Esperanto ou tard

On le sait, la langue internationale, c’est de facto le Rosbif – la langue des aéroports, « passengers are requested… », des commandes de petits-déjs, des double-bedrooms, du bizness… pas celle du coeur !! – très mauvais choix, tant pis si nous autres latins avons un mal de chien avec les inarticulations des Grands-Bretons, avec ces phonèmes en yaourt machouillé inexploitables comme W, R, WR et j’en passe.

Ce qu’on sait aussi, c’est que le parlement européen se ruine – nous ruine – avec des armées de traducteurs puisqu’il faut que chaque pays membre puisse écouter dans sa langue les blablas de chacun des autres : le député grec doit pouvoir suivre en grec une intervention d’un orateur danois en danois, etc. Redoutable combinatoire ; redoutable et coûteuse !  environ 25 langues, soit 300 combinaisons.

D’aucuns ont évidemment proposé de passer par un « pivot » : je te traduis du danois vers la langue-pivot (l’anglais, of course !) puis de l’anglais vers le grec. Beaucoup moins coûteux, bien qu’il faille faire bosser en tandem 2 traducteurs : 24 suffisent, et hop, 276 interprètes chez Popaul-Emploi. Le hic, c’est que dans ce double passage à la moulinette, on peut craindre à juste titre les approximations, les erreurs de traduction, bref la qualité va y perdre, face à un vrai traducteur totalement bilingue Letton-Slovène. Certes !

Ah si l’Esperanto avait percé, si l’Europe intelligente et novatrice s’était fait une cible de généraliser ce langage universel, évidemment ça le ferait ! même plus besoin de langue pivot !! des cours obligatoires d’Esperanto dès la Maternelle, plus la langue maternelle de chez Maternel, et ça suffirait. Et toujours 24 traducteurs, mais comme l’Esperanto est simple, rationnel, direct, sans bizarreries ni accents circonflexes, on pourrait tout faire dans cette langue, aéroports bizness et double-bedrooms, et re-hop, 24 interprètes de plus chez Popaul, et plein d’économies.

Des qui feraient la gueule, évidemment, ce seraient les Rosbifs et Irlandais, les seuls flemmards bénéficiaires de la connaissance innée de LA langue qui va bien pour commander un double cheeseburger. On ne trouvera donc  pas un seul Anglais pour promouvoir l’Esperanto, ça c’est sûr !! Pas plus que pour promouvoir l »Europe (*), d’ailleurs.

Bon, mais pourquoi je vous raconte ça ? parce que ! parce que, dans le Monde de ce soir (**), « Le brevet européen bute sur le problème linguistique« , on vous apprend qu’un brevet mal déposé en Europe coûte actuellement 20.000 euros, dont 14.000 rien que pour la traduction ; alors qu’aux States, ça revient à 1.850 euros, évidemment, trop facile, c’est juste écrit en Rosbif. Et pourquoi bute-t-on sur le problème linguistique ?  parce que les Espagnols et les Italiens font la gueule, vu que la proposition de simplification des dépôts de brevets ne retient que 3 langues, Anglais-Français-Allemand. Moi je serais Italien, évidemment que je me braquerais contre ce projet qui ignore ma sublime langue, si chantante, et tant pis si ça coûte un max.

Mais si j’étais Italien et qu’on valide les brevets européens en Esperanto et rien qu’en Esperanto et basta cosi, bien évidemment que j’opinerais du bonnet, que je serais pour !! en voilà une idée qu’elle serait bonne ! mais les Anglais vont voter contre, ah zut.

Zut, les Anglais… encore eux… mais quand même, une vigoureuse promotion de l’Esperanto, ce serait une bonne idée pour l’Europe, non ?

Tibert

(*) encore un exemple de mauvaise traduction, tiens : « promouvoir l’Europe » –  ça ne veut pas dire « élargir », ça veut dire « faire avancer ». Avancer, pas élargir. Ignares, avec ça !

(**) Désolé, je m’aperçois que c’est un article ouvert aux seuls abonnés. Mais je vous en fais ici une traduction simultanée assez fidèle.

3 thoughts on “Esperanto ou tard”

  1. La réponse st dans votre texte : si l’Esperanto n’a jamais pris, c’est entre autres qu’il va directement contre les intérêts des anglo-saxons et de l’hégémonie de leur langue (qui se verra, qui sait, un jour, supplanter par l’espagnol, ou… le chinois !!). Zamenhof a bien travaillé, mais 2 millions de locuteurs de l’Esperanto, c’est bien peu. Et l’Europe n’a aucune volonté de traiter efficacement et de manière équilibrée son problème de langues.

  2. Saluton el Britio! Mi estas unu el tiuj « rosbifs » kiuj lernis kaj uzas Esperanton.

    Jes, mi sufiĉe ofte uzas la lingvon. Ekzemple pasintan jaron mi estis Berlino kaj poste en Milano por mia laboro. En ambaŭ loko oni gvidis min tra la urbo – en Esperanto kompreneble. Antaŭ kelkaj monatoj mi estis en Obernai apud Strasburgo, kaj mi vizitis familion tie kie la infanoj estas dulingvaj, parolante Esperanton kaj la francan.

    Por mi, Esperanto estas lingvo mirinde sukesa.

  3. Un peu simplette, cette apologie de l’Esperanto ! il y a bien des lettres accentuées dans cette langue, par exemple le g (comme gamin) est différent du g « accent circonflexe » (comme génial). Comme ça on évite les ambiguïtés de sons.

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