De l’opportunité de se taire

Je reviens sur le bouquin écrit par deux journaleux et qui vient de paraître, « Un président ne devrait pas dire ça« . Là-dedans il y a des informations carrément détonantes, décoiffantes : Normal-1er y déclare – c’est du moins ce que rapportent les deux écrivaillons – qu’il a ordonné 4 (quatre) « homo »  (pas des gays, non non, mais, en jargon du métier, des exécutions ciblées, c’est-à-dire la mise discrète et définitive hors d’état de nuire d’individus connus pour leur dangerosité et qu’il serait vain, voire contre-productif de capturer, trimballer, emprisonner, juger, punir etc.

Je rejoins – c’est là un des rares points où je suis d’accord avec lui – le jugement lapidaire et précis de monsieur Ayrault, l’actuel Ministre des Affaires Etrangères : « «Un président ne devrait pas dire ça… la réponse est dans le titre« . Bien dit. Mais monsieur Ayrault poursuit : « C’est la seule chose intéressante du livre« . Et là je dis non, il y a plein d’autres trucs intéressants, eux, et utiles à connaître.

Quant à cette information même, les gens sensés ne vont pas lever les yeux au ciel en poussant des exclamations horrifiées : ça se fait, ça s’est toujours fait, ces choses là, et c’est très bien ainsi, quand c’est pour le bien de notre pays. Mais non, dix fois non, ça ne se dit pas. Et là les journalistes ont commis une faute lourde, ou alors sérieusement merdé : ils le savent très bien, eux, que ça ne se dit pas.

Tibert

5 thoughts on “De l’opportunité de se taire”

  1. Mon Dieu… être mis « hors d’état de nuire » – quelles qu’en soient les raisons ! – par un mec dont on ne voudrait même pas pour sortir les poubelles de l’immeuble et qui dispose à discrétion de tout l’appareil d’Etat pour sa plus grande gloire..?? Et on s’étonne qu’il ne se sente plus faire sous lui ?
    (Petite digression en passant, Tibert : Evitez, SVP, l’emploi de ce néologisme/barbarisme saugrenu qu’est « dangerosité » : d’abord, il fait double emploi avec « danger », nettement plus concis, élégant, correct et qui signifie exactement la même chose ; ensuite il est – mal – moulé sur l’adjectif « dangereux » dont le sens est déjà « qui présente un certain danger… ou un danger certain. » Ca me rappelle le « speakerin » que je dénonçais ici-même il y a peu. Merci d’avance !)
    @ + !
    T.O.

    1. Merci au correcteur. Il est vrai que « dangerosité » est moche, tout comme l’individu qu’il vise. « Danger » ne me va pas, alors disons « nocivité », la capacité à nuire : il s’agit bien de cela.

  2. OK, tout à fait en phase ! Pour le reste et au final, ce bouquin, les « confessions » qu’il recèle (tout le monde n’est pas St Augustin…) et le fait qu’il a été autorisé à la parution, tout ça est assez pathétique dans le genre aveu d’incompétence ! Comme si l’on tentait de justifier le naufrage par l’état imprévu d’une mer déchaînée.
    Il paraît qu’en son temps, on attendait de Sarko qu’il soit « pénétré » de sa fonction. L’a-t-il jamais été ? je ne le pense pas, mais c’est un autre problème. Est-ce que F. H. a jamais été « habité » par sa fonction présidentielle ? Jamais ! Là, la réponse est franche et massive (pour parodier un autre président, d’une toute autre stature) ; la preuve nous en est parfaitement administrée lorsqu’il semble confondre la plus haute magistrature de l’Etat avec un « life-show »… : au fond, il ne lui manque plus que Nagui (orthographe ?) comme porte-parole à l’Elysée.
    L’autre problème reste qu’une telle nullité – rendue publique d’une façon aussi prosaïque, sinon vulgaire – tend à faire accroire au dernier des ploucs que lui aussi, s’il le voulait, pourrait se saisir des rênes de l’Etat… et peut-être pas plus mal ; d’où un foisonnement de candidatures à une succession d’apparence tellement abordable !
    Nous vivons une drôle d’époque. Même la « Société du Spectacle », dénoncée en son temps par un Guy Debord qui ne semble pas avoir prévu l’étendue de ces avatars, paraît bien pâle à côté…
    Amitiés !
    T.O.

    1. Au fait, St Augustin n’a probablement pas eu recours aux services d’un nègre ou de journalistes pour s’exprimer. Non plus que De Gaulle. Ceci dit, on ne demande pas au président d’être une « plume » de première bourre ; ce n’est pas dans la fonction, c’est donné par surcroît, en quelque sorte…. Encore faudrait-il que ladite fonction fonctionne !

  3. Mouais… devenir chef d’Etat par KO technique n’implique pas de recevoir le St Esprit en prime ! Et comme le disait un dessin – paru en Algérie à l’époque – où l’on voyait de Gaulle derrière sa table de conférence de la salle des fêtes de l’Elysée à l’occasion d’une séance de questions de la presse « Moi, le Goncourt, vous savez… »
    Ca me rappelle une autre remarque du même de Gaulle à son chef du protocole à l’occasion de l’une des « Conférences de la Francophonie », à l’époque essentiellement fréquentée par des chefs d’Etats Africains… : « Vous ne pourriez pas trouver quelque chose pour accueillir ces messieurs autrement ? Tous ces noirs autour de l’Elysée, ça fait mauvais genre… »
    Mouahhahahh !!

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