Encore plus nuls que tout à l’heure

Un article du Monde me donne à mettre mon grain de sel, ou du grain à moudre, comme vous voulez, ou les deux – alors c’est du grain de sel à moudre. Ce canard, dans l’article référencé ici – oui ici ! – et dont auquel je vous cause,  se paye la margoulette de quelques ex-ministres « nuls en maths« . Bon, il épingle d’abord monsieur Montebourg car il n’arrive pas à compter jusqu’à quatre ; grand moment ! à mon humble avis il y aurait plus à tartiner sur les options programmatiques et le positionnement calculé au quart de poil – à gauche de la gauche libérale mais pas trop, un huitième de poil plus que Dugenou mais un chouïa moins que Schmolldu… c’est assez délicat à définir. Mais Le Monde poursuit, un coup à gauche, un coup à droite,  en flinguant monsieur Luc Chatel, ex-ministre de l’Educ’Nat’, qui s’est vu poser le problème suivant par un interviouveur de RMC, problème extrait du cahier d’évaluation des élèves de CM2, et soluble en principe par calcul mental.

10 objets identiques coûtent 22 euros. Combien coûtent 15 de ces objets ?

Je cite Le Monde: « Le même Luc Chatel qui préconisait de faire faire 15 à 20 minutes de calcul mental chaque jour aux élèves de primaire, a répondu 16,50 euros (au lieu de 33)« .

Wouahh le nul, s’exclame le journaleux hargneux. Sauf que, sauf que le problème est très mal posé. Je ne sais pas si  Luc Chatel l’aurait résolu à l’écoute d’un énoncé clair et précis, mais bon, au moins laissons-lui le bénéfice du doute  (ceci étant, je ne vois pas où il est allé pêcher ses seize euros cinquante !).

« 10 objets identiques coûtent 22 euros« …  chacun ? au total ? ce point essentiel n’est pas précisé. On nous dit qu’ils sont identiques, et alors ? on s’en tape, aucun intérêt : on cause du prix, pas de la tête des articles. Pourquoi auraient-ils des prix identiques, ces objets dits identiques ? eh bien c’est loin d’être une évidence. Moi la recharge de savon liquide « Le Petit Laton Raveur » de 20 cl parfum vanille je la trouve à 5,29 chez SuperMegaDiscount et à 4,95 chez CasiMono. On est chez le premier ou chez l’autre ? ce n’est pas dit… et, comme disait madame Aubry qui en connaît un rayon, « quand c’est flou y a un loup » !

Donc basta avec le loup, le floup 😉 et les énoncés de maths rédigés par des intérimaires en bâtiment : soyons précis. Et clairs, c’est pas plus cher.   « Soit une collection d’objets dans un magasin, tous affichés à un même prix.  Sachant que le prix total de dix de ces objets est de vingt-deux euros, calculer mentalement le prix total de quinze de ces mêmes objets. »

Et là, avec un énoncé clair et précis de chez Clairéprecy, je vous fiche mon billet que Luc Chatel aurait pas répondu une co… une ânerie. Ils sont pas si nuls, tout de même. Ils ont plein de défauts, ça c’est sûr, mais faut pas noircir le tableau.

Tibert, et huit font seize.

 

6 thoughts on “Encore plus nuls que tout à l’heure”

  1. … Merde ! J’avais trouvé la bonne réponse en moins de 3 secondes… C’est p’têt’ pour ça que j’ai jamais été miniss’ de couac qu’ce soit ? Caiss’ j’ai gagné, en attendant ? Un yoyo en bois du Japon avec la ficelle du même métal ???
    Je sens que je vais pas dormir cette nuit dans l’attente de votre réponse…

    1. A vous lire, on constate l’étendue de vos connaissances sur les « Charlots ». Et donc, vous avez gagné ? comme quoi le « sens commun » ne vous manque pas : l’énoncé est obscur, ça c’est sûr, mais avec un minimum de jugeotte on rétablit in petto la vraie question (c’est exactement l’inverse des politiciens : ils savent donner des réponses aberrantes ou carrément hors-sujet à des questions simples et correctement formulées).

  2. Héhéhé… contrairement à ce que beaucoup de gens pensent (quand ils pensent !), le yoyo en bois du Japon n ‘est pas une trouvaille des Charlots mais la reprise – un peu arrangée : pas question de concours télé à l’époque… – de l’une de ces chansons loufoques des années 30 dont j’ai complètement oublié le nom et l’auteur ! Mais y’en avait aussi une autre qui faisait partie du répertoire pour fin de « noces-z-et-banquets » de mon pôpa, à propos des épouvantables tribulations de la malheureuse Jehanne of Arc. Las, je n’en ai retenu que le refrain, qui conclut imperturbablement le récit de tous ses malheurs :

    – Et le lendemain, elle était souriante,
    A sa fenêtre, où l’on pouvait la voir…
    Elle arrosait ses petit’ fleurs grimpantes…
    Avec de l’eau de son arrozezoir…

    J’ai eu la grande surprise de l’entendre il y a qqs mois lors d’une émission matinale de Franche-Moujick, mais sous l’effet de la stupeur, je n’ai retenu ni le nom ni l’auteur, là encore. Si vous avez des tuyaux ?

  3. Ce qui est effrayant ce n’est pas tant que Luc Chatel ne sache pas raisonner, c’est qu’il n’a pas de mémoire immédiate : il a fallu lui répéter 4 fois l’énoncé ! Bien sûr, le raisonnement, mieux vaut ne pas y penser, la fameuse règle de trois que j’avais apprise est d’un autre âge maintenant. Penser risquerait de faire mal à nos petite têtes blondes, on préfère substituer au raisonnement un carré que l’on divise en 4 autres carrés où l’on indique les nombres 22, 10 et 15 de l’énoncé présenté à Luc Chatel. Le dernier carré est rempli par un « ? » qui sera calculé en faisant le produit d’une diagonale divisé par le 3ième nombre. Paraît que l’on appelle ça « la 4 ième proportionnelle » …

    1. La règle de trois et la quatrième proportionnelle sont deux avatars du même mécanisme, l’un plus par-coeur, l’autre plus visuel. Pourquoi pas ? pourvu que l’on maîtrise in fine ces mécanismes indispensables à la jugeotte mathématique. Moi je compte bien encore sur mes doigts, quand il faut calculer par exemple le nombre de jours depuis … jusqu’à … eh oui le piège des piquets et des intervalles ! Mais bon, Luc Chatel n’avait peut-être pas de papier ni de crayon, vu que c’était du calcul mental…

Répondre à Timothy Olgersson Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *