sur mon transistor Radialo-La-Voix de Son-Être  : « en raison d’un mouvement d’une catégorie de personnel« , on connaît l’antienne. En principe ils nous passent dans ces cas-là ( c’est très fréquent : des gens très susceptibles ! ) du sirop-zizique prédécoupé par un automate ; mais là, sur deux essais en deux jours, je suis chaque fois tombé sur La Voix de La CGT et du PCF (hier soir s’exprimait sans aucun débat Yann Brossat, Chef-en-chef des reliefs du PCF ; avant-hier c’était les raisons de la colère de la CGT du coin, dans la même absence de contradicteurs. C’est simple, je zappe… halte au masochisme ! à très faible dose, passe encore, mais là non, sans façon.

Et puis les grévistes en ayant marre de faire grève, font une pause de grève pendant février (dame, va y avoir les vacances d’hiver, faut s’y préparer). Un bon mouvement ? En fait, lisez l’article afférent du Monde : 70 personnes réunies en AG (sur plus de 4.700 salariés) ont décidé ladite pause ; 25 pour, 16 contre, 29 abstentions, soit 70 présents.

Ce sont les « larges masses » de grévistes qui se sont ainsi prononcées là, et qui pèsent d’une pression dingue sur les tentatives d’assainir et restructurer cette pétaudière ; qui font un beau geste pour vous rouvrir un moment le robinet Radio-France, chers auditeurs qui êtes allés écouter autre chose ailleurs sur des radios qui ne sont pas en grève – et il y a du choix.

Bref, c’est clair, on vit très bien sans Radio-France ; dommage que d’aucuns au sein de cet organisme « public » fassent tout ce qu’ils peuvent pour lui faire hara-kiri, sciant du même coup, consciencieusement et ce faisant, la branche audiovisuelle sur laquelle ils prospèrent (et yop-la-boum).

Tibert

Poubelle la vie, derechef

On en est tout retourné chez les profs du SNES-FSU, à la France-Insoumise et plus généralement chez  les professionnels de la contestation tous azimuts : on a osé sévir sur des incendiaires de poubelles, accessoirement bloqueurs de lycées. Des mineurs, en plus ! Trois mineurs en garde à vue !…  que l’on va condamner à des TGI, des travaux d’intérêt général. Pauvres enfants, qui ne faisaient que leur devoir de foutre le bordel, en toute impunité sinon rien.

Le SNES-Paris s’étrangle : « acharnement des forces de l’ordre ». Et estime que : « Pour nous, il y a une volonté de stopper net la mobilisation montante des lycéens ». Voilà le truc : on avait espoir, qui sait, enfin peut-être, après tant de tentatives et de déceptions, que cette fois-ci la mayonnaise – grève générale, soulèvement populaire, gnagnagna… – prendrait, que ce serait enfin le début du matin du Grand-Soir… la mobilisation montante… et patatras ! en face on ne joue pas le jeu comme d’hab, on ne laisse pas faire, on sévit ! ça change, et c’est inadmissible, en somme.

Voilà : prenant les choses objectivement et au regard des lois, il est au contraire très anormal que les incendies de poubelles, blocages illégaux, menaces sur les non-grévistes etc… ne soient quasiment jamais condamnés. On est très très loin de l’acharnement des forces de l’ordre, on a bien au contraire des lustres de laxisme et de laisser-faire derrière nous. Tenez, dans ma bonne ville comme dans plusieurs autres (dont Paris !) il y a maintenant une brigade anti-incivilités. De ma simple expérience de passant dans les rues, ces nouveaux flics devraient être littéralement débordés, entre les mégots et les détritus jetés à terre, les crachats sur le pavé, les merdes de chiens pas ramassées, lesdits chiens gambadant sur les aires de jeux des bambins, les sens interdits pris à l’envers – et pas que par des vélos ! – , les mobs trafiquées et hurlantes, les motards sans casque… on part de très très bas, là… la tâche est immense. J’attends les statistiques… doucement le matin, pas trop vite le soir.

Tibert